S

es mains tremblaient. Elle n’arrivait pas à assimiler ce qui venait de se passer. Elle était dans son bureau d’entreprise quand elle avait appris la nouvel par son fils. La future maman s’était promis de ne pas regarder les informations et le discours en direct de son mari pour pouvoir travailler tranquillement. Mais Hérès avait appelé… Et ses mains tremblaient. Malgré toute la colère qu’elle éprouvait envers Saevus, elle n’avait en ce moment qu’un sentiment de culpabilité qui la rongeait. La dernière fois qu’elle lui avait adressé la parole… Ils étaient en froid. Même si elle n’éprouvait plus de sentiments amoureux envers son époux, elle avait de l’affection. Une affection profonde qui avait fait en sorte que leur couple tienne malgré tout, c’était seulement la face émergée de l’iceberg, évidemment… Lyra regardait son ventre avec attention… Toutes ces tensions, ces complications, tous ces problèmes, la rendaient anxieuse par rapport aux enfants. Ces petits lutins qui poussaient dans son ventre n’avaient rien demandé à personne et pourtant, ils étaient apparus au plus mauvais moment possible.

Lyra n’arrivait pas à croire que Saevus ait pu être enlevé. A ses yeux, comme aux yeux des gens qui continuaient de le soutenir, cet enlèvement était une farce… Saevus était invincible… C’était pourtant ce qu’ils pensaient tous. Mais les Inquisiteurs avaient profités de ce moment de faiblesse, de cette faille dans la politique de Yaxley comme une fourmi profite d’une miette qui tombe au sol. C’était répugnant. Elle devait faire en sorte de montrer aux gens la bêtise que ce boycott avait engendré… Pour cela elle avait peut-être une idée, mais comment la mettre en œuvre sans son mari ? L’annonce de sa grossesse n’avait pas été encore faite… Ils voulaient attendre que leurs proches soient au courant et que la grossesse soit confirmée dans le sens où les embryons devaient bien tenir. Mais ils n’avaient plus le temps. Elle pouvait l’annoncer pour faire en sorte d’apporter plus de soutiens au Partisan… Mais elle devait tout d’abord en parler à Hérès, savoir ce qu’il en pensait. C’était lui désormais la tête pensante des Partisans… Elle détestait lui donner cette responsabilité de plus sur ses épaules… Il était son fils avant d’être uniquement un cerveau parmi les Partisans… Et ses fils étaient désormais la seule famille qui lui restait. Son seul soutient… Seul soutiens ? Non elle en avait un autre à qui elle n’avait pas parlé depuis la convention, malgré ses appels.

Charles… Comment l’oublier ? Jamais. Elle y pensait chaque jour… Et aujourd’hui c’était différent… Aujourd’hui c’était elle qui devait l’appeler. Elle avait besoin de parler. A vrai dire elle avait besoin de bien plus que de l’appeler tout simplement. Lyra voulait le voir. Hérès était occupé en réunion de crise avec Invictus. Priscus était parti… Encore, malgré la volonté de Lyra qu’il reste près d’eux. Elle ne savait pas quand est-ce qu’il reviendrait. Et Saevus… Etait sans doute le prochain quatre heures des Inquisiteurs. Elle sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Elle attrapa le téléphone de son bureau et tapa le numéro de son assistante, Mary. « Mary, appelle Charles Jagger et dit lui de venir le plus rapidement possible s’il te plaît. Précise que c’est une urgence. ». Mary avait ça de bien qu’elle était toujours discrète et qu’elle n’avait jamais rien demandé de ce qui se passait dans sa collaboration, plutôt étroite, avec Charles. Elle était l’assistante parfaite.

Elle n’avait aucune idée du temps que mettrait Charles à venir car elle n’avait aucune idée d’où il était… Mais une chose était sûre et certaine dans la tête de Lyra c’était qu’il viendrait. Il venait toujours et encore plus quand elle le demandait personnellement et de toute urgence. Il avait sans doute eut vent de l’incident du discours… La future maman se pinça les lèvres. Elle devait se remettre au travail… Ne pas penser à quoi que ce soit… Ne penser qu’au dossier en cours en attendant Charles pour lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur…


« ... »

