Retrouvailles

   Le magnifique manoir qui accueillait l'école de Salem se dressait devant lui, à la fois noble et majestueux, semblant refermer derrière ses murs des secrets que lui seul connaissait. Les façades extérieurs du bâtiment laissait entrevoir toute la magnificence des lieux, mais ce n'était rien en comparaison de la beauté qui attendait ses visiteurs à l'intérieur avec ses voutes finement sculptés, ses dorures et ses peintures, qui n'avaient rien à envier aux bâtiments historiques du patrimoine européen dont ces derniers s'enorgueillaient tellement. Même s'il paraissait moins imposant que le château de Poudlard dans lequel il avait fait ses études, Salem n'avait absolument rien à lui envier. Ce lieu regorgeait en son sein d'un savoir et de connaissances millénaires.
Y aurait-il fait ses études si sa vie n'avait pas été bouleversée ? Il en doutait. Il imaginait mal son père l'inscrire dans un établissement qui l'avait remercié en le traitant avec si peu d'égard, ne serait-ce que parce que ses enfants auraient fini par en entendre parler et auraient dû faire face aux critiques et aux moqueries des autres élèves. C'était quelque chose qui n'aurait surement pas été facile à encaisser et leurs parents auraient tout fait pour leur épargner cela. Nul doute que s'ils n'avaient pas dû s'exiler en Angleterre, Allison et lui auraient été obligé d'étudier à l'institut Yaxley. Finalement, partir pour l’ancien monde avait été un mal pour un bien.
Alors qu'il traversait la pelouse fraichement coupée une voix féminine l'interpella, et l'incita à se retourner.

Les mains enfoncées dans les poches de son pantalon noir, il se retourna et fixa sa jeune soeur de ses yeux clairs, attendant sur place qu'elle le rejoigne. La jeune adolescente était resplendissante. Ses longs cheveux bruns tombaient en cascade dans son dos et son sourire illuminait son visage. Depuis qu'il lui avait permis de rester avec lui en Amérique, sous certaines conditions, la jeune femme  respirait le bonheur et avait promis de se tenir à carreau. Il se doutait bien que malgré tout, tôt ou tard il finirait par être convoqué mais il ne s'attendait pas à ce que ce soit aussi rapidement. Il l'avait pourtant prévenu, il lui avait dit que si elle faisait des vagues ici, il n'hésiterait pas à la renvoyer en Angleterre chez leur tante. Il pensait avoir été suffisamment convainquant pour qu'elle prenne sa menace au sérieux mais de toute évidence il s'était trompé. Avait-elle compris qu'il n'oserait jamais la renvoyer en Angleterre ? De toute évidence, sans quoi il ne serait pas convoqué en ce moment. Allison était accompagnée de trois nouvelles amies qui attendirent légèrement en retrait. La jeune fille n'avait jamais eu de mal à être très entourée mais en plus ici elle jouissait d'un statut que l’on pouvait presque qualifier « d’exotique » puisque non contente d'arriver en cours d'année, elle venait d'Angleterre et de la prestigieuse école de sorcellerie Poudlard. Les gens de sa classe devait se battre pour obtenir ses faveurs et il imaginait très bien sœur profiter pleinement de toutes ces intentions qu'elle générait et de l’intérêt qu’elle suscitait. Allison s'avança vers lui, visiblement surprise de le trouver là.

- Ethan ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ?  

- A toi de me le dire. C'est le directeur de ta maison m'a convoqué

Alors qu'il l'observait froidement, sans le moindre sourire aux lèvres la jeune fille perdit le sien

- Quoi ? Ethan, je te promets que je n'ai rien fait ! Lui assura-t-elle le visage défait

Ethan n'était pas Legilimens et parfois il le regrettait, mais il n'avait nul besoin de posséder ce don pour savoir quand sa soeur lui mentait ou pas. Et en l'occurrence, en cet instant, la jeune femme lui disait la vérité. Elle n'avait de toute évidence rien à se reprocher, du moins pas au point de voir son frère être convoqué par le directeur de sa maison. Retrouvant son sourire, il sortit sa main droite de sa poche pour la poser sur son bras et l'attirer vers lui

- Alors tu n'as pas à t'inquiéter, lui assura-t-il tout en l'embrassant sur le front. Je vais être en retard, et toi aussi, fit-il remarquer en entendant les carillons retentir pour signifier le début des cours. Vous avez quoi ?

- Botanique, répondit-elle en rejoignant ses amies. Tu viens me dire au revoir avant de partir, je veux savoir ce qu’il te veut !

Ethan approuva d'un sourire et observa sa soeur s'éloigner vers ses amies qui riaient et gloussaient tout en regardant dans sa direction. Puis, les quatre étudiantes se dirigèrent à grand pas en direction des serres tout en jetant régulièrement des regards par-dessus de leurs épaules. Les délaissant, il fixa la grande bâtisse de plus en plus intrigué par la raison de cette convocation surprise puisque de toute évidence sa soeur n'avait encore rien fait de répréhensible. Quoique ce fut, il n'allait pas tarder à le savoir....


Assis sur l’un des bancs en bois superbement sculpté par des gobelins, qui ornait l'immense couloir, le jeune Auror posa son regard sur le gamin d'une dizaine d'année qui était visiblement très abattu. A en juger par sa mine défaite qui était loin d'être de la comédie, le gamin assis à ses côtés venait de commettre une grosse bêtise

- Tu risques gros ? Lui demanda-t-il

- Oui, on va surement me renvoyer. Annonça-t-il d'une voix mornes, avant de se tourner vers lui comme s'il était son dernier espoir. Mais ce n'est pas ma faute c'est....

Alors qu'il commençait à se défendre, Ethan leva la main pour l'inciter au silence, ce qui coupa aussitôt le jeune élève dans son élan.

- Ne dis rien. Tu vas écouter ce que ton directeur va te dire et tu hocheras la tête en approuvant chacune de ses paroles d'un air navré. Fais lui croire qu'il a toute ton attention, puis quand il aura terminé dis simplement que tu es désolé. Et surtout, ne baisse jamais le regard, regarde le toujours dans les yeux. Si tu baisses les yeux, il saura que tu mens

- Ouahh trop cool !! Merciii, s'exclama l'enfant qui avait retrouvé le sourire

- Monsieur Devaney ? S’approcha une sorcière d’une quarantaine d’année, revêtu de la traditionnelle robe de l’établissement, Mr Brown va vous recevoir

- Bonne chance, fit-il au gamin tout en se levant de son banc.


