Bradley & Abraham

Cette prison était l'une de celles qu'il détestait le plus. Pour peu, il avait l'impression de se sentir projeter dans le passer et même la défunte Alcatraz lui aurait sembler un endroit chaleureux. Bon d'accord... il dramatisait un peu. Les prisonniers y étaient traité de la même façon que ceux dans les autres établissement de ce même niveau de sécurité, mais sans savoir exactement pourquoi, elle lui donnait froid dans le dos. Peut-être à cause de ses couloirs interminables et nombreux qui la transformait en véritable labyrinthe ou pour son personnel tellement froid que même un épouventard passerait son chemin. À vrai dire, dès qu'il quittait cette prison, il était pris d'une folle envie de faire brûler ses vêtements. C'était comme si cet endroit avait son odeur bien à elle et qu'il détestait l'idée de rapporter l'odeur avec lui. Il l'aurait sans doute fait d'ailleurs.. si ce n'était pas qu'il aimait bien trop la mode pour commettre une pareille injustice en brûlant des tenues d'aussi bon goût... Non à la place il partait à la quête d'un doux parfum ou d'une eau de Cologne afin d'égayer le tout et de terminer d'une douce façon la journée.

Laissant l'agent de sécurité lui ouvrir la porte vers la salle de visite, le psychologue constata avec satisfaction que son client du jour s'y trouvait déjà. Bradley Lennox... Abraham devait l'avouer... Il ne se lassait jamais de venir rendre des petites visites à cet extrémiste haut en couleur. Enfin... Extrémiste.. Abraham ne considérait plus vraiment que le frère aîné du chéri de son Imane en était un. Certe il avait fait des choses répréhensibles et il ne serait jamais un petit toutou doux et docile, mais s'il pouvait arrêter d'encourager une bande d'imbécile qui tue des moldus ce serait déjà bien et ça, il croyait de plus en plus que ce serait faisable. Oooh s'il y avait une chose dont il était certain c'était de des bêtises il allait continuer à en faire. Il pouvait le deviner juste en le regardant quelque seconde lorsqu'ils parlaient de ce genre de choses avec lui, l'étincelle qui naissait dans son regard à l'idée d'agir comme un crétin, il adorait ça ! Et Abraham ne pouvait pas lui en vouloir... Il le comprenait tellement. Mais il avait besoin de jouer assez dans sa tête pour lui faire comprendre la différence entre les bonnes et les mauvaises bêtises et comme c'était une horrible bêtise qui l'avait mené jusqu'ici... Ça n'allait pas être un jeu d'enfant.

Le début de la rencontre se déroulait bien, comme toujours en fait. Le psychologue s'amusait à insérer dans l'esprit du criminel des pensées sans même que ce dernier n'est l'occasion de le remarquer. Il ne le forçait pas à parler de ses sentiments, il n'était pas encore prêt à ça et la seule chose qu'il en retirerait serait des insultes ainsi qu'un impressionnant étalage de grossièreté. Non, s'il voulait vraiment que ses paroles fassent leur chemin dans l'esprit d'un homme tel que Brad, il devait les prononcer en toute innocence et ne pas lui demander d'élaborer à ce sujet, il plantait tout simplement l'idée avant de disparaitre, lui laissant profiter des longs instants de solitude derrière les barreau pour y penser sérieusement et bien que cela ne faisait pas très longtemps qu'il était en charge de cet homme, il était convaincu que ça fonctionnait lentement, mais surement.

L'un des nombreux défi du jour avec lui état d'ailleurs d'essayer de trouver quelque chose pour le divertir et ainsi l'empêcher de faire des bêtises. Bradley vivait dans une bulle où la simple idée que le bonheur soit possible était pour lui une blague d'un ridicule effarant et Abraham savait très bien que dès l'instant où il parviendrait à lui faire comprendre que c'était possible, son travail avec lui deviendrait beaucoup plus facile.

