Blottit l'un contre l'autre sous une couverture qui les réchauffait, au centre d'un cercle magique aux flammes gigantesques et infranchissables qui dansaient tout autour d'eux, ils étaient à l'abri des wendigos qui les traquaient. Blessés, épuisés, ils se trouvaient au coeur d'une forêt qui, sous le manteau obscure de la nuit qui les recouvrait, aurait pu paraître hostile à n'importe qui, surtout avec les sons inquiétant qui leur parvenaient, pourtant, malgré tout ce qu'ils venaient de traverser, ils se sentaient bien et en sécurité. Le pire était enfin derrière eux. Zachary savoura ce contact procuré par  corps de Livie pelotonner contre le sien. La tête de Livie reposait sur son épaule, pendant que sa main enveloppait ses frêles épaules sous cette couverture qui les enveloppait. Il était heureux de revoir le charmant petit sourire de Livie revenir sur son visage, ça lui donnait envie de sourire également. Ils avaient vécu une aventures aussi effrayante qu'exaltante qu'ils n'étaient pas prêt d'oublier. Lorsqu'il s'excusa pour l'attitude qu'avait eut son père envers elle, Livie prit immédiatement la défense de ce dernier. Selon elle, il avait eut raison d'agir comme il l'avait fait.

Zachary comprenait parfaitement ce qu'elle voulait dire mais il estimait que ce n'était pas à son père de lui faire la morale. C'est vrai, ce soir, ils avaient vu la mort de très prêt, et à de nombreuses reprises d'ailleurs, mais il n'était vraiment pas nécessaire de les asséner d'un sermon concernant leur stupidité et irresponsabilités. Ils étaient les premiers à reconnaître qu'ils avaient été trop loin, et à savoir mieux que quiconque, qu'on ne les y reprendrait plus. Livie aurait surement le droit à un sermon carabiné de la part de sa mère en rentrant, il n'avait pas besoin d'en rajouter une couche ce soir devant tout le monde.
Il déposa un baiser plein de tendresse sur le haut de son crane alors que machinalement, sans qu'il ne s'en rende compte, ses doigts caressaient son épaule dans un léger, doux et incessant va et vient. Il ne voulait qu'une chose à présent, c'est que tout redevienne comme avant. Et pour se faire, il commença à programmer de nouveaux projets pour les derniers jours de vacances qui les attendaient. Et l'une des priorités, serait d'apprendre à nager, à Livie. Pour se faire, le petit étang qui se trouvait derrière sa maison ferait parfaitement l'affaire. L'idée amusa la jeune femme qui lui fit remarquer non sans raison, qu'il faudrait déjà qu'ils échappent au sort d'emprisonnement qu'il les attendait. Zack tiqua dans une moue amusé. Elle avait pas tort, quoi qu'il arrive, avant de pouvoir s'amuser à nouveau ils allaient devoir affronter la punition qu'on leur réserverait, parce que la leçon qu'on venait de leur faire n'était qu'une petite mise en bouche ridicule de ce qui les attendait. Il ria de bon coeur avec elle, après  tout, quelque soit la punition qu'on leur réserverait cela ne pouvait pas être pire que ce qu'ils avaient déjà vécu, et puis, ils ne l'auraient surement pas volé. Il espérait juste que la mère de Livie ne serait pas trop sévère avec elle.

Leur rire cessa, lorsque leurs regards se croisèrent. Elle avait levé doucement ses yeux vers lui, et il lui était impossible de détacher son regard du sien. Il lui apparut clairement que Livie était la seule personne au monde qu'il voulait protéger plus que tout. Jamais il ne se serait pardonner qu'il puisse lui arriver quoique ce soit, surtout par sa faute. Il ne savait pas ce qu'il ressentait réellement pour elle où plutôt si, il le savait mais en réalité, il avait peur de le reconnaître. Peur qu'elle ne partage pas ses sentiments et peur qu'elle le rejette. A la rigueur, il pourrait le supporter, mais s'il perdait sa confiance, s'il brisait leur amitié... est-ce que ça en valait vraiment la peine ?
Comme pour l'encourager, Livie lui sourit et passa ses bras autour de son cou, tout en calant son adorable petite tête entre le creux de son cou et son épaule, intensifiant encore plus leur proximité. Elle n'en n'avait pas du tout conscience mais elle était entrain de le faire chavirer.

- Livie,... je....

