Elections Inquisitoriales
ft Multi

Assis sur un des fauteuils présent dans la pièce, Rearden observe.
Il observe tout ce qui se trouve dans le périmètre de son regard. Il analyse tout ce qu’il voit, il traite chacune des informations, élimine les inutiles, enregistres celles qui pourront lui resservir.
Il compte, un, deux, trois, quatre, vingt appliques sur les murs gris…inutile. Effacé.
Il compte, Un, deux, trois, quatre, huit boutons sur la chemise de l’homme avec qui il fait la discussion depuis plus de cinq minutes…inutile. Effacé.
Il compte, un, deux, trois, quinze, quarante, soixante… à non lui a bougé… tient, Rearden a perdu le compte des gens présents ce soir avec lui dans cette salle qu’on leur a alloué pour l’évènement.

Rearden attend. Il attend car c’est ce soir que vont tomber les résultats, c’est ce soir, dans quelques minutes à peine qu’il saura si oui ou non les inquisiteurs ont envie de changement, ou s’ils souhaitent comme leur dirigeante actuelle s’accoquiner avec des créatures abjectes qui n’auraient jamais du sortir des contes pour enfant dont elles étaient issues. Rearden attend, et il sent en lui quelque chose qu’il n’aime pas ressentir. Rearden est habitué à l’attente, l’attente ne le dérange pas, car Rearden est un homme patient, et parce qu’il est sniper et qu’un sniper sait attendre, tranquille, immobile. Mais dans le cas présent, ce qu’il éprouve n’a rien à voir avec la tranquille attente du tireur embusqué, ni avec l’excitation que l’on peut possiblement ressentir lorsque l’on voit la proie sortir du couvert.
Non, ce que Rearden éprouve, c’est autre chose, une forme sourde d’appréhension, et disons le, de stress. Et ça, Rearden n’aime pas du tout. Alors il compte, il observe, passant de l’un à l’autre des visages présents devant lui, essayant d’analyser chacune des expressions qu’il peut y lire. Certains sont tout sourire, certains se tordent les mains, certains boivent pour noyer l’attente, certains ont le regard fuyant.  L’excitation générale est palpable et malgré le sentiment désagréable qui lui tord le ventre, Rearden doit s’avouer qu’il prend un certain plaisir à la contemplation du spectacle de la foule rassemblée ce soir, soit pour assister à son triomphe, soit pour l’enterrer.
Rearden le sait, il n’a pas droit à la moindre erreur, ni maintenant, ni plus jamais, dans un cas comme dans l’autre. Car tous ces gens rassemblés ce soir, tous ces pseudo partisans pourront à la moindre fausse manœuvre se retourner contre lui aussi facilement qu’ils l’avaient fait pour le suivre. Il sait qu’il est facile de critiquer un dirigeant et sa politique, il le sait parce qu’il est le premier à le faire. Et il sait aussi qu’il y aura toujours des gens pour avoir quelque chose à redire à sa conduite, à ses choix, à ses actions, son seul espoir étant que ces personnes soient ce soir le moins nombreux possible.

Plus l’heure avance, plus Rearden se permet d’espérer, mais les premières estimations sont très serrées, et le doute commence à le prendre aux tripes. Gagner est une bonne chose, mais il lui serait bien plus facile de gagner avec une belle avance, afin de mettre au placard tout les Barbossiens et les restes de leur pitoyable politique d’ouverture territoriale.
Rearden analyse toutes les options, tous les résultats possibles et leurs conséquences directes et indirectes. Il passe en revue chacun de ses plans, un à un. Il récite encore une fois, deux fois, les mots qu’il est censé dire en cas de victoire et en cas d’échec, il pense à après, il recompte une nouvelle fois les boutons de la chemise de l’homme face à lui, et élimine l’information.
Soudain, Rearden croise le regard de Marilyn et il y lit la même excitation mêlée d’angoisse, il y lit aussi la conviction, la détermination et cette analyse redonne à Rearden l’envie de se tenir droit et de jouer son rôle. Il sait que quelque soit la fin, il y aura toujours quelques fous pour l’aider à mener à bien ce pourquoi ils agissent.
Quelques caméras sont là, braquées sur lui et sur les personnes rassemblées dans la grande pièce grise. Leur présence ne plait pas à Rearden, elles le mettent mal à l’aise, mais ce soir il les tolère.

Rearden se demande comment ça se passe de l’autre côté du Bastion, comment est ce que Barbossa va réagir. Acceptera-t-elle vraiment de lâcher le pouvoir si c’est lui qui l’emporte ? Le forcera-t-elle à partir si c’est lui qui perd ? Beaucoup de questions dont les réponses lui sont inconnues. Beaucoup de réponses qui ne dépendent que de mots glissés dans des enveloppes puis glissées dans une urne. Beaucoup de chose pour un simple pourcentage. Beaucoup de bruit, mais il l’espérait, pas pour rien. Pas cette fois

Rearden attend, il a finit par se lever et parle avec un groupe de personne de chose et d’autre, essayant de ne pas jeter trop souvent de regard à l’horloge affichée sur la télévision allumée qui diffuse en direct les résultats. Pour le moment, impossible d’entendre ce que dit le présentateur, tout le monde parle trop fort, mais bientôt, il faudra se taire.
Encore dix minutes, neuf minutes, huit, sept, six, cinq, deux.

Une minute.

Le calme se fait dans la pièce. Les paroles dites à haute voix se taisent, deviennent des murmures, puis disparaissent, tout le monde retient son souffle.

Rearden se rapproche de son fils, il pose une main sur son épaule, comme si soudain il avait besoin de lui pour s’appuyer et se soutenir. Rearden lève les yeux vers  l’écran accroché sur le mur de la salle grise aux vingt appliques. Rearden pense à un sourire.

