L

a deuxième sœur de sa mère vivait à Kansas City, ayant pris le même engagement que celle-ci : la neutralité. Donc quand Livie souhaitait être loin de sa mère qui la couvait comme si elle avait six ans, elle partait chez Amélia, sa tante. C’était comme ça qu’elle avait connue, presqu’un an auparavant, deux frères, des jumeaux, avec qui elle s’était très bien entendue. Que ce soit Chris ou Pete, elle avait pour les deux une grande affection. Sa tante l’avait appelé un après-midi, lui annonçant l’horrible nouvelle. La mort de Chris, de son ami. Elle avait d’abord rencontré Pete au conservatoire quand sa tante avait voulu l’occuper. Leur goût pour la musique les avait rapproché et elle avait commencé à trainer avec lui et son jumeau. Elle donc été choqué par la nouvelle, elle ne pouvait pas y croire, ce n’était pas possible. Livie avait laissé tomber le téléphone et plaquer sa main sur sa bouche. Les yeux dans le vague, les mots de sa tante résonnaient dans son crâne. « Il a voulu aider un gamin qui se faisait frapper par une bande et ils se sont retournés contre lui… Les passants n’ont rien fait… » Elle avait les poings serrés… Elle devait aller voir Pete. Elle ne s’imaginait pas l’horreur qu’il devait endurer. Livie avait donc prit l’avion le lendemain pour Kansa City.

C’était donc un jour froid et triste à Kansas City qui était pourtant une ville accueillante et chaleureuse d’habitude. Mais là c’était différent… La jeune femme sortit de l’aéroport emmitoufler dans son manteau, le temps étant juste affreux. Comme la journée. Livie eut du mal à trouver un taxi mais elle arriva finalement à bon port, dans la maison de la famille de Pete et Chris. Elle n’avait pas pu venir à la cérémonie, son avion ayant eu du retard mais elle voulait absolument voir Pete. Dans la maison, des photos d’un Chris souriant ornaient la plus part des tables et des murs pour la veillées. Habillée tout en noire, elle réussit à se frayer un passage dans la foule. Elle ne réussissait pas à réaliser la situation… Etait-ce réel ? Cette veillée était-elle une farce ? Chris ne pouvait pas être mort, pas comme ça, pas maintenant et pas en laissant… Pete. Son regard passa à travers la fenêtre et elle aperçue la silhouette de son ami.

Livie entra dans le jardin et considéra un moment l’instant. Devait-elle aller le voir ou le laisser seul avec lui-même ? Au fond d’elle-même une chose était sur… Elle ne voulait pas le laisser seul à se morfondre. Elle s’avança dans le jardin tandis que Pete était de dos et d’une main hésitante elle posa sa main sur le dos du jeune homme. Elle était encore jeune mais elle savait que perdre un être cher était dur.

« Je suis pas très douée pour parler aux personnes dans ces moments-là » dit-elle doucement. « Toutes mes condoléances Pete… »

Elle n’osait pas le prendre dans ses bras, elle ne savait pas vraiment comment s’y prendre.  



« ... »

V

oir son ami dans cet état donnait à Livie un sentiment de mal être... Comment l'aider ? C'était la question qu'elle se posait. Il était dans un piteux état... Elle voyait ses yeux gonflés, sa manche humide prouvait qu'il avait pleurer et qu'il n'était pas dans le jardin par hasard. C'était dur de le voir comme ça... Tout comme c'était dur d'avoir perdu Chris. C'était toujours les meilleurs qui partaient en premier disait on. Était-ce vrai ? Elle ne le savait pas. Il souffrait et elle s'en voulait de ne rien pouvoir faire en ce moment si compliqué.

Soudain, Peter se jeta dans ses bras sans qu'elle ne s'y attende. Elle le prit, comme une bonne amie le ferait, et le caressa doucement son épaule pour tenter de le calmer. Elle ne pouvait pas faire grand chose de plus pour l'instant. Il pleurait et c'était normal. Chris n'était pas qu'un frère pour lui, il était sa moitié. Son jumeau. Perdre sa famille était dur. Mais quand sa famille se trouve être tout la personne avec qui vous avez vu le jour pour la première fois... En même temps... C'était encore pire et Livie s'en doutait bien. Elle sentit les larmes couler sur ses joues à elle aussi, tandis que les sanglots de son ami les faisait trembler. Livie avait ce don d'empathie qu'elle n'aurait pourtant souhaité à personne, elle sentait que son ami était au plus mal...  Elle sentait cette souffrance horrible qu'il traversait. Elle avait mal pour lui...

