Dis-moi ce que tu sais, je te dirais ce que je sais

   La nuit touchait à sa fin, mais en réalité, elle ne faisait que commencer. Le Tennessee... Cyrius avait beau être un sorcier, passer de l'Arizona au Tennessee n'était malheureusement pas un déplacement qui se faisait en un claquement de doigts magique, et contrairement à certains sorciers, chevaucher un balai n'était absolument pas sa tasse de thé, sauf si bien sur c'était pour disputer un match de Quidditch mais là c'était une toute autre histoire.

Comme la plupart des moldus, il avait donc du se résoudre à prendre l'avion, ce qui n'est sommes toutes pas désagréable surtout lorsque l'on voyage en charmante compagnie, mais encore fallait-il que cette option soit compris au moment de l'achat du billet, ce qui n'avait malheureusement pas été son cas cette fois-ci. Il s'était donc retrouvé assis à coté d'un gamin infernale ou serait-il plus juste de dire hyperactif, qui ne faisait que s'agiter sur son siège en donnant des coups de pieds à tout va. Impossible pour le môme de rester assis tranquille ne serait-ce qu'une seule seconde ! Même la télé ne l'intéressait pas. Et lorsque Cyrius avait commencé à faire les gros yeux de manière menaçante pour qu'il se calme derechef ça n'avait malheureusement pas eut l'effet escompté. Tout ce qu'il avait réussi à obtenir c'était encore plus de cris avec cette fois en option, des larmes. De guerre las, le cubain avait du renoncer à faire quoi que ce soit. Il s'était donc résolu à ranger son ordinateur au profit de sa console 3D portable. Intéressé, le gamin avait commencé à regarder ce qu'il faisait et curieusement se montra beaucoup plus docile, s'il avait su, Cyrius aurait sorti sa console de jeu bien avant ! Mais au final, même si le début du voyage n'avait pas franchement démarré sous les meilleurs auspices, il n'avait pas non plus été trop catastrophique, surtout à la fin ou tel un grand gamin il avait fini par se faire un nouveau copain de jeu vidéo.

Une fois arrivé à destination, il avait salué son nouveau pote de jeu d'un signe de main qui partait de son coté récupérer sa valise en compagnie de sa mère pendant que lui, quittait l'aéroport. Une fois dehors, il transplana et se retrouva à Nashville, dans cette ville mythique devant un lieu qui n'allait pas tarder à devenir encore plus mythique : le Blackstone, un fameux bar irlandais dont la réputation n'était plus à faire peu avant la fermeture.

Le Blackstone était un lieu emblématique dans lequel on vous servait du pur Whisky irlandais à vous en faire renoncer aux autres marques qui n'égalaient en rien sa saveur si particulière. Et pour les avoir tous testé plusieurs fois, Cyrius pouvait s'en porter garant. Lorsqu'il poussa la porte du pub, les derniers clients étaient entrain de vider les lieux après s'être amusés sans se soucier de ce qui pouvait se passer dans le monde extérieur ou qui, au contraire tachait de l'oublier dans un verre d'alcool. L'odeur du tabac, la musique si caractéristique du lieu diffusé par les enceintes et Declan, ce bon vieux Declan, toujours fidèle au poste qui se trouvait derrière le bar à nettoyer les derniers verres. La clope au bec, il le rejoignit et le salua tout en s'installant sur l'un des tabourets disponible. Sans qu'il ait à le lui demandé, le barman lui servit le Whisky qu'il prenait à chaque fois qu'il passait, tandis que le regard de Cyrius parcourait le bar. Sur scène, des musiciens étaient entrain de remballer leur matériel tandis que debout, devant la scène, se tenait la silhouette si caractéristique de Ewan en pleine discussion avec ce qui devait probablement être le leader du groupe qui avait du se produire sur scène ce soir.

- Ils étaient bon ? Demanda-t-il en se tournant vers Declan qui opina de la tête en guise de réponse.

Cyrius porta le verre de whisky à ses lèvres tout en regardant sa montre. Dans 5 minutes, lorsque l'horloge indiquerait 03h pile, le bar fermerait ses portes. Le personnel terminerait de ranger et de nettoyer pendant que Declan ferait la caisse, et ensuite, lorsque tout le monde serait parti, Ewan et lui resteraient seuls ici, à bavarder de choses et d'autres comme de vieux amis autour d'un verre. Sauf qu'en guise de bavardages, c'était plutôt des informations que les deux hommes allaient échanger. Lorsque Cyrius venait au Blackstone ce n'était pas uniquement pour son alcool mais plutôt pour obtenir des informations. Et dans ce domaine, Ewan était un as.

Ewan était un homme très apprécié, à l'image même de ce bar. Habitués, personnel, tous vous le diraient, Ewan est un mec génial, mais en réalité, peu de gens connaissaient les véritables activités de Ewan et son véritable visage, ou du moins, son côté beaucoup plus sombre qui n'avait strictement à voir avec l'image publique et souriant qu'il renvoyait à tout à chacun. Quand à ceux qui connaissaient son véritable visage, c'était que malheureusement pour eux, ils avaient eut affaire à lui d'une manière ou d'une autre.

Lorsqu'il y avait un secret à déterrer, une information impossible à obtenir, Ewan et son réseau vous obtenaient les réponses à vos questions. Comment s'y prenait-il ? Cyrius l'ignorait et à la limite aimait autant ne pas savoir. Peu lui importait comment, seul comptait les résultats, et des résultats avec Ewan, il y en avait toujours. Ce qu'il savait par contre, c'est que les informations d'Ewan étaient toujours des plus fiables, c'était la raison pour laquelle il avait eut recours à ses services, car pour déterrer les secrets du renard qu'il avait décidé de chasser, il savait qu'il n'y arriverait pas tout seul et qu'il avait besoin du seul homme qui pourrait répondre à ses attentes. : Ewan.

La grande silhouette de l'irlandais serra la main du chanteur puis se tourna dans sa direction et Cyrius croisa son regard clair. Il lui fit un signe de tête pour le saluer tout en écrasant sa cigarette dans le cendrier qui se trouvait à ses cotés, alors même que le propriétaire des lieux se dirigeait vers lui.
Cyrius l'accueillit en lui serrant la main et ressorti sorti son paquet de clope de la poche de sa veste interieur. Il en proposa une à l'irlandais avant de s'en allumer une autre

- ça fait du bien de revenir un peu dans le coin, surtout avec la folie ambiante, lâcha Cyrius

Et pour cause. Le journaliste faisait bien sur référence à ce qu'il se passait actuellement à New Phoenix, mère patrie des Partisans du Nouveau Monde et en particulier de Saevus Yaxley. Depuis l'annonce qui avait secoué la Convention pour la paix, les rues de New Phoenix n'étaient plus aussi paisibles qu'elles ne l'étaient encore quelques semaines plus tôt.

- Je ne sais pas où on va, soupira-t-il. Et toi, comment vas-tu ?

Certaines histoires reposent sur une vérité, d'autres sur un mensonge

Si le monde extérieur semblait imploser de l’intérieur, ici au Blackstone, tout était à sa place et dans l’ordre. Rien ne pouvait perturber le bar qui tournait comme une horloge bien huilée et faisait salle comble chaque nuit, depuis la fin de la conférence pour la paix. En effet, les gens ont tendance à se retrouver dans des lieux publics pour échanger et partager leurs points de vue sur l'actualité. Depuis son arrivé aux Etats-Unis et son installation à Nashville, Ewan avait bien fait en sorte de ne jamais se retrouver mêlé de près ou de loin à n’importe quel groupe ou puissances au pouvoir. Il avait du mal à l’admettre, mais il n’était pas fait pour se plier à la volonté de quiconque. Il aurait été un très mauvais pion du fait de son rejet de l’autorité. Ewan ne bossait que pour une personne : lui-même. C’est pourquoi, tout naturellement et malgré qu’il soit sorcier, Ewan préférait vivre comme un moldu aux yeux du monde. Les moldus, à la culture si étrange et si démocratique. Ewan y évoluait comme un poisson dans l’eau. Il n’avait pas quitté l’Angleterre et sa mère pour se retrouver sous la coupe de quiconque. Il n’était pas un être avide de pouvoir mais bien plus épris de liberté et d’argent.

Ah ! Oui, l’argent était décidément un plus dans sa vie d’américain moldus moyen. On en trouvait plus que dans le monde magique et il était bien plus amusant de l’amasser. Bien sûr, cela demandait de passer outre  la légalité mais Ewan n’était pas un enfant de cœur. C’était un voyou qui avait plus souvent traîné avec de petits parieurs, des voleurs et des mafieux. Il était un mélange d’un peu des trois. C’est le goût du jeu et le risque que l’on encourt à amasser l'argent qui plaisait le plus à Ewan. Il pourrait très bien vivre sans le bar qui, n’avait d’ailleurs été créé que comme une couverture. Il l’avait racheté au vieillard qui le possédait autrefois, afin de pouvoir justifier d’une existence normale. Aujourd’hui le bar était partie intégrante de sa vie. Ewan voyait en lui deux personnalités bien distinctes qu’il maîtrisait à la perfection. L’Ewan de l’ombre était bien différent de celui de la lumière. Cela faisait si longtemps qu’il était deux dans un même corps qu’il avait oublié lequel avait été là le premier. Qu’importait en fait puisque les deux vivaient en harmonie parfaite. Normalement, les choses auraient continué comme ça pendant longtemps si seulement il n’avait pas profité pas la même occasion, en traînant parmi la lie de la société, d’un accès des plus intéressants à de nombreuses informations sur des personnes plus ou moins influentes.

Les grands de ce monde, oublient souvent, qu’ils sont surveillés pas seulement par leurs ennemis mais aussi leurs employés et d'autres petites gens sans prestige. Ceux-là étaient facilement manipulables et enclins à échanger quelques confidences pour un peu d’affection, d’argent ou d‘attention. Ewan ne faisait partie d’aucune sphère d’influence mais il avait à sa disposition un véritable réseau d’information. Oh ! On ne lui donnait pas toujours les informations avec plaisir mais cela aurait été trop facile si c'était toujours le cas. De plus, il ne travaillait jamais pour rien. Ce n’était pas personnel, c’était que l’argent valait bien plus que la vie de nombreuses personnes. Dans le cœur d’Ewan, il n’y avait pas de nombreuses places disponibles. Il avait accordé son attention qu’a peu de gens qu'il pouvait compter sur les doigts de la main. Cependant, il pouvait être le plus charmant possible. La preuve : toute personne ayant passé une soirée au Blackstone vous assurerait de la bienveillance de son patron. C’était à la fois un mensonge et une vérité. Ewan ne savait pas si c’était une quelconque maladie ou un quelconque défaut personnel qui l’avait transformé ainsi, cependant il s’en incommodait plutôt bien.

Ce soir-là avait été très productif. Il observait une monté de la fréquentation du bar et envisageait sérieusement d'agrandir. Restait à voir si l’affluence était dû aux récents événements ou à un véritable intérêt. Bien que le bar venait en second plan dans ses affaires, Ewan y accordait beaucoup d’importance et tenait à son établissement et ses employés. Ils faisaient partie de la vie de son côté de lumière et faisait le même effet que l'argent à son côté sombre. On était vendredi, et c’était le jour où il faisait venir un groupe plus au moins inspiré par les notes celtiques si caractéristiques de son pays natal. Le groupe avait eut beaucoup de succès et en fin de soirée, Ewan avait rejoint le meneur du groupe pour discuter d’un éventuel retour pour les semaines à venir. Il marchandait le prix d’un retour quand il vit venir Oegus du coin de l’œil. Il agita les quelques doigts restant pour lui indiquer de se tourner vers le bar. C’est là qu’il aperçut Cyrius Fernandes, le journaliste le plus en vogue du moment. Ses articles toujours pertinents lui accordaient la faveur de nombreuses personnes et la colère d’autres. Ewan remercia Oegus. Il écourta ses discussions avec les musiciens. Il était plus que temps de laisser Declan et les filles terminer les dernières tâches afin de fermer enfin le bar. Il remercia les musiciens et les assura de son désir de les revoir bien vite.  

Il se dirigeait vers Cyrius quand Sorcha s'interposa en l’interrogeant sur la présence du jeune homme afin de savoir si elle devait le prier de partir. Il rassura sa plus ancienne serveuse, en lui assurant que sa venue n’était pas dû au hasard et qu’il était là pour lui. Sorcha savait mieux que personne qu’il valait  mieux ne pas se mêler de sa vie personnelle et poser trop de question. C’était une employée consciencieuse. Il avait un peu pitié d’elle. Elle aurait dû avoir la chance de faire autre chose que de travailler dans le bar. Mais Sorcha avait brûler les ailes de sa jeunesse dans une histoire d’amour triste où elle servait davantage de porte-monnaie à un petit-ami égoïste et une belle-mère acariâtre. Ewan ne se mêlait que très rarement de la vie de ses employés. Il avait horreur de ça et avait bien fait comprendre à tous ceux qui travaillait pour lui que cela devait rester du domaine du strictement privé. Malheureusement, quand Sorcha était revenu plus d’une fois avec des bleus sur les bras et d’autres parties de son corps, Ewan avait décidé de régler le compte du petit ami. Pour cela, il avait juste tiré les bonnes ficelles et s’était chargé de l’affaire lui-même. Mais c’était trop tard pour sauver Sorcha et lui permettre de redémarrer une meilleure vie. Il avait donc décidé de lui accorder une certaine sécurité de l’emploi. Il lui demanda de se charger des derniers préparatifs et celle-ci s’éloigna pour rassembler les autres serveuses.