Zach était perturbé, ses mots restaient coincés dans sa gorge, il était incapable de lui faire partager ce qu'il ressentait. D'ailleurs qu'est-ce que c'était au juste ? Qu'éprouvait-il réellement ? Etait-ce dut à l'adrénaline de cette journée ? A la peur procuré par l'angoisse de perdre un être cher ? La peur de frôler la mort ? Est-ce que ces sentiments qui faisaient soudainement surface en lui avaient toujours été là, mais qu'il n'en prenait conscience que maintenant ou ne se manifestaient-ils que parce qu'ils avaient faillit mourir ? Etaient-ils réels ou est-ce que son jugement était faussé ? Non, ils étaient bien réels

- Je voudrais...

Elle ne détachait pas son regard du sien, patientant. Il rapprocha lentement son visage du sien, le coeur battant à la chamade lorsqu'un hurlement déchirant s'éleva dans la nuit, le faisant sursauter en tournant son visage dans la direction d'où il provenait. Le retour à la réalité était brutal et lorsqu'il se tourna à nouveau vers Livie, il sut que le charme était rompu. Livie avait reprit sa place à ses côtés, rougissante, tandis que les quatre ombres familières et souriantes des hommes de sa famille apparurent derrière eux. Il était heureux de les revoir sain et sauf, mais qu'est-ce qu'il n'aurait pas donné pour qu'ils lui accorde juste quelques minutes de plus. Juste quelques minutes supplémentaires.

« C'est fini » avait murmuré Livie. Elle pu sentir une légère pression de sa main sur son bras tandis qu'il posa sa tête contre la sienne.

- Oui s'est terminé,  murmura-t-il à son tour.




L'aurore s'était levé lorsqu'ils transplanèrent tous dans la maison des Heel. Martha et Elisabeth avaient les yeux rougit d'avoir autant pleurer mais lorsqu'ils apparurent tous sain et saufs dans le salon, les larmes d'angoisses et de peur avaient laissé place à des larmes de joie et de soulagement.

- Par Merlin !! Vivants !! Vous êtes vivants !! C'était exclamé sa mère en sautant à son cou

- Je suis désolé, avait-il murmuré à sa mère conscient du soucis qu'il lui avait causé. avant de présenter ses excuses à celle de Livie

Puis, il s'était tourné vers la mère de Livie et lui avait humblement présenté toutes ses excuses, sans manquer de lui assurer que Livie n'y était pour rien. Il espérait de tout coeur qu'elle le croirait et de se fait, ne se montrerait pas trop sévère envers elle lorsqu'elle la punirait. Joey raccompagna les deux femmes chez elle, laissant les Heel en famille.

Fatigué, Zach, se reposa toute la journée. Il se réveillait de temps à autre, soit par un cauchemars soit par la douleur de la blessure causé par le Wendigo. Ses cauchemars n'étaient jamais répétitif mais ils étaient tous liés à cette fameuse journée. Soit il se voyait emmuré vivant dans le tunnel, soit il se faisait dévorer par une de ces créatures dont il pouvait sentir les griffes lacérer douloureusement sa chaire, soit, et c'était le pire de tous, il voyait Livie mourir sous ses yeux sans qu'il ne puisse rien y faire.  
Lorsqu'il se réveilla pour la énième fois en nage, en bondissant de son lit, vingt-quatre heures était passé depuis leur sauvetage. A ses côtés, il aperçut Benjamin qui se leva de sa chaise pour se pencher vers lui

-  Calme-toi, tu as encore fait un cauchemars, mais ça va c'est fini à présent.

- Ben... Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je veille sur mon petit frère quoi d'autre ?

Zachary se rallongea sur son lit, sans quitter son ainé du regard.

- Merci,... je sais que c'est toi qui m'a sauvé du Wendigo

- Tu as eut de la chance que l'on soit arrivé pile à ce moment-là. Vous avez eut beaucoup de chance tous les deux, enfin, quoique, on en reparlera quand tu auras vu la punition qui t'attend

Zachary ne pu qu'approuver silencieusement. De la chance ils en avaient eut énormément. Entre le serpent qui les avaient guidé hors de la Grotte aux Fées, le Basilic qui les avait protégé sans les tuer, la présence du lac perdu qui leur avait permis de s'enfuir tout en gardant les Wendigos à distance, où encore l'arrivée salvatrice de Ben alors que tout semblait perdu... Oui, ils avaient eut beaucoup de chance d'être toujours en vie mais aussi, aussi fou que cela puisse paraître, tout n'était pas négatif dans cette journée, ils avaient aussi eut de bons moments. Que cela soit lorsqu'ils avaient nagé dans le lac perdu sous le ciel étoilé, ou qu'ils s'étaient retrouvés blottit l'un contre l'autre dans cette couverture, et qu'il avait faillit....

