Un espoir fortuit

Blue-Ivy ne mangeait plus et dormait mal. Tout cela depuis que l’homme de sa vie lui avait avoué qu’il ne lui avait pas toujours dit la vérité. Elle avait cru qu’elle avait enfin réussi à vivre une histoire d’amour normal, mais une fois encore elle s’était retrouvée dans une relation avec un homme qui l’utilisait. Enfin c’est ce qu’il semblait. Sinon pourquoi lui cacher cette vérité ? Certes, il y avait le fait qu’elle se trouve dans la seule faction qui ne soit pas particulièrement sympathique avec les sorciers. Cependant, il le savait. Ce n’était pas comme si elle le lui avait caché. En vérité, il y avait peu de secrets qu’elle gardait pour elle, car ce n’était pas dans sa nature d’être discrète. Il n’y avait bien qu’à Ryan et Jordan qu’elle faisait de véritable secret : elle lui avait caché que la femme qu’il aimait n’était pas mort et à cette dernière, elle lui avait fait croire que Ryan s’en était remis et qu’il vivait une vie normale alors qu’il avait plutôt tendance à enchainer les rebabs et se mettre en danger. Mise à part cela, elle était plutôt franche et n’avait jamais rien caché à Matthew. Parce qu’elle ne pouvait concevoir le mensonge dans une relation amoureuse. La révélation avait été plus dure à encaisser qu’elle ne l’aurait cru. Quand Ethan l’avait laissé tomber, elle l’avait très vite oublié. C’était probablement parce qu’il n’y avait pas vraiment eu de sentiments entre eux. Ce qui ne l’avait pas empêché de lui en vouloir… chacun ses défauts.

Cependant, l’histoire qu’elle avait eue avec lui n’était en rien semblable à celle qu’elle avait avec Matthew. Avec ce dernier, elle avait envisagé un réel avenir, le mariage et d’autres projets. Les mensonges de Matthew l’avait blessé. Elle aurait aimé le savoir. Blue-Ivy ne savait pas trop si leur histoire aurait vraiment démarré si elle avait su dès le début qu’il était sorcier. Elle n’était pas aussi extrémiste que ses amis à propos des sorciers.  Il faut dire qu’elle avait grandi à Kansas City où chacun vivait dans une sorte d’harmonie approximative. Cependant, elle ne vivait plus là-bas et les choses étaient bien différentes, au Bastion. Aurait-elle donné sa chance à Matthew s’il lui avait avoué dès le début qu’il était un sorcier ? Elle aurait dû répondre que non si elle avait été une véritable inquisitrice, mais la vérité c’est que sachant à quel point ils étaient compatibles, elle aurait très certainement dit oui. Cela aurait été une existence faite de secrets et de mensonges. C’était si difficile de coupler sa vie amoureuse et sa vie professionnelle dans un contexte pareil. On ne lui pardonnerait pas, s’il venait à savoir qu’elle avait partagé la vie d’un sorcier pendant aussi longtemps. Il était fort à parier qu’on la prenne pour une traîtresse.

James avait bien tenté de lui faire comprendre cela quand elle avait fini par lui avouer pourquoi elle ressemblait à s’y méprendre à un zombie, dans la cafétéria.  Malgré tout, il s’était révélé un véritable ami et lui avait même permis de rester chez lui. Blue-Ivy avait alors appelé Caleb pour demander un congé exceptionnel. Elle ne se voyait pas dans l’atelier à essayer de se concentrer sur son travail alors que dans son esprit, il n’y en avait que pour Matthew. La si fière Blue-Ivy n’était plus que l’ombre d’elle-même depuis qu’elle avait appris qu’il était un sorcier. Mille et un scénarios se diffusaient dans sa tête et elle n’arrivait plus à faire la part des choses. Cela faisait quelques jours qu’elle trainait en vérité sur le canapé de James et qu’elle ne faisait pas grand-chose d’autres. Elle prenait parfois une douche, mais on aurait plutôt dit qu’elle essayait de se noyer sous l’eau brûlante qu’elle laissait couler, en contemplant la bonde, avec le visage hagard. Heureusement pour elle, James était plutôt accommodant et semblait ne pas trop se formaliser de son attitude de zombie. Il était parti et elle avait déjà oublié pourquoi. Il faut dire qu’elle ne pensait qu’à une chose et que cela l’empêchait de se concentrer sur d’autres pensées plus longtemps que deux secondes. Elle se faisait l’effet d’un poisson rouge pour ce qui était de la concentration pour autre chose que sa peine de cœur.

Elle était assisse sur le canapé, les genoux repliés, ses bras les entourant, une couverture sur elle, quand elle entendit la porte du logis James s’ouvrir. Un coup d’œil lui permit de se rendre compte qu’il s’agissait de James. La jeune femme lui accorda deux secondes d’attention avant de retomber dans son état léthargique, qui semblait la caractériser ces derniers temps. Quand arriverait-elle à passer le cap ? Elle doutait d’en être capable avant bien longtemps. Pour le moment, peu de monde s’était interrogé à ce sujet. Blue-Ivy avait bien vu que Thalya et Jordan avaient essayé de la joindre sans compter les milliers de messages de la part de Whitney et même quelques-uns de Caleb, mais ça ne voulait pas dire qu’ils s’interrogeaient quand même, non ? Peu importait en vérité, elle avait fini par éteindre son portable pour ne pas être dérangée. Elle n’en pouvait plus d’entendre le vibreur contre la table. Blue-Ivy voulait juste qu’on la laisse tranquille avec ses pensées tristes. Personne ne pouvait vraiment rien pour elle. Sauf si bien sûr, ils avaient le moyen de changer les choses pour une fin heureuse. Elle doutait seulement que quiconque est le pouvoir ou le moyen de faire cela. Alors elle se laissait aller à cette tristesse, qui ne la quittait plus. C’était trop dur et elle avait l’impression que son corps se brisait un peu plus à chaque nouveau battement de cœur.

Un espoir fortuit

La léthargie dans laquelle elle était, lui était si peu commune. Blue-Ivy avait toujours été un personnage haut en colère, prête à tout pour ses convictions et pour assouvir sa passion. Elle avait quitté sa famille, la très estimée famille Jagger, qui était connu pour son savoir-faire dans l'industrie de l'armement et de la défense. Dans la famille, on naissait avec le savoir nécessaire pour travailler, dans ce secteur. Malheureusement le patriarche de la famille, avait toujours été trop conservateur, dans son travail comme dans ses idées. Quand Blue-Ivy avait fini par comprendre qu'il ne lui laisserait jamais faire partie de la grande entreprise familiale, elle avait cherché quelqu'un d'autre qui pourrait lui permettre de créer les plus belles et les plus utiles armures anti-magie. Par chance, elle avait fait la rencontre de Caleb Caldwell et il lui avait offert la chance de sa vie en lui proposant un emploi dans son entreprise en développement qui faisait maintenant concurrence à celle de sa famille à elle. La contrepartie était d'accepter l'idée que les créations seraient revendues aux Inquisiteurs et à leurs alliées, dans la bataille contre les sorciers. De toute évidence, Caleb avait, lui aussi, une dent contre les sorciers, pour une raison, qu'il avait décidée de garder pour lui. Il avait été facile de faire ce choix quand elle était plutôt dans des bureaux et dans l'usine de construction. Elle ne voyait pas les ravages que pourraient faire ses armures. La réalité du combat des Inquisiteurs lui était plutôt étrangère. Blue-Ivy comprenait à présent à quel point il pouvait être dangereux d'être aussi impliqué. Elle l'était d'autant plus maintenant qu'elle savait pour Matthew.