La sorcière le conduisit devant la porte en bois du directeur de la maison du Loup. Ethan frappa trois petits coups pour s’annoncer avant d’ouvrir la porte. L’homme était là, debout au centre de la pièce, et l’accueillit avec ce sourire qu’il lui avait toujours connu. Hormis le poids des années, il n’avait pas tellement changé et restait tel que dans son souvenir. C’était une sensation étrange que de se retrouver devant cet homme qui ne le reconnaissait pas, mais après tant d’années comment aurait-il pu en être autrement ? C’était préférable qu’il en soit ainsi. En théorie, Ethan avait parfaitement conscience qu’il n’aurait jamais dû inscrire Allison à Salem où se trouvait une personne appartenant à leur passé. Les règles étaient très strictes lorsque l’on bénéficiait du programme de protection des témoins, les bénéficiaires devaient absolument couper tout contact avec leur passé que ce fusse des lieux ou des gens. Ils n’auraient dû avoir  aucun contact avec Sean, mais cela aurait signifié qu’Allison aurait dû suivre son cursus à l’Institut Yaxley et cela, l’un comme l’autre s’y refusaient…
Etait-ce réellement un risque ? Il en doutait, mais on n’était jamais trop prudent, après tout, les assassins de leur parent courraient toujours, cependant, il ne pouvait nier que revoir Sean après toutes ces années était quelque chose de fort pour lui. Il était la seule personne qui le rattachait à son passé, ici aux Etats-Unis…

Il n’était qu’un gamin à l’époque et les souvenirs qu’il avait conservé de lui ressemblaient plus à des bribes de souvenirs qu’à de véritables souvenirs, comme cette fois-là où il avait accompagné son père chez ce dernier. Il se souvenait avoir vu un livre de coloriage trôner sur la table basse et demander avec une simplicité toute enfantine, les yeux brillants s’il était pour lui. Son père l’avait aussitôt réprimandé en lui arguant qu’il n’avait pas à demander ce genre de choses, que c’était malpoli. Plus jamais Ethan n’avait recommencé. Son parrain était alors intervenu avec le sourire en lui assurant que ce livre était bien pour lui. Il l’avait invité à colorier pendant qu’il parlerait avec son papa. Il ne savait pas s’il déformait ses souvenirs mais il lui avait semblé que les deux hommes n’étaient pas d’accord sur quelque chose, aujourd’hui, il dirait qu’il s’agissait probablement des prises de positions de son père.
Il se souvenait également d’une autre fois, où Sean et sa femme étaient venus manger à la maison. L’enfant qu’il était ne voulait pas que l’homme s’en aille aussi avait-il caché sa veste sous son lit. C’était tout ce dont il se souvenait de cette soirée-là.
Sa tante lui avait également raconté une autre anecdote qui s’était produite lorsqu’il était petit, il devait avoir 5 ans guère plus. A l’en croire, il était la fierté de son père et ce dernier l’avait amené à Salem le jour de la remise des diplôme. A un moment, il avait échappé à sa vigilance et ce dernier avait paniqué en ne le retrouvant plus, alors qu’il était simplement avec des étudiants de dernière année. C’était Sean, son parrain qui l’avait retrouvé et l’avait ramené à son père. On avait beau le lui avoir raconté, lui n’en gardait aucun souvenir, il était beaucoup trop jeune pour s’en rappeler.

Serrant la main tendue Ethan balaya le chaleureux bureau de son hôte du regard. De nombreuses photos encadrés étaient posées ici et là dans toute la pièce mais une seule attira son regard. Elle n’était pas mise en évidence mais elle n’était pas dissimulée non plus. Elle représentait l’actuel directeur de la maison des loups avec quelques années de moins. A ses cotés se trouvait un autre homme qui lui faisait une chaleureuse accolade. Un homme de qui Allison avait hérité l’air espiègle et dont lui, avait hérité ce regard bleu si particulier. Détachant son regard de la photo, il reporta tout son intérêt sur l’homme qui lui faisait face et prit place dans l’un des fauteuils à son invitation.

- Je sais, je viens de la croiser, lui apprit-il sans quitter son regard en prenant une attitude confiante. Alors dites-moi, que puis-je pour vous Mr Brown ? Ce bilan c’est parce qu’il manque des informations dans son dossier ? Ou parce qu’elle est arrivée en cours du dernier trimestre ? Je pensais que ça ne poserait pas de problème…

   
   

Retrouvailles

Ethan se sentait mal à l'aise de se tenir ainsi devant son parrain, en prétendant être un parfait inconnu. Mentir ne lui avait jamais posé de problème mais mentir à ses proches ou à ceux qu'il respectait avait toujours été beaucoup plus difficile. Aussi loin qu'il se souvienne, Sean avait toujours été un allié, un ami fidèle de son père malgré leurs divergences d’opinion, mais après tout, que savait-il exactement de lui ? Il n'était qu'un enfant à l'époque. Non seulement ses souvenirs étaient probablement tronqués, mais les gens changeaient avec les années. Face à lui, assis dans ce fauteuil le jeune Auror se sentait tiraillé. D'une part, il avait très égoïstement envie de se raccrocher à cette encre solide qui le rattachait à son passé, mais de l'autre, une petite voix lui intimait la plus grande prudence. L'homme pouvait les trahir que ce soit volontairement ou non, et même sans ça, prendre contact avec lui pouvait être dangereux pour Sean lui-même et sa famille... Est-ce que cela en valait vraiment la peine ?
Bien que nerveux, il adopta un masque impassible mais ses mains croisées devant lui le trahissait. Plongé dans ses propres doutes, il avait quelques peu perdu le fils de leur conversation, il avait été question de Poudlard, mais tout ce qu'il retint c'est que ce n'était pas important. Une chance pour lui, ça lui permettait de ne pas avoir à lui donner de réponse sur un sujet dont il n'avait pas écouté un traitre mot. Ses sourcils se froncèrent néanmoins lorsque le professeur devant lui, souligna le fait qu'il aimait à connaître ses étudiants. Il se mit alors à lui poser des questions qui, bien qu'elles pouvaient paraître uniquement motivée par de la simple curiosité et anodines pour la plupart des personnes, s'étaient mise à sonner comme une sonnette d'alarme dans son esprit.

- Vous avez vraiment besoin de savoir tout ça ? L’interrogea à son tour Ethan avec Scepticisme.

Il le trouvait soudainement bien curieux et intéressé. Se doutait-il de quelque chose ? Choisissant de ne pas répondre sur les causes de leurs venus en Amérique, Ethan se contenta de répondre à sa dernière question concernant une potentielle famille ici, en Amérique. Avait-il de la famille ? Oui. Il y a avait tout un pan de sa famille du côté de sa mère qu’il ne connaissait pas et qu’il ne connaitrait jamais. Du côté de son père seule avait survécu sa tante née Aline Foster mariée à Don Bennett et qui vivaient désormais à Londres en Angleterre sous l’identité de David et Cindy Devaney, leur parents. Et puis il y avait lui, Sean Brown, un ami de la famille qui était également son parrain et de ce fait, un membre de sa famille… Des personnes avec lesquels il n’avait pas le droit d’entrer en contact

- On va dire que non.