- Qu'est-ce qui te fait sourire ?

- Rien.

Il mentait très mal, mais il y avait des choses qu'il préférait garder pour lui et il fut secrétement reconnaissant à Ben de ne pas insister. Changeant de sujet, pour son plus grand bonheur, Benjamin lui tendit alors l'édition du journal sorcier de la région, qui venait de paraître ce matin même, en lui disant de regarder l'article en page 4. Zachary s'exécuta et comprit immédiatement ce que son frère voulait lui montrer. Il y avait une photo de Benjamin et l'article relatait comment il avait participer au sauvetage de deux adolescents perdus dans la foret avec un groupe de trois autres sorciers. L'article expliquait également comment, à eux quatre, ils étaient parvenus à éradiquer les 3 Wendigos qui sévissaient dans la région et qui étaient responsables de la mort de campeurs moldus. D'accord, c'était donc pour lui montrer ça qu'il était resté à son chevet jusqu'à ce qu'il se réveille ? Il aurait du s'en douter. Zachary avait froncé les sourcils au fil de sa lecture avant de tourner son visage remplit d'incompréhension vers son frère.

- Perdus ?

- Tu aurais préféré que je rentre dans les détails et que je fasse part de votre stupidité ? D'ailleurs pourquoi vous avez mentit ?

- A quel sujet ?

- Vous avez dit à Joey que vous aviez éliminé 2 Wendigos à vous deux, c'est un mensonge on le sait très bien. C'était pour espérer voir la punition s'alléger ?

- On n'a pas menti. Ils étaient vraiment 5. Si tu ne me crois pas, tu peux chercher la pensine chez Oncle Jo et tu verras que je ne mens pas. Ils étaient 5, et ils nous ont traqué en meute

- Impossible, les Wendigo sont des solitaires.

- Mais enfin tu l'as bien vu ! Ils étaient trois quand vous êtes arrivés, je ne l'ai pas inventé

- Un simple et malheureux concours de circonstance

Pourquoi Ben ne voulait-il jamais l'écouter ! Joey et Livie s'en inquiétaient mais Ben mettait ça sur le compte de circonstances exceptionnelles ? Comment c'était facile ! Les Wendigos étaient entrain de s'adapter, d'avoluer et de changer leur mode opératoire, et cela devait être prit en compte. Benjamin était peut-être son frère mais il était vraiment agaçant par moment...


Cela faisait 4 jours qu'il n'avait pas vu Livie, depuis cette terrible nuit. Ils étaient tous les deux privés de sortis, entre autres choses mais il n'avait pas réalisé que cela sous-entendait qu'ils ne pouvaient pas se voir. Zachary avait demandé à son père de bien vouloir parler à Elisabeth. Les vacances se terminaient et ils ne se reverraient plus avant l'année prochaine, c'était beaucoup trop long. Il promis de ne pas quitter la propriété et de rester sous la surveillance de qui il voudrait, si on les autorisait à se voir. Devant la supplication de son petit dernier qui avait malgré tout toujours été son petit préféré, Victor avait cédé, mais Zach devait faire ses corvées quotidiennes avant de pouvoir profiter de ces quelques moments de libertés.

Sous la chaleur du soleil, torse nu, Zach faisait s'abattre la hache à un rythme régulier sur les rameaux d'érable pour débiter les bûches avec une énergie nouvelle et renouvelé à l'idée de revoir prochainement Livie. C'est alors que lorsqu'il releva la tête, il aperçu une silhouette courir dans sa direction dévalant le sentier avec une rapidité incroyable. Il l'avait reconnu immédiatement, même si elle était encore loin. Livie !! Son père avait réussi ? Ne devait-il pas parler à Elisabeth au retour de son travail ? Il lui avait parlé avant finalement ? Peu importait, elle était là !!!
Il planta sa hache juste à coté de lui. Livie était radieuse et un immense sourire soulignait les traits de son visage. Une fois à sa hauteur elle bondit dans ses bras et il l'accueillit avec bonheur. Il ne pouvait pas encore la soulever comme il l'aurait fait en temps normal mais la sentir dans ses bras lui procura une joie incomparable. Lorsqu'ils se séparèrent, elle lui expliqua que leur temps était limité, mais cela n'avait aucune importance pour Zach, c'était même une raison supplémentaire pour ne pas perdre de temps.