James était rentré, mais elle l'avait à peine calculé. Il faut dire qu'il n'était qu'un élément dans le décor. Blue-Ivy avait du mal à se reconnaître. Au fond d'elle, la petite voix qui l'avait toujours rendu dynamique, lui hurlait qu'il se passait quelque chose et qu'elle devrait y faire attention. Cependant, la voix du chagrin était beaucoup plus forte et celle de la peur s'était insinuée dans son être. Elle le vit à peine rejeter ses clés sur le meuble ou le fait, qu'il vint se placer derrière elle. Cependant, son baiser sur son front, elle le ressentit, un instant, mais pas suffisamment pour qu'elle réagisse. Blue-Ivy n'avait pas toujours été une grande romantique. Elle souhaitait juste une belle vie dans un monde en chaos. C'était peu demandé. La jeune femme avait toujours tracé son chemin à la sueur de son front et grâce à son optimisme. Son caractère de feu, lui avait parfois attiré quelques ennuies, mais dans l'ensemble, elle s'en était bien sorti. Une personne qui la connaissait, ne pouvait qu'être surpris de la voir ainsi. C'était d'ailleurs ce que faisait ses amis en tentant de la joindre ou de prendre soin d'elle, comme le faisait James. Elle l'entendit s'asseoir à son côté sur le canapé sur lequel, elle vivait principalement, depuis qu'elle avait choisi de venir s'installer chez James, pour éviter de se retrouver seule dans la maison, qu'elle avait choisie avec Matthew. Cela aurait été trop dur pour elle. Malheureusement, le changement de logis ne suffisait pas pour lui rendre son esprit combatif. Il n'y avait aucun moyen de le faire. Il faudrait une véritable solution à ses questionnements et un moyen de faire taire la peur, pour que cela puisse réellement arriver.

Pendant de longues minutes, James ne prit pas la parole. Il se contentait d'être à ses côtés. Si elle avait été elle-même, elle se serait sentie vraiment plus compatissante pour la situation gênante dans laquelle elle plaçait son ami. Il avait été là pour elle, malgré les révélations, qu'elle lui avait faîtes. Personne, chez les Inquisiteurs, ne pouvait ignorer les vues particulièrement radicale que le père de James avait. Si James était la copie conforme de son père, il n'aurait jamais fait l'effort de garder les vérités que Blue-Ivy lui avait donné et en plus de prendre soin d'elle. Il s'était au contraire comporté comme un véritable ami. Pourtant, elle aurait dû se tourner vers sa meilleure amie : Whitney. Mais depuis quelques temps, elles n'étaient plus aussi proches qu'autrefois. Comme si une certaine distance et quelques secrets étaient venus se placer entre leur amitié. Blue-Ivy avait l'impression que sa meilleure amie lui cachait quelque chose d'important et maintenant elle se trouvait dans la même situation. Elle ne voyait pas à qui elle pourrait révéler la vérité sur Matthew. Les seules personnes qui pourraient comprendre étaient sa famille biologique. Seulement, elle ne leur adressait pas du tout la parole. L'exception, étant bien entendu, son plus jeune frère, Ryan. Cependant, avec ce qui s'était passé avec Jordan, elle avait entretenu des distances, facilement compréhensibles du fait des situations dangereuses dans lequel il s'était souvent placé, depuis la prétendue mort de Jordan. Blue-Ivy était pourtant persuadé d'avoir fait le meilleur choix, pour son jeune frère. Elle ne s'était, juste, pas attendu à ce qu'il quitte tout pour aller travailler chez les Partisans du Nouveau Monde.

James fini par prendre la parole, comme s'il avait suffisamment remué au fond de lui ce, qu'il voulait dire et qu'il n'y avait plus moyen d'y couper que de se lancer. Elle sentit qu'il la poussait d'un petit geste pour attirer son attention et elle tourna doucement la tête pour le contempler, pour la première fois depuis qu'il était rentré dans la pièce. Elle pouvait voir son visage embarrassé et dans ses yeux cette lueur d'inquiétude qu'à toujours un proche pour vous quand il ne sait plus quoi faire pour vous. Il lui avoua qu'il était bien entendu inquiet pour elle et que rien ne semblait faire de changement dans son attitude. James l'interrogea pour savoir quand elle comptait sortir de son état. Le monde pouvait bien avancer, Blue-Ivy, elle, avait l'impression qu'il s'était arrêté, ce jour où Matthe était rentré, chez eux, et qu'il lui avait avoué, qu'il lui avait menti, depuis longtemps, plus précisément, depuis toujours. James insista en prenant son portable et en lui mettant devant les yeux, en insistant sur le fait, qu'il n'était pas le seul à s'inquiéter pour elle et qu'il y avait d'autres personnes qui le faisaient aussi. Blue-Ivy ne regardait plus son portable. Elle avait peur de céder à l'appel d'une épaule compatissante et de raconter la vérité à quelqu'un d'autre qui ne ferait pas preuve de la même gentillesse que James. Thalya, par exemple, avait beau être une très bonne amie, elle détestait les sorciers et dans sa tête Matthew passerait de petit ami de Blue-Ivy à ennemie publique à abattre. Blue-Ivy n'était pas certaine, qu'elle pourrait être capable d'entendre que Matthew avait été tué de la main de ceux, qu'elle appréciait comme si c'était sa propre famille. C'était une pensée terriblement glauque, qui lui donnait des cauchemars.

« Je n'ai pas envie de voir ça, James. » Dit-elle d'une voix rauque, comme de celle qu'on utilise pas souvent, en repoussant le téléphone. « J'ai besoin de plus de temps… Je ne sais juste pas combien de temps, j'ai besoin. » Ajouta-t-elle dans un murmure.

Elle n'avait pas envie de croire, qu'elle s'était trompée. Elle aimait Matthew. C'était la seule vérité dont elle était certaine. Comment mettre en adéquation son amour pour lui et le plaisir qu'elle avait de travailler pour Caldwell&Sons ? C'était une équation qui semblait ne pas avoir de solution et qui hantait ses pensées. La jeune femme savait, qu'elle aurait dû renoncer à Matthew ou renoncer à son travail. Il lui fallait l'envisager si elle souhaitait redevenir une personne et pas ce zombie qui vivait chez James. Elle ne pouvait juste pas le dire à son ami. Il était fort à parier que la seconde solution paraissait la meilleure pour James. Ce dernier insistait sur la chance qu'elle avait d'avoir des gens qui l'aimaient et qui s'inquiétaient pour elle. Il s'incluait d'ailleurs, lui-même, dans le lot. Il se sentait d'ailleurs mal de ne pas avoir réussi à l'aider. Comment lui avouer qu'il était probablement le moins à même de pouvoir le faire dans l'état dans lequel se tournait ses pensées. Depuis quelques temps, seule l'équation travail et amour tournait dans sa tête. James et les autres Inquisiteurs choisiraient très certainement le travail à la place de l'amour pour un sorcier, mais il fallait aussi avouer qu'aucun d'entre eux n'avaient jamais eu à faire ce choix. Blue-Ivy doutait qu'un seul Inquisiteur n'ait décidé de choisir l'amour pour un sorcier ou une sorcière, face à la cause pour laquelle, ils se battaient. Les idéaux des Inquisiteurs étaient au cœur de la vie de toutes les personnes qui vivaient dans les régions contrôlés par eux. Ils vivaient tous dans l'espoir d'un monde à l'image, qu'ils auraient façonné. En temps normal, Blue-Ivy appréciait leur passion et les efforts qu'ils faisaient pour obtenir ce qu'il désirait. Cependant, cela la gênait à présent…

James continuait d'essayer de la faire réagir et cela commençait à devenir plutôt agaçant. Il était comme un vêtement chaud, pratique et utile, mais qui gratte… A force de la titiller sur son attitude, elle avait l'impression de se trouver dans la même pièce que Charles, ce qu n'était pas une pensée positive. Heureusement qu'elle préférait James à son frère, et de loin. Cependant, cela l’ennuyait. Ne voyait-il pas qu'elle essayait de s'en sortir ? Ne comprenait-il pas que la décision qu'elle devrait prendre risquait fort de tout changer pour elle. Sa vie ne serait plus jamais la même. Si elle abandonnait Matthew pour les Inquisiteurs et son travail, elle serait malheureuse. Un amour, comme le leur, on n'en trouvait pas cent. Elle pourrait retomber amoureuse, mais ça ne serait pas pareil. Elle aurait du mal à se lancer dans une nouvelle relation et à donner sa confiance. Si elle abandonnait son travail et sa vie avec les Inquisiteurs, sa famille d'adoption, elle devrait se cacher d'eux pour toujours et essayer de retrouver sa place quelque part. Il lui serait difficile de travailler dans sa branche. Son travail serait facilement reconnaissable et elle aurait toujours peur du couteau dans son dos. Les Inquisiteurs ne lui pardonneraient pas sa défection. Vivre dans la peur n'était pas non plus une option particulièrement réjouissante.