C’est l’heure.

Rassemblement Wilkerson
Élections inquisitoriales

Contrairement à la plupart des personnes dans la salle, le regard de Marilyn n'était pas constamment accroché à l'écran où d'un instant à l'autre le résultat de l'élection serait affiché. Était-ce parce qu'elle était d'une confiance absolue à l'égard du résultat ? Non, mais parce qu'elle refusait d'amplifier l'excitation en guettant qu'un visage se décida à y apparaître. Bien plus nerveuse vis-à-vis du résultat qu'elle ne le démontrait, elle n'avait pas pu suivre le décompte des cigarettes qu'elle avait écrasées avant de se rafraîchir l'haleine et de pénétrer dans la salle. Comme toujours, les émotions intérieures n'étaient pas dépeintes sur son visage. Il n'y avait que cette lueur au fond de son regard, une étincelle perceptible uniquement par le cercle très fermé de personne dont elle était véritablement proche et dont faisait parti l'homme remarquable duquel elle venait de croiser le regard. Marilyn avait une méfiance naturelle, instinctive, envers la gente masculine. Elle ne les utilisait que pour assouvir ses pulsions ou dans un but très précis exempt de sentiments. Il y avait trop des doigts d'une main pour compter le nombre d'hommes auquel elle vouait un respect et un attachement sincère et Rearden Wilkerson y figurait en tête de liste. L'échange de regard n'avait duré qu'une fraction de seconde et aucun signe physique ou mouvement de lèvres ne l'avait accompagné et pourtant, il avait suffi à ce qu'ils se comprennent. L'annonce allait bientôt être faite et elle était confiante qu'il pourrait enfin permettre aux Inquisiteurs de s'élever à un autre niveau. Plus encore, peu importe le résultat, elle serait là à ses côtés, prête à agir en conséquence de ce qu'il déciderait.

Échangeant quelques mots avec ces voix s'étant levées à l'unisson des leurs pour permettre aux idéaux de Rearden de se propager et d'être entendu par tous ceux et celles souhaitant les appuyer. Marilyn avait beau feindre l'attachement qu'elle portait envers ces gens, elle savait qu'ils étaient utiles et qu'ils méritaient d'être protégés et pour ça, elle devait s'assurer de conserver de bonnes relations avec eux même maintenant que les votes étaient clôt. Ses pas l'avaient guidé jusqu'à Jedediah, s'immobilisant lorsqu'elle arrivait à sa hauteur.

« Moins d'une minute... Toujours prêt ? »

Elle était certaine que oui, mais il était surprenant de constater à quel point la sensation d'être sur le seuil était déstabilisante. L'autre côté de la porte, les Inquisiteurs ne seraient plus jamais les mêmes, mais les deux voies qu'ils pouvaient emprunter étaient si différent et la blonde savait très bien que jamais, elle ne pourrait supporter de vivre selon les nouveaux commandements Barbosa. Plus que quelques secondes et ils sauraient enfin en quoi tout allait changer, il saurait enfin ce qu'ils allaient faire de leur journée, mais aussi des semaines et des années à venir. Les voix se taisent alors et tous fixes l'écran où l'annonce s'apprête à être faite. Le coeur s'accélérant, Marilyn l'ignore et lève la tête, un sourire aux lèvres, attendant avec confiance l'annonce du vainqueur.

Rassemblement Wilkerson
ft Les partisans de Wilkerson

C'était le grand soir. Les Inquisiteurs allaient enfin savoir quel allait être leur futur leader. Allaient-ils continuer sur cette pente misérable ou bien allaient-ils enfin prendre une toute nouvelle direction plus forte ? Le temps des élections était passé à une vitesse folle et cela avait été au coeur de toutes les conversations. En effet, il s'agissait quand même de l'avenir même de la faction. Personne n'était vraiment indifférent à cette question. Il en était de même pour Jedediah, qui pourtant n'était pas un homme très porté sur la politique. Il ne croyait pas aux beaux discours des politiciens. Il savait qu'il y avait beaucoup de mensonges et de miel dans les paroles des hommes politiques. Il croyait davantage dans le poids des actions. C'était aussi pour cela qu'il avait rejoint le camp de Rearden. Il avait pu voir dans l'homme la réponse à un peu plus d'action et de réactions de la part des Inquisiteurs. Il avait été extrêmement déçu par celles de Camila. En effet, à ses yeux, il avait davantage affaire à une princesse parachutée dans un rôle qu'elle ne maîtrisait pas et qui était trop pleine de bons sentiments qui ne pouvait marcher avec la fonction de grand Inquisiteur. Le fait d'être la fille de la leadeuse qui avait créé la faction ne faisait pas d'elle une bonne héritière du titre. Les récents événements n'avaient fait que mettre en avant son inaptitude à tenir cette position. Chaque nouvelle décision n'avait rien fait pour faire avancer leur cause. Jedediah avait été frustré par cet état de fait. Il ne supportait plus de devoir toujours ronger son frein. Il avait parfois l'impression qu'il en faisait davantage lorsqu'il était mercenaire au Mexique. Là-bas, il mettait à mort des sorciers avec la bénédiction du régime en place. Chaque corps de sorcier apportait son lot de récompense et pour chaque goutte de sang versé, Jedediah avait l'impression de rendre justice à sa mère qui était morte par la faute des sorciers.