L

yra tapotait ses doigts sur le bord de son bureau. Le stress montait. Dans un sens, elle était soulagée qu’il ne soit rien arrivé à Hérès qui avait été confondu avec quelqu’un d’autre… Mais Saevus. Les sentiments qu’elle avait face à cet enlèvement étaient conflictuels. Elle était inquiète, nerveuse et male à l’idée que quelque chose puisse arriver à Saevus, mais au fond d’elle-même, elle savait que les raisons de cet évènement étaient valables… Et c’est ce qui lui faisait le plus mal. Le marché de l’entreprise de Lyra était confronté à une grande crise. Plus personnes n’avaient confiance en la famille Yaxley, malgré le fait qu’elle soit moldue et qu’elle ait été vu quittant la convention sans son époux. Son entreprise payait le prix fort pour cette soit disant « trahison ». Soit disant ? Elle aussi se sentait trahis… L’enlèvement n’avait fait qu’aggraver les choses. Beaucoup d’actionnaires avaient choisi des entreprises moins innovatrices pour avoir moins de problèmes au niveau de la politique. En effet la politique des Entreprises Smith Yaxley était clairement pour les Partisans du Nouveau Monde, la mixité entre les sorciers et les moldus. Mais aujourd’hui, les gens redoutaient cette mixité à cause des derniers évènements.

Soudain, alors qu’elle était perdue dans ses pensées, elle le vit entrer dans son bureau. La future maman se leva de sa chaise et resta planter là à regarder Charles. Il était toujours aussi beau. Depuis la convention elle ne l’avait pas vu, mais rien n’avait changé. Il était toujours inaccessible et toujours aussi attirant. Malgré le fait que la dernière fois elle l’ait vu dans état peu enviable, elle ne ressentait aucune haine contre lui. Quand il l’appela, Lyra sourit en guise de bonjour. Elle n’osait pas vraiment s’approcher de lui et elle restait cloitré derrière son bureau avec son petit ventre qui commençait à s’arrondir doucement. Il lui demanda de sa voix douce s’il pouvait faire quelque chose pour elle.

Cette fois-ci Lyra ne résista pas à ce besoin qu’elle avait depuis plusieurs heures. Elle s’approcha de Charles, le pris dans ses bras, et elle se mit à pleurer. C’était plutôt étrange comme situation, être dans les bras de celui qu’elle aimait mais pleurer la disparition de son mari. Mais aujourd’hui elle avait besoin d’un ami, pas d’un amant. Et avec Charles, elle avait tout. « Tu ne seras jamais heureuse avec lui », avait dit Saevus. Pourtant elle ne s’était pas sentie aussi bien depuis la convention que dans les bras de cet homme que Saevus haïssait désormais. Mais peu lui importait ce que pensait Saevus, il savait, et elle aussi, que sa morale ainsi que les enfants qu’elle portait l’empêcherait de faire à nouveau une bêtise. Elle se demandait si Saevus pensait à elle ou plutôt à l’Autre. Lyra était presque sûre de la réponse et elle ne put s’empêcher de s’en sentir blessée. Puis elle réalisa que Charles était sans doute mal à l’aise de la façon dont elle s’était jetée dans ses bras. La future maman se recula et essuya ses yeux comme elle le put.

« Je suis désolée… Je suis un peu à cran ses derniers temps. Entre l’annonce à la convention, l’enlèvement de Saevus, Hérès qui a failli en faire partie et mon entreprise que j’ai du mal à gérer… Je crois que je deviens anxieuse. »

Lyra plongea son regard dans celui cobalt de Charles. Heureusement qu’il était là… Parce qu’elle ne savait pas ce qu’elle aurait fait sans lui…



« ... »

I

maginer. C'est tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment. Imaginer un endroit où elle avait une vie avec celui qu'elle aimait. Imaginer que les jumeaux étaient les siens, qu'elle pouvait se défaire de l'autorité maritale de Saevus, de sa politique qui tombait en ruine et de ses mensonges omniprésents. Pourtant elle savait très bien que ce n'était qu'un rêve. Lyra était beaucoup trop fidèle pour partir avec un autre homme et beaucoup trop loyale pour abandonner Saevus dans une situation pareil. Elle savait d'avance que Hopkins et Barbosa se fichaient d'une rançon pour lui, ils l'avaient et c'était tout ce qu'ils voulaient... Heureusement qu'Hérès était sain et sauf car en tant que mère protectrice, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle aurait pu faire au moindre homme qui toucherait ses enfants. Sa famille était tout à ses yeux et elle était en train de voir tout ça s'écrouler... Et si les jumeaux grandissaient sans père pour les élever ? S'ils se retrouvaient seuls ? Lyra toucha machinalement son ventre quand elle entendit la voix de Charles lui parler. Être anxieuse ? En réalité le mot qu'elle avait employé était un euphémisme comparé à la son réel état. Elle était inquiète au plus haut point et ça l'inquiétait encore plus pour ses enfants.