« Ton amie essaie de trouver ce que sa vie va devenir ! » Finit-elle pas répondre agacé face aux déluges de question de James. « Tu crois que c'est simple de prendre une décision ? Tu crois que j'en serais là, si c'était si simple ? Je ne suis pas comme les autres Inquisiteurs, James. Je me fiche bien que Matthew soit un sorcier. » Voilà elle l'avait dit, sous le coup de l'irritation. « Ca n'a pas d'importance pour moi. Ce n'est pas le premier sorcier de ma vie. Mais comment vivre dans un monde qui ne peut pas l'accepter et qui ne pourrait pas accepter cette relation entre nous ? Tu es le mieux placé pour répondre à cette question. Dans un monde contrôlé par les idéaux radicaux de ton père, je ne donne pas cher de ma vie, James. Tu comprendras pourquoi je ne veux pas entendre la voix de mes amis qui ne sauraient me tourner que dans une seule direction : celle d'abandonner Matthew, ce dont je ne suis pas vraiment certaine, de vouloir. » Conclu Blue-Ivy.

Si seulement, il y avait un moyen de concilier les deux, cela serait le mieux. Blue-Ivy se demandait si c'était seulement possible…

Un espoir fortuit

Au fond d'elle-même, Blue-Ivy savait que James avait été un excellent ami pour elle et qu'elle n'aurait pu tombé mieux. Il lui avait fourni un endroit où dormir, manger et ruminé, en toute tranquillité. C'était plus que ce qu'elle avait espéré. Au départ, elle était prête à vivre en perditions ans son ancienne chambre au Bastion. Au lieu de cela, elle avait eu la chance de rencontrer James, en premier et de s'être confié à lui. Il avait été une épaule compatissante et sans cela, il était possible, qu'elle serait devenu folle à lier. C'était difficile d'être à présent si proche du combat des Inquisiteurs. Cela avait été beaucoup plus simple quand il s'agissait simplement de travailler sur les armures, sans être confronté à la réalité des combats. Peut-être que les soldats de l'armée inquisitoriale ne s'en rendait pas compte non plus que de travailler à l'écart rendait les choses plus difficiles à appréhender. Blue-Ivy pensait sincèrement que plus de la moitié des employés de l'entreprise Caldwell&Sons, ne se sentait impliqué qu'à moitié parce qu'ils ne se voyaient pas employés les armements qu'ils créaient. Ils étaient tous là parce qu'ils étaient bons en robotiques, électronique, nanotechnologie… Mais ils n'étaient pas tous dans l'entreprise parce qu'ils détestaient les sorciers. Il y en avait bien quelques-uns, dont Darius, le chef de projet avec qui Blue-Ivy avait toujours eu d'excellents contacts. Malgré tout, ils étaient là, certains, parce qu'il n'y avait que deux entreprises importantes dans cette spécialisation aux États-Unis : celle de son frère aîné et celle de Caleb. Vu qu'elle n'avait jamais eu aucune chance dans l'entreprise familiale, il n'y avait eu que celle de Caleb, qui s'était montré particulièrement content de la voir rejoindre son équipe. Cela avait été une véritable aubaine. Cependant, le lien, plus qu'étroit de l'entreprise de Caleb avec les Inquisiteurs risquait fort d'être un véritable problème pour Blue-Ivy.

Les propos de James avaient fini par la forcer à répondre d'une voix qui n'avait pas beaucoup servie. Elle lui demandait plus de temps et il ne semblait pas vraiment comprendre. Il ne trouvait pas que tout cela était si compliqué. C'était facile pour lui de dire cela. Il n'était jamais tombé amoureux de la moindre sorcière ou du moindre sorcier, chacun ses goûts après tout. Elle ne lui connaissait d'ailleurs pas particulièrement de petites amies. Peut-être que les femmes du Bastion se sentait intimidé par son nom. C'était fort probable. Les dîners avec la famille Wilkerson, qui consistait uniquement en la personne de Rearden Wilkerson et de son fils, auraient de quoi repousser la moindre jeune fille avec un peu de jugeote. Pour James, Matthew s'était joué d'elle et c'était bien regrettable, mais elle n'était pas la première femme à qui cela arrivait et elle ne serait probablement pas la dernière. Pour son ami, il était temps de passer à autre chose et de se reconstruire. Le seul problème dans sa belle argumentation, c'était que Blue-Ivy avait déjà en quelque sorte, pardonné ses mensonges à Matthew. Le vrai problème c'était qu'elle voulait le garder dans sa vie. Cela était bien plus difficile à résoudre. Oui, elle aurait pu rayer de sa vie Matthew et retourner à la vie qu'elle avait avant de le rencontrer. Cependant, elle ne le souhaitait pas. La vie qu'elle avait construite avec son fiancé, lui plaisait. Il y avait leur maison, qu'ils avaient choisiensemble et décoré avec les goûts de chacun. Ensemble, ils avaient construit une relation stable, monté des projets et envisagé de s'unir pour la vie. Contrairement, à ce que pensait de nombreuses personnes, il n'est pas si simple de trouver la bonne personne qui vous complète. Pour Blue-Ivy, c'était un sorcier, alors même qu'elle vivait sur une part du territoire où leur espérance de vie était fort réduite.

A force de la titiller et de s'insurger, il avait réveillé son agacement et son tempérament de feu avait fait sortir les paroles que la jeune femme gardait pour elle, depuis un moment. Le nœud du problème ce n'était pas que Matthew soit un sorcier. Alors qu'il l'écoutait, elle vit qu'il la regardait avec un air bizarre. Elle l'avait parfaitement imaginé ce regard. C'était une raison pour laquelle, elle n'en avait parlé à personne, parce qu'elle savait que c'était ce regard, qu'ils auraient tous sur leurs visages. James n'arrivait pas à le croire et il le lui fit comprendre en s'exclamant qu'elle ne pouvait pas être sérieuse. Il ne pouvait imaginer qu'elle soit déjà sorti avec un sorcier, tout en sachant qu'il l'était. Cependant, James, n'avait jamais vécu sur un territoire indépendant. Il ne pouvait pas savoir que ce qui le surprenait, ne ferait pas battre un cil, de la part d'un Indépendant. Ce n'était pas une chose si étrange de voir des brassages entre les sorciers et les non-sorciers. La meilleure amie de Blue-Ivy, quand elle vivait encore à Kansas City, et qu'elle avait perdu par la suite, s'était marié, l'année dernière, à un sorcier et ils attendaient leur premier enfant à la fin de l'année. Leur amitié n'était plus aussi forte qu'autrefois, mais cela n'avait pas empêché Amelia d'envoyer un carton d'invitation à son mariage à Blue-Ivy. Cette dernière ne s'y était pas rendu parce qu'elle savait qu'elle n'y aurait pas sa place. Amelia et elle n'étaient plus si proche. Elle avait été touchée par son invitation, mais elle ne souhaitait pas vraiment cultiver ses relations d'autrefois à Kansas City. Vela lui rappelait toujours sa famille, ce qui n'était pas un souvenir agréable. Toutefois, elle n'avait pas été choquée par la nouvelle du mariage d'Amelia avec un sorcier. C'était loin d'être une si grande chose chez les Indépendants.