Il aurait pu terminer comme son père et pleurer sur sa perte tragique en se soûlant chaque jour jusqu’à ne plus vivre que dans un brouillard épais, mais il n’était pas de ces hommes qui restent assis à pleurer sur leur sort. Il était une personne d’action. Lorsqu’il avait appris les circonstances de la mort de sa mère, il avait décidé qu’il ferait payer à tous les sorciers cette dette de sang. Pourtant, autrefois, il avait été même proche d’en épouser une. Il se souvient enfant combien il avait été fasciné par la découverte des sorciers et de leur magie. De plus, il avait grandi à Boston. On ne pouvait pas ne pas remarquer que c’était une ville qui était un véritable centre névralgique pour les sorciers, bien avant que les Yaxley et Rookwood s’installe à Phoenix et qu’ils montent de zéro la faction des partisans du Nouveau Monde. Cependant, il n’avait pas pu ignorer les atrocités que les sorciers pouvaient commettre. La perte de sa mère avait été douloureuse. Il ne pourrait jamais l’oublier. Le jeune homme qu’il était n’avait même pas eu le temps de lui dire au revoir. Il se trouvait à New York au moment des faits. Le fait de l’apprendre à la télévision avait été un véritable coup de poignard dans son coeur dans lequel avait germé les premières graines de la révolte, de la colère et de la haine. C’était un peu le moment où tout avait basculé et qui l’avait mené jusqu’ici. Nul n’aurait pu prévoir que c’était ce qu’il allait devenir. Dire qu’il était destiné à se tourner vers une carrière dans le commerce. Jedediah n’en avait pas du tout l’apparence, mais il avait été un excellent étudiant. Il possédait d’ailleurs deux diplômes et avait longtemps cherché à exercer un métier pour rester sur Boston près de sa fiancée. Le souvenir dune visage pâle au sourire timide de Blair lui apparu et c’était à la fois une image tendre et douloureuse. Jedediah repoussa cette image bien au fond de son esprit. Elle allait avec une vie qui n’existait plus. C’était comme si l’homme qu’il avait été, avait perdu la vie en même temps que tous les non-sorciers de Boston.

Jedediah avait un peu tourné au milieu de tous les partisans de Rearden, une pinte de bière amère dans la main et une sourire jovial sur le visage. Il ne jouait pas les gars distants. Au contraire, il valait mieux se mêler à la foule, échanger des banalités et rire. C'était le meilleur moyen de juger la foule et de jauger la température des échanges. Ainsi, il pouvait toujours savoir ce dont il était question au Bastion. Jedediah avait toujours agi comme ça depuis son arrivé. Il jouait les mecs cools, un brin macho sur qui on peut compter dans la bataille. Sur son passé, il ne disait rien. Sa vie n'avait pas beaucoup d'intérêt pour les autres et il en avait passé une grande partie à commettre des horreurs au Mexique. Sa réputation le précédait et c'était bien suffisant. On savait qu'il assurait dans son travail et on n'avait pas besoin de lui en demander plus. Est-ce qu'il appréciait vraiment les gens avec qui il parlait ? Pour certains oui, mais dans la grande majorité, il se fichait pas mal d'eux. On pouvait compter sur les doigts de la main les personnes en qui il avait véritablement confiance et dont il se sentait vraiment proche. Jedediah avait du mal à se rapprocher vraiment de quelqu'un. On pouvait avoir l'impression de le connaître, mais au fond il restait un mystère si on creusait un peu plus loin que la surface. Il venait de quitter Vesper entourée encore une fois n'est pas coutume d'une horde d'admirateurs inconscients et c'est le moment que choisi Marylin pour venir lui parler. Des femmes comme Marylin il n'y en avait pas beaucoup. Jedediah avait beaucoup de respect pour elle. Dans son travail, elle assurait comme personne et elle ne se laissait pas faire. Par ailleurs, c'était une très belle femme, ce qui ne gâchait rien. Elle ne lui posa qu'une simple question, lui demandant s'il se sentait prêt.

« Quelle question ?! Bien sûr que je suis prêt ! J’attends ce moment depuis un moment. » Affirma le soldat. « Tu t’inquiètes pour moi ? C’est mignon ! Je pensais pourtant que j’avais prouvé que je ne craque pas sous le coup d’un peu de pression » Ajouta-t-il avec un brin d’ironie.

Il ne restait plus beaucoup de temps et l’heure de vérité allait sonner. Jedediah espérait qu’il n’allait pas être déçu. L’heure du changement était arrivé. Les Inquisiteurs avaient plus que besoin d’un vent d’air frais aux plus hautes fonctions.

Rassemblement Wilkerson
Le Clan Wilkerson

Revêtu d'un costume bleu-grisé, la cravate parfaitement noué, James observait toutes ces personnes qui, tout du long de cette campagne, avait apporté leur soutient à son père. Et aujourd'hui, après des semaines de travail intensif, tous leurs efforts allaient enfin payer, il le fallait. Il ne pouvait en être autrement. Tout d'abord pour toutes ces personnes qui avaient osé apporter leur soutient à visage découvert à son père mais aussi pour eux, leur avenir et leur survit car c'était bel et bien de survit dont il était réellement question. Camila avait assez joué, il était plus que temps qu'elle se retire, qu'elle se marie, fasse des gosses avec son garde du corps ou dieu sait quoi d'autres mais la politique ce n'était décidément pas fait pour elle. Les Inquisiteurs avaient besoin d'un homme à sa tête, un homme fort, qui sache prendre des décisions fermes et difficiles mais qui étaient plus que nécessaires pour mettre un terme définitif aux exactions de ces créatures communément nommé sous le terme de sorciers. Ces gens possédaient des pouvoirs qu'ils ne devraient pas avoir, ils ne savaient que mentir, tricher, et manipuler ceux qui en étaient dépourvus et de cela, Bleu pouvait en témoigner. Mais plus que des menteurs, ils étaient avant tout des assassins. Tous ces morts du à la magie avec la catastrophe qui a détruit l'Etat de Californie, la libération de l'ancienne magie, sans oublier l'assassin des 5 sanglantes... tous ces sorciers étaient responsables de bien plus de morts que n'en ferait jamais le cancer. Et pour les arrêter ce n'était pas Camila qu'il fallait à la tête des Inquisiteurs mais son père.
Camila avait eu sa chance, elle avait échoué à présent il était plus que temps que son père prenne le relai