Ewan reprit son chemin vers Cyrius et quand il arriva à sa hauteur, lui serra la main. Il accepta la cigarette qu’il lui tendit et l’alluma. L’odeur si familière du tabac lui fit du bien. Cyrius fut le premier à engager la conversation en lui avouant que cela faisait du bien  de revenir. C’était souvent ce que les gens qui venaient que quelques fois au bar lui disaient. Il l’entendait bien souvent de la bouche de Thalya quand elle passait le voir. Il pouvait comprendre le sentiment de plénitude qu’on pouvait ressentir. Il avait fait en sorte que le Blackstone soit une entité proche d’un foyer sympathique. Il avait voulu l’endroit réconfortant, sans se rendre compte qu'il avait créer un foyer accueillant pour ses clients mais aussi lui même. C’est là que son côté de la lumière ce sentait le plus à l’aise. Ewan possédait un logis en ville mais il était si impersonnel. Si Thalya ne le lui avait pas reproché, il aurait laissé les murs nus et ses vêtements dans des malles. Son appartement n’était qu’un prétexte, une façade d’une vie normale. Il n’y accordait aucune forme d’attachement. C’était un lieu sans personnalité, qui ne le reflétait guère. Au contraire le Blackstone était aussi chaleureux que sa personnalité de gentil patron l’était. Il donnait aux gens l’envie de s’ouvrir et d’être à l’aise. De l’autre côté son bureau plus froid était aussi révélateur de son côté sombre. Le Blackstone avait deux faces tout comme lui-même et c’était son foyer, son logis et son antre.

« J’imagine que ces récents événements t’ont donné plus que ta part de travail. Je crois avoir vu ton article dans les mains d’un des clients. » Répondit tout naturellement Ewan. «Ici les choses vont plus que bien. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Dur loi...»

Ewan tira un peu sur sa cigarette et se perdit dans la vision de la fumée montante. Oui les malheurs des autres faisaient bien trop souvent le bonheur et la fortune des autres. C’était cynique mais tellement vrai. Il ne s'en réjouissait pas mais il était terre à terre et remarquait bien que le sujet favori de ses clients était la conférence de paix et ses conséquences. Il y avait des gens effrayés, des gens énervés, d’autres tristes et d’autres plus qu’heureux. Les territoires des indépendants réunissaient des gens de tous bords : des humains, des sorciers discrets,  et d’autres créatures cachés. Chacun y allait de sa petite supposition. Il y avait les révoltés qui voulaient mettre à mal la position de celui qui avait mentis ainsi que d’autre qui croyait au complot contre les convictions des Partisans du Nouveau Monde et accusaient le messager de mauvaises nouvelles de faire le jeu des Inquisiteurs et des Mages Fondateurs. Il y avait aussi les sceptiques qui ne savaient que croire. Certains se lamentaient de cette conférence et du mal fait à certaines personnes pendant que d’autres raillaient son intérêt premier. Il y avait aussi en nombre conséquent qui étaient ravis de voir le leader en fâcheuse position. Bref, il y avait pour tous les goûts et tous les avis.

« Tu sais que le futur m’importe peu. Je  me concentre sur le présent et bien qu’il soit assez chaotique les choses ici ne changent pas.  Pour combien de temps, je l’ignore. »

Mais il sentit qu’il se faisait un peu trop sombre et il ne tenait pas à ce que Declan ou les filles en soit les spectateurs inopportuns. Il fit un signe de main à Declan et le salua pour la nuit. Il lui faisait confiance pour faire sa part de travail. Declan restait de plus en plus tard, depuis que ses filles avaient grandis. Declan était déjà là avant même qu’il n’achète le bar. C’était un vieil homme fort sympathique. Ewan avait tout de suite accroché et ne regrettait pas de l’avoir garder. Declan était comme Sorcha, habitué aux excentricités de leur patron et ne se posaient plus de questions. Ewan entraîna Cyrius à l’arrière du bar. Il franchit les portes de son bureau et se défit tout doucement de son personnage de gentil barman. Sa posture se fit plus droite, moins avenante et plus rigide. Il tira une bouffé de sa cigarette. C’était une marque pas mauvaise même s’il avait une préférence pour quelque chose de plus fort. Il invita Cyrius à s’asseoir et il en fit de même.

« Je ne me trompe pas en pensant que tu n’es pas là pour parler de la pluie ou du beau temps. Je suis plus que persuadé que cela à avoir avec ton message. »

Ewan se mit à l’aise dans le fauteuil. La nuit n’était pas encore terminée pour lui. Il lui avait fallu tirer quelques ficelles pour pouvoir obtenir quelques infos intéressantes pour Cyrius. Le journaliste, lui avait demandé, quelque chose petites choses sur Benjamin Heel, l’un des membres de la famille Heel, une ancienne famille de sorciers américains fidèle aux idéaux des Mages Fondateurs. Pour résumé plus simplement c’était un jeune politicien aux dents longues qui faisait partie d’un groupe extrémistes de sorciers persuadés que le sang pur plaçait les individus qui le possédait au-dessus des autres. Il en avait connu d’autres quand il vivait en Angleterre. Il était impressionné par le fait qu’ils aient réussi à posséder de nombreuses terres ici aux Etats-Unis. Mais il fallait avouer que le pays ne fonctionnait certainement pas comme les autres pays du monde. Ewan connaissait un peu la situation politique des différentes factions régnantes aux Etats-Unis mais il ne cherchait pas plus loin à moins qu’on ne le lui demande. De plus, il est toujours plus difficile d’enquêter sur les puissants de ce monde. Ce sont rarement de sombres idiots et ils sont assez malins pour faire leurs petites affaires dans leur coin. Benjamin Heel n’échappait pas à cette description. Mais si Cyrius le soupçonnait de quoique ce soit alors cela ne devait pas trop s’éloigner de la réalité. L’ambitieux est rarement un saint. Les deux n’allaient pas ensemble.

« Je puis affirmer qu’il est très malin. Si il se débrouille bien et que tu n’arrives pas à trouver les bonnes connections entre ce que tu penses savoir de lui et ce qu’il est réellement, il ira loin. Bien sûr cela dépend de s'il arrive à obtenir ce qu'il désire » Enonça Ewan soucieux.

Avant qu’il ne mette son réseau en marche, Ewan ne s’était pas plus intéressé que ça à la carrière de l’homme en question. Pourquoi l‘aurait-il seulement fait ? Benjamin Heel n’était pas intéressé par les territoires indépendants et donc il ne menaçait pas la vie qu’Ewan s’était construite. Il n’avait donc aucune raison de se préoccuper de lui. Il laissait ses messieurs aux grandes ambitions faire leurs petites affaires tranquilles dans leur coin.

« J’ai eu pas mal de difficultés à obtenir des informations fiables sur lui. Il y a bien sûr des tas de rumeurs qui circulent mais c’est le genre de chose qu’on entend et qui sont parfois si abracadabrantesque qu’il est difficile de leur accorder du crédit. »
Ewan se tut un instant avant de reprendre « Les informations sûres sont qu’il est ambitieux, et qu’il compte sur un mariage d’intérêt avec une héritière lié aux Mages Fondateurs pour asseoir sa position. De nombreux noms ont été énoncés mais c’est loin d’être intéressant pour toi, sauf si la fortune, de la demoiselle en question, servent ses desseins. En tant qu’ambassadeur chez les partisans du Nouveau Monde, il jouit d’une grande liberté de mouvement sur leur territoire. C’est pourquoi la plupart de mes contacts sur place ont du mal à pouvoir la suivre facilement. Plus vous êtes libre d’aller ou bon vous semble, moins vous êtes un poisson facile à attraper. »

Ewan s’interrompit un instant songeur. Il le savait bien, pour l’avoir lui-même expérimenté, qu’il est bien simple de se cacher lorsqu’on est capable d’aller n’importe où. Même le meilleur pisteur ne peut suivre une personne bien informée sur les rues et assez malin pour savoir qu’il a des ennemis. Bien sûr cela n’en faisait pas forcément un suspect. Juste un très bon politicien. Tout le monde sait qu’un politicien est un des meilleurs menteurs de ce monde. Cependant cela ne voulait pas forcément dire que l’héritier des Heel faisait partie d’un trafic quelconque. Un politicien peut cacher une addiction, une passion avec une femme peu recommandable ou inavouable, des problèmes d’argents (son genre préféré) et bien d‘autres choses encore. Il lui avait fallu creuser longtemps pour trouver quoique ce soit à offrir à Cyrius.

FICHE PAR CENTURY SEX

Dis-moi ce que tu sais, je te dirais ce que je sais

Que 6 mois, ou un an s'écoule entre le dernier entretient, Ewan restait toujours le même, égale à lui-même, et ce quelque soit les événements extérieurs qui pouvaient secouer l'Amérique tout entière. C'était un peu comme si rien ne pouvait altérer le petit monde du Blackstone, un peu comme si la magie de Ewan agissait sur son environnement et le protégeait à l'aide d'un sortilège dont lui seul avait le secret. Pourtant n'allez surtout pas croire que Ewan se fichait de ce qu'il se passait dans le monde. Bien au contraire, le barman était toujours à l'affut de la moindre information. Ewan avait des yeux et des oreilles partout, et c'était précisément ce qui avait amené le journaliste à Nashville, il avait besoin de ses yeux et de ses oreilles.

- Un seul ? S'exclama Cyrius amusé alors que Ewan faisait référence à l'article qu'il avait écrit sur Yaxley. Je suis déçu, et moi qui pensait avoir fait grand bruit avec cet article, il faut croire que je dois encore persévérer alors.

Il blaguait, plaisantait, semblait tout prendre par-dessus la jambe alors qu'il n'y avait rien de plus faux. Contrairement aux apparences, il lui avait été très pénible d'écrire cet article, qui non seulement mettait au banc des accusés un leader qu'il admirait mais surtout, le père de son meilleur ami. Fort heureusement, Priscus et lui s'étaient toujours jurés de ne pas laisser leur opinion ou leur travail influer sur leur amitié. Cyrius avait besoin de liberté pour écrire et il ne désirait absolument pas s'inquiéter de savoir si ce qu'il allait publier allait déplaire ou non à son ami. Mais Priscus était une personne exceptionnelle qui comprenait sa position et son besoin d'exprimer clairement son opinion qu'elle aille dans son sens ou non. Cela étant les deux hommes partageaient très souvent le même point de vu quelque soit le domaine. Contrairement à son ainé, qui suivait généralement les opinions de leur paternel, Priscus était un chien fou et n'avait pas peur de se dresser contre Saevus Yaxley quand il désapprouvait son comportement. Priscus était doté d'une personnalité forte et entière, contrairement à son père, il était un homme intègre.
Il y a peu, Cyrius avait dressé un portrait on ne peut plus flatteur et élogieux dans les colonnes de son journal de Saevus Yaxley qui l'avait reçu en compagnie de son héritier, Hères. Il avait pensé chacun des mots qu'il avait écrit, et pourtant, aujourd'hui, il n'en restait plus rien. Il le démolissait, purement et simplement. Mais il ne pouvait taire se sentiment de trahison qu'il partageait avec tous les citoyens américains et encore moins soutenir cette infamie. Saevus Yaxley n'avait aucune excuse pour son comportement et comme la plupart des Partisans du Nouveau-Monde, Cyrius se sentait manipulé et stupide d'avoir pu croire en cet idéal que les Yaxley avait ternit à tout jamais.

Les malheurs des uns font le bonheur des autres avait prononcé Ewan, c'était tellement vrai. Ainsi va le monde, il en avait toujours été ainsi et ce serait toujours le cas, même quand ils ne seraient plus là pour le voir. Actuellement, celui qui semblait se délecter le plus des malheurs de l'ancien leader du parti semblait être le frère jumeau de ce dernier. Celui par lequel le scandale était arrivé : Victor Yaxley.
Cyrius se souviendrait toujours de son visage au moment des révélations. Il jubilait. Il prenait un malin plaisir à conduire son frère sur l'échafaud. Pour quelle raison ?

- Je me demande ce qui a bien pu le pousser a faire ça, murmura-t-il autant pour lui-même que pour Ewan qui détenait peut-être la réponse à la question qu'il se posait. Ce n'est pas sans raison, je suis persuadé que les motivations de Victor Yaxley sont loin d'être aussi nobles qu'il cherche à le faire croire. Le fait qu'il attende 30 ans pour faire son mea culpa et la mise en scène à laquelle nous avons tous eut le droit en est la preuve.

Bien sur, Cyrius avait bien comprit que Ewan ne faisait pas référence aux jumeaux Yaxley lorsqu'il avait fait part de sa remarque concernant le malheur et le bonheur des uns, pas plus qu'il ne faisait allusion aux différents partis en opposition qu'étaient ceux des Mages Fondateurs et des Inquisiteurs qui avait du apprécier d'assister à son lynchage public et qui devaient se réjouir d'assister à la chute du roi et voir son empire vaciller. Le Nouveau-Monde était devenu un colossale aux pieds d'argiles il leur fallait un nouveau Leader à la tête du parti, un homme qui ne serait pas un Yaxley dont le nom était suffisamment entaché. S'ils tardaient trop les Mages Fondateurs et les Inquisiteurs se partagerait le gâteau et là, cela deviendrait très dangereux pour eux.

Loin de toutes ces considérations, Ewan faisait simplement allusion aux activités de son bar, et à la prédisposition naturelle qu'avait les gens à ne pas se sentir concerner par les événements qui se passait « ailleurs ». Comme si, parce qu'ils vivaient en territoire indépendant, cela ne les concernait en rien. Ils se trompaient. La Virginie n'était pas si loin du Tennessee, tout comme il se trouvait être un état tampon entre le Kentucky qui appartenait aux Mages Fondateurs, et les Etats des Inquisiteurs qu'étaient l'Arkansas, le Mississippi, l'Alabama et la Georgie. Si le Nouveau-Monde venait à tomber, tous seraient concernés, même les indépendants, et essayer de se voiler la face ou de jouer les autruches n'y changerait rien.
Contrairement à ses concitoyens, Ewan était peut-être celui qui avait le plus de recul et le regard le plus juste sur les événements qui se déroulaient actuellement. Nul ne pouvait plus faire de plan ou de projet car nul ne savait de quoi demain serait fait. Avoir des projets d'avenir, tirer des plans sur la comètes, c'était pour ceux qui vivaient dans un rêve éveillé. Tôt ou tard, on finissait toujours par se réveiller et réaliser que le futur qu'on avait projeté ne se réaliserait pas. Et très souvent le réveil était douloureux. Pour être passé par là, il en savait quelque chose. Ewan avait raison, seul le présent comptait surtout en ces temps troublés

- Si tu veux mon avis, vivre au jour le jour, c'est ça la véritable sagesse, fit Cyrius en levant son verre en direction de Ewan avant de le vider cul-sec.