Sentant visiblement qu’il s’était mis sur la défensive, le directeur lui adressa un sourire qui avait pour but de le mettre en confiance et de le rassurer. De toute évidence il ne voulait pas l’effrayer, mais tout dans son attitude, dans sa manière de le regarder avec une certaine affection, lui donnait à penser qu’il soupçonnait quelque chose, mais qu’est-ce qui aurait bien pu le trahir ? Ou était-ce tout simplement le fruit de son imagination... ?
Désirant se montrer rassurant, avec toute la gentillesse qu’il lui connaissait Sean s’excusa pour son indiscrétion, expliquant qu’il n’avait pas pour habitude d’avoir à faire à des tuteurs aussi jeunes, mais curieusement il était prêt à parier que toutes ces questions n’étaient pas motivées par cette seule raison

- Et bien il faut un début à tout, Mr Brown, lui sourit-il. Nos parents sont restés en Angleterre, se sont eux les véritables représentants légaux de ma sœur, moi je suis simplement le référant présent sur le territoire, mais si vous préférez vous adressez à eux directement il n’y a aucun problème, vous avez leurs coordonnées dans le dossier d’inscription d’Allison

Ce face à face lui pesait de plus en plus lourdement. Ethan avait pleinement conscience qu’ils étaient entrain de jouer à un jeu de dupe et c’était bien là le problème. Que savait Sean exactement ? Avait-il simplement des soupçons ou savait-il véritablement quelque chose ? Et lui, avait-il véritablement envie de continuer ce petit jeu plus longtemps ? Les assassins de ses parents l’avaient déjà privé de sa famille, de son nom, de sa vie, de sa nationalité, allait-il les laisser le priver également du seul lien qu’il avait de son enfance, de sa famille ? Allaient-ils gérer sa vie jusqu’à sa mort ?

- Vous ne m’avez pas fait venir uniquement pour me dire ça ? Lui demanda-t-il alors que son regard s’adoucissait. Je crois qu’on connait tous les deux le véritable but de cette convocation… Et si vous me posiez les véritables questions, celles qui vous intéressent véritablement

Ethan venait d’ouvrir une porte qu’il aurait préféré laisser fermer, mais qu’il était bien incapable de garder close. Il ne voulait plus fuir, et surtout pas devant cet homme. Si Sean savait quelque chose, il allait vite le découvrir et se promis d’être honnête avec lui dans la mesure du possible, dans le cas contraire, si son parrain l’avait convoqué pour tout autre chose et ne soupçonnait pas le moins du monde qui ils étaient… alors il le laisserait dans l’ignorance

   
   

Retrouvailles

Ethan n'avait eu aucune idée de la réaction que serait celle du professeur Brown devant cette perche qu'il venait de lui tendre. Comprendrait-il son allusion ou au contraire était-il à mille lieues de la vérité ? Ce fut d'abord ce que cru Ethan lorsqu'il vit le directeur de la maison des loups cligner plusieurs fois des yeux mais lorsqu'un énorme sourire se mit à apparaître sur ses lèvres, il comprit que Sean avait parfaitement saisit l'allusion. La suite cependant le prit totalement au dépourvu. L'homme se leva de son bureau qu'il contourna pour se précipiter sur lui et le prendre dans ses bras. Ne sachant comment réagir Ethan surprit resta figé devant cet élan d'affection si chaleureuse. Puis à mesure de cette étreinte, il sentit à son tour l'émotion s'emparer de lui et lentement, avec hésitation, commença à lever ses mains pour serrer à son tour son parrain et répondre à cette accolade.
Lorsqu'il le relâcha finalement pour venir s'assoir à ses côtés, l'homme s'excusa d'avoir réagi aussi spontanément, comme si Ethan pouvait lui en vouloir de s'être montré aussi familier. Et lorsqu'il rajouta qu'il pensait, à juste titre, qu'ils partageaient un passé commun, Ethan ne put répondre quoi que ce soit. L'émotion l'avait étreint aussi fortement que Sean et il était incapable de prononcer le moindre mot sous peine de trahir le bouleversement que la réaction de son parrain avait provoqué en son for intérieur. Dans ses bras, il avait eu l'impression de retrouver une chaleur familiale qui lui était familière, d'être le fils prodigue de retour chez lui. S'il était incapable de parler, il se contenta de sourire légèrement à la remarque du professeur concernant leur passé commun.

Un silence gêné se mit à flotter dans le bureau durant un instant qui parut être une éternité pour Ethan. Si le premier ne savait quoi dire, le second était incapable de prononcer le moindre mot, alors qu'il voulut prendre sur lui pour briser ce silence, Ethan vit Sean se lever brusquement du fauteuil pour se diriger vers un cadre photo, ce cadre qu'il avait aperçu dès qu'il était entré dans cette pièce. Avec délicatesse, le sorcier s'en empara et observa la photographie, le sourire aux lèvres, avec une tendresse toute empreint de nostalgie avant de revenir vers lui. Reprenant sa place à ses côtés il lui tendit le cadre qu'Ethan prit avec le même respect. Sur cette photo, deux jeunes hommes riaient et s'amusaient avec insouciance. Il ne se souvenait pas avoir un jour vu son père se comporter de manière aussi légère, et ça le fit sourire malgré lui. Où et quand cette photo avait-elle était prise ? C'est ce qu'il voulut lui demander lorsque Sean reprit la parole en lui expliquant qu'il était le parrain du fils de cet ami. Délaissant la photographie, Ethan releva son regard clair sur son parrain qui rajouta qu'Allison et lui, lui ressemblaient énormément. La gorge noué, il reporta son regard sur cet homme qui était son père, mais lorsque Sean l'appela par son prénom avec une tendresse infini, il releva à nouveau son regard sur lui

Ce dernier s'inquiétait terriblement pour leur sécurité mais tenta de lui assurer qu'avec lui, ils ne risquaient rien et il ne doutait pas de sa sincérité, mais l'homme face à lui ne se rendait surement pas compte dans quoi il s'embarquait et du danger que cela risquait d'impliquer pour lui et sa famille si jamais la vérité venait à être connue. Ethan voulait croire que ces moldus avait agi de manière isolée et que 15 ans plus tard, ils ne les intéressaient plus, mais à vrai dire, il n'en savait rien et pouvait parfaitement se tromper. Son regard replongea sur ce jeune homme qui souriait en se balançant d’un pied sur l’autre au même rythme que son ami lorsque Sean lui avoua aimer et respecter son père.