Son regard s'arrêta sur Micah qui était au téléphone avec le centre de décompte des votes, Marilyn et Jed discutaient et paraissaient confiant, Laureen ne quittait pas l'écran des yeux, quand à Jeffrey il discutait avec Alejandra qui était venu pour les soutenir et à qui il souria alors qu'elle se tournait vers lui. Tout le monde était là, du moins tous les proches, mais pour ce qui était de la famille c'était une autre histoire. La présence d'Arizona manquait terriblement. Certes, la blonde doctoresse avait une excuse en officiant à Santa Fe mais il savait que si elle avait vraiment voulu être là, rien n'aurait pu l'en empêcher et c'est ce qui lui faisait dire que même si elle vivait toujours au Bastion, elle ne serait surement pas à leurs côtés à l'heure actuelle. Lilian, le jeune frère d'Arizona, soldat lui aussi, même s'il n'était pas resté, était au moins passé pour apporter son soutient à son oncle.

Le regard clair de James s'arrêta alors sur son père qui était assis dans un fauteuil patientant jusqu'à l'annonce officielle des résultats. A l'observer de la sorte, il paraissait calme et détendu, pourtant James était prêt à parier que Rearden ne l'était pas autant qu'il désirait le faire croire. Ils étaient actuellement à un tournant majeur de leur histoire soit les choses changeaient, soit elles restaient tels quels et allaient se dégrader. A l'heure actuelle tout le monde avait les yeux rivés sur cet horloge à attendre que cet interminable décompte soit enfin terminé mais après ? Une fois les résultats obtenu que se passerait-il ? Si c'était son père qui l'emportait, Camila et toute sa clique accepteraient-ils leur défaite ? Se retireraient-il réellement sans faire d'histoire ? Sans les accuser de tricherie ? Se plieraient-ils aux exigences de leur nouveau Leader ? Il en doutait sérieusement. Quand à son père que comptait-il faire s'il ne remportait pas ces élections ? James le connaissait suffisamment pour savoir qu'il n'était pas un homme à accepter la défaite, quelle quelle soit, et que si jamais cela devait se produire il ne resterait probablement pas sans rien faire mais qu'avait-il prévu au juste ? Ça, lui même n'en savait rien. Et tout ces gens qui les avaient soutenus ? Micah, Jedediah, Marilyn, Laureen, Alejandra, Jeffrey.... Allaient-ils accepter sans rien dire de se soumettre à nouveau à une nouvelle ère Barbosa ? Le fil de ses pensées furent interrompu par Alejandra que Jeffrey abandonna enfin pour aller serrer une autre patte.

- J'ai cru qu'il ne s'en irait jamais, plaisanta le blond dans l'oreille de la belle brune, je regrette que ma cousine n'ai pas fait l'effort de venir, reconnu James mais je suis content que toi tu sois là

La main ferme de son père qu'il n'avait pas vu arriver se posa alors sur son épaule incitant James à se tourner dans sa direction tout en lui adressant un sourire plein de fierté qui se voulait confiant. Imitant son père, il passa sa main derrière son dos avant de se poser sur cette épaule solide et robuste presque inébranlable, tout en approuvant d'un signe de tête. Oui c'était l'heure, et quoi qu'il arrive, quelque serait le résultat, il resterait à ses côtés pour le soutenir et l'épauler, toujours. Parce qu'il était son père, parce qu'ils étaient une famille et parce qu'il n'y avait rien de plus important que la famille

Elections Inquisitoriales
Rassemblement Wilkerson

Il n’y a plus aucun bruit dans la grande salle.
Tous ceux qui se sont rassemblés ici ont cessé de parler, cessé d’échanger leurs paroles vides de sens et sans importance qui n’avaient d’utilité que pour combler le vide du stress et de l’attente. Mais arrivé à ce stade, il n’y a plus rien à faire pour combler l’attente, plus rien à faire pour faire disparaitre l’appréhension qui vous ronge les entrailles comme un vieux charognard.
Comme tout le monde, Rearden est debout. Il est debout et comme tout le monde dans la pièce noire de monde, il a le regard tourné vers le grand écran lumineux qui diffuse en direct l’image d’un homme. Il parle encore et toujours, il parle sans s’arrêter, mais Rearden n’écoute pas. Comme tout les gens rassemblés dans la grande pièce noire de monde, il attend. Il sait qu’au moment où l’homme disparaitra pour faire apparaitre un nouveau visage, plus rien ne sera comme avant, pour lui, mais aussi pour tous ces hommes et femmes qui sont ce soir avec lui, pour tous les hommes et femmes qui sont ce soir dans l’autre pièce là bas de l’autre côté du bastion, pour tous les hommes et femmes tout simplement.