Il tapa son verre son violence contre le bar magnifiquement lustré et imita Ewan en se levant à son tour du tabouret sur lequel il avait prit place un peu plus tôt. Tous deux avaient des affaires à régler qui ne pouvaient pas se faire ici. En bon patron qu'il était, Ewan salua son personnel qui allait fermer le bar, avant de disparaître avec Cyrius qui le suivit jusqu'à son bureau, loin des oreilles indiscrètes.
Dès qu'ils eurent franchit les portes de l'antre de Ewan, le gentil barman laissa place à l'homme de l'ombre. Il ignorait si Ewan s'en rendait compte lui-même où si c'était instinctif mais son comportement était totalement différent dès lors qu'il franchissait la porte de son bureau. Il y avait une sorte de dualité en l'homme avec d'un coté le comportement qu'il adoptait auprès de tout à chacun derrière son comptoir et celui qu'il avait actuellement derrière son bureau, plus sombre, plus inquiétante, jusqu'à sa posture elle-même.
Cyrius prit place sur l'une des chaises qui se trouvait en face du bureau et sourit avec amusement lorsque Ewan l'invita à entrer dans le vif du sujet

- Tu as raison, reconnu le journaliste, alors, as-tu pu m'obtenir quelque chose ? Demanda-t-il à son tour sans détour en se calant bien sur la chaise tout en expirant la fumée de sa cigarette sans quitter Ewan du regard.

Bien que ça le désolait, Cyrius ne pouvait qu'approuver la remarque de son informateur. Oui, Benjamin Heel était un homme rusé et Ewan avait raison, s'il ne parvenait pas à le faire tomber alors son ascension serait toujours plus difficile à entraver. Benjamin Heel était de ces hommes dont il y avait si peu à dire mais paradoxalement dont on entendait beaucoup de choses. C'était souvent comme ça que ça se passait d'ailleurs, surtout avec un homme de la trempe de Heel qui avait un besoin maladif de tout contrôler.
Aucune information sur lui ne filtrait, sauf, celle qu'il voulait bien laisser filtrer bien sur et qui n'avait d'autres but que de servir son image. Et puis il y avait le reste. Un homme sur lequel on avait rien à dire suscitait forcément une certaine fascination alors on racontait des histoires sur son compte, souvent abracadabrantes et qui n'avait absolument aucune incidence sur son parcours puisque totalement saugrenues et inventés. Des histoires que Heel pouvait balayer d'un simple coup de baguette magique ! Toutefois, Cyrius avait apprit à ne jamais négliger la moindre information, même la plus ridicule. Il ne prenait bien sur pas pour argent comptant tout ce qu'on lui disait, c'était à lui de vérifier leur véracité avant de les publier, mais les écarter d'office sous prétextes qu'elles n'étaient pas crédibles été justement une grossière erreur à ne surtout pas commettre. Pour preuve, qui aurait pu imaginer une seule seconde que Priscus Yaxley et Romulus Rookwood avaient eux-mêmes provoqué le séisme qui avait engloutit toute la Californie et propagé ce maudit virus qui avait fait tant de mort ? Personne.
Néanmoins, il décida de ne pas interrompre Ewan pour le moment préférant l'écouter lui révéler toutes les rumeurs les plus fiables qui courraient sur l'homme en question.

A en croire Ewan, le jeune loup pétrit d'ambition cherchait à faire un mariage qui lui permettrait d'assoir sa position. C'était une information que Cyrius ignorait mais qui n'était guère surprenant, et qui collait parfaitement au personnage. Il comprenait mieux pourquoi Benjamin Heel semblait s'être posé niveau aventures.

- J'ai fait des recherches de mon coté également, lui apprit Cyrius. Benjamin Heel est le fils parfait, le frère parfait, le garçon dont toutes les filles étaient amoureuses à l'école et dont tous les mecs voulaient être l'ami, l'étudiant studieux, l'homme politique prometteur, le gendre idéal... Bref, on ne trouve absolument rien de compromettant. Ce mec est si parfait que ça en devient suspect. J'ai eut beau fouiller je n'ai pas réussit à trouver la moindre petite contravention. Il faut reconnaître qu'on ne l'a jamais surprit à enfreindre la loi, ni à avoir un mot déplacé envers qui que ce soit si ce n'est envers les Inquisiteurs. Il s'est d'ailleurs montré particulièrement agressif en ce début d'année mais quand on sait que c'est un drame familiale qui se dissimule ses propos ça ne sert qu'à le rendre plus humain et populaire. S'attaquer à lui n'est pas un mince affaire.

Cyrius garda le silence pendant quelques minutes durant le temps qu'il prit pour écraser sa cigarette dans le cendrier qui se trouvait devant lui. Puis, il releva son regard sur Ewan et glissa sa main dans la poche intérieur de sa veste en cuire pour en sortir une enveloppe bien épaisse qu'il posa sur le bureau de Ewan et qu'il glissa dans sa direction sans baisser le regard.

- C'est pour ça que j'ai fait appel à toi. Mais, fit-il tout en gardant ses doigts sur l'enveloppe, pour le mériter il va falloir m'apprendre des choses intéressantes. D'ailleurs je suis même prêt à payer pour tes histoires les plus abracadabrantes que tu as pu obtenir à son sujet, mais pour l'heure je vais quand même t'aider à cibler mes recherches.

Retirant ses doigts de l'enveloppe, il reprit confortablement place sur le fauteuil tout en croisa ses mains devant lui avant de reprendre.

- Si je te dis Harmony, Travers et goutte du diable, tu vois où je veux en venir ? Demanda-t-il sans quitter Ewan du regard pour observer le moindre de ses gestes ou de ses réactions. J'ai toutes les raisons de penser que Benjamin Heel est mêlé de prêt ou de loin à ce trafic. As-tu quelque chose à ce sujet ?

Tout était silencieux autour d'eux et les deux hommes s'observaient l'un attendant des réponses à ses questions et l'autre méditant sur ce qu'il allait lui révéler, mais à n'en pas douter, Cyrius savait qu'il ne serait pas déçu du déplacement.

Certaines histoires reposent sur une vérité, d'autres sur un mensonge

Ewan avait tant passé d’années à vivre aux Etats-Unis, qu’il en avait oublié que les choses étaient si différentes ici. Il vivait dans le territoire des Indépendants  et avait toujours souhaiter y résider depuis que Cecil lui avait appris que les Etats-Unis vivait dans un statu quo permanant entre différentes factions qui voulait s’approprier le pouvoir. Il n’avait trouvé aucun intérêt pour les uns et les autres et la volonté de rester neutre n’était pas venu pour rien. Cela faisait dix-huit maintenant qu’il vivait ici et les choses n’avaient pas changé. Les factions ennemies continuaient à s’affronter avec plus au moins de résultat. Le président était un pantin entre leurs mains et les territoires indépendants sauvé par le fait de leur inintérêt stratégiques pour les autres. Cependant, depuis quelques années les événements ne cessaient de s’accumuler. Les mages fondateurs et les partisans du nouveau monde avaient de nombreux problèmes au niveau de leur leader. Saevus Yaxley était accusé d’avoir bâti son rêve idéal sur le sang et les morts provoqué par son père, tandis que Théodorus Washington se faisait accuser de s’être débarrasser de Charles Hopkins pour une raison obscure. On pouvait au moins accorder aux Inquisiteurs une certaine stabilité politique. Au milieu de ça, il y avait la drogue de sang de vampire qui faisait fureur ces derniers temps. C’était une denrée rare qui se vendait à prix d’or pour des accros en mal de sensations. C’était la raison de la visite de Cyrius.

Il tira une bouffé de sa cigarette en écoutant ce que Cyrius avait à dire. Il avait été question des derniers événements avec la conférence de paix et des révélations de Victor Yaxley. Un sacré personnage celui-là. Ewan l’avait déjà croisé et il préférait ne pas être dans son viseur. Il n’était pas du genre à se lier à de grandes personnalités. La seule exception à la règle était Cecil qu’il voyait comme un frère. Cependant rien ne le reliait à lui et cela faisait quelques années qu’ils se voyaient en coup de vent. Ewan quittait rarement Nashville maintenant. Autrefois c’était un baroudeur et maintenant il représentait le Blackstone et un bon joueur de l’ombre. Il trouvait particulièrement bon le timing de Victore Yaxley. Par ses actions, il semblait vouloir montrer qu’il n’était pas en faveur d’un rapprochement des factions des Etats-Unis. Pour quelle raison ? Ce n’est pas comme s’il était un gros poisson. Cela devait forcément avoir avec sa défection… Mais impossible à savoir ce qui pouvait se passer dans la tête de quelqu’un comme lui.

« Victor n’a certainement pas fait ça par bonté d’âme. Si j’étais toi je fouillerais dans le passé car c’est là que se trouve la raison. L’attitude de l’homme ne semble pas vouloir montrer le moindre remord. Je pense plutôt que c’est un empêcheur de tourner en rond. Il a son propre agenda et le rapprochement des factions n’en fait pas partie. » Répondit Ewan à l’interrogation de Cyrius sur ce sujet.

Le sujet revint sur la principale raison pour laquelle Cyrius était venu le voir. Qu’est-ce qui pouvait prouver l’implication de Benjamin Heel avec les frères Travers et avec le trafic de sang de vampire comme drogue dur… Personne ne pouvait assurer que les frères Travers étaient la tête pensante du trafic. Avec tout ce qui se passait en ce moment ça pouvait tout aussi bien être une manière de les discriminer parce que l’ainé de la famille était un des leaders potentiels qui pourrait remplacer Saevus.  Cela avait beaucoup fait réfléchit Ewan. Il avait dû faire jouer quelques fils parmi ces contacts dans la pègre et les différentes franches sombres de la ville de New Phoenix. Les ordres et les menaces avaient servis à s’obtenir les services des bonnes personnes pour suivre le politicien Heel et tenter de trouver les informations que Cyrius pourrait vouloir. Son meilleur contact sur place avait beau avoir fait le travail nécessaire, les nouvelles qu’elle lui avait donné n’était guère glorieuses ni même très intéressante. Ewan se demandait si Cyrius ne courrait pas après un mirage. Elle lui avait donné quelques petites informations sans prétention sur leur cible mais rien qui ne puisse justifier du payement que demandait Ewan pour qu’il s’intéresse en particulier à quelqu’un.

« Est-ce que le fait qu’il semble parfait est-il vraiment quelque chose de suspect ? Ne serait-ce pas un jugement personnel sur les mages fondateurs eux-mêmes que tu portes à travers lui ? » Demanda Ewan en regardant la fumée de la cigarette s’élever jusqu’au plafond.

Certes la biographie de Benjamin Heel semblait sans tâche malgré quelques drames familiaux (qui n’en avait pas ?). Aux yeux d’Ewan, Benjamin Heel restait du menu fretin par rapport aux autres Mages Fondateurs. Il avait les dents longues et rêvait d’une meilleure position au sein de sa propre organisation. C’était la motivation première d’un politicien. Il était difficile d’imaginer que le jeune premier promis à un avenir brillant irait tremper dans le trafic de drogue. Il venait d’une famille qui ne manquait pas forcément d’argent pour appuyer ses actions politiques. Il n’avait guère besoin du surplus qu’il pourrait obtenir de la drogue et s’était un pari risqué pour un jeune débutant. Ewan se demandait s’il n’était pas un pion dans un jeu d’échec plus grand encore. Ca ne serait pas la première fois qu’on utiliserait quelqu’un comme coupable parfait alors qu’il n’était pas impliqué. Il s’inquiétait bien plus que de ce que pouvait signifier cette soi-disant association avec les Travers alors qu’ils avaient toujours échappé aux soupçons. C’était une coïncidence mais dans son milieu on se méfiait de ces dernières.

Cyrius pourtant était bien destiné à trouver quelque chose pour s’attaquer à Benjamin Heel d’où le fait qu’il ait fait appel à lui. Il n’hésita pas à le lui rappeler en sortant une enveloppe qui devait très certainement avoir la commission qu’Ewan réclamait pour ses services. Il  tira une dernière bouffé de sa cigarette, appréciait le goût de cette dernière sur son palais et contempla l’enveloppe. Ça avait un côté un peu dramatique de poser cette enveloppe entre eux. Un geste un peu décevant admis Ewan en lui-même. Il aimait l’argent mais il ne l’étalait pas. Désirée disait toujours qu’il se comportait comme un alcoolique qui se cachait. Elle avait toujours détesté ça en lui. Elle avait vu le pire et avait quand même voulu qu’il reste. Dommage pour elle, il était trop jeune et trop accro à l’époque pour comprendre. Aujourd’hui il aimait toujours autant l’argent peut-être même plus mais le fait et qu’il pouvait satisfaire son addiction beaucoup mieux aussi. Désirée n’avait jamais eu aucune place dans son avenir.