Charles l'invita à s’asseoir sur ses propres fauteuils et elle accepta de bon gré. Que faire d'autre après tout ? Rester là, face à face, à se regarder déprimer. Soudain elle pensa à quelque chose qui ne l'avait pas fait tiquer plus tôt. Son appel avait été vraiment rapproché du moment où il était arrivé. Le vol entre Kansas City et ici était beaucoup plus long que ça. Etait-il déjà dans l'avion quand elle l'avait fait appeler ? C'était possible... La tirant de ses pensées, elle entreprit de lui répondre.

« Non je... Oui. Parler me ferait du bien je pense. Je pourrais commencer par le fait que mon mari m'ait menti pendant plusieurs années, qu'il m'a trahit, que je lui en voulait au moment où il a été enlevé et que maintenant je m'en veut de lui en avoir voulu... Mais ça ne mènerait à rien et ça ne le fera pas revenir... Il y a aussi les jumeaux, pour lesquels je m'inquiète, et le stress ne doit pas les aider, les pauvres... Et si ils ne revoyaient plus jamais leur père ? Et si Priscus et Hérès ne le revoyaient plus non plus ? Je... Je suis perdue, je me sens faible. Je ne sais pas quoi faire. » Lyra souffla un peu. Elle releva les yeux vers Charles. « Et il y a aussi cet homme... Que j'aime plus que tout mais qui est loin... Beaucoup trop loin pour que je puisse lui dire. Pourtant Dieu sait que je l'aime et que c'est un Saint. Il est même venu m'aider alors que rien allait dans ma vie... »

Malgré la distance qu'elle devait s'imposer avec lui à côté, Lyra lui prit la main avec délicatesse. Elle avait besoin de ce contact physique avec lui pour ne pas perdre pied... Pour ne pas sombrer.


« ... »

L

a main de Charles sur la sienne, ses douces caresses de son pouce, son regard, ses mots, sa posture, son visage, ses sentiments... Elle craquait. Elle avait l'impression d'être en face d'une tentation vivante, ce qui était plus ou moins le cas. Charles était là, il avait toujours été là. Jamais Saevus ne s'était occupé d'elle ainsi, avait fait des kilomètres en avion juste pour elle et sans qu'elle le lui demande... Il était venu de lui même, elle en était certaine. Il était bien plus qu'un ami à ses yeux, il représentait tellement plus que ça, et il ne s'en rendait pourtant pas compte. Elle l'écoutait attentivement, ses yeux rivés dans les siens. Chaque mot pénétrait son âme avec une douceur et une chaleur qui lui donnait de l'espoir. Puis soudain... Se fut une proposition. Une proposition si spontanée qu'elle le regarda avec de grands yeux et la bouche légèrement entrouverte. Elle n'en croyait pas ses oreilles... Il voulait... Être son amant ? Soudain tous ses problèmes lui parurent lointain, même inaccessible. Il reviendrait sans doute quand Charles partirait, mais pas maintenant. Son amant... Son amant secret. Son amour... Depuis aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait juré fidélité à son mari, jusqu'à ce fameux soir qui avait tout changé. Pourtant aujourd'hui, elle remettait en cause ce principe qu'elle pensait fondamental à sa vie. Saevus ne lui avait pas été fidèle, malgré son serment. Saevus l'avait trahi, lui avait menti, à plusieurs reprise alors qu'elle avait confiance en lui. Alors pourquoi aurait-elle des remords à donner à Charles ce qu'il voulait ? Elle. Lyra l'aimait de tout son coeur, de tout son corps et de toute son âme... Et c'était réciproque.

Mais avant d'être un amant, il était avant tout son ami, et ses derniers mots lui prouvèrent. Lyra sourit à Charles avec une grande tendresse. Elle glissa sa main sur sa joue et caressa celle-ci de son pouce avec douceur.