Rearden regarde l’écran de télévision, il observe les lèvres de la femme qui bougent, mais il n’entend aucun son en sortir, comme si les mots avaient disparus, comme si on avait coupé le haut-parleur, comme si soudain, ses oreilles avaient décidées de devenir subitement sourdes. Rearden Le Sourd baisse donc son regard et regarde sa main posée sur l’épaule de son fils. Elle lui parait loin cette main à Rearden, loin il lui parait son fils. Il accentue la pression sur l’épaule de ce fils, resserrant ses doigts sur le tissu du vêtement, mais c’est à peine s’il arrive à sentir sa présence. Maintenant, Rearden regarde le visage de cet étrange homme qui est son fils, et c’est à peine s’il le reconnait. L’étrange étranger lui regarde l’écran, et ne semble pas gêné par la surdité soudaine, le coton mou et chaud dans lequel la salle est plongée aux oreilles de Rearden.
Alors Rearden détourne le regard, lentement, comme si on passait soudain le film au ralenti, comme si on avait besoin de retenir encore un peu le temps pour ne pas arriver au dénouement.
La lumière elle aussi semble avoir baissée, et tous les visages apparaissent comme éclairés par le seul poste de télévision, fantomatiques, blafards, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Rearden trouve qu’ils se ressemblent tous un peu, malgré toutes les différences qu’il énumère dans les listes de son cerveau à tiroirs. Les hommes, les femmes, les petits, les gros, les secs, les cheveux longs, les cheveux courts, les peaux claires, les peaux foncées, les yeux verts, les yeux bleus, les yeux marrons. Un, deux, trois, quatre. Rearden compte, encore, un, deux, trois, quatre. Rearden compte comme toujours, un, deux, un, trois, deux, quatre, trois… mais bizarrement, quelque chose vient perturber le rythme d’ordinaire rassurant du métronome de sa tête. Malgré sa surdité soudaine, Rearden entend un battement, un autre battement que le sien propre, il le sent comme s’il venait de l’épaule de l’étrange étranger sur laquelle sa main insensible est posée. Il l’entend le battement, et ça crée une dissonance, comme si on avait mis côte à côté deux réveils qui ne tic-tac pas sur le même tempo.
Pire, Rearden se rend compte qu’il n’y en a pas un seul, mais deux, trois, quatre, dix, vingt, cent autres battements. Rearden les entend, il les distingue, il les enregistre, il les déteste, il les méprise, il les remercie de l’entourer du cocon de battements.
Mais les battements aussi sont des trahisons auditives, et elles le quittent aussi vite qu’elles étaient venues. Rearden est seul, malgré la main sur l’épaule, malgré toutes les paires d’yeux tournées vers la télévision.

Le silence. Encore.

Le silence, et des statues de sel tout autour de lui.

Rearden aimerait se balader dans ce paysage de statues de sel, il aimerait toutes les étudier, toutes les regarder, il aimerait lire dans leurs détestables petites têtes, il aimerait les serrer contre lui, leur demander de croire, leur demander de suivre, leur demander d’obéir. Rearden veut tout savoir, il veut tout et rien avoir. Rearden est perdu au milieu de la marée de statue de sel les yeux tournés vers la tété.


Rearden Wilkerson !

Rearden regarde le visage d’une grande femme blonde juste à côté de lui. Elle lui dit quelque chose, et pourtant, l’étrangère blonde n’a pas de nom dans les tiroirs vides de son cerveau. Alors Rearden observe, afin d’enregistrer les traits et de combler à nouveau le vide. Il regarde la forme des cheveux, du menton, des narines, des pommettes, il regarde l’écartement des yeux, leur couleur, le tracé des sourcils, la peau charnue et désirable des lèvres rouge sombre. Mais alors qu’il regarde, le visage de l’étrangère blonde change. Les yeux s’agrandissent, les sourcils se dressent, les traits s’étirent, la bouche s’ouvre, doucement, largement, dans un rictus d’immense sourire. La femme blonde sourit. Marilyn sourit.

Aussi vite qu’il avait disparu, le son revient aux oreilles de Rearden, un son fort et puissant, un son de cris, de bravo, d’applaudissements vibrants, un son comme il n’en avait pas entendu depuis longtemps. Alors Rearden lève les yeux et c’est son visage qu’il voit sur l’écran lumineux de la télévision. Son visage.
Il se rend aussi compte que beaucoup d’autres visages sont tournés vers lui, qu’il est temps de sortir de la torpeur, de sortir de la marée de silence et de sel.
A ce moment là, quelque chose d’étonnant apparait sur le visage pourtant d’ordinaire si neutre de Rearden.
Un sourire, mince, poli, un peu bizarre et tordu mais pourtant profondément sincère apparait. Rearden sourit.
Voyant James tourné vers lui, il utilise la main qu’il a toujours posée sur son épaule et tire son fils vers lui, lui donnant une accolade pour la première fois depuis des années. Après tout, les caméras sont toujours là, et c’est ce que les caméras attendent. Mais pourtant, il y a du vrai dans ce père qui serre son fils contre lui, il y a du vrai et une vraie joie. Pourtant, malgré la joie, malgré les mains qu’il serre ensuite comme s’il devait à jamais y en avoir, Rearden est inquiet. Le stress qui tord les entrailles n’est pas parti. Non, il est encore là et même plus fort, et à mesure qu’il sert des mains, qu’il tape sur des épaules et qu’il échange encore des banalités, il y a de plus en plus de stress qui serre son cœur et qui l’empêche de battre. Il y a de plus en plus de froid qui gèle son cerveau et de sel qui fige ses pieds.
Car Rearden a vu. Il a vu les chiffres à côté de son visage, et ces chiffres il ne les a pas aimés. Rearden aurait aimé voir les chiffres écraser ceux de Barbosa, il aurait aimé les voir les piétiner, sauter avec acharnement sur les restes fumant de ces malheureux petits partisans comme un vieux personnage de cartoon. Mais non, les pourcentages n’étaient pas aussi parlant qu’il l’aurait espéré, et encore beaucoup trop de monde avait cru en cette sombre petite idiote qui avait bien faillit les faire crouler dans une décadence affligeante.

Rearden va devoir faire attention si veut réaliser ses plans, très attention. Il va devoir prendre son temps avant de lancer un vrai changement pour les Inquisiteurs, endormir leurs craintes à son égard, les anesthésier pour ensuite agir, frapper fort ! Il va devoir prendre son temps pour faire oublier à tous la sombre petite idiote qui lui gâche cette victoire qu’il a tant attendu, il va devoir l’écarter en douceur, la faire oublier, doucement.