« Vous savez Bradley, je ne doute pas un seul instant en les capacités de votre frère de vous venir en aide grâce à ses nombreuses idées, mais je crois que c'est la base du problème. Comment vous levez chaque matin pour aller travailler si ce n'est pas ce que vous avez choisis. Normal que vous vous lassiez et n'y retourniez pas. Il doit bien y avoir quelque chose que vous prenez plaisir à faire sans que cela écarte les cuisses ou vous provoque une douce et agréable ivresse. Un passe-temps ? Un hobbies ? »

Abraham continuait de croire que boire, ne rien faire et baiser ne pouvait pas être les seules choses qu'appréciait cet homme et si oui, c'était parce qu'il n'avait rien connu d'autre et qu'il devrait faire en sorte découvrir en même temps que lui ce qui pourrait bien l'amuser et l'inspirer pour une possible voie professionnel. Il était vrai qu'il aurait du mal à trouver le moyen de faire engager un sorti de prison n'ayant jamais tenu un seul boulot, mais il voyait ça comme un défi. Et puis.. C'était elle qui lui avait demander et pour elle, il était prêt à tout. Quand Bradley lui retourna la question, il ne put s'empêcher de rire légèrement avant de réponde sans préciser qu'il avait pendant quelque temps eu l'intention d'être du mauvais côté... ni que son obsession pour les esprits criminels était presque malsaine.

« J'ai toujours été fasciné par le monde criminel. Je vous l'ai dit, je n'écoute pas les chicanes de couples emmerdantes. J'aime les cas plus... intéressants. Je suis psychologue depuis 10 ans car je trouvais qu'être négociateur devenait emmerdant... je ne pouvais pas faire ce que je veux avec la brigade et leurs conseils merdiques alors j'ai dit adieu au force de l'ordre et j'aide à ma propre façon désormais. »

The game is on

   La première fois que Bradley s'était retrouvé face à Abraham Royce, il l'avait jugé de haut avec un certain dédain notamment en découvrant qu'il était psy et qu'il venait de la part de son frère ou plus exactement de la femme qui partageait sa vie. Cela avait fait tiquer Brad car depuis qu'il le connaissait, c'est-à-dire depuis toujours, jamais il n'avait vu son frère avec une fille ni même flirter et pourtant c'était pas faute de lui avoir fait quelques coups tordus à ce sujet. Bradley aimait se moquer de la timidité de son cadet, parce que dans le fond, il était plus facile d'en rire que d'affronter les véritables raisons de ses complexes et de sa timidité. Bien évidemment, il ne lui était pas collé au cul H24, ils pouvaient tout à fait rester des semaines sans se voir, voir même des années, et il espérait sincèrement que Ty savait ce que signifiait s'éclater au pieu au cours d'une bonne baise à deux ou plus mais visiblement il s'inquiétait pour rien. Ce fut lors de l'une de ses dernières visites que Tyler lui avait annoncé qu'il était maqué avec une nana et pas n'importe quelle nana : Imane Khazen, rien que ça ! Comment son frère avait-il fait pour se dégotter et surtout lever une poule  pareille ?! Cela restait un mystère mais il comprenait un peu mieux sa réaction lorsque son nom avait été évoqué lors de la grande réunion pro-moldus. Putain d'bordel mais pourquoi ne lui avait-il rien dit ?! Il était évident que son frère avait bien plus de secret que lui n'en n'avait jamais eu envers lui et qu'il ne lui faisait pas confiance, ce qui le blessait d'autant plus. Parce qu'il avait beau être ce qu'il était et parfois ne même pas savoir lui-même pourquoi il faisait certaines choses, Tyler restait la seule personne importante à ses yeux.