« Est-ce que j'ai l'air de plaisanter, James ? » Ironisa Blue-Ivy. « Oui, je suis déjà sorti avec un sorcier, même s'il faut avouer qu'il rentrerait particulièrement dans le portait peu flatteur qu'en dresse les Inquisiteurs. Un véritable crétin. Ce n'est pas le fait qu'il soit un sorcier qui me plaisait chez lui. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les sorciers ne se baladent pas avec une pancarte dans le dos, indiquant, qu'ils sont sorciers. Si tu avais grandi dans un territoire indépendant, tu comprendrais. Je sais que c'est difficile à envisager pour un Inquisiteur, d'autant plus pour un qui a toujours vécu dans un monde où les sorciers sont bannis. »

Cependant, elle n'était plus chez les Indépendants et elle se rendait vraiment compte à présent de ce que cela pourrait signifier pour elle. Les Inquisiteurs n'étaient pas des enfants de cœurs. Ils n'étaient ni plus mauvais, ni meilleurs que les autres. Toutefois, elle savait que s'ils la jugeaient être une traîtresse, elle n'aurait pas de traitement de faveur sous prétexte de leur avoir fourni des armures anti-magie. James la regarda avec une stupeur, qu'elle ne comprit pas bien, lorsqu'elle lui dit qu'il était bien placé pour comprendre sa situation. Si elle avait été moins prise par ses problèmes, elle aurait cherché à comprendre, mais cela lui passa au-dessus de la tête. Elle ne vit pas le soulagement se répandre sur son visage, alors même qu'elle exposait le fond de sa pensée, à savoir qu'elle ne survivrait probablement pas si les Inquisiteurs étaient contrôlés par Rearden Wilkerson. Si elle devait faire un choix, il ne se porterait pas sur lui. Camila Barbosa n'était pas parfaite, mais sa politique semblait plus juste et Blue-Ivy préférait lui accorder son soutien plutôt que de l'offrir au père de James. Maintenant que les vannes étaient ouvertes, Blue-Ivy se sentait être davantage elle-même. La léthargie n'avait jamais été un état qui lui sciait. La jeune femme n'était jamais aussi douée, que lorsqu'elle faisait preuve de tempérament et de convictions. James lui avoua que si son père était le leader des Inquisiteurs, il était fort probable qu'ils soient tous deux arrêtés pour haute trahison. La créatrice d'armure pouvait comprendre pour elle, mais elle ne voyait pas pourquoi il arrêterait son propre fils. Même s'il ne semblait pas être le plus affectueux des pères, il ne voudrait pas faire du mal à la chair de sa chair et le sang de son sang. Cela était incompréhensible et elle l'exprima en relevant un sourcil en entendant les paroles de son ami. De toute évidence, Rearden Wilkerson ne plaisantait pas.

« Qu'est-ce que… Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Je ne tient pas particulièrement à en parler à ton père, alors il ne risque pas de le découvrir pour ce qui est de ta participation dans mon affaire. Même si c'était le cas, je ne compte pas lui faire savoir. »

Blue-Ivy ne pourrait pas faire cela à James. Pas après, tout ce qu'il avait fait pour elle. La jeune femme avait une dette envers son ami, elle le savait. S'il arrivait qu'on finisse par découvrir son histoire avec Matthew et que cela tombe dans les mauvaises oreilles, elle prendrait l'entière responsabilité de tout ce fiasco. Il n'était pas question que quiconque tombe avec elle. Bien sûr, elle ne tenait pas non plus à encourir la moindre sanction, mais elle devait se rendre à l'évidence que cela pourrait être un scénario envisageable et qu'il fallait qu'elle l'accepte. C'était le risque à ne pas renier son histoire avec Matthew. James lui avoua qu'il avait fait une rencontre, dix ans plus tôt. Il lui conta cette histoire où il était question d'une sorcière et de ce qu'elle avait fait pour se protéger. Il ajouta qu'il l'avait revu, il y a peu. Tout cela c'était pour lui montrer qu'il la comprenait, mais cela ne suffirait pas. Son ami serait devenu plus radical concernant le sort des sorciers, quand il aurait appris la vérité sur la mort de sa mère et il pensait ne pas trouver la paix avant de voir tous les Yaxley périrent. Cependant, il admettait que tous les sorciers n'étaient pas des êtres maléfiques. Il semblait navrer de comprendre que Blue-Ivy continuait d'aimer Matthew, malgré ses mensonges. Certes, cela la mettait dans une situation terriblement compliqué, qui expliquait son attitude de ses derniers jours. Cela lui avait permis de se rendre compte que l'amour comptait davantage pour elle que la tranquillité d'esprit. Elle sentait que si elle avait dû le sacrifier pour son équilibre, elle en serait venue à haïr, ceux, qui étaient devenus comme une seconde famille, à ses yeux. C'était triste à admettre pour eux, mais peut-être que seul une personne qui avait aimé plus que tout, pouvait vraiment comprendre.

« Je sais dans quoi je m'engage James. J'ai eu suffisamment de temps pour y réfléchir. Je te l'ai dit, j'avais besoin de temps pour essayer de trouver une solution. » Répondit Blue-Ivy déterminé. « Si je quitte les Inquisiteurs, je n'aurai plus un jour de paix et si je reste, cela sera pareil. Il faut que je trouve dans quelle situation, je risque le moins. Tu ne sais pas ce que c'est que d'être déchiré entre les personnes qui sont comme une famille adoptive et l'homme que l'on aime. »

Mais James fit entrer une nouvelle donnée dans l'équation presque impossible, qui occupait Blue-Ivy depuis quelques jours, déjà. Apparemment, il aurait trouvé le temps de retrouver Matthew. Elle se doutait, qu'il lui avait fait passer l'envie de mentir. Son ton était on ne peut plus expressif, à ce sujet. Elle ne dit rien à ce sujet. Cela n'aurait servit à rien. On ne pouvait pas changer le futur et selon James, Matthew était encore vivant et c'était cela qui comptait vraiment, aux yeux de la rousse. Ce qu'il lui annonça ensuite l'a surpris. De toute évidence, Matthew n'avait jamais menti sur l'affection qu'il avait pour elle et il était prêt à tout pour rester à ses côtés : même de perdre ses pouvoirs. Cela fit pleurer Blue-Ivy. En entendant cela, comment pouvait-on vouloir s'écarter d'un homme tel que lui ?! Apparemment, il était envisageable, qu'il subisse l'opération, qui avait été faite sur Saevus Yaxley, qui était à présent porté disparu. La seule alternative pour qu'elle puisse rester proche de l'homme qu'elle aimait, serait de trouver Camila et de lui demander de l'aide. Bien sûr, il faudrait mieux éviter de dire qu'elle venait, parce que James le lui avait conseillé. Elle se doutait qu'ils n'avaient pas de très bonnes relations et qu'il valait mieux éviter qu'un autre Inquisiteur soit au courant pour la vrai nature de Matthew. Cela sonnait presque trop beau. Cependant, elle ne savait pas ce que c'était que l'opération qu'avait subi Saevus Yaxley et il était difficile de savoir s Matthew ne finirait pas par regretter une part de lui-même. Il le lui avait dit : la magie c'était une part de son être et elle était difficile dissociable. Est-ce que Matthew sans pouvoir serait le même que le Matthew qui se cachait ? Il n'y avait aucun moyen de le savoir et si elle commençait à poser des questions innocentes, elles pourraient éveillés des soupçons.