Alors, il sait ce qu’il doit faire et soudain, Rearden n’est plus inquiet, non, plus du tout inquiet, car il sait que ce qui lui reste à faire c’est ce qu’il fait de mieux.

Attendre.

Et tirer au centre de la cible.

Rassemblement Wilkerson
Élections inquisitoriales

Ils étaient nombreux les sourires a apparaitre contre son visage, mais leur sincérité elle était beaucoup plus rare et précieuse. Si seulement ils pouvaient en être consciente, ils seraient très peu à pouvoir se venter d'en avoir déjà obtenu un. S'ils étaient tous ici rassemblés pour le principal d'entre eux, celui à qui elle témoignait sa satisfaction et son bonheur présentement étaient un autre membre de ce comité restreint.

« Plus que quelques secondes à attendre... »

Ses iris s'étaient légèrement tournés vers le ciel en entendant Jedediah clamer non pas sans une touche d'ironie l'existence de possible inquiétude. Reportant son regard sur lui sans perdre son sourire, elle était parfaitement d'accord avec le fait qu'il n'était pas du genre à perdre son sang froid et vu ce qui les attendait peu importe le résultat qui serait bientôt annoncé. L'heure de l'annonce était enfin arrivée et Marilyn faisait un pas vers l'avant comme si cela pouvait lui permettait une meilleure vision. Elle entendait ce qu'il disait, mais n'y portait pas véritablement attention, uniquement concentrée sur les paroles qu'elle attendait de l'entendre prononcer. Reprenant son avancé, ses pas déviaient cette fois afin de rejoindre Rearden qui n'était pas bien loin d'eux. Atteignant sa destination au moment même où le visage de l'homme à la droite apparaissait sur le téléviseur, au moment même où le fracas des applaudissement et des exclamations victorieuses se faisaient entendre. Se retournant naturellement vers Rearden, un grand sourire affiché contre ses lèvres. Quelle belle et douce satisfaction de voir enfin les Inquisiteurs prendre le tournant qu'ils devraient avoir dès le départ, de voir les siens au main du seul homme ayant véritablement la force pour en porter tout le poids sur les épaules. De cet homme ne cessant de gagner son respect de plus en plus.

« Ça commence maintenant. Félicitation Rearden. »

Parce que c'était bien ce que c'était, un véritable commencement. Un renouveau nécessaire. S'écartant de quelques pas pour laisser les partisans l'accompagnant et le soutenant lui serrer la main et leur témoigner leur satisfaction face à cette nouvelle, Marilyn reste un peu plus en retrait, savourant les émotions qui naissent en elle suite à ce moment. Elle ne porte aucune attentio au résultat serré de cette élection, du moins pas ce soir. Elle sait qu'il s'agit avant tout d'un immense premier pas, d'une possibilité de convaincre ceux qui étaient hésitants à rejoindre leur combat, de leur faire prendre conscience de tout ce que la politique de Wilkerson va faire pour eux. N'ayant pas à feindre le bonheur qu'elle ressentait présentement, une émotion qu'elle gardait enfouie au plus profond d'elle jusqu'à ce qu'elle ne se retrouve seule menaçait de plus en plus d'apparaitre. Cette satisfaction d'avoir une étape importante accomplie dans son cheminement, dans sa vengeance contre ceux ayant quelque chose à voir avec la mort de Sara. Avec Rearden au commande, ce temps où l'ancienne leader menait sans direction précise et en commettant d’innombrables erreurs ridicules était enfin terminé. Ils pouvaient enfin tous respirer mieux, les sorciers n'auraient pas le même ascendant sur leur leader. S'approchant finalement de lui afin qu'il puisse tenir son discours, elle éloignait avec délicatesse les gens l'entourant et venait déposer un baiser contre ses joues. En apparence une simple félicitation, elle en profitait toutefois pour lui murmurer quelques mots à l'oreille.

« C'est l'heure. »

Celle du discours victorieux qu'elle devinait déjà hautement éloquent. Une facette de lui qu'elle avait récemment découvert sous un nouveau jours au cours de cette campagne. Le laissant vaquer à ses obligations, elle restait immobile un moment avant de retourner vers Jedediah qu'elle serrait dans ses bras le temps d'une courte accolade de célébration.

Rassemblement Wilkerson
ft Les partisans de Wilkerson

Des moments d'attentes, Jedediah en avait connu de nombreux. Celui-ci n'était pas le plus long qu'il est eu à attendre. En fait, le plus long, avait eu lieu lorsqu'il était au Mexique. Cela faisait déjà un an et six mois qu'il y était et durant ces premiers temps, il avait fait ses marques. Le métier de mercenaire n'aurait jamais dû être le sien. A la base, il était prévu qu'il travaille dans le commerce et qu'il s'installe avec Blair. La mort de sa mère et la bataille de Boston avaient tout changé. Les premiers mois avaient été très longs et brutaux. Il y avait un besoin de sang en lui : celui de la vengeance ! Pourtant, il n'était jamais rassasié. Ce n'était pas tant qu'il aimait voir couler le sang ou qu'il aimait la torture. Au contraire, ses morts étaient rapides et aussi propre que possible, mais il y avait là une haine des sorciers qui le consumait jours après jours. Les sorciers n'étaient pas simples à débusquer. D'autant plus dans des pays comme ceux de l'Amérique centrale et du Sud, où ils étaient pourchassés. La prime pour un sorcier mort ou vif était attractive. Il y avait de nombreux volontaires, mais peu capable d'effectuer le travail jusqu'au bout. De plus, les sorciers se savaient traqués et ils avaient de nombreux moyens de se cacher. Leur magie était puissante et capable de nombreux exploits qui n'était pas le cas des non-sorciers. Jedediah n'avait pas réussi à acquérir son savoir tout seul. Il avait fait la bonne rencontre, au bon moment. C'est ce qui l'avait amené à rejoindre ce groupe de miliciens avec qui il bossait. Ils avaient le parfait élément pour débusquer les sorciers, même ceux qui faisaient usage de leur magie pour ne pas être trouvé : un cracmol ! Enfin c'est comme ça que les sorciers les appelait. Au fond, ce n'était qu'un non-sorcier qui voyait la magie là où les autres ne le pouvait pas. C'était avec eux qu'il avait vécu l'attente la plus longue.