Il comprenait pourquoi la drogue du sang de vampire ou la goutte du diable, comme on l’appelait dans le commerce, pouvait attirer. Il paraissait que les sensations qu’on pouvait ressentir n’avait pas d’égal. Un trip intégral. Dans le milieu de la drogue on se l’arrachait ; les revendeurs ne rêvait que de mettre la main dessus pour en tirer un maximum et les consommateurs s’en délectait et finissait par devenir accro au point de ne pas pouvoir s’en passer. Ewan n’avait pas entendu dire d’un seul bon traitement capable de stopper l’addiction. Il n’avait jamais testé la drogue mais il savait que sa réaction à l’argent y ressembla fortement. Mais le temps et l’âge, lui avait permis d’être patient et d’attendre le bon moment pour réclamer son dû.  Il termina sa cigarette et l’écrasa dans le cendrier sur le côté de son bureau. Il ferma les yeux un instant pour tenter de calmer le monstre d’avidité tapis en lui-même qui s’était réveillé à la vue de l’enveloppe. Son monstre intérieur se fichait bien que ça soit quand même pathétique de s’émoustiller pour une enveloppe quand il gagnait le double de cette somme certaine nuit. Il n’y avait pas de petit profit. Cependant, Ewan ne se laissait pas guider par son monstre intérieur. Il était celui qui était aux commandes de son propre corps et non pas son addiction. Il vivait en parfaite harmonie avec mais il ne le laissait pas guider les choses. Cela finirait bien trop mal sinon. De l’extérieur on ne pouvait se douter de rien. Il se cala un peu plus dans son fauteuil et reprit la parole :

« Je vois où tu veux en venir avec tout cela… »

Ewan savait que les informations qu’il allait dévoiler à Cyrius n’allait pas forcément lui faire plaisir. Il cherchait quelque chose qui n’était qu’une chimère. Ewan accordait sa confiance à peu de gens et lorsqu’il recevait une information d’un de ses informateurs il n’hésitait pas à la faire vérifier par un autre afin de concorder les versions. Mais il avait confiance en elle pour effectuer son travail. Elle y prenait un certain plaisir d’ailleurs et qui était-il pour refuser ça à une vieille connaissance ? Elle avait été formelle. Bien sûr, ça ne l’avait pas empêché de vérifier ces dires. Sa confiance n’était pas aveugle. On ne reste pas un parrain de l’ombre en donnant crédit à tous ce que vous dis les gens. Il faut preuve de discernement. Dans son corps de métier, on perd sa place plus vite qu’une ombre se déplace. Certains même à Nashville en avaient fait les frais. Il y avait bien eu quelques pertes dans le lot mais Ewan était toujours là et ça faisait presque dix ans qu’il régnait dans l’ombre de Nashville, se faisant un place confortable de jour et un avenir de prince de la pègre la nuit.

« Tu risques d’être déçu du voyage. » l’avertie Ewan bon joueur. « Les informations que tu recherches sur Heel, je ne sais pas ce qui te pousse à croire qu’il puisse être de mèche dans le trafic de la goutte du diable. Je pense que tu es sur la mauvaise voie.»

Il ne laissa pas le temps à Cyrius se répliquer avant de reprendre le temps de tirer une cigarette de son propre paquet, de l’allumer et de tirer un bouffé. Autant se mettre à l’aise. Il n’était pas certain que Cyrius accepte les informations qu’il allait lui donner. Il admirait la ténacité du jeune homme. Lorsqu’il avait son âge, il ne s’intéressait pas à ce genre de questions. Il venait à peine d’arriver à Nashville et passait plus de temps dans les salles de poker qu’ailleurs. Il se fichait bien des magouilles des différents politiciens. La vérité était une chose bien surfaite. Ewan n’avait pas de mal à vivre dans le mensonge. Il avait une conception bien à lui de ce qui devait se dire ou bien rester dans l’ombre. Cela ne le gênait pas. L’irlandais qu’il était savait que parfois un mensonge vaut tout aussi bien qu’une vérité car cette dernière bien que pleine de bon sens est parfois bien plus dangereuse et douloureuse qu’elle n’y parait. Saevus Yaxley en faisait d’ailleurs les frais. Il avait tenté de créer un monde meilleur sur un mensonge et la vérité avait détruit ce rêve. Pouvait-on décemment dire que ce que Victor Yaley avait fait en donnant la vérité avait réellement aidé les partisans du Nouveau Monde et les autres. Ewan n’en était pas certains.

C’était tout à l’honneur de Cyrius de vouloir montrer les faits et la vérité. Il faisait un excellent travail de journaliste et ce n’était pas Ewan qui dirait le contraire. Mais vouloir être le défenseur de valeurs morales et d’idéaux ne veut pas forcément dire qu’on n’évite les travers. Le journaliste avait la ténacité de courir après un sujet et de ne pas lâcher l’affaire avant d’en avoir dévoilé toute l’histoire. Cependant, parfois les choses ne vont pas forcément dans le sujet qu’on le croit. La vérité et facilement falsifiable. Ce qui peut ressembler à de la vérité peut-être un mensonge habillement déguisé. Ewan ignorait ce qui pouvait pousser Cyrius à penser que Benjamin Heel était homme à tremper dans le trafic de drogue. Il ne comprenait pas aussi l’intérêt de s’attaquer à lui. C’était un pion ! Il était certes bavard et pleins de verves mais sur l’échiquier des puissances il pouvait tout au plus passer pour un fou. En ces temps de chaos désorganisés, il y avait bien plus grave. Ewan s’inquiétait davantage de la propagande des inquisiteurs sur les territoires indépendants. Ils avaient toujours été là, tel des insectes bourdonnants mais pas gênant. Mais depuis la conférence, ils avaient renforcés leurs activités ici et n’hésitait pas à tenter de convaincre les indécis de prendre partis. Mais ce n’était pas le moment de partager ces inquiétudes il allait devoir révéler à Cyrius ce qu’il savait.

« Si j’affirme que tu es sur la mauvaise voie ce n’est pas sans raison. Même si Benjamin Heel est un politicien qui monte et qui parle beaucoup, il n’en reste pas moins qu’il n’est guère assez puissant pour pouvoir tremper dans le trafic de drogue. Ce n’est pas bon pour son image et l’argent il n’en manque guère. » Ewan tira sur sa cigarette encore. Il adorait cette marque-là. Le goût était tellement fort. « Sa carrière ne se remettrait jamais de ça. Il veut du pouvoir et plutôt le genre qui se voit. Il n’est pas fait pour un métier de l’ombre comme le trafic de drogue. Ça s’est bon pour des gens plus malin et moins grande gueule. A moins qu’il ne l’ait créé de rien, aucun fournisseur digne de ce nom ne s’associerait à lui. Ça serait un pari risqué. Dans ce type-là de domaine il vaut mieux tirer les bonnes cartes. »

La fumée enveloppait presque Ewan. Il n’aurait jamais dû commencer à fumer. Une addiction c’était déjà bien assez suffisant. Cependant, ça ne l’empêchait jamais de continuer. C’était un petit plaisir.

« Tu devrais plutôt te demander comment ça se fait que tu puisses relier Benjamin Heel aux Travers et au trafic. Il y a un lien dans ces trois-là qui ne va pas ensemble. Mes informations sont que c’est Benjamin Heel qui n’a rien à faire dans le lot. Il n’a pas sa place dans l’équation. Par contre, il joue très bien le bouc émissaire. Ça serait parfait, d’autant que son succès, son passé de jeune premier de la classe et sa situation familiale difficile en fait un personnage apprécié des foules en ce moment. »

Dire qu’il se trouvait à le défendre alors même qu’il se fichait de cet homme. Benjamin Heel pouvait bien couler, cela ne changerait rien à la vie d’Ewan. Il n’y avait rien dans le politicien qui puisse faire qu’il lui sauve la mise. Mais il savait que Cyrius était à la recherche de la vérité alors il la lui servait sur un plateau d’argent – dans tous les sens du terme –. Son informatrice avait été formelle. Il n’y avait rien de plus à chercher sur ce sujet à propos de Benjamin Heel. Par contre, si on cherchait à propos d’autres choses que la drogue, il y avait quelques petites choses. Il avait entendu le nom de famille Park dans la conversation et avait préféré laisser le passé reposer en paix. Ce nom seul l’en avait dissuadé. Il ne serait jamais si ça avait un lien avec la jeune femme dans son cœur ou non. Cela n’avait pas d’importance. Parfois fouiller le passé c’était comme réveillé les morts. Il vaut mieux ne pas se laisser dans l’opération car ça laisse toujours des dégâts. Ewan pensait qu’on vivait parfois bien mieux dans l’ignorance. La vie pouvait continuer son chemin sans causer de mal.

« Ce n’est pas à moi de dicter la conduite de ton article, chacun son métier, mais il me semblait juste de t’informer que ce que tu cherches tu ne le trouveras pas. » Ewan fouilla dans son bureau et en sortie une enveloppe plus grande de papier marron. Elle était épaisse et contenait tous les documents qui avaient permis à ses informateurs sur place de lui donner cette information. « Tu trouveras de plus amples détails là-dedans : photos, documents et toutes la paperasseries habituelles. Je t’en prie n’hésite pas à l’ouvrir dès maintenant. »

Il poussa l’enveloppe vers le jeune homme tout en continuant à tirer bouffé sur bouffé de sa cigarette qui doucement se consumait. Il n’avait pas d’autre affaire que ce soir. Les choses étaient calmes en ce moment avec les événements de la conférence. Il n’avait pas à se bousculer. Il savait qu’Oegus n’était pas loin et les employés du bar devaient enfin être rentrés chez eux. Dans six  heures, le soleil se lèverait à nouveau et Ewan comptait ensuite aller s’étendre sur son lit et dormir jusqu’à la prochaine nuit.

« La question que je me pose c’est pourquoi ce servir de Benjamin Heel en cette période troublé qu’est-ce qu’ils peuvent bien pouvoir en tirer ? Cela ne voudrait-il pas laisser entendre que quelque chose ne va pas si bien que ça avec la nouvelle poule aux œufs d’or… »

Ewan avait son propre raisonnement sur le sujet mais il voulait laisser Cyrius contempler les documents pour lesquelles il était venu le payer. Il n’était qu’un intermédiaire.  

FICHE PAR CENTURY SEX

Dis-moi ce que tu sais, je te dirais ce que je sais

Cyrius avait abattu ses cartes et avait joué franc jeu avec Ewan. Ce n'était pas dans ses habitudes de dévoiler aussi vite sa main, ni même de la dévoiler tout court, mais avec Ewan les choses se passait toujours différemment. Cependant, jamais, jusqu'à aujourd'hui, ce dernier, ne lui avait fait regretter d'avoir prit le pari de lui faire confiance.
Le journaliste avait été horriblement mouché par la réflexion de Ewan à son sujet, car il remettait en doute son éthique journalistique. Il voulait bien admettre qu'il était encore jeune et qu'il avait une moralité pour le moins douteuse dans sa vie courante, exception faite lorsqu'il s'agissait de son travail où il se voulait une intégrité professionnel irréprochable. Certes, il ne portait pas les mages fondateurs et toute leur clique de dégénéré dans son coeur, et s'il ne s'était jamais montré tendre envers eux, c'était uniquement parce qu'ils ne lui avaient jamais donné d'occasion de le faire. Et quoi qu'il n'ait jamais pu divulguer, nul ne pouvait prétendre que c'était ses jugements personnels qui avaient dicté sa conduite ou son article

- Je te paye pour avoir des renseignements, pas pour connaître ton opinion concernant mon objectivité

Les choses étant clair, Cyrius avait glissé son argent sur le bureau d'Ewan en direction de ce dernier sans le quitter un instant des yeux. Pourquoi ce soudain intérêt pour Benjamin Heel ? Pourquoi mettre en doute son implication ? Personnellement, il fallait avouer que cela avait de quoi surprendre. Benjamin Heel était un jeune politicien à l'apparence bien trop lisse et parfaite pour être vrai. Il ne pouvait nier qu'il n'aurait jamais pensé à le lier à ce trafic de drogue sans y avoir été aidé mais pourquoi pas après tout ? D'autant plus qu'il ne voyait vraiment pas quel intérêt aurait eut Mr Cho de mentir, sans oublier qu'il était véritablement terrifié lorsqu'il s'était vu contraint de lui révéler tout ce qu'il savait. Cyrius se rappelait parfaitement de cet entretien qu'il avait eut avec Cinder et notamment du regard de Cho. Un regard qui ne mentait pas. Néanmoins il ne pouvait nier avoir encore quelques lacunes. Cho ne comprenait pas un mot d'anglais, et ce qu'il a vu, cette dispute qui avait opposé Travers et Heel n'avait peut-etre rien à voir avec ce sur quoi il enquêtait, mais dans ce cas que faisait Heel en pleine nuit chez Harmony ? Quel était le sujet de cette dispute ?

Cyrius afficha une moue contrarié en levant son regard noir sur Ewan qui l'avertit qu'il serait déçu du voyage. Cela signifiait donc que même-lui, son indic le plus fiable, n'avait rien trouvé. Etait-ce pour autant qu'il n'y avait rien à trouver, ça c'était autre chose. Mais plus que tout, ce qui le contrariait grandement était de voir et d'entendre Ewan mettre en doute les soupçons qu'il avait sur le conseiller. Plus il mettait ses soupçons en doute et plus sa conviction s'en trouvait renforcé.

Malgré tout, même si ça le contrariait, Cyrius fit l'effort d'écouter tous les arguments de Ewan, et même s'il répugnait à le reconnaître, il devait admettre qu'ils se tenaient. Pourquoi, un homme aussi exposé médiatiquement, aux ambitions dévorantes, plongerait dans le trafic de drogue ? Il y avait beaucoup réfléchis lui aussi, et une seule réponse lui venait à l'esprit. Qui avait entendu parler de Benjamin Heel avant sa nomination à New Phoenix ? Personne. Pourquoi lui, et pas un autre ?
Benjamin Heel était un politicien brillant jeune et dynamique, mais il y avait des personnes bien plus compétentes que lui et surtout qui possédaient bien plus d'expériences qui auraient tout aussi bien, voir même beaucoup plus, mérité ce poste. Alors pourquoi lui ? Parce qu'il avait bénéficiait d'appui et de soutient extérieur. Le lien avec les Travers ? Guère difficile à établir mais très fortement probable.
Les Travers était l'une des familles les plus puissantes et les plus influentes de New Phonenix. A présent que les Yaxley et les Rookwood avaient perdu de leur préstence la famille Travers pouvait émerger de l'ombre. Lorsque l'on regardait sous cet angle un pacte entre Travers et Heel se tenait parfaitement.