« C'est presque une alternative trop bien tombée pour être réelle. Je ne sais pas si Camila ne pourrait pas se retourner contre Matthew. Après tout, j'ai cru comprendre que de nombreux inquisiteurs sont lasses d'une politique trop laxiste. Elle pourrait décider de faire un exemple, simplement pour garder la main. » Finit par dire Blue-Ivy. « Je ne peux pas décider pour Matthew. Je sais qu'il t'a dit qu'il était prêt à perdre ses pouvoirs, mais si ce n'était pas si important pour lui, il aurait continué à taire sa véritable nature et aurait menti toute sa vie. Le fait qu'il m'ait avoué la vérité, tend à prouver que la magie est une chose importante pour lui... »

Cette histoire semblait n'avoir pas de fin et pourtant Blue-Ivy voulait continuer à croire à ce petit espoir que les choses pourraient s'arranger.

Un espoir fortuit

Comme il était difficile d'avoir la même vision des choses quand ces dernières vous touchaient de si près. Blue-Ivy n'avait jamais remis en question son travail du moment qu'elle y trouvait du plaisir et de l'intérêt. Elle se rassurait parfois en ce disant que ses armures sauvaient des vies même si elles n'avaient d'utilisation qu'en cas de conflit. La créatrice d'armure n'aurait jamais cru qu'elle en viendrait un jour à remettre en question ce métier qui la passionnait tant. Dire qu'elle avait fuit sa famille pour pouvoir justement exercer ce métier. Autrefois, les paroles de Caleb sonnaient comme une invitation inespéré à rejoindre un projet fou dans une entreprise jeune et dynamique. Cela semblait si bien, qu'elle n'avait pas hésité et jusqu'à aujourd'hui, elle n'avait jamais remis en question ce qu'elle faisait. Cependant, tout avait changé lorsque Matthew avait décidé de rompre son silence au sujet de sa nature magique. Peut-être que James avait raison quelque part, il semblait, qu'elle finissait bien souvent par sortir avec un sorcier. Si elle n'était pas profondément athée et persuadé d'avoir son libre arbitre, elle pourrait croire que c'était écrit, qu'elle tombe amoureuse d'hommes sorciers. Maintenant, qu'elle se trouvait face à ses contradictions et ses actions, elle comprenait qu'il fallait faire un choix. Continuer comme si de rien n'était et accepter la solution de James était inespéré, mais Blue-Ivy se sentait mal, face à cette idée. C'était trop facile, trop simple et cela lui permettait surtout de faire comme si ça n'avait pas remué quelque chose en elle, alors même que c'était le cas. Ses réflexions, ces larmes et les paroles de James ne lui permettaient plus de se voiler la face et de se cacher derrière des paroles rassurantes qui sonnaient faux.

Selon James, elle ne savait pas dans quelle direction elle allait, mais Blue-Ivy le savait vraiment. Elle savait que s'ouvrait devant elle une vie difficile voir impossible. Certes, elle adorait son travail. Il était à la fois passionnant et intéressant. Sa famille d'adoption était loyale et aimante, mais si cet amour avait un prix alors peut-être qu'elle n'était pas si proche d'elle qu'elle ne le pensait. Blue-Ivy avait fait de mauvais choix et des agissements qui la mettaient mal à l'aise, depuis qu'elle avait rejoint les Inquisiteurs. Parfois, elle avait l'impression que la jeune femme qui avait vécu une vie sans histoire à Kansas City était morte quelque part entre ses disputes avec son père et son acceptation chez Caldwell&Sons. En vérité, Blue-Ivy n'avait pas de sentiment négatif contre les sorciers. Elle avait grandi en sachant qu'il y avait de mauvaises personnes dans chacun des camps et que personne n'était tout blanc. Peut-être était-ce la force des Indépendants que de garder l'esprit ouvert et de ne pas porter de jugement hâtif. Le problème devait probablement être qu'elle avait très mauvais caractère et une forte tendance à agir avec beaucoup d'impulsivité. L'âge ne semblait pas améliorer ce problème. De plus, elle avait l'égo impressionnant de tous les membres de la famille Jagger. Il était fort à parier que c'était une chose contre laquelle, elle ne pourrait véritablement lutter. Peut-être que si elle avait été plus conciliante, elle aurait agi autrement, mais il était trop tard pour le regretter. Blue-Ivy ne faisait jamais les choses à moitié. Quand elle se lançait dans une décision, elle l'exécutait au maximum. C'était ainsi dans toutes les étapes de sa vie et c'était aussi le cas lorsqu'elle tombait amoureuse ou qu'elle se lançait dans un nouveau projet.

James ne comprenait pas qu'elle puisse tout remettre en cause pour Matthew, mais c'était probablement parce qu'il n'avait jamais aimé au point de ne pas savoir ce qu'il deviendrait sans l'autre personne. Pour James le monde était probablement presque pavé que de pierres blanches et noires. Aux yeux de Blue-Ivy, le monde était bien trop souvent gris pour que l'on sache toujours avec certitude dans quelle direction l'on pouvait aller. Elle pouvait cependant apprécier l'amitié qu'il lui portait pour en être venu à chercher toutes les solutions. La créatrice d'armure savait que son choix n'était pas celui qu'il s'était attendu à ce qu'elle choisisse. Il n'était probablement pas ravie de ce qu'elle avait décidé de faire, à savoir garder Matthew dans sa vie. Un travail, c'est important pour une vie épanouie, mais il y avait quantité de travail dans ce monde et même alors que celui-ci était amputé de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique. Tandis que l'amour… Combien y avait-il d'amour sur cette terre ? Trop peu, c'était certain, autrement il y aurait beaucoup moins de conflits qu'il n'y en avait, en ce moment. Blue-Ivy avait connu quelques belles histoires d'amour, mais rien d'aussi fort que les sentiments qu'elle avait pour Matthew. Qui peut vraiment tourner le dos au grand amour, à moins de ne pas ressentir que cela l'est réellement. La jeune femme n'avait jamais été d'une nature d'amoureuse transie, mais quand elle se trouvait en la présence de celui qu'elle aimait, elle se sentait toute chose.

Certes, Matthew lui avait menti, mais n'était-ce pas parce que lui-même avait eu l'espoir de voir les choses changer ? Cela n'avait pas dû être une décision facile que celle qu'il avait prise. C'était à la fois fou et dangereux, tout aussi. Bien sûr, ça n'excusait pas le fait d'avoir caché si longtemps cette vérité. Après tout, ils vivaient ensemble et il savait qu'elle genre de personne elle était. La jeune femme n'était pas particulièrement douée pour cacher quoi que ce soit. Elle ferait une très mauvaise espionne, puisqu'il était possible de lire tout ce qu'elle pensait sur son visage, comme si elle était un livre ouvert. C'était à la fois une bonne chose : elle restait toujours honnête, mais c'était aussi une véritable malédiction. Voilà pourquoi elle évitait la présence de son jeune frère, de peur qu'il découvre un jour qu'elle lui avait caché une information aussi importante que le fait que Jordan soit toujours vivante. Là encore, elle avait préféré faire comme si rien n'était arrivé à Ryan, alors même qu'il prenait très mal la soi-disant disparition de son aimée. Les Jagger étaient assez fous pour aimer plus que de raison et la séparation les rendaient dingues. Même Charles était très entier dans ses sentiments, elle ne pouvait le nier. C'était un trait de caractère commun à tous les membres de la famille. Blue-Ivy se prit la tête entre ses mains et ne vit pas que James la quittait sur ses conseils pour faire comprendre sa situation à la grande Inquisitrice, la leader du groupe pour qui elle travaillait. Il y avait du vrai dans les paroles de son ami, mais Blue-Ivy avait prit sa décision, elle souhaitait garder Matthew et si c'était un chemin difficile à suivre, elle le ferait quand même. La jeune femme se rassurait en se disant qu'ainsi elle restait en accord avec qui elle était réellement et que c'était cela qui était le plus important.