Au fil des rencontres et des échanges, Bradley avait apprit à apprécier la présence d'Abraham qui avait du répondant et qui prenait avec humour ses petits piques insolents qui auraient fait grimper au rideau cette limace de religieux de mes deux. Pourtant les choses ne s'étaient pas faites avec autant d'aisance qu'on pourrait le croire, Bradley avait plus d'une fois copieusement insulté son visiteur en l'envoyant chier, congédié un nombre incalculable de fois et pourtant le petit bonhomme rond débonnaire était toujours là avec son petit sourire au lèvres et ce regard qui lui donnait la désagréable sensation qu'il pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. Mine de rien, sans en avoir l'air, lui et Abraham avaient eut l'occasion de parler de nombreuses choses : de Ty bien sur, de baise et des femmes en générale, d'Imane Khazen, et surtout, et c'était ce qui l'avait poussé à coopérer malgré tout, de cette infime possibilité qu'il aurait peut-être de ne pas prendre a perpétuité pour ses actions au sein des pro-moldus. Il savait déjà qu'il pouvait compter sur Ty qui essayait de réparer ses conneries en notifiant dans son rapport qu'il l'avait délibérément introduit en connaissance de cause auprès des terroristes ce qui devrait aisément jouer en sa faveur. Quand à Abe il semblait persuadé qu'il finirait par sortir d'ici, et lui avait demandé ce qu'il comptait faire si cela arrivait. Comme à son habitude, Bradley n'avait pas pu s'empêcher de tourner sa réponse en dérision prétendant qu'il se dorerait la pilule autour d'une piscine entourées de filles à poile. A présent que son frangins se faisait entretenir par la poule aux oeuf d'or pourquoi ne profiterait-il pas non plus de la belle vie qui allait avec ? Une plaisanterie qui n'avait guère été au goût du psy. Brad avait pu constater que dès qu'il touchait de prêt ou de loin à Khazen, l'homme malgré son apparence cordiale et chaleureuse n'hésitait pas à montrer les crocs. Bradley testait et voyait sans peine jusqu'où il pouvait aller et quels étaient au contraire les lignes à ne pas franchir. Il savait qu'il serait stupide de sa part de se mettre à dos un type tel que lui, qui avait peut-être la possibilité de le faire sortir d'ici. Bien sur, en réalité, Bradley n'y croyait pas une seule seconde, jamais, au vu des charges qui pesaient contre lui, on ne le laisserait sortir de si tôt. Mais il avait bon espoir d'échapper à la peine capitale ce qui n'était déjà pas si mal, même si c'était loin d'être suffisant. Pourtant et bien qu'il refusait d'y croire, Abe avait fait naitre en lui une étincelle d'espoir qui, malgré lui, le faisait réfléchir à ce qu'il pourrait faire en sortant d'ici. Même en étant condamné à perpète, il pouvait toujours rêver de liberté parce que sa vie ne s'arrêterait pas là et qu'il avait encore un avenir. Après tout, ne disait-on pas « tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir » ? Mais dès qu'il se mettait à espérer, il chassait aussi vite cette idée de son esprit. Il n'était pas question qu'il se berce d'illusion, parce que s'il se mettait sérieusement à y croire et que cela n'arrive finalement jamais, il savait qu'il aurait du mal à voir ses espoirs être réduit à néant  et qu'il n'aurait plus jamais la force de parader comme il se plaisait à le faire en ce moment.

Devant l'insistance d'Abraham, Bradley n'avait pas manqué de lui faire judicieusement remarquer que même s'il venait un jour à sortir d'ici, il n'était pas certain qu'on se précipite pour offrir un job à un ex-taulard. Avec sa nonchalance habituelle, il lui avait répondu qu'il aurait déjà le temps de voir venir et qu'il ne s'inquiétait pas pour ça. Pourquoi s'emmerderait-il à réfléchir ? Tyler le faisait déjà pour lui. Il savait qu'il pouvait compter sur son frangin pour lui dégotter un boulot comme il l'avait toujours si bien fait jusqu'ici. Cette réflexion n'avait pas manqué de faire réagir Abraham qui pointa Tyler du doigt, en ne manquant pas de souligner qu'il était peut-être la base même de ce problème. Bradley ne comprenait pas pourquoi le psychologue lui disait ça mais il n'eut pas besoin d'attendre pour comprendre le fil de sa pensée qui ne manqua pas de le faire légèrement ricaner. Abraham pour sa part se dévoila légèrement en lui parlant de son parcours professionnel et Bradley ne pouvait s'empêcher d'apprécier le franc parler de cet homme qui jugeait le boulot de négociateur « emmerdant » à cause des « conseils merdiques » des flics. Ah oui décidément, il l'aimait bien son franc parler, et c'était ce qui le décida à se confier à son tour.

- Ty m'a donné goût aux tatouages, fit-il en levant sa main pour lui montrer la croix celtique qui ornait si fièrement son avant-bras gauche.