- Oh ça c'est rien, plaisanta-t-il malicieusement lorsqu'elle fit référence à sa punition. Si tu voyais la liste de corvées qu'ils m'ont préparer, et à exécuter bien sur sans magie, je me dis que j'en ai pour l'année ! Je sais enfin de qui Ben tient ce coté sadique ! Mais toi ça va ? S'était-il inquiété en portant sa main à son visage tout en caressant légèrement sa petite pommette de son pouce. Tu vas bien ?

Il savait qu'Elisabeth pouvait se montrer intraitable et terrifiante, mais ce n'était pas juste de son point de vu, que Livie soit puni parce qu'elle s'était laissée entrainer par ses bêtises. Quand il avait dit à ses parents qu'il voulait aller lui parler, son père lui avait clairement fait savoir qu'il en avait assez fait, et qu'il devait respecter les décisions de la mère de Livie. Si elle jugeait bon que sa fille soit puni ce n'était certainement pas à lui d'oser dire le contraire ! Il lui fit également comprendre qu'il devait rentrer dans son crâne qu'ils méritaient tous les deux d'être punis. Zach n'avait pas insisté parce qu'il savait que son père avait raison sur une chose : ce n'était pas à lui de dire à Elisabeth comment elle devait élever sa fille, sans compter qu'il savait pertinemment que Livie partageait leur avis.

Lorsqu'il l'avait vu courir dans sa direction il avait crut que sa punition était levé, mais la réalité était toute autre. C'était même plutôt l'inverse, elle s'était accrue et le bonheur qu'il avait éprouvé en la voyant courir vers lui était entrain de virer au cauchemars.

« Je pars samedi... » Ces trois mots résonnaient de manière implacable dans sa tête. Non. Non pas ça ! Il avait l'impression que la terre s'ouvrait impitoyablement sous ses pieds. C'était sa faute s'ils en étaient arrivés là. Elle se blottit dans ses bras il la serra très fort contre lui, comme s'il était décidé à ne plus jamais la laisser s'échapper. Elle repartait samedi, c'est à dire après-demain. Son cauchemars lui revint en mémoire, celui où il la perdait définitivement, sauf que cette fois, le responsable n'était pas un Wendigo.

- Quoi ? Demanda-t-il fébrilement avec incompréhension. Mais pourquoi ? Non, ce n'est pas juste. Je... je vais demander à ma mère de lui parler ! Elle la convaincra surement de rester... je vais faire ça. Je ne veux pas que tu partes, rajouta-t-il sur un ton suppliant en mettant fin à leur étreinte, pas si vite, pas maintenant. On n'ira plus en foret, si c'est ce qui inquiète ta mère et je suis même d'accord pour qu'on ait un chaperon s'il le faut mais pas ça..

Les priver de la présence l'un de l'autre c'était la pire des punitions. C'était tellement cruel de les séparer avant la fin des vacances. Une année entière. Ils allaient devoir attendre une année entière avant de se revoir. Il passa sa main dans ses cheveux, comme toujours lorsqu'il était contrarié. Il lâcha un soupir, tout n'était pas perdu, sa mère parviendrait peut-etre à convaincre celle de Livie, et si ce n'était pas le cas, s'insurger et râler ne servirait à rien, ce n'était qu'une perte de temps. Il attrapa son tee-shirt qui pendait sur une branche d'arbre à sa hauteur et l'enfila puis, il se dirigea vers un arbre où était attaché un magnifique sombral dont il caressa le flan.

- Tu peux le voir ? Moi j'arrive à le voir à présent. Il s'appelle Bahlam, il n'y a que mon père qui s'en occupait jusqu'à maintenant, mais désormais je peux l'aider, lui expliqua-t-il en lui souriant.