Elle releva la tête prête à le faire savoir à James et c'est là qu'elle se rendit compte de sa disparition. Se levant du canapé dans lequel, elle était restée longtemps, elle s'apprêta à prendre la porte laissée ouverte quand elle fut stoppée par l'arrivée d'une personne qu'elle ne s'était pas attendue à voir. Devant elle, se dressait la silhouette de Matthew. Cela faisait quelques jours qu'ils ne s'étaient pas revus et Blue-Ivy fut un instant prise d'indécision. Elle ne savait pas comment agir et quoi dire. Se contentant de l'observer, elle eut tout un tas de souvenirs qui s'imposèrent à elle. Il y avait là le jour de leur première rencontre, celui où ils avaient décidé de s'installer ensemble, le jour où elle lui avait présenté ses amis et celui où ils s'étaient fiancés. Tant de douces pensées. Leur amour avait été comme une évidence qui n'avait jamais été remise en cause avant la fameuse révélation qu'il lui avait faite et qui avait mis la jeune femme en porte à faux, incapable de savoir comment digérer cet aveux et ces répercussions pour eux deux. Elle aurait pu tout abandonner et ne plus jamais s'impliquer avec lui, mais elle s'en entait incapable. Ils étaient fais l'un pour l'autre, elle le sentait au plus profond de son être. Pourtant, cela l'avait blessé qu'il lui ait menti pendant tant de temps, alors même qu'elle avait toujours fait preuve d'honnêteté à son égard. Blue-Ivy le vit s'approcher d'elle, aussi près qu'il pensait pouvoir avoir le droit de l'être. Elle allait ouvrir la bouche, mais il lui prit la main et cela l'empêcha d'émettre le moindre son. C'était un si doux toucher, qui lui avait manqué, pourtant il l'agrippait fortement. Matthew prit la parole le premier en lui affirmant qu'il était prêt à faire ce que James lui avait révélé. Il ne s'arrêta pas et continua à dire qu'il l'aimait et qu'il espérait, qu'elle puisse un jour comprendre le choix, qu'il avait fait.

« Matt… Je n'ai jamais cessé de t'aimer. Ce que tu m'as fait m'a fait du mal, non pas parce que tu es sorcier, mais parce que tu as jugé que me mentir était la meilleure chose à faire. Je ne suis pas une extrémiste incapable de comprendre la différence. » Fit la jeune femme. « Oui, je construis des armures, mais ce sont des objets de défense et je le fais parce que j'aime inventer, construire, monter et assembler, pas parce que j'ai le goût du sang et du désespoir. » Conclue-t-elle. « Es-tu véritablement certain de ton choix ? N'était-ce pas toi qui disais que la magie était une partie de ton être, de toi et que mentir à ce sujet était mal. Serais-tu vraiment prêt à renoncer à quelque chose qui est partie intégrante de toi-même, pour notre amour ? » Demanda Blue-Ivy avait insistance en tentant de chercher la réponse dans les yeux de son aimé. « Je ne veux pas que tu me haïsses par la suite, de t'avoir privé d'une part de toi... » Ajouta-t-elle dans un murmure.

L'amour pouvait si facilement se changer en haine. Cette dernière était bien plus difficile à changer en force positive que ne l'était l'amour de se transformer en quelque chose de monstrueux. Leur histoire d'amour ressemblait à une tragédie grecque.

Un espoir fortuit

Parfois on ne savait pas vraiment quel choix faire. James avait tant fait pour elle, l'héberger, l'écouter, la laisser pleurer et maintenant il lui apportait à nouveau la présence de Matthew. La boucle était bouclée. Elle ne savait pas comment elle allait faire pour un jour repayer cette dette à James. Même s'il n'approuvait pas son choix, il était resté son ami, malgré tout et envers tout. Blue-Ivy se rendait compte que ça n'avait pas dû être particulièrement simple pour lui, puisque toute sa vie, il avait grandi avec des principes qui lui faisaient détester la simple vue des sorciers. Que Matthew s'en soit sorti entier relevait presque du miracle. Toute cette situation était presque surréaliste. Pourtant, ça avait bien lieu et il fallait admettre que c'était en quelque sorte un soulagement. Cette période où elle était dans le brouillard, incapable de prendre une décision et perdu dans le remous de ses sentiments, était terminée. La jeune femme était bien décidée à être à nouveau maître de sa destiné, comme elle l'avait toujours été, jusque là. Elle vit Matthew baisser la tête alors même qu'elle lui expliquait ses sentiments, face à ses mensonges et ses révélations. Malgré tout, c'était une épreuve qu'elle avait réussi à dépasser et elle comptait bien, ne pas abandonner le seul amour qui comptait vraiment pour elle. Matthew lui avoua que c'était la peur qui avait parlé et qui était responsable de ce terrible malentendu entre eux. Il se sentait coupable et bien qu'elle ne lui souhaitait pas de porter cela jusqu'à la fin de ses jours, elle était contente qu'il comprenne que cela avait été mal. Blue-Ivy portait ses sentiments sur son visage. Elle était incapable de mentir bien longtemps. On lui avait bien souvent rappelé ce détail.

« Il n'est plus nécessaire de savoir à qui imputer la faute. Je pense que dans cette situation, nous sommes tous les deux responsables à notre niveau. » Fit Blue-Ivy en posa sa main sur le visage de son amant.

Le plus important, cependant, restait cette question qu'était la nature magique de Matthew. Si Blue-Ivy n'avait pas de véritable problème avec les sorciers (d'ailleurs pourquoi en aurait-elle ? Elle avait grandi dans un monde où peut importait qui on était du moment qu'on laissait ses voisins tranquilles) ce n'était pas vraiment le cas de la plupart de ses connaissances et de toutes les personnes qui avaient embrasé les idéaux des Inquisiteurs. Mais alors qu'elle s'attendait à l'entendre lui donner une réponse, il préféra se passer de davantage de discussion et posa ses lèvres sur les siennes. La jeune femme fut un instant surprise, incapable de savoir comment réagir, mais cela ne dura pas plus qu'un instant avant qu'elle ne s'abandonne à ce baiser. Pendant cet instant, plus rien d'autre ne comptait qu'eux deux. Il n'y avait plus d'inquiétude, de tristesse ou de crainte vis-à-vis de ce qui pourrait arriver dans le futur, il n'y avait plus qu'eux, unis à nouveau. Lorsque Matthew mit fin au baiser, il ne s'écarta d'elle, que de quelques centimètres. Leurs fronts se touchaient encore et la créatrice d'armure reprenait à peine son souffle. Selon lui, ce n'était pas une décision prise à la légère que de celle d'abandonner ses pouvoirs magiques pour toujours. Il n'y avait pas de retour en arrière. Même un tatouage aujourd'hui pouvait être enlevé, mais reprendre ses pouvoirs magiques semblaient impossibles jusqu'à cette heure. Matthew lui avoua qu'il lui avait avoué la vérité pour ne plus mentir à sa famille et à elle par ricochet. Il était prêt à abandonner ces pouvoirs pour rester avec elle, mais il souhaitait pouvoir rester proche de sa famille.