- Vous avez de la chance, répondit-il au bout d’un moment en se levant du fauteuil sans cesser d’observer la photo. Moi, il m’arrive de lui en vouloir…

Raphael Foster était un homme passionné qui défendait les idées auxquelles il croyait avec beaucoup de force et de conviction. Les menaces, les intimidations, rien ne le faisait fléchir et au final, cela avait détruit leur famille. D’un côté, il admirait son père mais de l’autre, il lui en voulait terriblement de s’être battu pour des personnes qui n’en valaient pas la peine. Les moldus étaient trop différents d’eux pour qu’ils puissent vivre ensemble sans qu’il n’y ait de conflit et ils avaient montré à plus d’une reprise combien ils les haïssaient, eux et leur pouvoir. Reposant le cadre à sa place sur l’étagère, il se retourna vers Sean assaillit par tout un flot d’émotion. Peine, douleur, colère, tendresse, affection, tristesse…. Levant sa baguette, il les fit disparaitre du bureau du Directeur du loup et se retrouvèrent dans un autre espace, dénué de fenêtre, de photos ou de portraits, loin des oreilles indiscrètes. Seuls les deux fauteuils présent dans le bureau de Sean et sur lequel son parrain était assis les avaient suivi dans ce petit voyage

- Je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’inquiéter, mais au moins comme ça nous pourrons parler plus librement, lui dit-il finalement. Je suis désolé d’avoir du vous cacher la vérité, je ne voulais pas vous mentir mais notre situation est… compliquée. Je veux que vous compreniez bien dans quoi vous vous engagez avant d’aller plus en avant. On ne sait rien des assassins de nos parents, peut-être qu’après toutes ces années ils se fichent royalement de nous, ou peut-être qu’ils nous cherchent toujours, on ne peut pas courir le moindre risque. Si je ne voulais rien vous dire ce n’était pas uniquement pour nous, c’était aussi pour vous. Nous ne sommes pas censés entrer en contact avec des personnes qui nous ont connus pour notre propre sécurité mais aussi pour la vôtre et celle de vos proches. Vous avez vu ce qu’ils ont été capable de faire à mes parents, je n’ai pas envie qu’il vous arrive la même chose uniquement parce que nous sommes en contact. Vous avez encore la possibilité de vous rétracter si vous le souhaitez et on en reste là, c’est à vous de décider. Sachez également que si vous choisissez d’entrer dans nos vies, au moindre danger nous disparaitrons brusquement, sans crier gare de la même manière que nous sommes entrés dans vos vies. Nous ne viendrons pas vous dire au revoir, et nous n’entrerons plus jamais en contact avec vous. Personne ne devra savoir ce que je vous révèlerais, vous ne pourrez en parler à personne, et nous devrons nous réinventer toute une relation aux yeux du monde, ce qui signifie que l’on ne pourra pas se voir comme vous l’espérez surement, ce sera à mes conditions. Croyez bien que quelque soit votre décision, je la comprendrais et la respecterais. Je ne vous en voudrais pas

Ethan aurait préféré ne pas avoir à tenir ce genre de discours auprès de son parrain mais il avait tout à fait le droit de savoir dans quoi il s’engageait et de se rétracter. Tout au fond de lui, il espérait que Sean ne les repousse pas car à ses côtés il avait la sensation de retrouver un peu de sa famille et de son passé. Et puis de manière plus intéressée, en cas de problème, il pourrait faire confiance à son parrain pour veiller sur Allison si jamais lui en était un jour dans l’impossibilité

   
   

Retrouvailles

 
Ethan avait préféré être honnête et ne rien cacher à Sean de ce qui risquait de l'attendre s'il désirait réellement entrer dans leurs vies. On pouvait penser qu'Ethan était parfaitement détaché et qu'il paraissait avoir l'habitude de ce genre de petit discours de mise en garde mais il n'y avait rien de plus faux. S'il donnait l'illusion de tant d'aisance, c'était uniquement parce qu'il connaissait sa leçon par coeur. C'était d'ailleurs la première fois qu'il était tenu de le faire, et quand bien même cela n'aurait pas été le cas, comment pouvait-on s'habituer à dire ce genre de choses à des personnes que l'on souhaitait voir faire parti de vos vies ? Leur demander d'être prudent, de mentir, de ne pas s'attacher sous peine de souffrir, ce n'était pas le genre de relation que l'on avait envie de construire avec les gens et encore moins que l'on pouvait avoir envie de leur imposer. Mais leur cas était si particulier,...
Sean avait lourdement médité sur la question, et le jeune Auror pouvait lire à la gravité qui se peignait sur son visage, qu'il ne prenait pas ses mises en garde à la légère, et il comprenait aisément pourquoi. Dans son bureau, il avait aperçut de nombreux cadres photos immortalisant sur chacun de ses clichés la vie d'une famille qui lui paraissait très unis et heureuse, sa famille. Sean avait une vie ici, une vie qui ne méritait pas d'être bouleversée, même si, très égoïstement, il ne pouvait s'empêcher de l'espérer. Ethan ne le quittait pas des yeux, et plus les minutes passaient moins il s'attendait à entendre une réponse positive sortir de la bouche de son parrain. Ils allaient tout simplement en rester là...

Alors qu'il s'était déjà préparé à un refus parfaitement légitime, Ethan ne pu dissimuler sa surprise lorsqu'il entendit le professeur lui affirmer qu'il ne se rétracterait pas. Involontairement, un sourire de soulagement avait commencé à s'étirer sur ses lèvres, alors qu'il se demandait encore s'il avait bien compris ce que venait de lui dire le sorcier, ne cessant de se demander si son imagination ne lui avait pas joué un vilain tour, mais ce n'était de toute évidence pas le cas. Pourtant rien ne l'y obligeait, après tout, ils étaient des étrangers pour lui, mais l'ombre de son père et de leur amitié avait de toute évidence guidé sa décision. Il semblait que Sean Brown n'était pas le genre d'homme qui avait pour habitude de fuir ses responsabilités ou de fermer la porte à des personnes de son entourage, et c'était ce trait de caractère qu'il retrouvait également dans les portraits de son père que lui dressait sa tante. Les deux hommes avaient bien des qualités en communs, malgré leurs divergences d'opinion politique très marqués, ils n'avaient pas été amis pour rien.  
L'homme émis cependant une condition, celle de ne pas impliquer sa famille, une condition qui paraissait tout à fait légitime à Ethan qui approuva d'un signe de tête

- Je comprends... lui confirma-t-il le visage grave. Je ne me souviens pas, avoua-t-il en prenant un air désolé lorsque le sorcier lui affirma qu'il jouait avec son fils ainé lorsqu'ils étaient enfants. Ainsi vous êtes déjà grand-père, wouah, lui sourit-il félicitation.

Ethan gardait peu de souvenir de son enfance passé en Amérique. Cela ressemblait plus à des flashback incomplet qu'à de véritables souvenirs et prétendre qu'il connaissait parfaitement celui que ses parents lui avaient choisi comme parrain, ou sa femme, serait un mensonge. Pourtant, il ne pouvait nier que Sean savait lui donner cette sensation de croire qu'il faisait parti de sa famille, tel un parent éloigné qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Trop longtemps. Cependant le sourire d'Ethan s'effaça tout doucement pour froncer les sourcils, intrigué par le petit monologue de son parrain. Les bras croisés devant lui, il observa l'homme prendre ses aises et à en juger par son attitude, il s'apprêtait à lui dire quelque chose d'important. Et pour cause, l'homme cherchait simplement à prendre la défense de son père par rapport au sentiments qu'il nourrissait parfois à son encontre. Dès qu'il comprit ce qu'il cherchait à faire, Ethan baissa légèrement la tête sans pour autant fuir le regard de l'homme qui lui faisait face et qui lui demandait de bien vouloir ne pas juger trop sévèrement son père qui n'avait fait que se battre pour ses convictions. En guise de réponse, Ethan lui adressa un léger sourire. Il ne détestait pas son père, et en certains points il l'admirait d'avoir su faire face à l'adversité tel qu'il l'avait fait sans jamais se laisser abattre, mais il ne pouvait s'empêcher malgré tout de lui en vouloir d'avoir fait passer ses idées politiques avant le bien être de sa famille. Aujourd'hui ses écrits étaient étudiés à l'université Yaxley, et la postérité se souviendrait toujours de son nom, mais à quel prix ?