Les résultats, tant attendus, finirent par arriver. Sur la télévision, le visage neutre du présentateur apparut. Il faisait beaucoup d'effort pour ne pas montrer ce qu'il pensait des résultats qu'il tenait dans la main. Un vrai professionnel ! Il prit le temps de saluer tout le monde, de parler du comptage des votes et de prendre le temps de faire une petite pause avant d'annoncer le vainqueur. Sans surprise pour Jedediah, le visage de Rearden apparut à la droite du présentateur. Ce dernier salua le nouveau leader, annonça quelques évidences et puis disparut des écrans. Il n'avait fallu que deux minutes pour que le destin des Inquisiteurs changent du tout au tout. Jedeidah éprouvait a satisfaction du travail accompli, alors bien même, qu'il n'avait pas fait tant de choses. En fait, c'était surtout Micah qui avait agi comme un porte-parole, plus à l'aise dans le costume de politicien. Marylin avait aussi joué son rôle, comme toujours elle avait assuré comme une reine. Tandis que de son côté, il avait simplement été là pour écouter ce qu'avait à dire les uns et les autres et noter qui était un allié et qui ne l'était pas. Il avait continué à paraître le bon pote pour tous. Il n'y avait bien eu que lors de la soirée de retour de Dai Yong, qu'il avait fait montre de ses véritables idées politiques. Cela n'avait pas été prévu, mais le petit prince avait encore gaffé et il avait fallu rattraper ses erreurs. Prendre à partie l'héritière lors de cette fête, cela n'avait pas été l'une de ces actions les plus brillantes. Oui cela avait exacerbé les tensions déjà bien présente, mais sur le moment cela n'avait pas servi à grand-chose, si ce n'est montrer à Camila les véritables partisans de Rearden. C'était un gamin à bien des égards. Ils n'avaient pas beaucoup d'années de différence, à peine huit ans, mais parfois Jedediah se sentait plus vieux que son âge.

Il y avait de la joie tout autour d'eux ! Du rire aux cris de félicitation, chacun avait son mot à dire pour exprimer son soutien. Marylin était parti féliciter leur nouveau leader. Jedediah serra, quant à lui, la main de Micah et fit moult accolades à tout ceux qui voulaient exprimer leur joie face aux résultats. Il sentit presque les ongles de Vesper qui plongeait dans ses épaules. Cette femme avait vraiment un problème ! Pour Jedediah aussi c'était une victoire. Celle de pouvoir enfin venger celle qui comptait le plus pour lui. Au même moment où il pensait cela, il eut presque l'impression de voir deux autres visages lui apparaître, qu'il aurait préféré ne pas imaginer en cet instant. Le visage encadré de longs cheveux blonds de Blair n'était pas aussi souriant que dans ses rêves fiévreux. Elle semblait presque triste et lointaine. Quant à celui plein de larmes de la Flûte, il semblait n'était que de cendre en cet instant. Jedediah cligna des yeux deux fois avant de voir ces visages disparaître aussi vite qu'ils lui étaient apparus. Ce n'était pas plus mal. Il avait toujours du mal à accepter qu'ils ne le quittaient jamais. Peu importait les années et le nombreux de sorciers morts, ils finissaient toujours, tous les deux, par le hanter. Il savait que la Flûte ne pourrait jamais venir lui reprocher quoi que ce soit. Il avait tenu son corps mort contre lui. Pour Blair, c'était autre chose. Il préférait penser que lorsque viendrait le temps de faire payer les sorciers, il ne serait pas celui qui l'achèverait, car il ne savait pas s'il en serait véritablement capable. Cette pensée n'était guère plaisante. Marylin revint vers lui et ils échangèrent une courte accolade pour célébrer la victoire de Rearden.

« J’imagine que c’est le moment du discours. » Souffla dans un murmure Jedediah à Marylin.

Il ne pouvait pas en être autrement. C’était un moment attendu où tous pourraient enfin prendre conscience de ce qui avait court en cet instant : le changement ! Il était plus temps d’ailleurs.