Outre la croix celtique était également visible la croix qui se trouvait sur son cou du coté gauche ainsi que l'inscription latine « Veritas » qui se trouvait sur sa main gauche également

- J'en ai 7 au total, comme mon frère, à moins qu'il soit déjà passé à 8, c'est possible. Moi, j'lui ai filé le virus des motos. Un temps, j'ai travaillé dans un garage, le vieux à qui il appartenait m'avait bien formé. Il était un peu dur de la feuille mais j'laimais bien ce con. Il était chiant et lourd mais il était correct.... Il m'a laissé retaper la vieille moto de son fils qu'il gardait uniquement pour récupérer des pièces. C'était une YZ80, et ça été la première moto de Ty

Bradley s'interrompit durant un instant en se rappelant cette époque qu'il avait presque oublié avant qu'il ne l'évoque  avec Abraham

- J'pensais à l'époque qu'avoir un travail fiable et qu'en étant reconnu comme garagiste avec les années de pratiques en guise de diplôme j'pourrais prendre Ty avec moi. Qu'il soit plus obligé de vivre avec notre vieux...

Bradley sentit sa gorge se nouer à se souvenir et ses yeux devenir vitreux, baissant légèrement la tête pour se reprendre il la releva bien vite pour faire face à Abraham avec en prime un sourire moqueur

- Mais ça c'est pas fait, s'est connu y a pas pire poisseux que les Lennox. J'aimais bien traficoter les motos, Ty le sait et d'ailleurs il m'a trouvé quelques jobs dans des garages mais que voulez-vous, j'aime bien dormir et j'oubliais très souvent de m'lever... tant pis, rajouta-t-il avec innocence avant de reprendre son sérieux. Arrêtez d'me faire croire que j'pourrais sortir d'ici sous peu, parce que je pourrais finir par avoir envie d'y croire, et on sait tous les deux que la désillusion sera terrible

Bradley & Abraham

Abraham ne savait pas véritablement à quoi s'attendre lorsqu'il questionnait Bradley sur ce qu'il aimait dans la vie. Il ne pouvait pas encore se venter de pouvoir prévoir la façon avec laquelle il allait réagir car il était certain d'une chose et c'était que l'aîné Lennox parvenait comme peu à le surprendre. C'est sans doute pourquoi un sourire agréable vint illuminer le visage du psychologue en entendant quelque chose d'aussi sincère quitter les lèvres du prisonnier.

« Joli ! Je dois admettre que je n'ai encore jamais essayé ! Et est-ce que tu t'es toi-même fait l'un d'entre eux ? »

Après tout, s'il avait l'âme artistique et le talent nécessaire il s'agissait peut-être d'une avenue qu'il avait pas encore envisagé et qui pourtant pourrait lui plaire ! Il y avait d'ailleurs dans cette manière de parler de Bradley un sérieux qu'il avait rarement entendu et une sorte d'affection qu'il avait jusqu'alors témoigné uniquement quant il était question de son frère. Abraham aimait voir le chemin parcourut depuis leur première rencontre car même s'il n'avait aucune doute qu'il en restait encore beaucoup à parcourir, c'était la preuve qu'un changement, ou plutôt un développement, était probable. Il lui confirmait d'ailleurs son impression en lui racontant un moment à la fois heureux et personnel, celui de la première moto qu'il a pu modifier pour qu'elle puisse enfin appartenir à son frère. Abraham savait que Bradley lui en voulait terriblement, mais il espérait parvenir rapidement à le faire passer par dessus cette rancoeur. Il était convaincu que Tyler allait être un pilier dont il allait avoir obligatoirement besoin. Son sourire diminua lorsque la conversation à la fois légèrement, mais touchante prit un tournant plus sombre.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu n'es pas obligé de répondre à ça... »

Abraham savait qu'il poussait l'audace, mais il avait sincèrement envie de comprendre, envie de savoir si les histoires d'horreurs qu'il s'imaginait de plus en plus s'approchait de la réalité ou non. Bradley ne répondit pas, mais au moins il ne prit pas non plus mal sa question. Retrouvant son sourire moqueur et parvenant à nouveau a agir comme si rien ne le touchait, il repoussa se moment de sincérité qu'il venait de vivre et bien qu'Abraham ne tenta pas d'en forcer le prolongement, il gardait chaque seconde en mémoire.

