J'avais essayé un trait d'humour qui était tombé à plat bien entendu. Je n'avais jamais été très douée pour faire des blagues ce qui avait le don de faire rire mon père mais également mon époux quand j'étais plus jeune. Malheureusement si j'avais cru qu'avec le temps je me serai améliorée, force était de constater que ce n'était pas du tout le cas. Le prêtre me regardait comme si je sortais de la lune ce qui provoqua quand même un petit sourire de ma part. Je ne voulais pas éclater de rire devant lui. Après tout, il pourrait prendre ceci pour de la moquerie ce qui n'était pas du tout le cas. Je le voyais réfléchir et même si j'étais impatiente d'en savoir plus je ne voulais pas le brusquer loin de là.

« Hum... Je ne suis pas sur d'avoir compris la plaisanterie... Enfin bref, je pensais qu'Ethan vous avait un peu parlé de mon travail et de cet endroit avant de vous y envoyer... Surtout au vu du long chemin que vous avez parcouru. C'est que... comment dire ça simplement ? Je ne suis pas forcément le plus indiqué pour traiter des affaires des vivants. Mon domaine de prédilection c'est plutôt l'autre côté, et tout ce qui dépasse notre perception... humaine. J'ai été mandaté par sa Sainteté pour attester d'un miracle dans cette église, et l'affaire étant plus compliquée que prévu je n'ai toujours pas réussi à statuer sur les événements qui se passent ici. Dit comme ça je me rend compte que je ne fais que souligner mon incompétence... Mais... A ma décharge je dois avouer qu'isolé de mes frères, mes pouvoirs sont grandement réduits. Ensuite il y a eu les conflits avec les moldus, le Dôme, bref tout est devenu plus... compliqué. »

J'avais un peu baissé la tête lors de ces pseudos explications. En fait il ne me disait rien du tout et j'étais assez frustrée par cela. Malgré tout je voyais qu'il n'était pas à l'aise alors je ne rajouterais rien concernant cette histoire. Il était déjà bien assez rouge. Je cuisinerai Ethan à ce propos.

« Non il m'a juste dit que vous pourriez m'aider et c'était l'objet de ma demande à la base. Je n'avais pas particulièrement parlé d'un endroit fréquentable ou non... Bien que je pense que cette église soit quand même fréquentable soyez en assurer mon père. »

Je lui souriais un peu encourageante. Malgré tout, je ne pouvais pas cacher ma déception dans mes yeux. Du coup je détournais mon regard avant de le reposer sur lui pour lui lancer un dernier encouragement.

« En tout cas j'espère que vous pourrez prouver ce miracle. »

Nous changions de sujet pour parler de son crush. J'aimais toujours voir les autres amoureux. Après tout, ça prouvait qu'il y avait encore de l'espoir pour ce monde bien que je trouvais de plus en plus qu'il ne tournait pas rond. Je ne comprenais pas pourquoi on ne pouvait pas tout simplement vivre ensemble, se supporter en somme. Je ne voyais pas en quoi c'était un problème qu'il y ait des sorciers et des non-mages. Je ne disais pas les loup-garous et les vampires font peurs mais bon s'ils ne tuent pas à outrance au pire... Enfin bref, je ne comprenais rien à ce monde et c'est pour cela que je m'étais engagée en partie en politique histoire d'essayer de rendre ce monde meilleur. Le résultat n'était pas du tout probant du moins pour le moment. Armand me donna le prénom de son potentiel petit ami.

« Thomas... »

J'aimais beaucoup ce prénom. J'avais été amoureuse à l'école élémentaire d'un Thomas nous nous étions même mariés dans la cour de l'école. Je souriais un peu bêtement à cette idée. Il fallait croire qu'au final je n'avais pas retenu que les mauvais souvenirs de mon enfance. Les plus beaux étaient d'ailleurs à cette époque. Maintenant, je me rendais compte que mes plus mauvais souvenirs étaient très récents. Je soupirais un peu avant de sourire à Armand et de lui dire avec sincérité et large sourire :

« C'est un très joli prénom. »

Je lui souriais. Je le regardais et je voyais qu'il montait de plus en plus rouge. Si je l'avais connu depuis plus longtemps je l'aurais taquiné un peu en lui disant qu'il était rouge comme une tomate bien que ça ne soit pas la saison pour en manger. Je l'écoutais toujours avec attention, les sourcils froncés et les pupilles se rétractant ou s'intensifiant au fur et à mesure de son discours.

« Je suis... vraiment très amoureux, mais les choses ne sont pas aussi faciles que je le souhaiterai. Quelques observations me laissent à penser qu'il partage mes sentiments, et en même temps il ignore tout mes appels.  Bien sur tout le monde est libre de changer d'avis... Mais peut être que quelque chose sans aucun rapport avec moi lui est arrivé, tout simplement... Je ne sais que penser de ce silence et cela me rend très malheureux. Vous parliez de me détourner de Dieu... Je vous avoue qu'en ce moment même la prière n'arrive plus à me consoler. »

Je souriais en coin. Les problèmes de cœur sont les plus durs. Je crois qu'il n'y a de plus grande déception que les déception amoureuse. Après tout, on se donne tellement pour ce sentiment et il nous trahit tellement de fois. Avec compassion je posais ma main sur son bras et je lui disais tout doucement, tellement qu'il aurait dû tendre l'oreille si nous n'étions pas aussi prêt l'un de l'autre.

« Peut être devriez vous appliquer vos propres conseils et aller le voir ne serais-ce que par pure amitié. Une fois en face de lui vous saurez s'il partage vos sentiments ou non. Cela se voit quand quelqu'un est amoureux de soi. »

Je souriais sincèrement.

« Il a peut être juste peur de ne pas être assez bien pour vous. »

Je lui souriais à nouveau avant de m'étirer lentement et de me lever de mon siège. Je ne voulais pas l'embêter à outrance. Il avait peut être des choses à faire notamment reboucher les trous des murs de son église.

« Peut être devrais-je ne plus vous importuner pour aujourd'hui. »

Je n'avais pas spécialement envie de partir. Je me sentais sereine dans ce lieu de culte et je savais que je ne me sentirais plus apaisée mais avec le temps ce sentiment reviendrait peut être. Je ne perdais pas espoir du moins.