Pourtant Ewan semblait convaincu du contraire mais celui qui se trompait c'était son indic, pas lui. Toutefois par soucis d'équité, Cyrius accepta mentalement de faire table rase de ses découvertes et d'écouter une fois encore les arguments d'Ewan qui s'était visiblement fait l'avocat de la défense de Heel.

Comment en était-il venu à relier Benjamin Heel aux Travers et au trafic de Drogue ? Tout simplement en interrogeant des employés du laboratoire d'Harmony. Mais pas n'importe quels employés, pas ceux auquel Travers aurait pu s'attendre. Il n'avait pas interrogé ses collaborateurs ou le personnel qui travaillait quotidiennement à ses cotés et qu'il connaissait par coeur. Non, le journaliste s'était intéressé à une toute autre catégorie de personne. Des personnes présentes mais auquel personne ne faisait attention. Des employés invisibles qui n'appartenaient même pas à Harmony, mais à une autre agence. Une agence de nettoyage qui employait beaucoup d'émigrés. Cyrius s'était intéressé à une personne en particulier, un chinois qui ne parlait pas un mot d'anglais. Pourquoi lui ? Parce qu'on est beaucoup moins soupçonneux ou sur ses gardes lorsque l'on est persuadé que la personne présente dans la même pièce que vous ne peut pas vous comprendre.

Personne n'aurait pu deviner qu'il allait interroger cet homme, sauf si bien sur Zeus Travers avait une divinatrice sous la main, se dont il doutait fortement. Plus Ewan essayait de le convaincre qu'il faisait fausse route en associant Heel au Travers et au trafic de drogue et plus Cyrius était persuadé du contraire. C'était justement parce que ce lien ne paraissait pas évident qu'il trouvait cette information encore plus crédible. Mais à force de s'y opposer avec tant de convictions, Ewan commençait à éveiller sérieusement et de plus en plus ses soupçons. A force de défendre Heel et d'argumenter en sa faveur, Ewan lui paraissait de plus en plus suspect. Qu'avait-il à gagner à défendre ainsi Heel ? Ewan ne serait-il pas plutot à la botte du politicien ? Cela lui paraissait tout à fait crédible. Après tout, Ewan n'était pas son indic personnel, il vendait ses informations au plus offrant,... et si Heel lui avait demandé d'endormir ses soupçons ?

Comme si Ewan était doué de télépathie, comme s'il avait pu sentir les soupçons qui l'animait à son égard, l'homme le conforta dans le fait que ce n'était pas à lui de lui dire comment écrire son article, tout ce qu'il souhaitait c'était simplement l'aiguiller dans la bonne direction, et la bonne direction selon Ewan, était de laisser ce dandy de mage fondateur tranquille. Et puis quoi encore ?
Cyrius faisait confiance à Cho, il avait vu quelque chose, quelque chose liait les deux hommes et si ce n'était pas la Goutte du diable qu'est-ce que cela pouvait être ?

Ewan ouvrit l'un des tiroirs de son bureau et en sorti une enveloppe brune bien épaisse qu'il tendit à Cyrius. A l'intérieur, se trouvait toute sorte de documents concernant sa cible : Photo, bilan de filature, ses rencontres, ses connaissances... Les documents glissaient entre ses doigts les après les autres. Décidément, même en photo, il ne pouvait pas encadrer ce type qui était la prétention, l'arrogance et l'ambition incarné. Le moins que l'on puisse dire c'est que le politicien avait une petite vie bien rangé et bien remplis.
Alors qu'il parcourait rapidement les documents, en se disant qu'il prendrait le temps de les lire tranquillement dans l'avion de retour, Cyrius écouta les interrogations d'Ewan sans lever les yeux sur lui. Le contenu de cette enveloppe lui paraissait quelques peu décevante, Ewan l'avait habitué à beaucoup mieux. Etait-ce parce qu'il n'avait réellement strictement rien trouvé ou parce qu'il lui cachait des informations essentielles qui pourraient l'aider à faire plonger Heel ?

Réunissant à nouveau les documents qui était désormais devenu sa propriété, il les rassembla et les tapota sur le bureau de son hôte pour les glisser à nouveau dans l'enveloppe brune qui les contenait avant de relever son regard sur Ewan

- Si tu ne trouves pas de question à ta réponse c'est peut-être que tu te poses les mauvaises questions. Tu semble persuadé de l'innocence de Heel, pourtant tu admets toi-même qu'il doit y avoir un problème avec la poule aux oeufs d'or. C'est vrai tu as raison, je ne l'aime pas beaucoup, mais ça ne fait pas de lui un criminel pour autant. Tu veux une raison qui pourrait impliquer Heel dans le trafic de Travers ? J'en ai plusieurs. Tout d'abord c'est un jeune politicien ambitieux et arriviste. Tu ne penses pas que pour occuper le poste qu'il occupe actuellement d'autres sorciers auraient été bien plus qualifiés et bien plus méritant que lui comme Regan ou Burton, qui ont en plus l'expérience de l'ancienneté. Tout le monde disait que celui qui remplacerait Davis à New-Phoenix ce serait Griffith. Personne, absolument personne n'aurait misé sur Heel à l'époque et pourtant, qui a été nommé ? Il a bénéficié d'appuis important et je suis persuadé que si on épluche ses livres de comptes on pourrait remonter jusqu'au Travers.

Cyrius s'interrompit un instant et alluma une nouvelle cigarette. Après avoir expiré une veloute de fumée qui se mit à flotter dans l'air, il s'adossa à nouveau correctement contre son fauteuil avant de reprendre.

- Les Travers ne jouent peut-etre aucun rôle en politique actuellement mais ils ne faut pas négliger leur pouvoir pour autant. Ils ont tout intérêt à avoir plusieurs pions dans le gouvernement pour couvrir leur trafic. De son coté, Heel avait besoin d'avoir des appuis fort à New-Phoenix pour obtenir ce poste qu'il convoitait, faisant de lui, le plus jeune conseiller représentant les Mages Fondateurs en territoire étrangers. Pour moi tout ce tient.

Cyrius se pencha légèrement pour faire tomber la cendre de sa cigarette dans le cendrier avant de reprendre.

- Je sais également de source sur, que Benjamin Heel est lié au Travers car il a été surprit dans les locaux d'Harmony en violente discussion avec Zeus Travers. Un différent opposait les deux hommes et en toute franchise, j'ai beau y réfléchir, je ne vois absolument pas ce qui pourrait opposer ces deux hommes. Si la Goutte du diable n'est pas ce qui les relis qu'est-ce que cela pourrait être d'autre ? Pour quelle raison ce seraient-ils rencontrés en pleine nuit, dans ce que l'on pourrait considérer comme étant la banque de sang de la Goutte du diable ?

C'était la première fois que Cyrius émettait ses hypothèses à voix haute, et plus il s'entendait parler, plus il trouvait que tout ceci s'emboitait parfaitement. Heel et les Travers étaient liés au trafic de drogue. Si au départ, les propos de Cho l'avaient quelques peu dérouté, car il ne s'attendait pas à découvrir un autre nom que celui des Travers, aujourd'hui tout lui paraissait on ne peut plus clair. On pourrait imaginer aussi une autre hypothèse, celle dans laquelle Benjamin Heel serait le boss, et qu'il obligerait sous une quelconque menace les Travers à lui fournir le sang de vampire nécessaire à la fabrication de la Goutte du Diable mais comme l'avait si justement souligné Ewan peu de temps avant, Heel n'avait pas le bras aussi long. Dans un cas comme dans l'autre, Heel était fortement impliqué, il n'avait aucun doute à ce sujet

- De plus, il a été confronté à cette drogue via son entourage. Savais-tu que l'ex petite amie de son frère, une brillante médicomage a fait une overdose de goutte du diable ? Quelle coincidence tu ne trouves pas ? Personnellement, je n'ai jamais cru au hasard.

Cela aurait pu être une coincidence c'est vrai, et il n'y aurait probablement pas fait attention si tous ces indices ne convergeaient pas vers la même personne. Tirant une nouvelle bouffée de nicotine, il plongea son regard dans celui d'Ewan.

- J'ai l'impression que c'est moi qui ai fait tout ton travail. Malheureusement tout ceci ne sont que des suppositions et je n'ai aucune preuve de ce que j'avance et je comptais sur toi pour m'en fournir. Maintenant dis-moi, toi qui a tellement défendu Heel jusqu'ici, que penses-tu de tout cela, maintenant que tu as de nouvelles cartes en main ?

Il pouvait sembler tout à fait incongru que Cyrius dévoile toutes ses cartes à Ewan surtout s'il le soupçonnait de travailler pour Heel, mais ça ne l'était pas tant que ça. Si Ewan travaillait effectivement pour le conseiller, il lui répéterait mot pour mot tout ce qu'il venait de lui confier, étant donné qu'il se rapprochait de la vérité, Cyrius ne doutait pas que Heel paniquerait et réagirait aussitôt. Il commettrait forcément une faute. Si au contraire Ewan ne travaillait pas pour son ennemi alors son intelligence et ses remarques seraient autant de choses intéressantes à prendre en considération. A ce moment-là, lui seul serait capable de trouvera la faille dans son raisonnement

Certaines histoires reposent sur une vérité, d'autres sur un mensonge

Dieu que Cyrius était jeune! Cela se ressentait particulièrement dans la fougue qu’il avait et  qu’il mettait en œuvre dans son travail. Mais de la même manière que c’était un avantage dans certaines situations, cela pouvait clairement le desservir. Ewan avait presque l’impression qu’il cherchait absolument quelques choses et quand bien même on lui montrait que ce qu’il recherchait n’était qu’un écran de fumée, il refusait de le voir.  Avec dix ans de moins peut-être que lui-même aurait ainsi réagit. Ewan se rappelait de ces jeunes années et de son débarquement aux Etats-Unis. Il était arrivé dans ce pays qui commençait à se déchirer entres différentes organisations, sans une seule information récente et n‘avait dû sa meilleure compréhension du paysage politique de la ville que grâce à Cecil. Cela avait bien entendu scellé leur amitié. Les années qu’il avaient passé à Chicago, au cœur même du territoire des Mages Fondateurs, restaient à ses yeux, les meilleures années de sa jeunesse. Il en avait appris beaucoup. Mais bien sûr, ça n’avait pas suffi à le décider à s’installer là-bas. Alors même qu’il s’acclimatait à la bouillante ville de Chicago, Cecil avait eu le temps de finir ses études et de se lancer dans sa propre inspiration politique. C’est à cette période, qu’Ewan était reparti. S’il était arrivé dans la ville en jeune chien fou, il avait appris à se discipliner entre temps. Ca n’avait pas toujours été simple.

Il était ensuite allé voir les fameux Partisans du Nouveau Monde et ne les avaient pas trouvé si intéressant. Leurs attentions étaient louable mais pour avoir vu l’envers du décor, Ewan pouvait avouer qu’il y avait plus de noirceur que n’importe où. New York n’avait été qu’un avant-goût de ce qu’on pouvait trouver chez les Partisans du Nouveau Monde. C’est à New Phoenix qu’il vit réellement ce qu’était le côté sombre de la ville. Il y avait tout un trafic grouillant et juteux où l’argent coulait à flot et où, s’il on était malin, on pouvait très vite fortune. Ewan le savait. Il était à sa manière un parrain de mafia, dans la ville de Nashville. C’est à New Phoenix qu’il avait fait ses armes. C’était l’endroit rêvé pour se faire les dents. Il y avait de tout : du malfrat, du voleur débutant au plus expérimenté, des dealers, des bookmakers et de l’ indic pour n’importe quelle information. Pour monter dans la chaîne des dirigeants de l’ombre, Ewan avait commencé au plus bas de l’échelle et avait petit à petit monté les grades grâce à un peu d’astuce, beaucoup d’habilité et énormément de mensonges. Il était un homme qui n’avait pas peur d’user du mensonge pour obtenir ce qu’il voulait et le fait qu’il soit quelqu’un de secret était une qualité qu’il l’avait fait se faire remarquer… peut-être un peu trop.

Cyrius en cherchant à s’attaquer au mensonge que représentait la fausse accusation que Benjamin Heel était plongé dans le trafic du sang de vampire, se rapprochait dangereusement d’un adversaire bien plus dangereux que ce politicien de pacotille. Ewan avait vu de loin que les Travers, s’il n’était peut-être pas impliqué dans le trafic, avaient sans aucun doute, un pied sur le marché noir et l’économie de l’ombre. Il avait à sa façon tenté de prévenir Cyrius mais si le jeune idiot qu’il était voulait s’avancer un peu plus sur ce chemin, il allait devoir être un peu plus prudent et plus respectueux ou il risquait de finir en viande froide dans une ruelle sombre. Ca n’avait que peu d’importance pour Ewan. Il avait tout un tas d’autres clients et son propre marché noir sur Nashville. Ce n’était pas un saint. Le sorcier n’était pas là pour sauver la veuve et l’orphelin. Il était là pour l’argent et rien d’autre. Ewan savait qu’il avait déjà fait ses preuves dans le métier. Personne sain d’esprit, ne venait faire la loi à Nashville et s’imposer sur le marché sans se confronter à lui. En cela, il était bien trop moldu. Etre sorcier, n’avait de l’intérêt qu’en certaines situations. Ca ne l’avait pas empêché de se faire violemment bousculé ( c’est-à-dire qu’il avait dû rester bien plus longtemps que prévu dans un de ces hôpitaux froids et peu sécurisés) lorsqu’il était à New Phoenix et qu’il avait essayé de marcher sur les plate-bandes de ce qu’il supposait être les parts des Travers.