« Matthew… Quelle folie ! » Fit la jeune femme, le poids de l'obstacle des dressant devant eux, à nouveau dans son esprit. « Je ne peux rien te promettre. Tu connais les Inquisiteurs et leurs visions sur la question des sorciers. Ta famille, toute entière, a des sorciers, si je ne me trompe pas. Ce qui veut dire que les chances pourraient être très minces. Je ne serai même pas comment insister sur le fait de te permettre d'avoir cette concession. J'ignore comment Camila va réagir. C'est quelque chose d'inédit et il y a de fortes chances que je sois davantage considérer comme une traîtresse qu'autre chose. Je n'ai aucun point dans la hiérarchie des Inquisiteurs... »

Ça ne marcherait jamais. Même s'ils avaient toute la meilleure volonté du monde, il n'en restait pas moins qu'un obstacle se dressait toujours entre eux. De plus, perdre ses pouvoirs c'était une trop grande décision. Peut-être que Matthew semblait certain que c'était la bonne solution, mais plus l'instant arriverait, plus il sentirait le poids lourd que cela pourrait être. Peut-être que James avait raison… Cette histoire était vouée à être un échec. Il aurait peut-être mieux valu que leur amour ne soit pas si fort et qu'ils puissent restreindre leurs sentiments. Pourtant, Blue-Ivy avait tellement envie d'y croire : que l'amour puisse être plus fort que tout. C'était aussi ce qu'avait cru les amants maudits de Vérone et leur fin n'avait pas été particulièrement plaisante. S'ils ne pouvaient être ensemble dans la vie, ils avait préférés l'être dans la mort. La créatrice d'armure n'était pas certaine d'être capable d'un tel geste. La vie comptait pour elle. Elle aimait vivre et profiter des bienfaits qu'elle offrait. Matthew affirmait que ce n'était pas la magie qui faisait de lui, l'homme qu'il était, mais bien les personnes qu'ils aimaient et qui comptaient pour lui. Il était certain que sachant cela, il ne pourrait regretter la perte de ses pouvoirs. Elle savait qu'il pouvait vivre sans, puisque tout le temps qu'il avait vécu près d'elle, il n'avait pas utilisé de magie et avait vécu comme un non-sorcier, puisque c'était ainsi qu'il s'était fait passer. Il recula et elle vit naître un sourire sur ses lèvres. Pourquoi avait-il fallu qu'ils soient séparés par quelque chose pour laquelle aucun d'entre eux n'étaient véritablement responsables ? Tout aurait été plus simple si elle n'était pas allée chercher du travail jusque chez les Inquisiteurs… mais peut-être n'aurait-elle jamais rencontré l'homme de sa vie, si elle ne l'avait pas fait.

« J'aimerais te dire que tout va bien se passer et que ce sera exactement comme nous l'avons décidé, mais je marche sur un terrain inconnu. Je ne peux qu'émettre des conjectures et suivre la piste donnée par James. J'ignore cependant si cela marchera bien... » Avoua Blue-Ivy sa voix déraillant légèrement, effrayé par ce qui pourrait bien leur arriver. « Les Inquisiteurs ne sont pas des enfants de cœur et même si Camila reste une personne ouverte et charismatique, il n'en reste pas moins qu'elle est à la tête d'une organisation qui a décidé que l'existence des sorciers n'est pas une bonne chose. La seule chose qui distingue les Inquisiteurs des tueurs, c'est qu'ils semblent pouvoir transformer les sorciers en non-sorciers. »

Matthew lui demanda si elle pensait que ce serait possible de vivre ensemble, mais qu'il puisse rester proche de sa sœur et de son frère, par la même occasion. Blue-Ivy aimerait lui dire que oui, mais elle n'était certaine de rien. C'était quelque chose qu'elle ne connaissait pas vraiment. Il n'y avait pas vraiment eu de précédent parmi les Inquisiteurs et surtout jusqu'à présent, elle n'avait jamais eu à se poser la question. Aujourd'hui, la seule opinion qu'ils avaient, c'était celle proposée par James. Elle contempla le visage aimé de Matthew, en se demandant s'ils finiraient par avoir une fin heureuse ou si au contraire il se dirigeait vers un chemin pavé de tristesse. Elle vit Matthew déglutir et lui demander, timidement, si elle était en danger parmi eux, même s'il parvenait à obtenir le droit de rester à ses côtés et de perdre ses pouvoirs. Blue-Ivy ne le savait pas. Elle n'était pas aussi proche de Camila, qu'elle ne l'était de Thalya et ne pouvait juger proprement de son caractère. Ce qui était certain, c'est que si cela venait à se savoir, elle ne se ferait pas plus d'amis chez les Inquisiteurs. Il y en avait parmi eux qui étaient beaucoup plus radicaux et extrémistes que ne l'était Camila ou James. Ils en voulaient aux sorciers et faire disparaître les pouvoirs des sorciers, n'était pas suffisant pour eux. Ces personnes-là avaient envie que le sang coule et ils ne valaient pas mieux que les pro-moldus. Dans toute organisation, il y avait des personnalités bien distinctes qui pouvaient avoir des aspirations différentes. Les Inquisiteurs n'échappaient pas à la règle.

« Je l'ignore Matt. J'aimerais être pleine d'optimisme, comme toujours, et te dire que tout ce que nous souhaitons va pouvoir se réaliser, mais j'ai l'impression que c'est une chose sur laquelle je ne devrais pas m'avancer. Nous ne pouvons rien imaginer tant que nous ne serons pas si Camila sera d'accord. Même si c'est le cas, il faudra que tu t'attendes à ce que ça suive exactement ce que nous désirons. J'ai l'impression d'être face à un labyrinthe dans lequel il n'y a pas de sortie définitivement sûr que nous pourrions prendre sans aucun risque. » Répondit la jeune femme. « Je pense qu'il faut cesser de se poser tant de questions et que je me rende directement auprès de Camila pour lui en parler. Ce n'est qu'après cela que nous pourrons véritablement aviser. »

Il n'y avait pas d'autres solutions possibles. La décision de Camila serait la seule qui apporterait une réponse claire. Après, il faudrait faire des choix rapides, car en avouant la vérité, il faudrait qu'elle soit prête à toutes éventualités, même les pires. Elle voulait tellement croire que le bonheur pouvait être possible.

Un espoir fortuit

La situation dans laquelle ils se trouvaient Matthew et elle était vraiment un sac de nœud. Le plus simple aurait été de ne plus jamais se revoir et apprendre à vivre l'un sans l'autre, mais ils étaient bien trop têtus pour choisir le chemin de la facilité. Ils leur semblaient importants de ne pas perdre leur amour pour des idéaux qui semblaient ne pas prendre en compte la personnalité des personnages, mais leur différence. De tels propos avaient touché d'autres catégories de personnes autrefois et avaient aussi causé leur malheur. Blue-Ivy avait fait son choix : elle voulait rester auprès de celui qui lui avait tant apporté et cette personne n'était autre que Matthew. Elle se sentait en partie responsable du fait qu'il lui ait caché qu'il était un sorcier. Quelle ironie quand on pensait au nombre de sorcier qu'elle avait fréquenté dans sa vie avant de le rencontrer. La magie et le fait d'être un sorcier, n'avait jamais repoussé la jeune femme. Elle n'avait en fait aucun problème avec cela. En vérité, elle savait que c'était une contradiction de fournir des armures anti-magie et de ne pas avoir de haine contre les sorciers. C'était une chose qu'elle ne pouvait expliquer, mais elle comprenait que Matthew ait pu avoir des doutes. En fait, elle comprenait surtout que leur situation était digne d'une tragédie grecque et elle espérait que le dénouement serait bien plus heureux que dans ces histoires parce que la mort ou le suicide n'était pas des options qu'elle voulait envisager. L'amour devrait pourtant être plus fort que tout et dans ce monde si dur et si triste, il fallait bien un peu d'amour pour que la vie ne soit pas qu'un long chemin de larmes et de feux. Blue-Ivy voulait croire que leur amour ne pourrait pas être détruit par leur différence. Peu lui importait que Matthew fasse usage de la magie au quotidien. Qu'est-ce que ça changeait ? Il restait l'homme qui la faisait rire et pour qui son cœur battait. C'était une chose qui méritait qu'on se batte pour la garder. Il fallait être stupide ou sans cœur pour ne pas le comprendre. Elle espérait que cela leur permettrait de pouvoir continuer à être ensemble.