Il grimpa sur l'animal et se dirigea vers Livie. Une fois à sa hauteur, il lui tendit la main pour l'inviter à grimper derrière lui

- On fait dernier petit tour ? Je te promet qu'on reste dans le coin, et Bahlam te ramènera avant ton couvre feu, c'est le plus rapide, tu verras, fit-il en flattant le cheval

Il n'était pas dans ses intentions de ne pas écouter une fois de plus et de n'en faire qu'à sa tête. Il allait juste raccompagner Livie en lui faisant faire petit tour dans la forêt mais cette fois, vu du ciel. Il finirait de couper le bois après, et il ne s'éloignerait pas trop. Livie était là et si ça se trouve leurs  moments étaient comptés et s'écoulaient impitoyablement sans qu'ils n'y puissent rien y faire, comme les grains d'un sablier qu'il était impossible de retenir et d'empêcher de s'écouler. Il voulait offrir à Livie un maximum de moment inoubliables dans les foret du Montana afin qu'ils remplacent ce terrible moment de terreur qu'ils avaient vécu et qu'elle les garde précieusement en mémoire jusqu'à l'année prochaine. Survoler cette magnifique foret, serait forcément un de ces moments inoubliables

Il savait qu'elle avait raison. Intervenir maintenant, chercher à plaider leur cause, ne servirait qu'à conforter la mère de Livie dans ses positions. Le plus sage était de ne rien faire du tout et de s'en remettre à sa mère en espérant qu'elle parviendrait à faire entendre raison à Elisabeth, et dans le pire des cas, il serait obligé d'accepter cette décision et devrait patienter jusqu'à l'année prochaine que la tempête soit passé. Il pria sincèrement pour qu'ils n'en n'arrivent pas là. Il pouvait parfaitement consentir qu'on les punisse mais que la mère de Livie pousse le vice à écourter leur vacances était aux yeux du jeune homme la plus cruelle et injuste des punitions qu'on puisse lui infliger.

Il était en colère contre la mère de Livie mais pas uniquement, il était probablement encore plus furieux envers lui-même, lui, l'instigateur de tout ce beau gâchis, mais cette colère qui bouillonnait en lui retomba dès qu'il entendit Livie s'excuser. Ce n'était pas ce qu'il voulait, il ne voulait pas la voir culpabiliser ou se reprocher des choses qui n'avaient pas lieu d'être. Elle n'y était pour rien, et la dernière chose qu'il voulait c'était lui causer encore plus de peine. Tels des prisonniers qui purgeaient leur peine, ils avaient le droit à un peu de répit, il n'était pas question de gâcher le peu de temps qu'ils leur restaient à s'insurger inutilement contre l'injustice dont ils étaient les victimes.

Lâchant un soupir, il attrapa son t-shirt qui était suspendu à la branche d'un arbre et l'enfila tout en se dirigeant vers Balham, le sombral. Souriant à l'animal, il se mit à le caresser, flattant son flan, avant de se tourner vers Livie qui s'était approché prudemment. Elle aussi pouvait le voir, il l'avait deviné avant qu'elle ne le lui confirme, rien qu'à l'expression qui s'affichait sur son visage. Elle était à la fois fascinée, abasourdit et méfiante. Lui souriant, il la rassura en l'incitant à caresser le museau de l'animal, bien que prudente, Livie l'écouta, et Zach se plaça derrière pour prendre sa main dans la sienne et la guider. Comme toujours, elle lui faisait confiance et se laissa faire. Cette nouvelle proximité qui s'était installé entre eux le troubla à nouveau. Est-ce que ça allait toujours être comme ça à présent ? Dès qu'ils seraient ensemble et qu'il poserait son regard sur elle, aurait-il toujours ce genre de pensées ? Des pensées qui feraient rougir n'importe quel legilimens ? Il lâcha sa main et la laissa continuer à flatter Balham pendant qu'il chevaucha le sombral. Chassant ses pensées, Zach lui sourit et lui tendit sa main pour l'inviter à faire un voyage qu'elle n'oublierait pas. Elle devait absolument voir le Montana vu du ciel. Sans hésitation, la jolie brune prit sa main et il l'aida à grimper sur l'animal. Il la plaça devant lui, afin qu'elle puisse profiter pleinement du spectacle et surtout, afin qu'il puisse la tenir pour ne pas qu'elle tombe.

La jeune femme attacha ses cheveux pour ne pas le gêner, et Zach pu admirer la ligne parfaite de son cou qui se dévoilait à son regard, jusqu'à la naissance de ses épaules. Livie... Il n'avait qu'une envie, celle d'enfuir son visage dans le creux de ce cou, et la serrer contre lui. Il ne voulait pas qu'elle parte. Il voulait qu'elle reste là, avec lui, mais c'était impossible. Se ressaisissant, il passa ses bras autour d'elle pour attraper les rênes, puis, il ramena sa main gauche sur le ventre de Livie, afin d'encercler sa taille.