« Et bien il va falloir vous trouver quelque chose qui va vous forcer à vous lever le matin ! Vous avez déjà essayé de travailler de soir ? ou encore de nuit ? »

Certaines personnes n'étaient tout simplement pas matinales, mais Abraham avait plutôt l'impression que c'était l'idée d'aller au travail qui dérangeait l'homme et non pas le seul fait de se réveiller. Rapidement, Bradley semble perdre le peu d'espoir qu'il avait fait naître en lui. Abraham savait que le convaincre risquait d'être long et ardu, mais c'était tellement important et sans cette confiance et cet espoir, il n'avait aucune chance d'obtenir une véritable et sincère collaboration de Bradley.... Haussant les épaules, Abe s'allongea afin de venir mettre ses pieds contre l'accoudoir près de la vitre.

« Bradley, j'ai vraiment l'air d'un type qui a assez de temps à perdre pour venir vous donner de faux espoir ? Je préfèrerais personnellement être en charmante compagnie à assouvir bon nombre de mes besoins, mais si toi tu préfère rester ici avec Johnny et Stephen plutôt que de sortir et te tapper Jenna et Stéphanie c'est ton choix. »

Bon d'accord... il adorait s'amuser à l'énerver un peu en le provoquant gentiment. Reprenant son sérieux, Abraham regarda Bradley droit dans les yeux.

« Elle m'a engagé pour sortir ton cul de cette prison si tu me prouvais que tu n'étais pas un danger pour les autres et c'est exactement ce que je vais faire. Jusqu'à maintenant, je suis de plus en plus convaincu que tu n'es pas cet enfoiré que tu tentes de faire croire que tu es. »

Abraham était sérieux, mais même s'il parlait avec une certaine légèreté, il savait que cet homme avait un grave problème de confiance, que ce soit en lui ou envers les autres. Il n'était pas si facile de le motiver et de lui donner de l'espoir, mais il espérait vraiment qu'il comprendrait à quel point il avait tout à gagner en continuant de collaborer.

« Alors... on continue de parler de votre sortie ? »

The game is on

  Bradley n'avait pu s'empêcher de rigoler en entendant Abraham lui poser des questions sur ses tatouages. Non pas que ses questions étaient ridicules mais jamais il n'aurait imaginé parler de ça avec un type encravaché, psy de surcroit. Avec un autre qu'Abraham il n'aurait pas imaginé la moindre once de sincérité dans ses propos, parce qu'un autre l'aurait forcément pris pour un con en essayant de l'amadouer afin de s'attirer ses bonnes grâces et sa sympathie. Dans le fond, c'était peut-être également vrai pour Royce, mais pour avoir discuté avec lui, Bradley était convaincu qu’il n’était pas seulement intéressé et qu’une partie de lui était sincère quand il faisait référence à ses tatouages car il savait désormais que le bonhomme était suffisamment anticonformiste pour s'y intéresser vraiment. Il l'imaginait même tout à fait capable de venir le voir un de ces quatre matins pour lui montrer fièrement son premier tatouage

- T'es fou, se moqua-t-il, on voit que vous en avez jamais fait sinon vous poseriez pas la question. On peut pas s’tatouer soi-même, mais si ça vous intéresse, j'vous donnerais l'adresse de notre tatoueur, il est à New-Phoenix, décida-t-il en se tapant les mains en ricanant

Il imaginait tellement Abe entrer dans ce bouge ! C'était petit, et vu de l’extérieur ça ne payait pas de mine avec ses néons tape à l’oeil et son carrelage  jaunâtre qui avaient déjà vécu de nombreuses vies. La boutique était située dans le passage d'une ruelle pas très fréquentable de la capitale où zonaient beaucoup de bikers, de paumés et de métalleux tous tatoués des pieds à la tête. Chuck, le patron avait une carrure assez imposante qui ne vous donnait aucune envie de vous frotter à lui. La barbe bien fourni, la tignasse attaché dans une queue de cheval, il vous observait de ses petits yeux scruteurs sans décocher le moindre mot, mais lui s’était un as. C’est lui qui avait fait les démons qui se trouvaient dans le dos de Tyler, dès qu’il avait vu ça, Bradley avait demandé à ce que ce soit lui uniquement qui s’occupe à l’avenir de tous ses prochains tatouages. L’homme en avait lui-même une sacrée collection qu’il exhibait fièrement telle une vitrine vivante. Et que dire de Sally, cette petite salope en mini-jupe et ses micro-débardeur plongeant qui dévoilait absolument tous et il ne faisait pas uniquement référence à ses multiples tatouages dont son corps était parsemé. Imaginer Abe entrer dans ce repère de Yakuzas était définitivement la blague de l'année. Non pas pour Abe, qui s'y sentirait probablement comme un poisson dans l'eau, mais plutôt pour la tête que ferait Chuck, Sally et tous leurs habitués en voyant ce personnage haut en couleur franchir leur porte. Bon Dieu, qu'est-ce qu'il donnerait pas pour voir ça !