Matthew insistait sur le fait, que c'était sa faute, mais il n'était pas entièrement responsable. Elle aussi avait sa part de faute. En parler plus longuement ne ferait que le mettre en évidence. Certes, il ne lui serait jamais venu à l'esprit qu'un sorcier risquerait de venir jusqu'en territoire Inquisiteurs. La Floride ne possédait pas le système qu'avait le Bastion de Bâton-Rouge, mais ça restait un état acquis à la cause de Camila et aux idéaux des Inquisiteurs qui prônaient un monde sans magie. Jamais, elle n'aurait pu croire qu'un sorcier serait là et qu'elle le rencontrerait puis tomberait amoureuse de lui. C'était incroyable ! De plus, elle était accompagnée de Thalya et de Whitney à ce moment-là. Thalya n'était pas vraiment une grande amie des sorciers. Elle était après tout, la cousine de la grande inquisitrice. Elle avait grandi dans l'idée que les sorciers étaient des personnes à abattre et qu'il ne fallait pas hésiter. C'est sûr, que si Matthew avait écouté ses propos et sachant qu'elle était son amie, il n'était pas difficile de comprendre qu'il se soit fourvoyé sur ses propres conviction à ce sujet. Enfin, personne ne pouvait réécrire le passé. Peut-être qu'elle aurait dû donner plus d'information sur ce qu'elle pensait, mais elle parlait peu de son passé parce qu'il était intrinsèquement lié à sa famille avec qui elle avait des relations plus que tendus. Son père l'avait humilié plus d'une fois et elle avait du mal à avoir de l'affection pour lui. Ses frères étaient complètement incapables de le comprendre et sa mère pensait qu'une bonne discussion pourrait arranger des années à se sentir repoussé par un père qui ne semblait pas comprendre ses qualités. C'est pourquoi dès qu'elle parlait de son passé, elle parlait principalement de sa famille et rarement de ce qu'il y avait eu autour. Peut-être qu'en sachant cela, Matthew et elle auraient pu partager ces informations qu'ils cachaient, plus rapidement.

« Matt, cette faute est la nôtre, pas uniquement la tienne. J'aurai pu te le dire bien avant, que je n'ai aucun mépris ou aucune peur envers les sorciers et encore moins pour toi. Tu es celui qui m'a appris ce qu'était une véritable relation. C'est le partage et la confiance qui est le ciment d'une relation saine. Nous sommes ensemble dans cette affaire catastrophique et c'est ensemble qu'on parviendra à trouver une solution, si solution on a. » Répliqua la jeune femme.

La conversation dévia sur la solution qui pouvait s'offrir à eux, qui consistait à ce que Matthew abandonne ses pouvoirs. Le résultat avait l'air plus été plus que concluant sur Saevus Yaxley, mais Blue-Ivy ne se sentait pas particulièrement rassuré par cela. Elle avait entendu dire que la magie faisait intrinsèquement partie des sorciers et que c'était presque comme une partie de leur âme. La jeune femme n'était pas religieuse, mais elle avait ses propres croyances, qui était un mélange d'expériences et de convictions philosophiques. La pensée que la disparition des pouvoirs de Matthew puisse changer l'homme qu'il était, l'effrayait. Elle ne voulait pas être responsable de cela. Elle ne voulait pas perdre l'homme qu'elle connaissait et chérissait. C'était bien là, le nœud de leur problème en définitive. Matthew semblait prêt à perdre cette partie de lui-même et elle voulait être certain qu'il sache à quoi s'attendre. Ce n'était pas un jeu et c'était un choix qui était malheureusement définitif. A jamais, il deviendrait un simple humain sans aucun pouvoir magique. Le monde magique, elle n'y connaissait pas grand-chose. Les Indépendants étaient une faction qui ne s'impliquait dans la vie de personne. Une immense Suisse qui fermait les yeux sur les différences des uns et des autres. Chacun pouvait y vivre comme il le voulait. Parmi eux, il y avait des personnes qui étaient pour la cohabitation, mais qui ne voulaient pas s'afficher comme les partisans du nouveau monde. Il y avait aussi de farouches opposants à l'un ou l'autre des mondes et des personnes totalement indifférentes ou qui voulaient simplement qu'on les laisse en paix. La famille Jagger semblait tomber principalement dans la case des indifférents. Peu importait vraiment qui était quoi tant que les choses marchaient correctement. Tel était le credo de la plupart de ses membres. Malgré son inexpérience en matière de magie, elle était certaine que c'était là un bien grand sacrifice que venait de choisir celui qu'elle aimait. Et elle que sacrifiait-elle sinon sa conscience ? Un bien maigre sacrifice que cela par rapport à celui que Matthew allait faire. Il savait que c'était de la folie. Il voulait rester avec elle et tout ce qu'il voulait c'était rester proche de sa famille qu’elle ne connaissait pas encore. Comment lui permettre cela ?

« Je crois qu'il n'y a pas de retour en arrière pour moi, Matt. Je ne vais pas changer d'avis. J'ai fait mon choix et c'est d'être liée à toi. Je n'ai pas besoin d'être marié et de le prouver devant un parterre de personne et avec une licence qui coûte un rein. J'aimerais pouvoir te garantir que tu pourrais revoir ta famille. Ce serait merveilleux ,mais je ne sais comment être certaine que tu puisses avoir ce choix. Tu es prêt à faire ce sacrifice ultime et je ne peux même pas t'offrir quoique ce soit en échange... » Fit Blue-Ivy avec des trémolos dans la voix et des larmes dans les yeux.

Ce qui était certain pour l'un comme pour l'autre, c'est qu'ils ne pouvaient pas continuer à peser le pour et le contre, parce qu'il était impossible de savoir qu'elles allaient être les conséquences de leurs actions. Ce qui leur semblait être le chemin à suivre pour le moment, c'était d'aller quémander l'aide de la grande inquisitrice. Blue-Ivy n'était pas assez proche de Camila pour savoir, comment cette dernière allait réagir. Enfin, elle préférait avoir affaire à elle plutôt qu'à son grand rival : le père de James. Ce dernier lui donnait froid dans le dos. Il semblait comme mort derrière ses yeux calculateurs. Il jouait une partie d'échec invisible avec la grande inquisitrice et l'issue de cette partie pourrait bien être la direction des opérations entières des Inquisiteurs. Blue6Ivy ne comprenait pas toutes les implications et elle ne tenait pas particulièrement à le faire. Elle était bien contente que ce soit Camila qui soit la grande inquisitrice pour le moment. Elle lui faisait l'effet d'une femme réfléchie qui pourrait faire preuve de compassion. La créatrice d'amure pensait qu'il faudrait qu'elle demande une audience privée pour expliquer son problème. Ce ne serait pas simple surtout en ce moment avec les groupuscules extrémistes qui venaient de mettre le pays dans un état d'urgence sans précédent. C'était quelque chose qui la mettait sur les chardons ardents. Sa confiance en James, n'avait pas de limite et elle savait qu'il ne les trahirait pas. Jamais elle ne pourrait lui repayer la dette qu'elle avait envers lui pour toute l'aide qu'il lui avait apporté. Elle se doutait, que cela n'avait pas du être simple pour lui. Alors qu'elle se laissait entraîner par ses idées noires, Matthew lui prit sa main et lui avoua que peu importait cela ne changerait pas ses sentiments parce qu'il l'aimait et que c'était quelque chose qu'on ne pourrait pas enlever. Blue-Ivy avait envie de pleurer, mais ce n'était pas des larmes de tristesse. Elle même se sentait porter par l'amour qu'elle portait à Matthew. Sans cela, elle ne prendrait jamais les risques qui allaient leur arriver très certainement. Il n'y avait que pour lui qu'elle était capable de faire cela.

« Oh Matt ! Que ne serais-je sans toi ?! Je serai bien malheureuse en vérité. Nous allons faire ce que nous pourrons et compter sur cet amour qui nous uni pour espérer que les choses tourneront dans le meilleur sens pour nous deux. » Dit-elle avec ferveur. « Tu es tout pour moi ! »

Elle espérait que l'amour pouvait vraiment vaincre tous les obstacles et que l'avenir se révélerait bien plus joyeux qu'il ne semblait se dessiner pour eux.