Rassemblement Wilkerson
Le Clan Wilkerson

Sentir la main de son père se poser sur son épaule pouvait paraître anodin pour les gens présents. Après tout, il s’agissait d’un geste naturel d'un père proche de son fils, mais ils se trompaient, tous autant qu'ils étaient parce que les Wilkerson n’étaient pas coutumier de ce genre d’attention et aussi parce que pour la première fois de sa vie, James venait de déceler une certaine fragilité dans l'attitude de son père. Cette main qui prenait appuie sur son épaule n'était pas rassurante et protectrice, c'était même tout l'inverse, elle était fébrile. Pour la première fois de sa vie, son père recherchait un appui, pour la première fois de son existence, il se reposait sur lui, pour la première et probablement dernière fois, son père laissait entrevoir une certaine fragilité que son fils n'avait jamais soupçonné en lui avant aujourd'hui. James n'était pas sans ignorer à quel point son père tenait à remporter les élections, non pas pour lui, mais pour les gens dénués de pouvoir magique. Avec Camila à la tête de leur parti, ils courraient à leur perte et tout le monde le savait. James avait aussi conscience que jamais son père ne se serait lancé dans cette aventure s'il n'était pas certain d'avoir ne serait qu'une chance de gagner. Et si rien n'était jamais joué d'avance en politique c'était encore plus vrai dans le cas présent où les pronostics étaient particulièrement serrés.
Comment son père vivrait-il une potentielle défaite ? Il n'en n'avait pas la moindre idée. Nul ne pouvait prétendre deviner le fond de ses pensées, pas même son propre fils. Son père restait une énigme à ses yeux et pourtant en cet instant, il avait la sensation de parvenir enfin à le comprendre à dire que s'il venait à perdre ces élections, il vivrait cette cuisante défaite comme une véritable humiliation et il ne serait absolument pas surprit de le voir quitter le Bastion et de se retirer définitivement de la vie politique, seul Micah aurait potentiellement la diplomatie nécessaire pour le faire revenir sur sa décision, mais ils n'en n'étaient pas encore là, pour l'heure, ils avaient encore une chance de gagner. James profitait de cette attente car si comme tout le monde, il était impatient de connaitre les résultats, il savourait ce moment durant lequel son père se reposait enfin sur lui, un geste qui le touchait bien plus que n’importe quoi d’autre. Ils n'étaient peut-être pas toujours d'accord sur tout, étaient déjà entré en conflit sur bien des points, mais cela n'empêchait qu'il aimait son père et qu'il obtiendrait toujours son soutient inébranlable, particulièrement en ce moment.
C'est parce que les murmures des innombrables discussions qui couvraient la salle, que ce terrible brouhaha sans fin, s'estompèrent que James quitta son père du regard pour tourner son visage en direction du grand écran qui monopolisait désormais toute l'attention de cette assemblée. C'était l'heure des résultats, ils allaient enfin connaître le nom de celui qui aurait légitimement le droit de porter le titre de Leader. Qui était ce nom ressortissant ? Etait-ce celui de son père ou celui de Camila ? James aperçu certaines personnes faire un pas en avant, en direction de l'écran plat comme si ainsi, ils pourraient mieux voir, mieux entendre le nom de celui ou celle qui allait être prononcé. Comme les autres, James fixa cet homme qui prenait un peu trop son temps à son goût pour annoncer le résultat lorsque le visage de son père apparu sur l'écran suivit de peu par son nom. James resta un instant immobile, sous le coup de la surprise. C'était son père. Son père avait réussi... il avait été élu ! Il était devenu le Grand Inquisiteur.... un sourire commença à apparaître sur ses lèvres alors qu'il sentit son père le tirer vers lui pour le serrer contre lui. Quand était-ce la dernière fois qu'il l'avait ainsi prit dans ses bras ? James n'en n'avait pas le moindre souvenir mais il apprécia ce contact chaleureux d'un père à son fils, et rien que pour ce moment, il était heureux que son père ait remporté les élections.
Cette accolade n'avait duré que quelques secondes, ni James ni son père n'étaient des hommes très démonstratifs, pourtant pour James, elle signifiait beaucoup. Tapotant une dernière fois le bras de son père qu'il laissa saluer la foule venue féliciter leur champion, James se tourna vers Alejandra et l'attrapa par la taille pour la soulever légèrement.

- On a gagné !!! Les choses vont changer à partir d'aujourd'hui, fit-il dans un grand sourire avant de reposer la jeune femme sur le sol. Je donnerais cher pour voir la tête de Camila et toute sa clique en cet instant !

Celle qui avait usurpée le titre de Grande Inquisitrice à la mort de sa mère, celle qui avait bien faillit les mener à leur perte par son incompétence ne devait surement pas s'attendre à se voir destituer der son titre et de son siège sans quoi elle n'aurait jamais proposé ces élections si elle n'était pas sure de gagner. Il fallait croire qu'elle était trop occupée à vivre dans sa tour d'ivoire pour réaliser ce que les Inquisiteurs attendaient vraiment d'un dirigeant et que sa politique était totalement décrié, peut-être avait-elle beaucoup trop sous-estimé son père. Plus que Camila, c'était les têtes que devaient tirer certaines personnes de son entourage que James aurait aimé voir en cet instant et tout particulièrement celle de l'insupportable Hopkins et de cette tête à claque de Grayson, s’il n’avait qu’un vœu ce serait celui-là, graver à jamais dans sa mémoire leurs têtes déconfites. Grayson n’allait plus rire à présent que son père était à la tête de leur parti, d’ailleurs il ne serait guère surprenant que ce charlatan dégage une bonne fois pour toute de l’enquête des factions et que son père le remplace enfin par quelqu’un de compétent. Il avait beaucoup décrié la plupart des décisions de Camila en tant que Grande Inquisitrice mais foutre Grayson à la tête de cette enquête vraiment c’était la pire de toute. Mais qu’est-ce qui lui avait passé par la tête ? Heureusement tout cela allait changer avec son père et le Cercle allait à présent très vite être démantelé, grâce à eux. Quand aux sympathisants de Barbosa ils allaient devoir très vite changer de camps et faire allégeance à leur nouveau Leader, que ça leur plaise ou non. Alors que son père commençait à prononcer son discours de victoire, James eut une pensée pour une amie qui se trouvait dans l’autre camp. Sortant le portable de sa poche, il pianota rapidement un court message à l’adresse de Blue et l’envoya juste à temps pour applaudir son père. Il ignorait ce que la jolie rouquine avait prévu, mais le résultat de ces élections devrait l’aider à ouvrir les yeux et à prendre la bonne décision. En ce qui le concernait, ce soir il avait une victoire à fêter. Les choses sérieuses allaient enfin commencer et les sorciers allaient regretter de s’être cru supérieur à eux