La conversation avait naturellement bifurqué sur une autre de ses passions, les motos et son travail dans le garage du vieux Owen. Il en gardait un bon souvenir et même s'il n'avait jamais imaginé devenir l'employé modèle de l'année, il avait sincèrement cru à une époque qu'il pourrait bosser toute sa vie dans ce garage. Tyler avait même prévu de faire un apprentissage chez eux pour être former et ensuite pourquoi pas, embauché. La perspective de bosser avec son frangin c'était le rêve. Ils en parlaient souvent quand ils se projetaient dans l'avenir et puis le vieux l'aimait bien il ne se gênait d’ailleurs pas pour recadrer Ty quand ce dernier voulait s’amuser à jouer les petites frappes avec lui. Tout ça, ça aurait pu être cool, mais finalement ça ne c'était pas fait... comme d’habitude lorsqu’ils avaient de beaux projets. Lorsqu'Abe chercha à savoir pour quelle raison tous les projets qu'ils avaient à l'époque n’avait pas vu le jour, Bradley avait levé les yeux sur lui, sans répondre, le visage fermé. Pour quelle raison ? Parce que la concession avait été racheté par un connard, qu'il s'était retrouvé sans boulot du jour au lendemain après avoir cassé la gueule au nouveau propriétaire, que Ty avait faillit crever et qu'il avait commis son premier meurtre. Des gens mourir, Bradley en avait vu plein, et souvent de manière violente, ce n’était donc pas le premier mort qu’il voyait, de plus, il n’avait peut-être pas été soupçonné pour cet « accident » domestique, et si on rajoutait à cela que ce salopard méritait de crever pour toutes les tortures qu’il leur avait infligé, il n’avait absolument aucun regret mais tuer quelqu’un de sang-froid, ce n’était pas facile pour autant et il avait beau être ce qu’il était, il lui avait fallu à lui aussi digérer l’après coup. Voyant qu'il ne lui répondait pas Abraham lui assura qu'il n'était pas obligé de lui répondre, ce qui sous-entendait que sa question le touchait et ça, il n’était pas question de le reconnaitre. Il n'en fallu donc pas plus à Bradley pour afficher à nouveau un air désinvolte

- On se tutoie maintenant ? Ok si tu veux. Naaann c'est bon, y a rien à cacher, j'ai cassé la gueule au nouveau gérant et j'me suis taillé, répondit-il avec indifférence tout en mâchouillant son chewing-gum et en tapant du pied nerveusement.

Un large sourire moqueur s'étendit sur son visage en entendant le psychologue émettre certaines suggestions qui pourraient l'inciter à garder un taff. A croire qu'il n'y avait que ça qui intéressait Abe : sa soi-disant « réinsertion social », sauf que le bonhomme ne semblait pas comprendre que le problème n'était pas de se lever le matin, le problème c'était d'être le larbin de quelqu'un. Si Tyler avait envie de se faire prendre pour un con et de faire toute les merdes qu’on lui demandait, c'était son problème, mais lui il était son propre maitre et il était bien décidé à mener sa vie comme il l'entendait

- Bosser la nuit ? Mais t'es ouf toi ! Fit-il dans une grimace, outré qui puisse lui faire une telle suggestion. La nuit c'est la fête ! J'irais picoler et baiser quand si je bossais la nuit ? Y a des priorités dans la vie. Nan, en fait le bon plan c’est mon frangin qui l’a trouvé, fit-il en soulevant les sourcils d’un air de connivence

