Celà faisait presque dix ans que Calvin était au service de la famille Barbosa. Il avait donc pu voir grandir la fille de Cécilia au plus près. De petite fille capricieuse elle était devenue une ado découvrant en même temps que tous les autres sa beauté. A vingt-et-un ans, elle commençait même à en faire usage. Mais ca ne marchait pas chez lui. Non, non, non il ne se laissait pas berner par la jeune femme. Voilà pourquoi il avait attendu qu'elle ait presque finit de charger sa voiture pour apparaitre, l'ayant observer durant l'effort pendant quelques minutes.

-Tu vas quelque part Camila ?

Il la regardait, les bras croisés, signe de désaprobation, et hochait doucement la tête, presque...amusé. Partir en camping... Et lui faire croire que sa mère était déjà au courant? Camila mettait en général Cécilia au courant en toute dernière minute, de sorte à ce qu'elle ne puisse presque plus rien dire.

-Bien essayé ... Mais je ne marche pas. Tu ne me feras pas avaler tes salades... C'est quoi tes vrais projets ?

La connaissant comme il la connaissait, le garde du corps était persuadé que c'était encore un plan foireux comportant des risques inutiles. Retrouver une copine (souvent Thalya) pour qu'elles réparent la voiture d'un chef de gang (c'était véridique), courir les magasins sans protection ou tomber sur une racaille d'un autre monde, tout était possible avec elle.
C'est bien pour ca que Cécilia lui avait demander d'apporter plus d'attention à sa fille unique. D'abord, il ne s'était pas gêné pour raler et affirmer qu'il ne voulait pas faire du babysitting. Mais peu à peu, il s'était habitué à surveiller les deux femmes Barbosa avec un oeil presque...attentionné pour Camila.
Ainsi, il leva un sourcil et attendit la réponse de cette dernière. Prise sur le fait, elle n'allait certainement pas mentir mais plutôt embellir son projet. Projet qui, à la vue du coffre de la voiture rempli, allait durer plusieurs jours.

-C'est pas plutôt toi qui aurait oublier de la prévenir...à l'avance ? Pourquoi est-ce que je ne te crois pas ?...

Calvin n'était pas fâché, loin de là. Il ne souriait pas (ce n'était pas rare chez lui) mais ses yeux brillaient. L'intrépide jeune femme l'amusait. Il était comme ca à son âge, aussi inconscient qu'elle...Et il aurait peut-être pu éviter beaucoup de problèmes si quelqu'un avait veillé sur lui comme lui le faisait sur elle.
Camping...toute seule ?!
Pas question...

-Non, non j'irai moi-même voir ta mère pour voir ce qu'elle en dit...

Il regarda Camila grimper dans son bolide et discrètement, plaça un mouchard près du pot d'échappement. Au moment où le voiture démarra, le garde du corps se dit qu'elle devait le trouver bien crédule et peu réactif. Mais elle n'avait encore rien vu...

Tout en se dirigeant vers son appartement, il téléphona à Cécilia pour lui faire état de la situation.

-Elle va normalement passé pour vous prévenir... De toute façon, j'ai placé un mouchard sur sa voiture, je peux la retrouver à tout moment ou aller la rejoindre pour que vous soyez plus tranquille.

Au fond de lui, il espérait que sa "patronne" lui demande d'aller la rejoindre car, tout en continuant de parler, il faisait déjà son sac pour deux jours de camping : sac de couchage, tapis de sol, vêtement pour deux jours, brosse à dent et bien sur, son arme et son téléphone portable.
Il sourit lorsqu'elle lui donna le feu vert et il se connecta au mouchard avec son portable. Aussitôt, un e carte gps se dessina sur l'écran et il se dirigea vers sa voiture, un vieux pick-up au moteur néanmoins puissant puisque rafistolé par Thalya.

