Je passais de plus en plus de temps avec Phillip depuis quelques semaines. C'était plus simple pour moi et puis je ne voulais pas mettre mal à l'aise mon grand frère qui n'avait jamais vraiment apprécié me voir faire des mamours au rouquin de ma vie. Donc je passais plusieurs soirées par semaine avec Phil mais aussi certains de mes week-ends.

De toutes les façons, il fallait se l'avouer j'avais besoin de sortir de mon appartement. Non pas que je ne l'aimais plus mais j'avais juste besoin de me prouver que tout était bien fini. Par exemple, mon appartement n'était plus en danger puisque Armand avait réussi à régler la note exorbitante de l'hospitalisation de Thomas. Je l'avais remercié comme j'avais pu notamment en lui dédiant mon premier livre. Le seul à m'avoir vraiment soutenu durant cette histoire était Armand même si nous n'arrivions pas à nous parler pour le moment... Cela me gênait beaucoup mais à vrai dire je pensais que c'était parce que lui comme moi nous aimions bien trop Thomas pour accepter que quelqu'un d'autre ait raison à son sujet. Enfin moi j'avais du mal à me dire que Armand avait raison sur certains points alors que moi non.

Bref, là n'était pas la question du jour. Cela faisait trois soirs que je n'étais pas rentrée chez moi. J'avais passé le plus clair de mon temps dans l'atelier photo de mon petit ami et j'en avais un peu délaissé mon frère. Mais c'était plus simple pour moi de rester chez Phil. Il avait une voiture et je pouvais la lui emprunter alors que moi... Et bien je n'en avais plus. Et puis j'avais pris un autre petit crédit pour Thomas que Phil m'aidait grandement à combler.

C'est d'ailleurs Phil qui me dit de rentrer chez moi. Cela me faisait du bien qu'il veuille que je passe du temps avec mon frère mais je ne savais pas comment aborder ce sujet avec Tommy. Pour Phil je devais arrêter de le protéger et surtout arrêter de lui faire croire que ce qu'il avait fait n'avait fait du mal qu'à lui-même. Ce n'était pas le cas. J'avais souffert et pour Phil, Thomas devait le savoir pour qu'il ne recommence plus jamais. Je n'étais pas d'accord bien entendu avec mon petit ami mais quand il me déposa devant mon immeuble il me fit lui promettre de parler à mon frère de mon soucis de voiture.

Je rentrais dans l'appartement en me demandant comment j'allais aborder le sujet avec mon grand frère sans me douter qu'il était sûrement déjà au courant de ma situation.

« Tommy tu veux manger quoi ce soir ? »

Je lui souriais avant de m'approcher de lui et de lui faire un bisou sur la joue. Je sentis presque immédiatement qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.

« Qu'est-ce qu'il y a grand frère ? »

Je voulais savoir. Il m'inquiétait et j'avais peur de l'entendre me dire qu'il avait fait une bêtise.

« Allez dis moi tout ! Tu n'as pas le droit d'avoir des secrets pour moi ! »

Je m'asseyais à côté de lui dans le canapé. Mon frère semblait soucieux et je voulais qu'il m'explique pourquoi. Je l'avais laissé un peu depuis que j'avais retrouvé Phillip mais je ne pensais pas qu'il m'en voudrait de passer du temps avec mon petit ami... Enfin je l'espérai vraiment. C'est un regard plein d'incompréhension que je lançais à mon grand frère.

Confessionnal
Coco & Tommy

Aux yeux de Thomas, la cohabitation avec sa soeur se déroulait comme sur des roulettes. Ils s'adoraient l'un l'autre et elle était probablement la seule personne sur terre avec qui il se sentait lui-même. Avec Coco, il n'avait pas besoin de jouer un rôle et de prétendre être quelqu'un qu'il n'était pas pour rentrer dans le moule. Elle le connaissait par coeur et connaissait aujourd'hui tous ses secrets.
C'est la raison pour laquelle il fut profondément déboussolé en découvrant que ce n'était pas réciproque et qu'elle lui cachait des choses.

Elle passait beaucoup de temps avec Philip, avec qui elle semblait avoir renoué de manière plus sérieuse. Ses absences ne le gênaient pas, après tout, Thomas était un homme aimant la solitude, même si la présence de sa petite soeur ne le dérangeait pas.
Ce jour là, elle revenait après trois jours passés chez son amoureux et elle remarqua immédiatement que quelque chose n'allait pas.
Et pour cause. Le premier soir sur trois, il avait découvert, par hasard sur le tas de courrier, un rappel de facture. Alarmé, Thomas n'avait pas pu s'empêcher de lire la lettre en entier puis, avait petit à petit réalisé à quel point sa petite soeur était à découvert en fouillant dans le reste des ses rappels.
Apparemment, ce qu'il lui laissait comme "loyer" n'était pas suffisant.

Anxieuse, Coco prit place à côté de lui sur le canapé. Ses yeux trahissait une profonde appréhension, probablement en miroir à la sienne.

-Toi non plus... Répondit-il en faisant référence aux secrets qu'il ne devait pas avoir pour elle.

Il s'empara de la pile de courrier et la lui mit sous le nez.

-Coco, tu as des problèmes d'argent ?

L'idée qu'il puisse en être la cause était paniquante. Il retravaillait à présent et il pouvait lui donner bien plus ! D'où venaient ses dettes ? Son assurance n'avait donc pas marché ? Avait-elle perdu son boulot ? Que se passait-il ?

J’étais tout sourire quand je rentrais à mon appartement. Je voyais enfin la lumière au bout du tunnel. Philip avait fini par payer les factures en retard et surtout il ne m’avait pas jugé. Il avait compris pourquoi j’avais aidé mon frère. J’étais donc tout sourire jusqu’à ce que mon frère commence à parler.

« Pardon ? »

J’ouvrais de grands yeux comprenant peu à peu qu’il avait fini par découvrir mon secret.

« Comment tu…. »

Il avait ouvert mon courrier. Il avait osé faire cela. Il avait osé. Je lui en voulais quand même un peu.

« Tu as ouvert mon courrier ! »

Je reprenais les enveloppes et je fronçais les sourcils. Il me fallait une porte de sortie et je donnerai tout pour que mon petit ami m’envoie un sms immédiatement pour détourner l’attention mais non rien ne se produisit. Je devenais rouge de honte et je bafouillais.

« Tu n’as pas à t’en faire. C’est une histoire réglée. »

Philippe m’avait payé mes retards de facture. Il l’avait fait sans me demander pourquoi je n’avais pas pu payer. Après tout il devait bien se douter que c’était en grande partie à cause de mon grand frère mais il avait eu la délicatesse de ne pas m’en demander plus. Je tournais mon visage loin du regard de mon frère. Tout allait aller au mieux pour moi maintenant. J’avais mon livre qui était enfin publié allait sûrement me rapporter de l’argent. Non tout irait mieux et lui il me mettait à mal. Je croisais mes bras sous ma poitrine et je baissais la tête honteuse. Je n’aimais pas être mis à défaut comme cela. J’avais l’impression d’être cette petite fille qui aimait aller prendre des gâteaux en cachette le soir et qui avait eu le malheur de se faire prendre. Je soupirais. Je n’aimais pas quand il me regardait ainsi. J’avais l’impression d’être la pire personne au monde.