C’était connu, l’ainé des Lennox adorait faire chier son monde et il riait d’avance à la réaction qu’aurait son cadet lorsqu’il lui dirait qu’il comptait faire comme lui dès qu’il sortirait d’ici : se faire entretenir par la poule aux œufs d’or. Nan parce que décidément, ça c’était vraiment le plan de rêve. Il n’était absolument pas dans ses intentions de travailler, ni même de songer à prendre le moindre travail. Il n’avait jamais réellement bossé de sa vie, et ce n’était certainement pas aujourd’hui qu’il allait commencer à se fondre dans le moule et à devenir un mouton bien docile comme tous les autres, Ty compris. Si c’était les ambitions des autres, tant mieux pour eux, mais ce n’était absolument pas les siennes. Malgré tout évoquer la possibilité d’effectuer un travail ne le dérangeait pas particulièrement car cela évoquait la possibilité d’avoir un avenir qui allait de pair avec une prochaine libération. Et c’était ce genre de perception, qui commençait bien malgré lui, sérieusement à le faire espérer. Une chose qu’il se refusait pourtant. Il n’avait peut-être pas fait de longues études mais il n’était pas stupide, il savait au vu des accusations qui pesaient contre lui, qu’il n’avait quasiment aucune chance de sortir de ce trou à rat c’est pourquoi il refusait d’y songer et qu’il ne s’attendait à rien mais commencer à espérer c’était se frotter à une forte désillusion. Malheureusement pour lui, et malgré toute sa volonté, il sentait que c’était déjà trop tard et que malgré ses réticences une flamme pleine d’espoir s’était allumé en lui.

- Ben j’en sais rien moi, après tout j’te connais pas, répondit-il à la question du psychiatre en jouant les indifférents. Qui sait vous aimez peut-être bien ma compagnie, rajouta-t-il en ne pouvant s’empêcher de faire le clown

Royce perdrait-il vraiment son temps ici s’il pensait qu’il n’avait aucune chance de s’en tirer ? Il n’en savait rien, après tout l’autre débile de curé semblait ne rien d’autre avoir à faire, et puis comment pouvait-il être à ce point convaincu qu’un juge le relâcherait ? La suite de sa remarque par contre eut le mérite d’attirer son attention car si le fait d’imaginer le chauve avec une libido aussi poussé que la sienne en compagnie de deux pépètes bien roulés, son amusement approbateur disparu dès qu’il lui renvoya dans la tronche une réflexion qui sous-entendrait une potentiel homosexualité de sa part

- T’es pas entrain d’me traiter de pédé là ? S’assura-t-il le regard sévère

Il y avait des plaisanteries qui ne l’amusaient guère et à vrai dire celle-ci en faisait parti. Si Bradley avait bien en horreur une chose, c’était les mecs qui adoraient s’envoyer en l’air. Ça le dégouttait, et c’était bien l’un des rares points sur lequel il était d’accord avec son vieux. Etre assimilé à ça, était la pire insulte qu’on puisse lui faire.
Abraham se trompait aussi s’il croyait qu’il n’était pas un enfoiré. Il le confondait peut-être un peu trop vite avec Ty qui avait toujours été le plus « gentil » des deux, mais après tout s’il pensait ça, il pouvait toujours entrer dans son jeu et continuer à le berner, il était évident que ça ne pourrait que lui servir. Un point cependant l’intriguait, à vrai dire, c’était même quelque chose qu’il ne comprenait pas… Royce avait beau ne pas citer son nom, à présent Bradley savait parfaitement à qui il faisait référence lorsqu’il disait « elle ».

- y a un truc qui m’échappe, pourquoi elle fait ça ? Elle m’connaît même pas ? Qu’est-ce que ça peut lui foutre de savoir que je passerais ma vie ici ? Je doute qu’elle attende quelque chose de moi, cette nana a déjà tout ce qu’elle veut. Où peut-être qu’elle convoite mon corps, plaisanta-t-il tout en bombant le torse tout en passant sa main dessus,  incapable de rester sérieux très longtemps