Ayant plus ou moins dix minutes de retard sur Camila, il arriva au camping alors qu'elle ne faisait que décharger sa voiture. Sa tête lorsqu'elle le reconnut n'avait pas de prix.
Gardant son sérieux, Calvin descendit et, sans un mot, alla l'aider à décharger sa voiture en prenant les piquets de la tente.
Il ne réalisait pas vraiment pourquoi ce petit weekend à l'air libre lui procurait tant de sérénité...

L'observant faire le tour de la voiture, suspicieuse quant-à-la façon dont il l'avait retrouvé si facilement, elle trouva le mouchard plutôt facilement. Même si son visage n'exprimait aucun amusement, il était en réalité en train de rire à l'intérieur de lui.
C'était quelque chose qui lui arrivait fréquemment : il ne montrait que le minimum d'expressions avec son visage, seul ses yeux trahissaient ce qui se passait vraiment à l'intérieur de lui.

-Et bien oui. Disons que ce n'était pas vraiment prudent que d'aller camper...toute seule.

Il était déjà en train d'assembler deux piquets sans avoir jeté un seul regard au plan. Les tentes ce n'étaient pas si compliqué à monter, elles se ressemblaient toutes.

-Je te réveillerai surement aussi quand j'irai chasser les moustiques que j'aurai entendu biiiien avant toi.

Il dressa la toile autour des piquets qu'il plantait dans le sol. La tente n'était pas bien grande et il regretta d'avoir oublié la sienne. Bhaa... au moins, elle ne pourrait pas s'éclipser sans qu'il ne le sente ! Bien qu'il ait des oreilles assez développées...
Il sortit et chercha un petit sac de toile où devait se trouver le petit marteau et les sardines...

-Où sont les...?

Mais il s'interrompit voyant ce qu'elle tenait en main.

Il la regarda enfoncer les sardines d'une main experte dans le sol et éprouva un étrange et inexplicable sentiment de fierté. Elle savait y faire et il appréciait ça.
Une fois chose faite, elle lui expliqua de façon à ce qu'on entende son sourire dans sa voix même sans la voir, qu'il n'aurait que peu de place pour lui.
Il s'imaginait déjà près du moustiquaire de la porte en toile. Le vent viendrait le tenailler la nuit s'il n'isolait pas la petite fente avec le sol. Il n'était pas du genre être frileux, mais du vent froid soufflé dans son visage alors qu'il essayerait de dormir serait certainement agaçant, voir plus.
Il secoua la tête lorsque Camila lui conseilla le matelas de piscine qu'il pourrait utiliser sur le lac. Pendant une seconde il s'imagina la chose et cela l'amusa.

-C'est ça ouais ! Fit-il semblant de grogner (en fait, il grognait mais il savait qu'elle savait que son "air grognon" n'était pas sérieux).

Il se saisit de la pompe pour gonfler le matelas, qu'on actionnait grâce à son pied et entreprit de gonfler le "lit de mademoiselle". Tout en s'activant devant la tente, il disait d'un ton très sérieux exactement le contraire de c e qu'il était en train de faire, inconsciemment pour la faire rire.

-Mais crois moi bien que ce n'est pas parce que je suis là que je serai ton petit esclave !

Une fois besogne accomplie, il s'y reprit à deux fois pour faire rentrer le matelas par la petite ouverture et fut forcer de constater que la jeune fille avait raison : il prenait vraiment énormément de place. Il le poussa jusqu'à l'extrémité et essaya ensuite de caler son pauvre petit tapis de sol entre la porte et le matelas de Camila. Il devait le plier en deux pour qu'il ne sorte pas par la fameuse fente qu'il avait déjà repéré.

-Comme tu vois ! Déclara t-il en ouvrant la porte pour lui montrer l'espace minuscule auquel il était confronté. J'espère que tu ne pues pas des pieds !

Il mima le geste de tâter un oreiller sauf que lui, ce qu'il tâtait, c'était son sac de couchage, toujours replié et qui, au vu de la chaleur, ferait office de son coussin.

-Alors dis moi, maintenant que je vais vivre quelques jours dans d'extrêmes conditions - bien sur il s'en moquait, il en avait vu d'autre ! - pourquoi est ce que tu as eu cette foutue idée d'aller camper ?