- D'accord, répondit-il tout simplement dans un sourire qui se voulait sincère

C'était tout ce que Sean désirait entendre alors Ethan n'avait eut aucun mal à exaucer son souhait tout en sachant pertinemment qu'il ne pourrait jamais s'empêcher de toujours en vouloir un peu à son père, parce qu'il avait la sensation que ce dernier avait agit avec égoïsme sans se soucier une seule minute que les attaques dont il était la cible pouvait finir par se retourner contre sa famille. Ce n'était pas les moldus qu'il aurait du protéger, c'était eux. A cause de ses idées d'égalité qu'il défendait avec tant d'acharnement et qui avait fini par lui couter la vie, Ethan avait cette affreuse sensation qu'on lui avait également volé sa vie. Il n'avait été qu'une victime dans toute cette histoire politique qui le dépassait de très loin et pourtant il avait l'impression que c'était lui le criminel que l'on avait condamné. On l'avait ainsi envoyé en exil dans autre pays, privé des siens et de ses proches, on l'avait enfermé peut-être pas dans une prison mais dans le monde magique avec l'interdiction d'en sortir avant sa majorité et on avait été jusqu'à lui retirer son identité...  alors que les assassins de ses parents, eux, courraient toujours en toute liberté.
Comment pouvait-il ne pas en vouloir ne serait-ce qu'un peu à son père ? Il ne le détestait pas, jamais il ne le pourrait, mais on ne pouvait pas lui demander de ne pas éprouver un peu de colère envers ce dernier et ses idées.

Semblant satisfait de sa réponse, Sean lui sourit et lui demanda de lui raconter tout ce qui leur été arrivé ces dernières années, cherchant à savoir ce qu'il y avait de vrai dans leurs nouvelles identités et ce que sa soeur savait au juste de leur situation. Prenant place à ses cotés, Ethan croisa ses mains devant lui et leva ses épaules avec indifférence comme si ces 15 dernières années s'étaient écoulés avec banalité, et en un sens c'était un peu le cas.

- Il n'y a pas grand chose à raconter,... Nous avons été immédiatement pris en charge par les Aurors jusqu'à ce que notre tante soit contactée et ne vienne nous chercher. Nous avons bénéficié du programme de protection des témoins, ma tante et son mari sont ainsi devenu David et Cindy Devaney, parents de deux enfants qui auraient du s'appeler Brian et Elsa Devaney, sauf que... j'ai refusé que l'on change nos prénoms. J'allais fêter mes 7 ans mais je crois que je n'ai jamais fait un tel caprice de toute ma vie, sourit-il amusé par ce souvenir. Nos prénoms, c'était tout ce qui nous restait de nos parents, c'était eux qui les avaient choisi, je ne voulais pas qu'on nous retire ça aussi, j'étais tellement désespéré... je crois que j'ai fini par les avoir à l'usure. Etant donné que nous devions partir pour l'Angleterre et que nous avions l'interdiction de sortir du monde magique, ils ont accepté de céder à mon caprice et Allison et moi avons pu garder nos prénoms. Nous étions constamment protégé par un couple d'Auror qui ont emménagé dans notre quartier en se faisant passé pour des membres de notre famille. A force de les côtoyer c'est un peu ce qu'ils sont devenus, ils n'avaient que nous et nous n'avions qu'eux. On n'a pas été malheureux, ma tante et mon oncle se sont bien occupés de nous, tout comme les Aurors qui veillaient sur nous, nous n'avons jamais manqué de rien. Hormis nos noms de famille, nos dates et lieu de naissance et le nom de nos parents tout ce qu'il y a dans nos dossiers est vrai. J'ai bien fait mes études à Poudlard, dans la maison Serdaigle fit-il en s'adossant plus confortablement sur son fauteuil et à la fin de mes études je suis devenu Auror à mon tour. J'aimais bien l'école, lui sourit-il, contrairement à Allison. Ce n'est pas qu'elle ne soit pas intelligente, elle l'est mais, elle préfère s'amuser. Elle connait toute la vérité depuis qu'elle a 14 ans, par contre elle ignore que vous êtes mon parrain.. je n'avais pas jugé utile de le lui révéler cette information mais je le ferais cet été lors de ses prochaines vacances, d'ici là, je compte sur vous pour veiller sur elle.

Il ne s'agissait pas de simple parole et au cas ou il aurait pu en douter le regard qu'Ethan lui lança était des plus explicites. Allison était ce qu'il avait de plus précieux et jamais il ne confierait sa vie à n'importe qui. Se perdant durant un instant dans les méandres de ses pensées, il fini par reprendre

- Elle n'a pas la même perception des choses que moi, pour elle tout ceci est trop abstrait,... elle ne se sent pas vraiment concernée par tout ça. Elle a bien conscience de qui sont nos véritables parents, de ce qui s'est passé et de ce que cela implique dans nos vies de tous les jours désormais, surtout depuis que nous sommes revenus en Amérique mais pour elle ses véritables parents sont ceux qu'elle a toujours connu, ceux qui l'ont élevé. Ça lui convient très bien d'être Allison Devaney, moi par contre j'en ai marre d'Ethan Devaney, j'aimerais retrouver Ethan Foster mais tant que les assassins de nos parents seront toujours en libertés ce ne sera pas possible

Et plus les années passaient plus il serait difficile de les retrouver, Ethan ne se faisait pas réellement d'illusion à ce sujet. Il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour retrouver et punir ceux qui le méritaient mais rien ne garantissait qu'il y parvienne et à vrai dire, vu l'épaisseur du dossier concernant l'enquête de l'époque, il jouait plutôt de malchance. Il devrait très probablement porter ce nom jusqu'à son dernier souffle. Pensant avoir répondu à toutes les questions de son parrain, il se tourna vers lui en lui jetant un regard amusé

- Dites-moi, comment avez-vous su ? Quand avez-vous compris qui nous étions réellement ? Quelle erreur ai-je commise ?

Qu'est-ce qui avait bien pu le mettre sur la piste aussi aisément ? Il était bien curieux de le savoir, histoire de ne surtout pas commettre à nouveau la même erreur

   
   

Retrouvailles

18 ans. Le fils de son parrain était à son tour devenu père bien jeune. Il n'était pas surpris que ça se soit mal passé au début mais tout semblait être rentré dans l'ordre depuis, après tout quoi de plus normal, ça ne servait plus à rien de s'insurger et de s'énerver contre l'inévitable, ce qui était fait était. Le fils de Sean avait commis une erreur du à l'insouciance de la jeunesse mais il semblait avoir assez de maturité pour les assumer en un sens ils faisaient face aux problèmes d'une famille normale. Et pour ça, il les enviait, même s'il n'était pas certain d'avoir envie de connaître les joies de la paternité encore à son âge. Préférant n'émettre aucun jugement, il se contenta de sourire à son parrain qui ne dissimulait pas son bonheur d'être grand-père.