Après sa petite tirade sur le fait qu’il le payait pour qu’il lui donne des informations et pas des mises en doute sur son objectivité, Cyrius avait tiré une moue contrarié pour lui montrer qu’il n’était pas content de ce qu’il avait reçu comme information. Ewan ne releva même pas un sourcil devant ce spectacle. Il tira juste un bouffé de plus de sa cigarette, en essayant de s’imaginer avec dix ans de moins à la place de Cyrius. Très difficile à imaginer. Il avait beaucoup trop changé entre temps. Autrefois il n’y avait que l’Ewan de la lumière un peu teinté d’ombre. C’est en s’arrêtant chez les Partisans du Nouveau Monde qu’il avait finalement pu se rendre compte qu’il était en fait deux faces d’une même pièce. Il y avait sa face public qui plaisait et qui le faisait paraître sympathique, puis il y avait l’autre face plus privé qui était le visage qu’il utilisait pour effectuait son fond de commercer dans l’économie de l’ombre. Ewan savait qu’un jour une des faces l’emporterait sur l’autre. Il y avait fort à parier que c’était la lumière qui allait finir par disparaitre. Il n’y avait pas grand-chose qui le retenait d’abandonner le manteau qui le gênait un peu aux … de sa face publique. Cecil et Désirée étaient les seules à l’avoir connu avant qu’il ne soit cette dualité étrange qui avait toujours sommeillé au fond de lui.

Il trouvait presque amusant que Cyrius essaie tant bien que mal de l’écouter mais qu’il ne finisse quand même pas être persuadé d’avoir raison. Il aurait pu sourire si c’était dans son caractère (ce qui bien entendu ne l’était absolument pas). Il appréciait que le jeune homme se dévoue à ce point pour son journal mais il  n’était pas sans faute. Il pouvait se parer de son objectivité de journaliste mais il restait qu’au final, il était un homme tout simplement. Et de ce fait il avait aussi les défauts qui appartiennent à l’espèce humaine. L’orgueil n’était pas un vain mot et chacun y était confronté un jour où l’autre. Cryius pouvait porter des œillères si ça lui faisait plaisir. La vérité c’était qu’il plaçait la vérité de quelqu’un d’autre devant les informations d’Ewan.  Le sorcier n’avait jamais eu de camps et ne s’était allié à personne parce qu’il ne voulait pas se retrouver dans la position inconfortable de celui qui doit trahir si les choses se passent différemment et contre ses propres convictions. La preuve avec tous ces Partisans du Nouveau Monde qui se trouvait le cul entre deux chaises après les révélations de Victor Yaxley sur leur leader. Et encore, ces braves gens ignorait que leurs territoires comme les autres étaient aussi gangrené par des marchés noirs et des économies de l’ombre qui engrangeait plus d’argent que le bien commun pour tous.

Au lieu de chercher à mettre Benjamin Heel sur la sellette, il aurait été plus intéressant de trouver la composition du sang de Vampire. Cela aurait permis de mieux savoir vers qui se diriger. Pour Ewan il semblait évident que Benjamin Heel n’était que l’agneau qu’on allait sacrifier sur l’autel de la protection du trafic. C’était un jeu utilisé par tous les industriels peu scrupuleux et les criminels. Il le savait. Il en était un. Mais il n’avait pas vraiment envie d’en dire plus. De toute évidence, Cyrius ne voulait pas l’écouter et il n’était pas sa nourrice. Ewan avait d‘autres choses à faire que d’empêcher le journaliste de se lancer tête baissé dans de fausses acquisitions qui jetterait le décrédité sur son journal quand il s’avérait qu’il s’était attaqué à la mauvaise personne en laissant els véritables criminels s’en tirer et continuer leur juteux marché. Que le gamin se débrouille et plonge les mains dans le cambouis. Il n’aurait qu’à espérer qu’il ne se retrouve pas noyer dedans. Le trafic de drogue était un trafic millénaire. Il n’y avait jamais eu personne pour le mettre à mal. Pour la goutte du diable, il y avait un marché sans équivalence. Il avait même entendu dire que le marché avait dépassé les frontières des Etats-Unis et qu’il y avait eu quelques cas au Mexique. Il tira une dernière bouffé de sa seconde cigarette et l’écrasa dans le cendrier avant de prendre la parole :

« Je pense qu’au contraire mes questions sont les bonnes au vu de ce que j’ai découvert. Libre à toi d’en tirer tes propres conclusions. Je t’explique ce que tu peux trouver, tu ferras ce que tu voudras avec ça. » Il sortit une troisième cigarette. Il en était à presque deux paquets par jour. « En ce qui concerne Heel, il n’est qu’un ambassadeur d’une organisation diamétralement en opposition avec la tienne. Sa position il la doit plus que probablement à sa propre organisation. Il n’a nul besoin d’aller chercher l’appui des Partisans. Mais il est vrai que les récents événements nous ont montré qu’il n’y a pas de grande différence entre les Mages et les Partisans si ce n’est que les premiers disent tout haut ce que les seconds cachent derrière des mensonges.  Cela pourrait être les Travers (bien que j’en doute), admettons. »

Il réfléchit un instant en pesant le pour et le contre d’avouer à Cyrius ce qu’il savait des Travers de sa propre expérience. Il contempla la fumée qui était de plus en plus importante avec ce que les deux hommes fumaient. Bien sûr, il n’y avait pas de réponse correcte que l’on pouvait déchiffrer dans cette fumée. Ewan décida de se taire. Il n’avait pas eu à chercher d’informations sur les Travers. Cyrius voulait le payer pour des informations sur Heel et c’est ce qu’il avait fait. Peut-être que la meilleure manière qui pourrait servir de leçon à Cyrius c’était de se confronter réellement à l’organisation des Travers. Lui ne s’y risquerait pas. Pour le moment, la goutte du diable n’était pas encore trop importante sur Nashville. Ewan et les quelques autres parrains de l’ombre n’étaient pas très accueillant envers les dealers qui vendaient cette drogue. Aucun d’entre eux ne recevait la moindre part d’argent dessus, alors ils n’avaient aucun intérêt à laisser un business étranger fructifier sur leur territoire. Cyrius restait persuadé que le pouvoir des Travers se traduisait quelques part sur la scène politique en ne voyant pas que échiquier de la politique est bien plus vaste qu’on ne le croit. Ils seraient bien trop observés s’ils prenaient un poids plus important en politique. S’il avait été l’ainée Travers, Ewan aurait plutôt compté sur la jeune sœur qui était marié à un personnage politique, pour servir les intérêts de la famille en tirant les ficelles. Le sorcier se demandait si Cyrius avait révisé ses fiches avant de venir. Il restait persuadé que c’était les Partisans qui appointaient les ambassadeurs des autres factions alors que de tout temps les ambassadeurs sont décidés par les autres factions. S’il cherchait le marionnettiste peut-être devrait-il regarder du côté des liens entre Hell et les membres du conseil des Mages Fondateurs. Il finit par aiguillonner le jeune homme vers la plus probable des réponses face à son interrogation sur le lien entre Heel et les Travers.

« Il me semble évident que cette rencontre était pour la galerie. Les gens comme toi et moi qui nous mêlons de ce qui nous regarde pas. C’est tellement cliché que ça ressemble à un mauvais film de série B. Se rencontrer la nuit dans le lieu du crime… Seul un débutant dans ce genre de marché alternatif ferrait une telle erreur. »

C’était la seule hypothèse véritable. Franchement, Ewan n’aurait jamais fait un truc aussi débile. Déjà qu’il acceptait de rencontrer Cyrius à trois heures du matin c’était déjà un risque. Les bonnes rencontres, pour le genre d’affaire qui engageait de l’argent et de un bien illégale et/ou illicite, étaient sans aucun doute à faire en plein jour, au milieu d’une foule dense et ne devait pas durer plus de quelques minutes. On utiliserait aussi des intermédiaires au maximum. Mieux valait eux derrière les barreaux que les têtes pensantes. Bien sûr, rien n’excluait que Benjamin Heel était un idiot profond qui ne connaissait pas les règles élémentaires. Mais il doutait que ça soit le cas des Travers. A sa manière, Ewan avait une certaine admiration pour le génie de cette famille. Ils avaient terriblement bien joué leurs cartes jusqu’à présent et avaient monté un empire de rien du tout. Pourquoi commencer à faire des erreurs alors que le regard de tous était  braqué sur les Partisans du Nouveau Monde. Ça serait un très mauvais jeu. Non, tout semblait porter à croire que l’ambassadeur Heel allait être jeté en pâture à la foule grâce à Cyrius et son journal. Il devait avouer que le plan était très bien monté. Que ça soit les Travers ou quelqu’un d’autre qui soit à la tête du trafic de la goutte du diable, cette personne savait bien qui était les pions sur le jeu. Quelqu’un de particulièrement rusé et qui connaissait bien la personnalité du journaliste pouvait envisager de l’utiliser pour servir ses intérêts. Il se demandait qui pouvait bien être la source qui semblait avoir tant convaincu le journaliste de le croire. Est-ce qu’il avait seulement vérifié que ce n’était pas sous l’effet d’une quelconque drogue ou magie que sa source n’avait pas livré ses informations.

« En effet, le hasard est assez rare pour qu’on s’en méfie. » Acquiesça Ewan magnanime devant la fameuse révélation de la mort par overdose de l’ex petite amie du frère de l’ambassadeur.

Pour sa part il utiliserait l’information que si Heel se débarrassait de l’actuelle petite amie du frère ou du frère lui-même pour que ça soit véritablement une preuve. Ewan avait grandis dans un milieu ou la drogue sert à tout et n’importe quoi. Il y avait des drogués de bien des choses et ils n’ont pas toujours le profil type du drogué. Franchement ça ne le choquait pas plus que ça que cette femme soit morte d’une overdose. Qui sait quel secret elle –même avait. Elle pouvait très bien être arrivée à cacher ça pendant des années et ne trouver que la libération grâce à l’effet des drogues. On lui avait raconté que la  goutte du diable vous offrait le trip le plus important de votre vie. Ewan avait déjà une drogue trop prenante dans sa vie pour être intéressé par autre chose que l’argent et l’or. Mais il savait ce que c’était que de ressentir le besoin d ‘assouvir un besoin sourd. C’est une voix insidieuse qui vous parle à l’esprit à chaque minute que l’on soit éveillé ou en train de dormir. Elle s’installe dans tous les aspects de notre vie et plus on la satisfait plus elle devint gourmande jusqu’à ce que la gloutonnerie vienne à bout du corps et de l’esprit. Sa propre drogue lui voudrait bien un jour ou l’autre de passer l’arme à gauche. L’argent attire les envieux et les adversaires. Un jour, l’un d’eux, serait plus intelligent que lui ou plus vif et viendrait à bout de lui. Il était prêt pour ça. Ewan savait que même les meilleures choses ont une faim. Il était clairement à une période de plénitude où la faim était repus facilement mais viendrait un moment où elle en voudrait plus et il serait alors à même de faire des erreurs. Un peu comme ce qui se passait pour celui qui était à la tête du trafic de la goutte du diable. Il se faisait des ennemies : les défenseurs de la vérité, les familles des défunts, les vampires et ceux qui se mêlent de tous ce qui leur regarde pas.

« Ta source devait vraiment être très fiable pour que tu accordes beaucoup d’importance à son avis. Mais je reste sur mes positions. Mon avis personnel, c’est que Heel est loin d’être aussi impliqué que tu l’entends. C’est probablement un arriviste et il bénéficie probablement d’appuis mais je suis certain que ça n’a rien avoir avec les Travers. Je peux trouver à chacun de tes arguments des moyens de les réfuter et cela me prouve qu’il est plutôt l’agneau qu’on sacrifie pour occuper quelqu’un pendant que quelque chose se trame derrière. »

En fait il y avait de nombreuses raisons qui pourraient expliquer que l’on donne à Cyrius cette information pour qu’il s’acharne sur le pitoyable Heel. Il était plus que probable que la personne savait que le journaliste se tournerait vers quelqu’un pour chercher les informations qu’ils cherchaient. Le problème c’était qu’on ne pouvait savoir s’il avait envisagé aussi la personnalité des informateurs. Ewan n’était pas le plus connus mais il avait sa petite réputation. Il se demanda si Alexei ou Hawke auraient avoué leurs pensées à leurs clients. On ne pouvait pas toujours rester de marbre et se taire. Certains comme Palloc donnait les informations après avoir reçu le chèque et partait sans demander leurs reste. D’autres comme Armand ne donnait les informations que s’ils étaient en accord avec elle. Alexei et Hawke étaient les plus respectables du lot et Ewan avait appris à apprécier leurs travails autant qu’eux en avait à son service.  Alexei était plus proche de sa personnalité mais lui avait depuis longtemps abandonné le manteau de la lumière et était juste un être de l’ombre qui vivait au sommet de sa tour d’ivoire et n’en descendait jamais. Hawke quand  lui n’avait pas du tout cette façon de procéder. Il était plutôt du genre à se salir les mains. Il était aussi un lycan et n’avait pas la même complaisance qu’Alexei pouvait avoir. C’était deux hommes bien différents qui effectuaient avec la même rigueur leur travail. Si leurs clients se perdaient sur un mauvais chemin, ils auraient probablement dis leurs avis parce qu’un bon informateur vous préviens si vous aller vous planter dans un mur. Après le reste vous regardait.