Elle n’avait pas tort… Calvin était tout sauf un chien en laisse. Il était en train de s’extirper de la tente quand elle lui parla de l’hygiène de ses pieds. Il se dirigea vers son sac contenant ses affaires personnelles jetés pêle-mêle et à la-va-vite et en sortit triomphalement un savon de sa trousse de toilette.

-Quel dommage que Calvin Hasting pense à tout ! S’exclama-t-il en remettant le savon dans sa trousse.

Lorsqu’elle lui demanda s’il ronflait, il se redressa de toute sa hauteur.

-Il parait que je réveille les morts !

Toujours dit sur un ton très sérieux, la plaisanterie était évidente. Bien sûr, Calvin ronflait effectivement, mais c’était plutôt léger sauf quand il s’abandonnait aux boissons, qu’il ne faisait plus que très très rarement en vue de son passé et de ses responsabilités.

Il s’étira en dévoilant le bas de son ventre musclé. Puis, il se rapprocha d’elle quand elle lui parla des véritables raisons qui l’avaient poussé à faire un camping sauvage. Calvin du admettre que, aussi irresponsable que cette idée était, le projet restait … « noble ». La jeune femme avait totalement raison. Si les fous furieux de sorciers les prenaient en charge, elle, lui et toute autre personne non magique, il faudrait savoir se cacher. Et les meilleures cachettes étaient souvent les plus désagréables. Du point de vue féminin évidemment. Comme une forêt par exemple, avec son froid, son silence lugubre, ses bêtes sauvages et ses insectes insupportables. Sans oublier le manque d’hygiène et de confort !

-Venir seule ici était complètement stupide. Mais l’idée même tient la route.

Il bougea un rien ses lèvres et pour toutes personnes normalement constitués, cela aurait donné un visage inexpressif mais pour le garde du corps, cela donnait un minuscule mais bien véritable sourire.

-Moi ennuyé d’être dans un endroit sauvage ? Mais ce n’est que dans des endroits comme ceux-ci que je me sens bien !

C’était vrai. Lui qui avait grandit presque dans la rue, balloté de foyer en foyer, de familles d’accueil en familles d’accueil, il avait très bien connu les endroits sauvages. Et il les aimait. C’était comme sa vraie maison, avant du moins qu’il ne rencontre Cécilia.

Camila enleva son pull pour dévoiler son bikini. C’est la première fois que Calvin détailla la forme de ses seins dans son maillot. Ils étaient fermes et enfermaient dans le passé lointain la poitrine d’une petite fille. Elle plongea ensuite, sans même avoir vérifié le niveau de l’eau ce qui fit lever les yeux de son garde du corps vers le ciel, ce dernier espérant presque malgré lui qu’elle se cogne la tête (pas trop violement non plus) sur le sol. Mais le lac était profond et elle remonta à la surface assez rapidement un grand sourire aux lèvres.

Il faisait chaud et la tentation d’une petite baignade le tentait grandement. Gardant un œil sur la tête de sa protégée dépassant du niveau de l’eau, il se dirigea vers la voiture de Camila et y enferma leurs objets précieux. On n’était jamais trop prudent. Il fourra la clé dans sa chaussure qu’il était en train d’enlever et y déposa la clé de son pick up. Ensuite il retira lui aussi ses vêtements, dévoilant sa musculature dont il était plutôt fier. En caleçon, il entra à son tour dans le lac dont la température réussit à le refroidir de manière on ne peut plus agréable. Il fit quelques mouvement de brasse rapides et, à quelques mètres de Camila, lui demanda en faisant du sur place.

-Tu es déjà venue ici ?

Le gaillard qu’il était ne s’extasiait pas sur la beauté d’un paysage (il préférait de loin les courbes des filles) mais il fallait avouer que l’endroit avait du charme.

