Boston... sa magie... son parfum d'été... ses sorciers racistes... ses boutiques... ses trottoirs inégaux... et son petit garçon évitant les passants à pleine vitesse, un casque négligemment tenu par la lanière à son bras, les yeux rouges, un genou déjà écorché.
Walt a un seul but en tête : rejoindre le skate parc Lynch.
Le vent a bien vite séché ses larmes, et il aura bientôt un bleu à force que sa cuisse se fasse constamment frapper par le casque.
Sur des roues, il s'est toujours senti libre. C'est différent que de monter sur un balai. Même s'il adore ça, dans le ciel, il y a moins d'obstacles que sur la route (et puis, ses parents ne l'ont pas encore autorisé à jouer au Quidditch, bien qu'il a déjà échangé quelques passes avec Sybil, sa grande soeur).
Lorsqu'enfin, il arrive dans ce Paradis pour les Skaters (très réputés parmi les enfants de son âge, pas assez grand pour avoir un autre moyen de transport autonome et plus cool que leurs pieds), Walt respire à nouveau, agile au point d'avoir pu s'arrêter net sans être déséquilibré d'un pouce.
Il observe les deux rampes, majestueuses, qui se font face l'une à l'autre. Il y a des obstacles également, où les jeunes peuvent s'entraîner à les sauter, où à glisser dessus avant de retoucher la terre ferme.
Junior, le fils de son cousin, venait souvent avec lui ici. Il était super nul mais était un excellent supporter. Tous deux étaient des fans incontestés de l'équipe de Boston et parlaient avec enthousiasme de leur rentrée à Ilvermorny où ils intégreraient les équipes de leur maison respective, après leur première année.
Mais Junior était mort et maintenant, ses parents divorçaient.
***
Ilvermorny. Quel bonheur de s'y retrouver enfin, après un long mois auprès de ses parents à qui il refusait d'adresser la parole depuis leur annonce fracassante.
Certes, le couple se disputait constamment depuis quelques temps mais de là à lui faire ça à lui et à Sybil... Au moins, il ne serait pas là quand sa mère quitterait la maison familiale.
Avec les autres élèves, il attend de s'avancer dans le hall où les étudiants plus âgés sont en train de s'installer. Autour de lui, beaucoup de visages cramoisis, alignés contre le mur. Ce n'est pas cool d'être scruté par toute l'école ! Et si jamais aucune des sculptures en bois ne voulaient de lui et qu'il soit obligé de retourner affronter son père et sa mère ? Au moins, ça les énerverait grave...Les embarrasserait profondément... Ils ne pourraient certainement pas affronter le regard des voisins quand leur fils reviendrait à la maison comme un paria.
Plongé dans ses pensées, il sursaute quand on appele son prénom. Ses jambes un peu molles, il se dirige vers le noeud gordien, gravé sur le sol de pierre. Dans les tribunes en cercle autour de lui, il a aperçu le sourire éclatant de sa grande soeur. Elle a été accueillie chez les Womatou il y a quatre ans.
Il croise également le regard bienveillant de son oncle, derrière la sculpture de l'Oiseau-Tonnerre et derrière encore, une série de baguettes confectionné par Beller. Épuisé par son combat pour la libération de Zachary Heel, le fabricant n'est exceptionnellement pas présent. D'habitude, il est là comme représentant symbolique lorsqu'on remet une baguette à un étudiant.
Les pieds joints sur le noeud, Walt attend. Le Womatou est le premier à montrer son intérêt en rugissant. Puis, l'Oiseau-Tonnerre bat des ailes et le visage de Walt s'éclaircit d'un large sourire. Il adore sa soeur, mais préfére ne pas être dans la même maison qu'elle, surtout que celle des Oiseaux avait toujours été sa préférée. D'un pas assuré, il se dirige vers la sculpture de bois et se voit remettre solennellement sa baguette des mains de son oncle rayonnant. Malgré son grand sourire, Walt remarque également dans ses yeux, une vague de tristesse infinie... Cette année, aurait également dû être la rentrée de Junior. C'est en son souvenir, qu'il accorde à Sean un petit sourire.
Mais que personne ne se trompe.
S'il était de la famille d'un prof, ce n'était pas pour ça qu'il allait les laisser tranquilles. A combien de retenues prévenait-on les parents ?
Son père et sa mère n'allaient certainement pas s'en tirer comme ça et Walt était fin prêt à leur faire subir tout ce qu'ils méritaient.