« Celui qui tire les ficelles du trafic doit être sur un très gros coup ou alors quelque chose s’est passé dans la chaine de fabrication qui met à mal pendant un court temps le business. C’est l’un ou l’autre qui justifie qu’on occupe la scène publique avec un accusé. Pour quelqu’un à la tête d’un tel trafic je n’aurais aucun besoin de financement alors que la machine est bien lancé et très enrichissante. Heel ne sert à rien. Par contre c’est un très bon pion. Je n’aurai aucun scrupule à me servir de sa bêtise personnelle et de son histoire pour l’accuser. Je trouve qu’il est parfait dans ce rôle. » Finit par dire Ewan.

En effet, le sorcier n’était pas du tout attaché à ceux qui comme lui pratiquait la magie. Il se fichait bien de ce qui pouvait arriver aux sorciers. Ewan avait déjà trop longtemps vécu comme un moldu pour tirer la moindre fierté d’être sorcier. C’était juste pratique d’avoir un avantage parmi certains autres. Par contre, il pouvait apprécier de voir le travail de quelqu’un d’autres comme lui qui faisait son beurre sur le dos des autres. Ewan ne c’était jamais lancé dans la vente des drogues. Ce n’était pas un marché qui l’attirait. Même si l’argent qu’on en tire est excellent, il n’y voyait aucun intérêt et c’était bien trop dangereux. La réussite d’une telle entreprise avait une durée de vie bien trop courte. Les jeux d’argents étaient plus sûrs et moins détestés. On se faisait de l’argent plus doucement par ce biais mais on avait moins d’ennuie. Ce qui était somme toute plus intéressant pour Ewan. Parfois, il se demandait si la drogue ne l’intéressait pas parce que dans la culture des sorciers c’étaient un trafic moins important que dans la tradition moldu ou si c’était parce que sa propre drogue était bien différente.

« Je ne peux rien ajouter de plus. Par contre si tu tiens vraiment à t’intéresser de plus près à ce trafic je t’ai mis le nom de deux contacts qui pourraient te renseigner davantage sur la drogue en elle-même. Il y a le nom de John T. Blanco qui est un détective privé. Il enquête sur l’affaire depuis plus longtemps que moi. Tu pourras toujours essayé de tirer des informations de sa part. Sinon il y a le nom de Ryan C. Jagger. C’est un scientifique. Il s’intéressé de près aussi à la drogue pour des raisons personnelles. » Ajouta le sorcier.

Il avait donné tout ce qu’il pouvait à Cyrius. Ewan jeta un regard au journaliste et ensuite à l’enveloppe. Il n’était même pas certains que l’argent qui se trouvait dedans couvre  tous ce qu’il venait de donner au jeune homme. Celui-ci pensait peut-être qu’on trouvait des informations en suivant un peu les personnes et en utilisant des jumelles. Mais c’était bien plus compliqué que ça. Il fallait sans cesse vérifier les informations pour voir que tous ce concordaient. Ewan ne donnait que des informations qui pouvaient être vérifié et jamais contredites. Il ne faisait pas un travail rapide et son intégrité dans ce boulot n’était pas à refaire. Parfois, il devait avouer qu’il ne bossait pas toujours pour faire plaisir à ses clients. C’était son seul défaut dans son travail.

FICHE PAR CENTURY SEX

Dis-moi ce que tu sais, je te dirais ce que je sais

Ewan l'avait écouté le contredire avec un certain intérêt, tout du moins, s'il se fiait à la lueur très vivace qui brulait dans le fond de ses pupilles. Ewan était de ces hommes qui ne laissaient transparaitre que bien peu de sentiments. La contrariété, la colère, l'amusement, la tristesse, la joie,... étaient autant d'émotions qui ne transparaissaient jamais sur le visage du barman, ou tout du moins que le journaliste ne lui connaissait pas. Cyrius était prêt à parier que sa mâchoire se briserait et que la peau de son visage craquerait dans une grimace hideuse s'il devait essayer ne serait-ce que d'esquisser le moindre sourire. Guillaume Apollinaire avait écrit « lorsque la neige sera noir et le corbeau blanc, je cesserais de t'aimer, mais pas avant ». Pour sa part il avait très envie d'écrire « Lorsque la neige sera noir et le corbeau blanc, les émotions transfigureront le visage d'Ewan mais pas avant ». Toutefois, l'homme ne gardait pas réellement un visage impassible dénué de toutes émotions, bien au contraire. On disait des yeux qu'ils étaient le miroir de l'âme, à croire que cette expression avait été crée pour Ewan.
Si le visage de ce dernier ne reflétait aucune expression faciale pouvant trahir la moindre émotion, on ne pouvait pas en dire autant de son regard. Ses yeux bleus clairs étaient le reflet de ses pensées les plus profondes. De l'intérêt, de la colère, du dénie, de la sympathie,... Ewan n'avait pas besoin de formuler ses pensées pour se faire comprendre, son regard s'en chargeait pour lui. Il lui suffisait de poser ses yeux sur vous pour vous figer sur place, ou au contraire pour vous mettre en confiance. A l'heure actuelle, Cyrius ne sentait ni dans un cas, ni dans l'autre, toutefois il pouvait sentir de l'intérêt mais pas uniquement. Il avait la sensation que ces yeux de glace le jaugeaient tel un professeur mécontent de son élève dissipé qui osait contester ses enseignements et qu'il fallait rappeler à l'ordre.

Détendu, il expira une nouvelle veloute de fumée avant d'écraser sa cigarette dans le cendrier et de plonger son regard clair sur lui. Comme il s'y attendait, Ewan ne partageait pas du tout son opinion, mais il ne chercha pas pour autant à le convaincre d'adopter son point de vu, ni même à l'imposer. Tel un enfant buté et mécontent d'être contredis Cyrius fronça les sourcils d'irritation tout en observant son interlocuteur sortir une troisième cigarette de son paquet.
L'irlandais continuait de penser que Heel n'avait rien à voir avec cette histoire, le contredisant même quand à l'accès de sa position politique actuelle, mais ce que Cyrius aima le moins, ce fut lorsque l'homme associa les Partisans du Nouveau-Monde aux crimes commis par Yaxley et Rookwood trente ans plus tôt. Oser les assimiler, eux, aux Mages Fondateurs, était une insulte que le journaliste avait beaucoup de peine à encaisser. Sa mâchoire se crispa et son regard parlait pour lui. Il n'avait aucune envie d'entrer dans un débat qui pourrait mal se terminer vu les positions qu'affichait Ewan et qui commençait sérieusement à l'agacer. Voilà où l'on en était à présent par la faute de Yaxley et compagnie ! Les deux fondateurs de ce parti auquel il était si sincèrement attaché n'étaient en réalité que des usurpateurs, et par leur faute, ce n'était pas seulement leurs noms et leurs descendants qui s'en voyaient désormais entachés, mais bien tous les partisans que l'on soit sorciers ou moldus, qui voyaient leurs idéaux être bafoués sans vergogne.

Semblant attendre quelque chose, Ewan contempla la fumée de sa cigarette s'élever tout doucement dans la pièce avant de disparaître. Mais Cyrius avait choisi de ne pas répondre à la provocation, et garda le silence tout en affichant une mine contrariée. Son expression se renfrogna carrément lorsque Ewan lui fit clairement comprendre à quel point il était cliché de se rencontrer en pleine nuit. Il devait reconnaître que l'homme n'avait absolument pas tort et se voir comparer à un stupide débutant complétement demeuré l'avait piqué vif dans son orgueil, pourtant, et même si ça lui coutait de l'admettre, d'un point de vu extérieur lui aussi aurait trouvé cela suspect, et si ce n'était pas le cas, c'était tout simplement parce qu'il n'arrivait pas à douter de Cho. Tout ceci n'aurait été que de la comédie ? Non, il ne pouvait le croire, sa peur était bel et bien réelle, elle transparaissait dans chaque pore de sa peau, dans ses regard inquiet, dans le ton de sa voix,... il ne simulait pas, Cyrius était prêt à le parier. Toutefois, peut-être cette peur était-elle générée par autre chose, par des menaces ? Cela aurait pu être hautement probable si Travers avait su qu'il irait interroger cet homme, mais ça c'était absolument impossible. La seule personne a avoir été mise au courant qu'ils allaient interroger Cho était Cinder, et encore, il lui avait servit un gros bobard pour ne pas avoir à lui dévoiler sur le coup le véritable but de cet interview, sans compter qu'il avait toute confiance en elle. Et puis même sans ça, cette visite surprise chez le chinois s'était décidé comme ça, sur le coup du hasard, jamais elle n'aurait eut le temps d'avertir Travers. De plus Cho ne travaillait pas directement pour Travers puisqu'il était employé par une autre agence pour y faire le ménage. Non décidément tout ça ne collait pas. A moins de posséder des dons de voyance jamais Travers n'aurait pu deviner qu'il comptait interroger Cho. Il voulait bien admettre que tout ceci pouvait paraître gros et que cela ressemblait en tout point à un mauvais polard, mais il était convaincu que l'asiatique lui avait forcément dit la vérité.

Pourtant, il avait beau se résonner, le doute commençait sérieusement à l'envahir. L'idée d'être un vulgaire pion que l'on manipulait et trompait faisait naître en lui un sentiment de colère pourtant c'était quelque chose qu'il ne pouvait concevoir et encore moins admettre. Peut-être pêchait-il par orgueil mais il se jugeait bien trop malin pour se faire manipuler de la sorte. Non décidément, il ne pouvait concevoir que Travers ait pu prévoir tous ses agissements en amonts C'était impossible, il était rationnel, en toute objectivité, Zeus Travers n'aurait jamais pu deviner qu'il irait à la rencontre de Cho. S'il se mettait à douter c'est tout simplement parce que les arguments de Ewan tenaient du bon sens et que s'il avait raison c'était toute sa crédibilité journalistique qui était remise en cause.

Cyrius pensa être parvenu à convaincre l'homme que Benjamin Heel n'était peut-être pas aussi innocent dans cette histoire qu'il s'évertuait à le penser lorsqu'il fit référence au décès de l'ex-petit ami du jeune frère du politicien, pourtant, même s'il avait admis qu'il y avait rarement de fumée sans feu, il paraissait dubitatif et guère plus convaincu. Cyrius avait l'impression d'être un enfant qui essayait de convaincre son père du bien fondée de ses opinions. Il avait beau lui prouver qu'il avait raison et démonter ses arguments un à un, Ewan lui en dressait aussitôt d'autres qui contestaient encore et toujours ses dires.
Il soupçonnait l'irlandais de parvenir à lire ses hésitations qui commençaient à l'envahir sans la moindre peine, tout comme il avait pleinement conscience de savoir d'où elles provenaient puisqu'il évoqua la confiance qu'il plaçait en sa source, plutot qu'en lui, avec une pointe de contrariété.

- Serais-tu jaloux ? Se moqua-t-il tout d'abord

Ewan ne devait pas beaucoup apprécier de voir ses informations être un peu moins considérer que celles d'un illustre inconnu. Cyrius doutait-il de la fiabilité et de la qualité des informations que lui procuraient Ewan ? Absolument pas. Il avait toute sa confiance à ce sujet, par contre il n'en n'allait pas de même pour ce qui était de son jugement. Cyrius savait parfaitement comment travaillait Ewan, il savait que ses informations reposaient sur des preuves concrètes vérifiés entre 3 et 4 fois pour être sur de ne pas commettre d'impair. Mais son jugement personnel était quand à lui sommes toutes très relatif.

Si Cho n'avait été qu'un informateur au même titre que Ewan, cela aurait été Ewan qui aurait eut sans conteste sa préférence pour la simple raison qu'il n'y avait pas plus fiable dans le milieu. Cyrius lui faisait totalement confiance. Avec lui, il n'avait jamais eut la moindre mauvaises surprises ou pire encore des informations erronées, bien au contraire. Mais Cho n'était pas un indic, c'était plutôt un témoin. Un témoin qui n'avait absolument rien à gagner à faire ce genre de déclaration bien au contraire, il avait beaucoup à perdre, il n'avait absolument aucun intérêt à lui mentir. Peut-être que pour une fois, Benjamin Heel s'était montré beaucoup plus malin que lui et était parvenu à effacer toutes traces qui pourraient le relier d'une manière ou d'une autre aux Travers, raison pour laquelle Ewan n'avait rien trouvé. Ewan semblait si convaincu de l'innocence de Heel qu'il ne semblait même pas vouloir envisager qu'il puisse faire erreur.
Cyrius aurait bien aimé lui parler de Cho et lui expliquer les raisons pour laquelle il ne pouvait douter de ses informations mais il avait pour habitude de garder secret les identités d'absolument tous ses informateurs, et il ne ferait jamais d'exception, c'était une question de confiance et de respect entre lui et ses informateurs.