Ce fut ensuite à son tour de faire un récit très sommaire de ces 15 dernières années. Il s'était passé de nombreuses choses durant ces 15 années mais rien de particulièrement notable non plus, et même si cela avait été le cas, Ethan était de nature beaucoup trop secrète pour s'en ouvrir aussi aisément que Sean venait de le faire avec lui en lui parlant de son fils. En un sens, il appréciait l'honnêteté dont les gens faisaient preuve avec lui mais en ce qui le concernait, il en était incapable. A sa décharge on l'avait élevé ainsi. Toujours bien peser ses mots, réfléchir avant de parler, ne jamais se dévoiler, s'en était devenu un véritable conditionnement mais au final, c'était tout aussi bien.
Il avait commencé son récit après la mort de ses parents, il ignorait ce que Sean savait à ce sujet mais pour sa part il n'avait aucune envie de raconter encore une fois comment ça s'était passé et ce qu'il avait vu. Il avait assez de ces souvenirs pour le hanter jusqu'à la fin de ses jours, il n'avait nulle besoin d'en parler à nouveau pour s'en rappeler à son bon souvenir. Fort heureusement la conversation dévia sur Allison.

Au final il n'était pas mécontent que quelqu'un dans cet établissement connaisse la vérité, ainsi quelqu'un pourrait veiller sur elle, discrètement, en toute circonstance, et en un sens, ne plus être tout seul pour assumer cette tâche avait quelque chose de rassurant et de réconfortant.
Ethan leva un regard surprit lorsque Sean prit avec lui un ton paternaliste pour lui expliquer qu'Allison ne pouvait pas ressentir les mêmes choses que lui puisqu'elle n'avait jamais eu la chance de connaître ses parents naturels, contrairement à lui.

- Je sais approuva-t-il, le visage grave

Il ne put s'empêcher cependant de sourire devant la proposition de son parrain de venir le voir lorsqu'il avait besoin de laisser éclater sa colère

- Ma colère je peux la gérer, lui assura-t-il gentiment, ce n'est pas de ça dont j'ai besoin, ce que je veux s'est retrouver un peu de normalité... Ce n’est pas un projet que j’ai dans un proche avenir mais, regardez, votre fils est père aujourd'hui, moi je ne sais pas si je connaitrais ce bonheur un jour parce que cela signifierait que je devrais mentir à la personne avec qui je souhaiterais construire ma vie et si je lui en parle cela changera irrémédiablement sa vie. Et puis quel genre de vie est-ce là ? Vivre dans une maison où l'on peut remballer ses affaires en moins de 15 minutes sans laisser la moindre trace ? Fuir constamment et changer d'identité, se réinventer une vie jusqu'à la prochaine fois ? Je n'ai pas envie de vivre comme ça toute ma vie. J’ai l’air de me plaindre mais ce n’est pas ça, c’est juste…. Que j’ai l’impression de vivre dans un mensonge perpétuel, et au fond ce n’est pas qu’une impression, tout est faux chez Ethan Devaney

C’était la première fois qu’il se confiait à quelqu’un sur ce qu’il ressentait vraiment, sur cette sensation de ne pas être véritablement lui-même. Dans le fond, il savait bien que c’était faux car même si son nom et son passé avaient été inventé de toute pièce, cela ne changeait en rien l’homme qu’il était et avait choisi de devenir. Cela guidait indéniablement certains de ses choix comme sa profession actuelle et cela avait forcément modelé une partie de sa personnalité, de ce qu’il était devenu mais ça c’était un acquis du aux épreuves pas à sa nouvelle identité. Dans le fond, le Ethan Foster d’aujourd’hui était le Ethan Devaney de maintenant, seul le nom les différenciait... Mais était-ce vraiment aussi simple ?
C’était déjà bien assez compliqué pour lui qui était plongé dedans tête la première, alors comment une personne qui n’était pas confronté aux mêmes difficultés pouvait-elle comprendre ce qu’il ressentait ? Lâchant un soupir il balaya l’air de sa main comme si cela n’avait pas d’importance

- Ne faites pas attention, je suis dans un mauvais jour aujourd’hui, ça ira mieux demain, enchaina-t-il avant de laisser l’opportunité à son parrain de dire quoique ce soit à ce sujet

Ethan s’était senti stupide de partager ainsi le fond de ses pensées, peut-être parce qu’il n’en n’avait pas l’habitude ou plutôt parce qu’il détestait se dévoiler. Il avait fait la bêtise une fois mais il se jura intérieurement qu’on ne l’y reprendrait plus. Préférant changer de sujet, et espérant que le sorcier ne reviendrait pas sur le sujet, il voulut savoir ce qui avait mis Sean sur leur piste. Il avait beau y réfléchir il ne voyait que le fait qu’ils aient gardé leurs véritables prénoms pour les trahir, mais, même si cela l’avait forcément conduit à découvrir la vérité, la véritable cause était toute différente. Ethan avait commencé à repasser en boucle dans sa tête toutes les indications qui figuraient dans le dossier scolaire d’Allison sans parvenir à déceler la moindre faille jusqu’à ce que son parrain lui révèle enfin ce qui les avait trahit. La réponse était aussi simple qu’évidente : la génétique.
Ethan écarquilla les yeux de surprises mais Sean le rassura immédiatement en prétendant que seule une personne qui avait longtemps côtoyé son père pouvait soupçonner leurs liens, et encore ce n’était pas une certitude. Cette confirmation rassura Ethan, il savait que si ça n’avait pas été le cas, Sean aurait été totalement franc avec lui, après tout, il en allait de leur sécurité. Un sourire se dessina sur ses lèvres à l’idée de savoir qu’il tenait finalement beaucoup plus de son père qu’il ne le pensait

- C’est vrai ? Je sais que j’ai hérité de ses yeux mais à part ça… en quoi est-ce que je lui ressemble ? Voulut-il savoir

Ce fut avec un plaisir non dissimulé qu’il écouta le directeur de la maison des Loups répondre à sa question, ce dernier s’inquiéta d’ailleurs de savoir s’il était parvenu à s’adapter à sa nouvelle vie, ici aux Etats-Unis. Une question tout à fait légitime quand on savait qu’il y avait vécu son plus grand traumatisme et que la vie trépidante des américains étaient bien différente des européens. Un nouveau un sourire illumina son visage.