- Prête ? Demanda-t-il tout en plaçant son visage sur le creux de l'épaule de Livie, avant d'éperonner Balham.

Le sombral se mit alors à galoper pour prendre son élan avant de déployer ses majestueuses ailes et de prendre son envol. Zach avait le sourire d'un enfant, partager ce moment avec Livie était juste magique. Tout était magique quand elle était là. Constatant que la jeune fille avait fermé les yeux, il se pencha vers elle et lui murmura à l'oreille d'ouvrir les yeux. Prudemment la jeune fille s'exécuta et Zach ne la quitta pas des yeux, observant avec un délice sans fin chacune de ses réactions. Tout d'abord il eut la surprise. La surprise face à ce spectacle fabuleux qui s'étendait sous leurs pieds. Un spectacle à vous couper le souffle. Puis un sourire ébahit se dessina sur ses lèvres, élargissant du même coup, celui de Zach. Son regard émerveillé brillait de mille feux et lorsqu'elle tourna légèrement la tête pour le regarder et lui sourire, ça lui parut comme une évidence. Il éprouvait pour elle des sentiments qui allait au-delà de la simple amitié. Lorsqu'elle déposa un baiser sur sa joue, il se senti pousser des ailes. Bahlam leur offrit un voyage inoubliable dans le magnifique ciel bleu du Montana. Descendant en piqué, survolant les forêts, ils riaient comme des enfants, ils étaient heureux et ils profitaient de l'instant présent en en savourant chaque seconde. Oublié les punitions et les départs prémédités, seul comptait ce moment qu'ils partageaient tous les deux et qui n'appartenait qu'à eux.

Lorsqu'ils quittèrent les cieux pour regagner la terre ferme, un immense sourire barrait leurs deux visages. Zach descendit du sombral puis aida Livie à en faire autant.

- Voilà, fit-il en jetant un regard en direction du chalet, tu es rentrée à l'heure, comme promis, fit-il en lui souriant.

Livie le remercia pour ce moment passé ensemble. Il savait que ça lui plairait, mais il n'imaginait pas à quelle point. Elle avait qualifiait ce moment de génial, mais en réalité c'était elle qui était géniale. Lorsqu'elle promit de venir le voir pour lui dire au revoir il lui répondit "J'espère bien", sur un ton légèrement amusé, mais Livie n'avait pas fini sa phrase et la laissa en suspens pendant quelques minutes. A nouveau Zach se sentit troublé.

- Tu ? L'encouragea-t-il

- Je dois y aller, ma mère m'attend.

Légèrement déçu par sa réponse, Zach se contenta d'approuver et la serra très fort contre lui lorsqu'elle le prit à nouveau dans ses bras. Il pouvait sentir son parfum délicat et ce corps frêle se serrer contre le sien. Il profita de ses quelques instant avant de la laisser repartir sur un dernier sourire...

Contrairement à ce qu'il avait espéré, sa mère n'avait rien pu faire pour convaincre la mère de Livie de ne pas abréger leurs vacances. Le samedi arriva bien trop vite au goût de Zachary, et lorsqu'il la vit arriver sur le sentier qui menait vers chez lui, il sentit son cœur se serrer. Ce serait la dernière fois de l'année qu'il la verrait s'avancer sur ce sentier, ensuite il lui faudrait attendre l'année prochaine pour revoir sa silhouette s'avancer de ce pas rapide et léger.

Emotive, Livie pleura un peu, et Zach se moqua d'elle en lui essuyant ses petites larmes indisciplinés, puis il lui promis que l'année prochaine il lui apprendrait à nager, elle ne devrait donc pas oublier son maillot de bain. Il avait déjà un tas d'idée sur ce qu'il pourrait faire et si ça ne tenait qu'à lui, il se dépecherait d'avancer le temps pour être à nouveau en été. Comme tous les ans, ils se firent le serment de se revoir l'année prochaine et de ne pas s'oublier. Un serment guère difficile à tenir mais qui faisait parti de leurs traditions. Ce qui n'en faisait pas parti par contre, c'était de s'offrir un cadeau. Hors cette année Livie lui avait confectionné un bracelet de perles avec leur prénoms. Il lui avait tendu sa main droite pour qu'elle le lui accroche autour du poigné, ce qu'elle fit. Ils étaient à nouveau si proche...