C'était la première fois que Peter la serrait dans ses bras... Autant Chris était plus tactile, autant Peter était plus réservé. Chris... Elle était triste de sa perte. Dans un sens il était mort en héros mais peu importe la mort, la seule chose qui nous reste dans le fond c'est la perte de la personne. C'est toujours ce qui reste, la peine, la tristesse. Livre entendait ses murmures dans son oreille. « Ils l'ont tués... » répétait-il. Elle entendait le son de sa voix en écho dans son crâne... Il avait raison. Chris était mort. Elle avait encore beaucoup de mal à réalisé la réalité de cette chose. Jamais dans sa famille elle n'avait encore connue ça. La perte de son père n'en était pas vraiment une puisqu'il était bloqué sous un dôme en Europe - et que Dieu l'y garde. Livie ne pouvait pas se mettre à la place de Peter, la jeune femme pouvait juste imaginer ce qu'il ressentait. Entre imaginer et vivre, il y avait une grande différence. Avant pour consoler un ami, elle aurait fait son sort préféré, faire apparaître une fleur aux pétales qui s'envolent. Mais aujourd'hui elle ne pratiquait plus la magie et tout le monde la pensait moldu.

Bien que le poids du jeune homme se faisait sentir, Livie tenait bon pour lui. Elle devait être la... C'était pour ça qu'elle était venue ici, soutenir Peter qui n'avait besoin que d'une chose en ce moment, de l'aide. Une présence qui lui rappelle la réalité et la vie qui continuait. Puis il lâcha prise et se laissa glisser sur le sol à côté d'elle. La jeune femme l'imita aussitôt et le regarde avec patience. Elle effaça les larmes qui coulaient encore sur son visage tandis que Peter tourna sa tête vers elle, et la remercia. Livie eut un léger sourire et le regarde avec tendresse.

« C'est normal. Je n'aurais pas pu ne pas venir... Je m'en serais voulu de ne pas lui rendre hommage, c'est... C'était quelqu'un de bien... »

L'utilisation du passé la mettait mal à l'aise. Ce temps rendait réel la mort de son ami et elle avait, au fond, encore beaucoup de mal à l'accepter. Le fait de venir rendait les choses d'autant plus réel... Cette réalité était pourtant sous ses yeux : Peter... Triste comme les pierres, assit à côté d'elle. Il sanglotait encore à ses côtés et cela toucha beaucoup Livie. À nouveau, elle sentit les larmes revenir sur son visage quand le jeune homme lui avoua ne plus réussir à penser. Livie prit le visage de son ami entre ses mains et le regarda dans les yeux.

« Je sais que c'est dur Peter, mais tiens bon, ne coule pas. Chris aurait voulu que tu sois fort pour lui. Je sais que c'est sans doute la chose la plus banale qu'on puisse dire à quelqu'un, mais je suis sûre et certaine que tu iras mieux. Pas demain. Pas après demain. Mais un jour, je vais te revoir avec ce beau sourire sur ton visage. Je le sais au plus profond de moi. Et ce sourire ne voudra pas forcément dire que tu as oublié Chris. Il voudra juste dire que tu as appris à vivre avec lui dans ton coeur. »

La jeune femme n'était pas forcément sûre que ces paroles soient utiles... Mais contre cette déprime qu'elle sentait poindre en lui, elle n'avait vu que ça de possible. Elle voyait qu'il s'était calmer,  bien que les larmes coulaient toujours sur ses joues et que ses yeux étaient encore rouges et gonflés. Livie ne savait vraiment pas quoi faire... Dans un élan de tendresse, elle le prit à nouveau dans ses bras. Ils étaient assis dans l'herbe humide, la neige tombait sur eux, formant une couche blanchâtre sur leur vêtement, mais ils s'en foutait. Chris était mort et c'était la chose la plus dure que Peter avait à affronter...



« ... »