L'eau était délicieusement fraiche et Calvin sentit ses muscles se décontractés. Camila lui répondit que c'était la première fois qu'elle venait ici et son garde du corps félicita mentalement son instinc pour trouver les jolies choses. C'est vrai qu'elle aimait la nouveauté. Depuis toute petite elle adorait explorer les régions autour de la maison ce qui lui valu bien des remontrances de la part de sa mère. Combien de fois l'avait-il suivit dans les champs ? Souvent elle rejoignait Thalya et Calvin restait alors à une distance suffisante pour ne pas entendre leur conversation. Il savait l'importance des secrets échangés entre filles.
A dix ans il avait malheureusement surpris une conversation de sa soeur d'accueil avec sa meilleure amie au téléphone (elle venait d'embrasser son premier copain sur la bouche ! ). Elle était tellement furieuse qu'elle lui tendit un piège pour que ses parents commencent à le voir sous son plus mauvais jour. Ca avait marché et le père l'avait enfermé dans la cave pendant presque deux jours jusqu'à ce qu'il réussisse à se faire la malle. C'est durant cette fugue qu'il fut ensevelli sous les décombres d'une superette suite au terrible tremblement de terre qui avait révélé la magie à tous les gens normaux.

-Moi ? C'est la première fois aussi. Mais j'adore le camping ! C'est tellement plus confortable que mes plus beaux souvenirs d'enfant !

Il ne parlait généralement jamais de cette période et, du fait, allait se renfermer si jamais elle lui demandait plus de détails. Mais c'était comme ca avec Camila, il se laissait toujours un peu plus aller. Après tout, elle le connaissait si bien.
Elle s'approcha de lui et tenta de lui plonger la tête sous l'eau. D'abord surpris, elle réussit à le noyer quelques secondes mais il refit très rapidement surface, la petite pression qu'elle maintenait sur son crâne n'étant pas suffisant pour le couler pour de bon.

-Tu vas voir si je ne suis pas un vrai homme !

Il éclaboussa royalement son visage alors qu'elle avait encore la bouche ouverte. Mais dans l'eau elle se mouvait vraiment comme un poisson, rapide et précise malgré les quelques remous qu'ils effectuaient à eux deux. Comme un poisson ? Non...Se disait Calvin en observant son visage qui riait aux éclats, comme une véritable sirène.

La remarque de sa petite protégée le rendit un peu perplexe mais il n'eut pas le temps d'appronfondir pourquoi car leur jeu d'eau avait alors débuté.
Lui qui n'avait pratiquement jamais joué dans son enfance et adolescence se retrouvait une seconde jeunesse avec Camila dans ce lac majestueux.
Ils se tournaient autour, plongeaient pour s'attraper une jambe et l'attirer dans les profondeurs, remontaient en surface en évitant les jets d'eau que lancait l'autre, se jetaient l'un sur l'autre pour submerger la tête durant quelques secondes...
Cavin avait un physique excellent sur la terre ferme mais dans l'eau c'était autre chose. Ho il restait toujours très performant dans ses feintes et cabrioles mais il se surprit à se sentir essouflé plus vite que d'habitude. C'est à ce moment précis qu'il rajouta la piscine à ces entrainements quotidiens. Le Calvin du présent avait gagné en endurance uniquement grâce à le jeune femme qui, dans ce jeu d'enfant lui fit prendre conscience de sa faiblesse dans l'eau.

Ainsi, une heure après les débuts des hostiltés, il fut heureux (mais sans le montrer, évidemment !) qu'elle lui propose une trêve.
Il la suivit et sortit à son tour de l'eau, ruisselant, il attrapa une serviette que lui lançait Camila mais ne l'utilisa que pour sècher ses oreilles et ses cheveux, préférant que le soleil face office de sèchage.

Quand elle lui demanda s'il avait apporté de la nourriture, il se frappa le front avec son poingt. Il savait bien qu'il avait oublié quelque chose en partant...

-Heu... non. Mais j'ai de l'argent s'il y a un petit resto, je te l'offre !

Il fit un rapide inventaire mentale du contenu de son portefeuille. S'il ne mangeait pas copieusement, il aurait assez pour tenir au moins trois jours avec trois repas par jour pour eux deux. Parfait.