- Il ne me quittera pas, promit-il dans un murmure

Lui par contre il n'avait rien à lui offrir, à moins que...
Son regard s'attarda sur ses lèvres, doucement, hésitant, son visage se rapprocha du sien et lorsque ses lèvres rencontrèrent les siennes, il sentit un frisson lui parcourir l'échine du dos. Délicatement, il porta sa main a sa joue tout en appréciant le goût de ses lèvres sur les siennes. C'était un baiser timide, tendre et chaleureux. Un baiser qui fut interrompu brutalement lorsqu'ils entendirent la mère de Livie l'appeler pour qu'elle vienne afin qu'elles puissent partir. Leurs lèvres s'étaient arrachées violemment comme s'ils avaient fait quelque chose de mal ou de répréhensible. Zach sentit alors son cœur battre à la chamade, tout en regardant dans la direction d'où provenait la voix. De là où elle était, même si sa voix résonnait, elle n'avait pas pu les voir. Le cœur battant son regard se posa à nouveau sur Livie. Pas comme ça. Il ne voulait pas qu'elle parte comme ça. Il s'avança à nouveau vers elle, en esperant de tout son cœur qu'elle ne le repousse pas et prit son visage entre ses mains  pour l'embrasser à nouveau, avec cette fois beaucoup plus de ferveur. Il pouvait sentir son corps frissonner contre le sien, le monde avait cessé d'exister, il se sentait transporté et il aurait absolument tout donné pour que ce moment dur éternellement. Lorsqu'ils se séparèrent à nouveau, son pouce caressa la joue de Livie

- Je t'attendrais, lui promit-il

Livie n'avait rien répondu, probablement encore trop troublé par ce qui venait de se passer et était partie en courant rejoindre sa mère, tout en jetant de temps à autre des regards en arrière. Lui, n'avait pas bougé, il ne la quittait pas des yeux, à la fois tout aussi déboussolé qu'elle parce qu'il avait osé faire, mais également dévasté de la voir partir. Néanmoins, paradoxalement, il se sentait plus heureux que jamais d'avoir pu partager ce moment avec elle.

Lorsqu'elle eut disparu de sa vue, il grimpa sur Balham et depuis le ciel accompagna la voiture de Livie et sa mère, durant un petit bout de trajet. Il avait vu la voiture s'arrêter pendant un instant et avait cru qu'il y avait un problème, mais le temps que Balham se pose, la voiture repartait déjà. Il les regarda repartir en souriant, il lui tardait de revoir Livie l'année prochaine.  

Zach avait porté le bracelet que Livie lui avait confectionné toute l'année au poignet, pas une fois il ne l'avait quitté, et lorsque Anna lui avait demandé si Livie, le prénom inscrit sur le bracelet était sa petite amie, il s'était contenté de sourire. Un grand sourire qui se passait de réponse. Non, elle ne l'était pas encore officiellement, mais cette été, il lui avouerait tout, il voulait qu'ils aillent plus loin et il espérait qu'elle aussi

Lorsque l'été revint enfin, Zach ne pouvant attendre plus longtemps, chevauchant Bahlam, s'était rendu au chalet d'Elizabeth et Livie. Chaque année, elles arrivaient à la même date, et à peu près aux mêmes heures, mais il fallait croire que son impatience de les revoir l'avait poussé à se lever aux aurores ce jour-là, un peu inutilement du reste puisqu'elles n'étaient toujours pas arrivées.

S'installant sur une souche, Balham à ses côtés, Zachary patienta. Les minutes laissèrent place à des heures et plus il attendait plus cette attente était propice à la réflexion. Plus il réfléchissait et plus il sentait une boule d'angoisse remonter dans son estomac. Et si il s'était bercé d'illusion ? Et si Livie lui envoulait ? Et si elle ne voulait plus rien savoir ? Pourtant ne lui avait-elle pas rendu son baiser ? Il patienta, ainsi toute la journée et plus le temps passait, plus il se mettait martèle en tête. Au bout d'un moment, il décida de survoler la route avec le sombral pour aller à leur rencontre, mais il ne vit nulle part la petite voiture. Surprit, il était rentré après avoir fait un dernier crochet vers le chalet, des fois qu'il les aurait pu raté, mais les deux femmes n'étaient toujours pas là.