- J’aime ce pays, et plus particulièrement New-York, normal pour un new-yorkais pur souche. C’est à la vie londonienne que je ne me suis jamais fait. Je déteste la Grande-Bretagne, mais ici c’est chez moi, je suis de retour à la maison

Certes revenir au pays lui avait fait quelque chose après toutes ces années, mais il s’était immédiatement senti à sa place. On avait essayé de le déraciner sans succès, ici il avait la sensation de se retrouver un peu. Ici il était chez lui, et fouler la terre promise l’avait rendu bien plus heureux qu’il ne l’avait cru. Reprenant un visage sérieux, il joignit ses mains devant lui et posa son regard sur ses dernières avant de glisser ses pupilles sur son parrain

- Qu’est-ce que vous savez au juste concernant la mort de mes parents ? Avez-vous une idée de qui a pu faire ça ? Est-ce qu’il vous a parlé de menaces plus sérieuses que l'on avait faite à son encontre ou est-ce que quelque chose ou quelqu’un en particulier l’inquiétait ? Je sais que ça fait longtemps mais j’ai besoin de savoir

Besoin de savoir, besoin de connaitre la vérité pour avancer. Peut-être Sean savait-il quelque chose que lui ignorait, qu’il n’avait pas révélé lors de sa déposition ou dont il se rappelait seulement maintenant ? Il ne pouvait croire en tout cas, que si c’était le cas, le temps lui ait fait oublier ce détail car on ne pouvait rien oublier, pas le plus petit détail, lorsque l’on vivait un événement aussi marquant

   
   

Retrouvailles

Ce n'était pas tant le fait de savoir qu'il avait hérité de certaines expressions de son père qui lui donnait une impression de réconfort même s'il ne pouvait nier que cela lui faisait plaisir, c'était plutôt ce que Sean Brown lui apportait sans en avoir conscience : un lien avec son passé aujourd'hui disparu. Cet homme était désormais la seule personne qu'il connaissait qui avait connu ses parents et qui avait partagé leur vie à l'époque où il s'appelait encore Ethan Foster. Il avait peu de souvenirs de cet homme, après tout, il était très jeune lorsque ce drame qui devait changer le cours de leur vie s'était produit, mais quelque part c'était rassurant d'avoir auprès de soi une personne qui vous avait connu et qui en quelques sorte rendait bien réel cette autre vie dans laquelle il s'appelait Ethan Foster
Ethan savait très peu de chose de cet homme et sa nature méfiante ne prêtait pas à faire aisément confiance aux gens, d'ailleurs que savait-il exactement de lui si ce n'était qu'il était son parrain, qu'il était professeur à Salem et un heureux patriarche ? Pas grand-chose, pas suffisamment en tout cas pour qu'il lui fasse aveuglément confiance, pourtant Ethan avait laissé ses sentiments prendre le dessus. Le petit garçon en lui avait besoin de se raccrocher à cet homme, non pas parce qu'il recherchait une figure paternelle mais parce qu'il était la seule personne qui le liait à son passé, la seule personne qui savait réellement qui il était, la seule personne connaissait suffisamment son père pour lui apporter des réponses

L'amitié entre le professeur et son père était grande de cela, il n'en n'avait jamais douté, il le fallait pour que leur opposition idéologique ne brise pas leur amitié ni le respect qu'ils avaient l'un pour l'autre. Si son père avait été inquiété par quelque chose ou quelqu'un avant sa mère, il était persuadé que la seule personne vers laquelle il se serait tourné ce serait lui. Cet homme détenait peut-être une partie des réponses aux questions qu'il se posait. Comme s'il s'était préparé à ce que leur conversation prenne inévitablement cette tournure le sorcier lâcha un soupir résigné avant de prendre la parole
Sean était et semblait toujours aujourd'hui encore affligé par la prise de position de son père, et il ne comprenait que trop son point de vu. Lui non plus n'approuvait pas ses prises de positions qui leur avaient fait beaucoup de mal. Le jeune Auror hocha la tête silencieusement pour signifier qu'il savait exactement de quoi il parlait en faisait référence à ce Serial Killer qui avait défrayé les chroniques en 2004. Il n'était pas surprit de savoir que son père avait reçu des menaces à cette époque, c'était quelque chose qu'il avait toujours su, mais il imaginait très bien que ces dernières avaient dû proliférer avec tous ces meurtres. Ces moldus étaient vraiment stupides.... quel intérêt avait-il à chercher à se débarrasser d’un sorcier qui les soutenait et les défendait ?!

- Vous avez raison, une étude tend à prouver que 93% des auteurs de ces lettres de menaces ne passent jamais à l'acte. Ce sont pour la grande majorité des cas des personnes à l'intelligence réduite qui déversent toutes leurs colères et leurs frustrations sur une personne qu'ils jugent responsables de leurs tourments. Ils couchent sur papiers leurs fantasmes de détraqués mais n'ont généralement pas le quotient intellectuel suffisant pour passer à l'acte,... ce qui cependant n'est pas le cas des 7% restant. Je crois que je me souviens de cette dispute entre vous deux... je suis incapable de me rappeler ce que vous vous disiez mais je me souviens très bien vous avoir entendu crier et vu vous agiter. Ça m'a marqué parce que c'était très rare de voir mon père se disputer avec quelqu'un et surtout avec vous.... Vous n'avez rien à vous reprocher, le rassura-t-il en posant sa main sur son avant-bras dans un geste réconfortant, ça ne m'a pas traumatisé, et puis vous vous inquiétiez pour votre ami, comment pourrais-je vous en vouloir de cela ?

Son père était un homme passionné qui ne se laissait dicter sa conduite par personne mais ça le rendait aveugle. Aveugle au danger, à la prudence dont il aurait dû faire preuve pour sa propre sécurité mais aussi pour celle de sa famille ! Quoi de plus normal que l'un de ses proches ce soit emporté devant tant d'aveuglement. La seule qui aurait pu le convaincre, c'était sa mère, mais bien qu’elle n'approuvait pas toujours tous ses choix ni même ses décisions, elle le soutenait malgré tout continuellement. Au moins Sean lui, avait essayé de lui faire entendre raison.
Il était heureux lui aussi que les deux hommes aient pu se réconcilier via une correspondance régulière avant le décès de son père. Cela aurait laissé beaucoup d'amertume et de regret si cela n'avait pas été le cas
Alors qu’il s’excusait de s’être égaré Sean reprit le fil de leur conversation initiale pour lui dire avec franchise des choses qu’il aurait préféré ne pas entendre. Non seulement son parrain n’avait aucune identité de ceux qui avaient pu faire ça, mais il doutait sincèrement qu’on les retrouve un jour. Ethan ne partageait pas son opinion, s’il le pensait, s’il partait déjà perdant et défaitiste, à quoi bon reprendre cette enquête ? Cela prendrait le temps qu’il lui faudrait mais il retrouverait ces ordures et il leur ferait regretter d’avoir hésité à le tuer. Préférant ne rien dévoiler de ses intentions, Ethan approuva d’un signe de tête dans un sourire triste les paroles de son parrain

- Vous avez sans doute raison. Si vous êtes toujours d’accord, à l’occasion, j’aimerais beaucoup lire votre correspondance

Lorsqu’il s’était égaré durant leur conversation sur des choses qui à première vue n’avait aucun intérêt, son parrain lui avait proposé de lui montrer les lettres que lui et son père s’envoyaient. Ethan n’avait rien rétorqué sur le moment, se contentant de garder un visage serein et avenant, mais à présent lire ces lettres l’intéressait au plus haut point. L’échange des deux hommes concernant leurs conseils sur l’éducation de leurs enfants respectifs ne l’intéressait aucunement, s’il voulait lire ces lettres ce n’était pas non plus pour essayer de se rapprocher d’un homme qu’il n’avait que trop peu connu, s’il tenait tant à les lire, c’est parce qu’il espérait y trouver des informations ou des pistes qui auraient pu échapper au jovial professeur, mais il n’était pas question de le lui avouer.