- Nul n'est plus fiable que toi, lui répondit sincèrement Cyrius. Lorsqu'il s'agit d'obtenir des informations, même les plus impossibles et les plus improbables, tu es le maître dans ce domaine, et tu as toute ma confiance, n'en doute pas un seul instant. Mais la personne qui m'a parlé de Heel et Travers n'est pas un informateur, il ne fait même pas parti de l'entourage de l'un ou de l'autre, et je reste persuadé qu'aucun d'entre eux ne connait son existence. Cette personne n'a aucune raison de me mentir bien au contraire elle a beaucoup à perdre et je suis prêt à parier que Travers ignore jusqu'à son existence, c'est pour ça que j'ai beaucoup de mal à tirer un trait sur ce qu'il m'a dit au profit de ton jugement. Mais je suis d'accord avec toi sur un point, Benjamin Heel est un arriviste et un opportuniste c'est justement pourquoi que contrairement à toi, je le soupçonne d'être très impliqué dans ce trafic de sang de vampire. Malgré tout, je ne peux nier que tes arguments se tiennent parfaitement

Raison pour laquelle le doute commençait de plus en plus à s'insinuer dans son esprit. Et si c'était Ewan qui avait raison ? Et si tout ceci n'était qu'une machination pour faire tomber Heel, et sa crédibilité journalistique par la même occasion ? Travers ferait d'une pierre deux coups. Mais comment aurait-il pu deviner vers qui il se tournerait pour chercher des informations ? Personne ne pouvait le savoir. Personne si ce n'est peut-etre un voyant.... Travers n'avait peut-être pas ce don mais peut-etre avait-il recourt aux services d'un voyant....
Plongé dans ses réflexions, Cyrius commença à se ronger l'ongle de son pouce droit. Et si c'était Ewan qui avait raison finalement, et s'il s'était fait manipuler comme un bleu depuis le début de cette affaire ? Les enjeux étaient beaucoup trop dangereux notamment pour lui. Il ne devait pas laisser tomber ni se laisser influencer par qui que ce soit, le plus sage était de repartir de zéro et de remonter à la source. Retrouver l'identité de cet anonyme qui lui avait fait parvenir tous ces documents compromettant pour Harmony

Ses tergiversations internes furent interrompues par Ewan qui mettait fin à leur entretien, en l'informant qu'il ne pouvait rien de plus pour lui. Avec intérêt, Cyrius sortit les documents faisant référence aux deux personnes que Ewan l'invitait à contacter pour poursuivre son enquête. Le premier était un détective privé et le second un scientifique, voilà qui était intéressant. Il ne doutait pas que ces deux hommes pourraient beaucoup lui apporter, et puis, il pensait à quelqu'un d'autre également, un homme qu'il n'était pas facile d'approcher, ou serait-il plus juste de dire un vampire. Une chance pour lui, il pourrait faire jouer ses relations qu'il a avec sa fille Ilaria pour obtenir une entrevue.

- Je te remercie, fit Cyrius.

Le journaliste ne faisait pas uniquement référence aux documents qu'il détenait entre ses mains, ni même aux noms que Ewan lui avait procuré, mais bien à cette discussion, à cet échange de point de vu, durant lequel Ewan l'avait forcé à reconsidérer les choses comme acquit. Cho lui avait-il mentit ? C'était une possibilité qu'il n'avait absolument pas envisagé et à laquelle il se refusait de croire mais qu'il était à présent obligé de prendre en considération. Il était prêt à parier que Ewan se trompait et il entendait bien le lui prouver et pour se faire il devait tout reprendre depuis le début. Si pour d'autres tout ceci n'était qu'une perte de temps, pour Cyrius au contraire c'était une façon de bien vérifier la crédibilité et véracité de ses sources avant de les publier.

- J'ai un autre travail pour toi Ewan, j'aimerai que tu me retrouves quelqu'un. Une personne m'a mise sur la piste d'Harmony. C'est quelqu'un qui y travaille et cette personne m'a fait parvenir des documents prouvant qu'il rentre bien plus de sang de vampire qu'il n'en n'est déclaré. Je veux retrouver cette personne et connaître les raisons qui l'ont poussé à me contacter. Je veux savoir si quelqu'un essaie de me manipuler comme tu sembles le sous-entendre.

Et si cette personne n'était autre que Benjamin Heel ? Et si Ewan se trompait de bouc-émissaire ? Et si c'était l'inverse ? Et si c'était le politicien qui voulait faire tomber les Travers a sa place ? Rien de plus facile après tout, surtout lorsque l'on connaissait les nombreux soupçons que suscitaient les laboratoires Harmony depuis sa création. Décidément il en revenait toujours à Benjamin Heel.

Il allait repartir de zéro dans cette enquête, revoir ses théories et n'avoir aucun apriori. Il se devait absolument de rester objectif dans cette affaire, du moins autant que possible tout en rester ouvert à toutes les hypothèses qui se présenterait, et pour se faire, il allait encore avoir besoin des services de Ewan.

- J'ai toujours pensé, que les Travers étaient impliqué dans le trafic du sang de vampire, et je ne suis pas le seul. Les laboratoires "Harmony" ont été l'objet de nombreuses enquêtes que ce soit par les forces de l'ordre ou par des journalistes qui comme moi, étaient désireux de faire la lumière sur cette affaire. Mais tous s'y sont cassés le dents, au début je pensais que c'était uniquement parce qu'ils avaient mal cherché et que les Travers s'étaient montrés beaucoup plus malin qu'eux, mais maintenant je commence par me demander si toutes les cartes n'étaient pas faussées depuis le départ. Je vais reprendre cette enquête depuis le début en oubliant mes aprioris, et pour commencer je dois à tout prix découvrir qui m'a envoyé ces documents en me mettant sur la piste d'Harmony, des Travers et pour quelle raison. Est-ce tu peux m'aider ?

Certaines histoires reposent sur une vérité, d'autres sur un mensonge

Cyrius était un jeune homme plein de fougue et cela lui rappela un instant combien il avait eu ce genre de sentiment plus jeune. Mais il n’avait plus vingt ans et il avait vu suffisamment de choses en ces dix ans pour savoir qu’il ne pourrait jamais revenir à ce stade-là de sa vie. C’est d’ailleurs fort de son expérience à New Phoenix pendant quelques années qu’ils avaient compris qu’il valait mieux pour Cyrius de ne pas trop fourrer son nom dans les affaires de ceux qui sont les plus puissants dans cette ville. Quoique que puisse faire Benjamin Heel dans la politique de cette bonne vieille Amérique, c’était négligeable et peu important. Il avait fait son travail et il voyait bien que Cyrius accordait beaucoup de foi à son contact quel qu’il soit. Il était amusant de se dire que son travail d’informateur lui permettait d’avoir un œil sur la politique du pays alors même qu’il se fichait bien de savoir ce qu’il pourrait arriver. Sa neutralité et son travail lui permettrait toujours de s’en sortir peu importe qui serait le grand gagnant entre les différentes factions qui se partageait le pays. Il contempla le journaliste et quand celui-ci l’accusa d’être jaloux de sa source, il se rendit compte à quel point il était jeune car, derrière cette bravade moqueuse, on pouvait presque sentir l’enfant qui n’a plus d’argument pour contrer les arguments d’un adulte.

Cela le plongea un instant dans le passé quand lui-même était ce genre de garçon. C’était l’origine de son départ d’Angleterre. Il avait envie de croire ce qu’il voulait au détriment des paroles et de la sagesse de son Professeur. Ewan rêvait d’aventure et d’or dans ses mains. Birmingham était une trop petite ville et il avait l’impression de s’enterrer dans un futur sans âme. Le Professeur et sa mère souhaitait le voir épousé Désirée, fonder une famille, prendre un poste au ministère de la magie ou bien à la banque et perpétuer le nom de sa famille. Mais lui ne voulait pas de cette vie sans saveur. Il avait l’impression qu’il n’y aurait pas de véritable intérêt à vivre cette vie. Il souhaitait autre chose. L’irlandais avait tenté d’expliquer son point de vue à son Professeur et celui-ci lui avait expliqué A par B à quel genre de vie il allait s’exposer à courir après son obsession de l’or. Il n’avait pas eu tort mais cela, Ewan n’avait pas voulu l’entendre. La jeunesse se moque bien de la sagesse car elle se croit plus forte et plus impétueuse. Il retrouvait ce genre d’attitude dans la manière dont se comportait Cyrius. C’était à la fois touchant et terriblement agaçant. C’est aussi comme de se contempler quelques années auparavant.

Il trouvait amusant que Cyrius s’imagine en savoir plus avec le peu d’informations qu’il avait à sa portée. Le gamin ferait mieux de se concentrer sur le véritable artisan de la goutte du Diable plutôt que de perdre son temps avec l’ambassadeur des Mages Fondateurs.  Ewan avait lui-même sa petite idée sur l’artisan ou les artisans de ce travail.  Si autrefois il aurait eu la fougue et la folie de fouiller par curiosité malsaine pour le découvrir, aujourd’hui il se refusait à le faire. Déjà parce que son instinct lui faisait qu’il n’aimerait probablement pas ce qu’il découvrirait mais aussi parce qu’il avait suffisamment d’une occasion à nourrir pour ne pas y rajouter la curiosité. Son travail d’informateur n’était qu’un à côté par rapport à son autre métier de l’ombre. Il savait que le journaliste faisait plus que ce qu’on pouvait lui demander. Il s’agissait véritablement d’une passion qui virait presque à l’obsession aussi. Il comprenait cela et en même temps il se doutait que tout comme lui, Cyrius finirait par fouiller dans le passé ou les activités de la mauvaise personne : celle qu’il ne faut pas embêter. Son vieil instinct lui disait que l’affaire de la goutte du Diable pourrait être le reportage de trop pour le journaliste.

« Pour être jaloux, il faudrait que je désire fortement être le meilleur et l’orgueil n’est pas mon défaut principal. Je suis juste un peu surpris que tu me demandes d’effectuer un travail qui au final ne te convient pas car il ne correspond pas vraiment à ce que tu recherches. » Répondit calmement Ewan.

Cyrius lui assura qu’il avait confiance en la fiabilité de ses informations. Il reconnaissait que son travail était toujours parfait. En effet, Ewan pensait que tout travail mérite salaire. Si son travail est excellent, son salaire se doit de l’être tout autant. Cela pouvait paraître petit mais l’homme travaillait uniquement pour l’argent. Même s’il appréciait la fougue du journaliste et le trouvait aussi touchant qu’on pourrait  le trouver pour un petit chiot, il ne travaillait pas pour ses beaux yeux. Son intérêt était le premier avant tout. Il avait fait ce qu’il pouvait pour lui montre la voie, à lui de choisir son chemin. Le jeune homme fini par lui avouer que son informateur n’en était pas vraiment un ce en quoi Ewan fini par déduire qu’il s’agissait d’une simple personne sans aucun pouvoir ou force dans l’échiquier politique ou économique de ce pays. Ce qui ressortie de son discours c’est qu’ils allaient devoir accepter d’être en désaccord sur la question de Benjamin Heel. Après que le journaliste le quitterai, il oublierait jusqu’à l’existence même de l’ambassadeur. Il se fichait bien des Mages Fondateurs.

Par contre il se doutait que ça ne serait pas le cas pour le journaliste. S’il était lui, il se mettrait bien loin de la route d’un Travers. Il n’avait pas beaucoup connu Zeus Travers car, il ne le fréquentait pas. C’était de son frère ainé qu’il était le plus proche.  Hadès était la raison pour laquelle il avait été si proche pendant un instant des Travers et pourquoi il savait qu’il valait mieux ne jamais être trop lié à eux. Il y a des personnes qu’il vaut mieux éviter de peur de se brûler les ailes. Il en avait fait les frais et même s’il ne regrettait pas d’avoir fait ces folies, il savait que les Travers étaient des êtres puissants et mystérieux. Toute la fratrie est liée et secrète. Peu importe quel genre de trafic ils faisaient dans leur petite tour, il était certain qu’il n’aimerait pas trop voir la petite fouine, qu’était le journaliste, tourner autour de leurs affaires. Il prédisait un destin peu glorieux au gamin mais qui sait peut-être était-il mieux armer pour ce genre de problème qu’il ne semblait l’être. Il mettra fin à leur entretien sur la question et en lui donnant le nom de deux contacts qui pourraient l’aider à poursuivre ou arrêter ses recherches. Il hocha la tête face aux remerciements de Cyrius qui était bien moins intéressantes que son argent.

« Je verrais bien ton journaliste ce qu’il en est. Il me restera à attendre de voir où ça te mènera. » Conclue le parrain de l’ombre de Nashville.

Il allait se lever et ouvrir la porte pour laisser partir Cyrius et entamer la seconde moitié du début de sa journée quand celui-ci reprit la parole pour lui demander de s’impliquer dans un autre travail. Il aurait accepté. Tant qu’on mettait le prix, il pouvait trouver n’importe quelles  informations. Il y avait toujours quelqu’un pour l’aider à trouver ce qu’une personne désirait. Cependant quand il entendit que cela pourrait concerner les Travers, il hésita un instant. Le passé semblait trop souvent le rattraper ses derniers temps. Il ne voulait pas vraiment il y retourner. Le passé c’est le passé et il préférait qu’il le reste. Le présent ne devrait jamais être  embêté par les échos d’autrefois. Il pensait en avoir fini avec eux. Ils étaient à New Phoenix et lui à Nashville. Même leurs petites affaires ne se frôlaient pas. C’est pourquoi trouver la personne, qui avait mis sur Cyrius sur la piste d’Harmony et des Travers, l’embêtait particulièrement en cet instant précis. Ewan eu un instant un refus sur les lèvres prêt à sortir. Il ne voulait pas vraiment fouiller dans les affaires des Travers de près ou de loin. Le faire pourrait se révéler un peu trop périlleux.

Cependant d’un autre côté cela pourrait lui être utile d’avoir toutes les cartes en mains afin de pouvoir s’en sortir si les choses ne tournaient pas dans le bon sens. Il n’était pas certain que les Travers accepteraient qu’il s’implique dans leurs affaires à nouveau après avoir quitté la protection rassurante et stimulante d’Hadès. C’était une folie et il n’était pas certains qu’il pourrait être assez bien payé pour ça. C’est pourquoi il pesa soigneusement chacun de ses mots et se décida :

« Je vais devoir refuser. Ce n’est pas que je ne veuille pas le bien de ton journal et de tes reportages mais je doute que tu es suffisamment d’argent pour que je m’implique autant à rechercher des informations sur quoi que ce soit ayant un trait avec les Travers. Je ne dis pas que c’est impossible mais la somme que je réclamerais pour cette affaire dépasse de loin ce que tu pourrais me fournir. Il te faudra trouver quelqu’un d’autre pour cette affaire. » Répondit-il en toute franchise « Maintenant il va falloir que tu y aille. Je ne peux que te souhaite bon courage, pour le reste, il faudra que tu te débrouille. »

Ewan congédia Cyrius. Nul doute qu’il entendrait à nouveau parler de lui. Il doutait que le journaliste se satisfasse d’un obstacle. Il était désireux de trouver une réponse.

FICHE PAR CENTURY SEX