Il revint le lendemain, persuadé qu'elles avaient du voyager toute la nuit et qu'il les y trouverait, mais le chalet était toujours abandonné. Plus les jours passaient et plus il s'inquiétait de leur absence. Que leur était-il arrivé ? Ce n'était pas normal ! L'angoisse le tenaillait sur les différentes raisons qui pouvaient expliquer leur absence : un accident ? Livie était peut-etre tombé malade ? Ou sa mère ? A moins,... qu'elle l'évitait et qu'elle lui en voulait ? Il se sentait complétement désorienté à cette pensée

- Zach, lui avait finalement avoué sa mère, elles ne reviendront pas

Ils étaient tous attablé, ses parents et lui, autour du repas. Benjamin et Tamara avaient quitté la maison familiale depuis un bon moment déjà, pour vivre leur vie à Elena. Une ville active qu'ils aimaient et qui se trouvait au cœur de l'activité loin des forets perdus au milieu de nulle part, qu'ils n'aimaient guère. Zach en avait laissé tombé sa fourchette et avait posé un regard remplit d'incompréhension sur sa mère avant de se tourner vers son père pour essayer de comprendre. Comment ça elles ne reviendraient pas ?!! Pourquoi ?! Zach se sentait sous le choc de cette déclaration aussi inattendu qu'improbable

Sa mère lui raconta alors la dernière discussion qu'elle avait eut avec Elizabeth l'an passé. Face à cette révélation, Zach crut qu'il vivait un véritable cauchemars éveillé. Ce n'était pas vrai, ce n'était pas possible ?!

Abasourdit, il s'était levé de table et était parti sans dire un mot. Il était furieux et en colère contre ses parents qui lui avaient caché la vérité depuis un an ! S'il avait su, il aurait peut-être pu parler à la mère de Livie ! Il était furieux contre la mère de Livie, pourquoi leur avait-elle fait ça ?! Et il était furieux contre lui-même ! Furieux d'avoir eut cette stupide idée de chasser le Wendigo, furieux, de l'avoir embrassé sans avoir oser révéler ses sentiments de crainte d'être rejeté en se disant qu'il le ferait cette année ! Il était resté dans l'écurie de Bahlam toute la nuit, pour y laisser libre cours à sa tristesse et à son chagrin, à l'abris des regards, comme il y a 8 ans, lorsque son chien Sureau était mort. Une évidence résonnait dans sa tête : Livie, il ne la verra plus. Il avait une sensation de manque absolument insupportable, comme si on lui avait coupé la respiration

Il passa ainsi, cette année-là, le pire été de toute son existence. Tout lui paraissait fade, et tout lui rappelait Livie. Puis l'année s'écoula, mais il gardait toujours le bracelet que Livie lui avait confectionné à son poignet.


L'année suivante, chevauchant toujours Balham, il retourna au chalet qu'occupait Livie et sa mère, mais comme l'année précédente il n'y avait personne. Cette fois-ci il ne s'y attarda pas. A vrai dire, il ne s'était fait aucune illusion, même s'il n'avait pu s'empêcher d'espérer. Une semaine plus tard, une voiture était garée dans l'allée et lorsqu'il s'en rendit compte, le coeur de Zachary fit un bond dans sa poitrine jusqu'à ce qu'il découvre qu'il ne s'agissait que d'un couple avec deux enfants. Deux enfants qui jouaient à la DS et qui s'ennuyaient ferme dans ce lieu « pourrit ». Ce constat lui brisa le cœur. Quelqu'un avait prit leur place, et c'était des gens qui ne savaient pas apprécier la beauté qui les entourait. Livie, elle, avait été immédiatement sous le charme de ses forets et des créatures qui y vivaient. Livie. Cette fois, tout s'imposa à son esprit avec une cruelle évidence : plus jamais il ne la reverrait

Cet été-là, il rangea le bracelet qu'elle lui avait confectionné dans une boite à souvenir. Il chérirait toujours ces précieux moments qu'ils avaient partagés et qu'elle lui avait offert, mais il était temps à présent de tourner la page. En même temps qu'il se séparait de son bracelet, il tournait la page de ses souvenirs d'enfance. L'été de ces 19 ans, avec l'aide de son père, de son frère, de son beau-frère, de ses oncles Joey et Oliver, et de ses amis Chase et Matt, il construisit son propre chez lui, son chalet au cœur de la foret situé entre le lac perdu et le territoire des centaures. Un lieu magnifique et isolé, un lieu qui lui permettrait d'exercer pleinement sa profession. Un lieu, chargé de souvenir et qu'il pensait ne jamais quitter...