- J’espère que vous me parlerez encore de lui et de ma mère, avec Allison aussi, je suis sûr que ça l’intéressera… si ça ne dure pas trop longtemps, son attention se dissipe très vite plaisanta-t-il en se doutant bien que le professeur avait dû lui-même le remarquer. Je vais vous libérer

Levant sa baguette la pièce dans laquelle ils s’étaient retrouvés disparu au profit du chaleureux bureau que le directeur de la maison des loups occupait.

Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, fit-il en se levant de son fauteuil, merci de m’avoir reçu, je suis heureux qu’on ait pu….

La voix d’Ethan fut coupée par l’arrivée de la secrétaire du Directeur qui pénétra en trombe dans le petit bureau complétement paniqué ! A croire qu’elle avait le baron sanglant à ses trousses, le terrifiant fantôme qui sévissait dans les murs du célèbre château Poudlard en Angleterre où lui et Allison avaient fait leurs études et qui terrifiait même l’esprit frappeur Peeves

- Mr Brown !!! S’exclama-t-elle complétement affolée, c’est terrible !!! Les Inquisiteurs, ils attaquent Boston !

   
   

Retrouvailles

 Comme si le temps s’était soudainement arrêté, Ethan resta figé sur place, incapable de réagir face aux paroles prononcées par la secrétaire du Directeur de la maison des loups. Le son de ses paroles lui parut flou et déformé comme s’il refusait d’accepter cette information qu’elle était entrain de leur transmettre, comme si tout ceci ne pouvait pas être réel, comme s’il était entrain de faire un horrible cauchemar dont il allait très vite se réveiller. Pourtant il savait… il savait qu’il avait parfaitement entendu et compris le sens de ses paroles qu’il ne pouvait cependant accepter. Les Inquisiteurs étaient ici ! Ils étaient entrés dans Boston !! Son cœur rata un battement tandis qu’il se précipitait vers la fenêtre du bureau pour regarder à l’extérieur. Au-dehors tout paraissait pourtant paisible. Le ciel était teinté d’un magnifique bleu, le soleil inondait de ses rayons lumineux la verdoyante pelouse et les fleurs qui la recouvraient, tandis qu’un léger vent ballotait tranquillement les branches des arbres du domaine. Ce tableau idyllique respirait la paix et la tranquillité. Tournant son visage bouleversé par l’inquiétude en direction des deux employés de l’école de sorcellerie, alors que son parrain exigeait des explications, il sentit la peur et l’angoisse l’étreindre sans la moindre pitié. Ça recommençait, tout était entrain de recommencer, ces mêmes scènes de violences engendrées par des moldus, encore et toujours, mais cette fois, il ne les laisserait pas lui arracher ceux qu’il aimait. Il n’était pas son père. Les muscles de son visage se contractèrent dans une colère sourde et son regard devint avada kedavresque. Il n’était pas question qu’ils les laissent recommencer, il était bien décidé à leur faire payer et pour la première fois de sa vie, il eut honte ! Honte de son père et de ses idéaux ! Pour la première fois de sa vie, il était heureux de ne plus s’appeler Foster
Que penserait-il de tout ça s’il était toujours en vie ? S’obstinerait-il encore à prendre leur défense ?! Il espérait que non, mais dans le fond, il sentait qu’il se trompait. Son père dirait  probablement qu’il ne fallait pas généraliser le comportement d’une minorité mais il se trompait parce qu’il ne s’agissait pas d’une minorité mais bien d’une majorité. Les moldus étaient tous les mêmes. La voix de son parrain le tira de ses réflexions internes

- Me cacher et rester terré ici pendant que ces chiens nous attaquent ? S’exclama-t-il atterré que son parrain ait pu croire une seule seconde qu’il puisse accepter sa proposition

Il avait involontairement haussé le ton alors qu’il n’était pas en colère contre lui, il comprenait très bien pourquoi il lui avait dit cela, ils venaient tout juste de se retrouver et Sean s’inquiétait tout naturellement pour lui, mais il n’était pas question qu’il soit à nouveau le spectateur impuissant de la folie de ces moldus !

- Je ne suis pas mon père, reprit-il plus calmement. C’était peut-être un pacifiste mais j’ai personnellement beaucoup trop payé à cause de ses idéaux pour commettre les mêmes erreurs que lui.

Les moldus ne faisaient que prouver qu’ils n’avaient pas changés, qu’ils étaient même encore pire que dans ses souvenirs passés. Avant ils rentraient chez les gens qui les dérangeaient pour les abattre froidement, à présent ils voulaient les chasser de leur ville ! Quelle serait la prochaine étape ? Le génocide ? Dieu qu’il les détestait tous autant qu’ils étaient ! Une part de lui avait envie de prendre Allison avec lui mais une autre savait que pour le moment elle ne pouvait pas être plus en sécurité qu’ici. Comme Sean l’avait dit lui-même, l’école était protégée par divers sort que même le plus habile des sorciers auraient beaucoup de mal à contrer alors l’idée que de pitoyables moldus y parviennent était tout bonnement impensable. Acquiesçant d’un signe de tête grave, il décida de confier à cet homme ce qu’il avait de plus précieux en ce monde. Du moins pour le moment, mais si jamais il se rendait compte qu’Allison n’était plus en sécurité ici, il viendrait la chercher pour la protéger lui-même, comme il l’avait toujours fait jusqu’à présent. Alors qu’il s’apprêtait à partir il sentit la main de son parrain se refermer sur son bras pour l’en empêcher. Tournant son visage pour connaitre la raison qui le poussait à le retenir, son agacement s’estompa si tôt qu’il comprit qu’il n’était nullement dans ses intentions de l’empêcher de faire ce qu’il avait faire et que tout ce qu’il lui demandait s’était uniquement de faire attention à lui.

- Vous aussi, répondit-il en le serrant à son tour dans ses bras avant de le relâcher. Je vais me rendre aux portes de la ville pour aider les sorciers en place à les repousser. Si vraiment les choses tournent mal, je veillerais à ce que votre épouse et vos enfants soient en sécurité, lui  promit-t-il. Dites à ma sœur… que je me rattraperais. Elle comprendra

Il lui avait promis de repasser la voir dès que son entretien avec le directeur de sa maison serait terminé mais c’était une des rares promesses qu’il lui avait faite et qu’il ne pourrait pas tenir.

- Faites attention à vous, lui répéta-t-il une dernière fois avant que les deux hommes ne se séparent définitivement sans savoir s’ils auraient à nouveau l’opportunité de se revoir