« Je t'aime Charles, et personne ne pourra m'enlever ça, crois moi... » commença Lyra. « Tu es devenu une partie de ma vie que je ne veux pas effacer, tu es devenu beaucoup trop important pour moi pour que je te laisse partir. Tu es mon pilier et... J'ai besoin de toi, que ce soit en tant qu'ami ou en tant qu'amour. »

La réponse que Lyra lui offrait là n'était pas tout à fait explicite, mais elle partait du principe que les mots n'étaient pas suffisant pour prouver les actes. Les actions elles prouvaient les mots. La future maman se penchant sur Charles et l'embrassa tendrement avant de revenir à sa place. Ce n'était pas grand chose, mais c'était tout ce qu'elle pouvait lui offrir pour l'instant.

« Mon coeur t'appartient et t'appartiendra toujours Charles. Je ne suis peut-être pas libre sur un plan légal, mais pour toi... Je le suis. Je t'aime. »

Doucement et tendrement, elle plaça ses mains autour de son cou et le regarda dans les yeux. Il était son ami, mais aussi son amant, il l'avait dit. Et en ce moment, elle avait besoin de réconfort. Lyra posa alors sa tête sur l'épaule de Charles, son nez dans son cou. Elle en avait rêvé... Tellement de fois, que la scène ne lui paraissait pas réelle.

« ... »

L

e temps n'était devenu qu'une chose abstraite. Lyra n'en éprouvait plus aucune notion. Une foule de questions se bousculaient dans sa tête. Comment se faisait-il que cet homme lui fasse un tel effet ? Pourquoi n'avait-elle aucun regret à approuver cette tromperie ? Comment réagirait sa famille si elle l'apprenait ?  Beaucoup de questions essayaient de remettre en cause la future maman, et pourtant elle les évitait chacune à chaque fois en repensant aux mots de Charles, aux yeux bleus de Charles, à sa façon de la regarder... Il lui donnait une force incroyable pour franchir les dernières épreuves que la vie avait dressé devant elle. C'était son miracle.

Elle sentait la main de Charles faire de lents mouvements dans ses cheveux. Elle adorait les papouilles, alors elle ne risquait pas de lui dire d'arrêter. Charles avait un don pour être doux et tendre et en même temps franc et direct. Elle aimait autant Charles dans la vie intime que Charles dans la vie au travail. Sa voix résonna doucement dans ses oreilles. Lyra sourit. Elle était heureuse qu'il reste plus longtemps, cela signifiait qu'elle le verrait encore les autres jours.

« D'accord, je le ferai. Merci pour tout ce que tu fais pour moi Charles. » dit-elle en souriant et se lovant encore plus contre son épaule.

Deux parts de Lyra se battaient en elle. La partie d'elle même toujours fidèle à Saevus, celle qui aurait déplacée monts et montagnes pour lui, qui l'aurait suivit jusqu'au bout du monde, juste parce qu'ils se sont jurés fidélité et protection. Et l'autre partie, celle qu'elle a essayé de refoulé mais qui a prit le dessus, qui lui a mit une claque et lui a dit « Secoue toi, y a un homme qui t'aime, qui ferait n'importe quoi pour toi, qui lui sera fidèle, et tu lui dis non parce que Saevus le veut ? » Et tout ça se battait dans un dialogue interne interminable et un débat sans début ni fin. La présence de Charles calmait ce combat intérieur et relaxait Lyra. Il lui parle d'ailleurs d'une autre belle chose dans sa vie et la future maman sourire à nouveau.

« Oh je ne sais pas vraiment, il faut que je prenne un rendez-vous pour une échographie, je veux savoir si le stress ne les affecte pas. Ce n'est jamais très bon d'avoir une maman sur les nerfs. Mais bon, aux dernières nouvelles les jumeaux allaient bien. Je voudrais juste qu'ils voient leur père un jour... »

Lyra se préoccupait toujours des autres avant elle. C'était comme ça qu'elle était devenue l'épouse parfaite dont tout le monde parlait. Bon pas si parfaite que ça de toute évidence. Elle savait très bien qu'avec Saevus elle avait plus eu une relation d'affection qu'une relation d'amour. Ensemble ils n'avaient jamais eu cette flamme, ils avaient juste un semblant de bougie. La flamme il l'avait donné à une autre, mais finalement elle s'en fichait. Cela lui donnait autant le droit de la donner à un autre. À Charles.
« ... »