Pourquoi ? Pourquoi faisait-elle ça alors qu’il était avec les pro-moldus et que ces derniers l’avaient pris pour cible. Elle devrait le haïr, alors pour quelle raison souhaiterait-elle l’aider ? Elle était complètement stupide ou quoi ? Ça n’avait aucun sens ! Personne n’aidait jamais personne gratuitement, il y avait toujours une contrepartie à payer mais dans le cas présent, il ne voyait vraiment pas ce qu’elle pouvait attendre de lui et à vrai dire ça le rendait vraiment soupçonneux. A moins que Ty ne lui ai menti et ne l’ai fait passer pour un héros ? Après tout, le mensonge c’était devenu sa spécialité. Peu importait dans le fond, il aurait toujours l’occasion de s’en accommoder par la suite, ce qui importait c’était que ça fonctionne. N’ayant rien d’autre à rajouter, il se contenta d’approuver d’un signe de tête assez grave lorsqu’Abraham lui demanda s’il pouvait continuer à parler de sa sortie

- Alors dites-moi, qu’est-ce que je dois faire ? Je dois attendrir le jury en parlant de mon enfance malheureuse ? Dire que j’ai tout fait pour les arrêter ? C’est quoi la solution miracle pour sortir d’ici ? J'vous écoute

Cette fois il était sérieux, il ne voulait pas rester une minute de plus ici et même s’il sentait qu’il allait le regretter d’avoir osé y croire, ce chauve était la seule possibilité qu’il avait de sortir d’ici un jour. Il n’était pas question qu’il laisse filer cette chance.

Bradley & Abraham

Abraham levait les mains légèrement en l'air en entendant Bradley le traiter de fou et d'ignorant en tatouage, il devait l'avouer, il plaidait entièrement coupable à ces accusations !

« Ça c'est bien vrai ! Et merci de la proposition, j'y réfléchirai et si je décide de faire le grand saut je te demanderai ! »

Cette petite discussion tourner autour de l'ancre et des aiguilles semblait avoir donner un peu de bonne humeur à Bradley qui se confia surprenamment facilement sur les autres passions qui avaient parsemées sa vie. Il avait beau ne pas lui faciliter la tâche, mais Abraham savait que s'il voulait mettre toutes les chances de son côté et grandir il devait se trouver un travail aussi simple soit-il. Les obligations qu'entrainait d'entrer dans ce monde viendraient imposer certaines limites et donnerait à l'homme un expérience qui serait non négligeable dans son cheminement. Le regard que lui avait fait l'homme parlait bien plus que les mots et c'est ainsi qu'Abraham sut qu'il n'allait pas chercher à pousser d'avantage cette question, c'était trop tôt, néanmoins il gardait en mémoire la réaction qu'il avait eu, bien décidé à chercher à approfondir lorsque ce serait le bon moment. Abraham retrouvait donc sa légèreté, prétendant croire en cette fausse désinvolture qu'il exhibait devant lui.

« Je me dois de le reconnaître, le principe du tutoiement est du vouvoiement est aussi essentiel qu'il est emmerdant, ça dépend de mon humeur je crois.. ou de la rapidité avec laquelle je réalise avoir changé  »

Retourner l'attention sur lui dans cette blague lui avait permis de ne pas braquer complètement Bradley et de le relancer sur le fondement même de cette discussion. Il y avait tant d'êtres humains différents sur cette terre et des emplois dont parfois on ignorait même l'existence. Si Bradley y mettait ne serait-ce qu'un soupçon de volonté, il pourrait parvenir à trouver un domaine dans lequel il serait à l'aise. Abraham savait que si Bradley n'était pas capable de se passer d'alcool où de la garder dans son pantalon à partir d'une certaine heure ça allait être difficile, mais il désespérait pas. Il finirait bientôt par comprendre ce qu'est la vrai vie. Si Abraham gardait une expression neutre pendant sa réflexion, son air se changea dès l'instant où Bradley insinua à nouveau la chance qu'avait son frère d'avoir l’opportunité de pouvoir se faire vivre par Imane et ne rien faire... Heureusement que l'autre frère était bien différent de celui-ci.

« Encore heureux que votre frère soit différent de vous à ce sujet. »

C'était bien l'une des choses qui l'avait frappé lors de ses courtes rencontre avec Tyler et ses discussion avec Imane, Abaham savait qu'il était exigent envers celui qui partageait aujourd'hui la vie de sa presque fille, mais au fond il l'appréciait sincèrement. Tyler n'était pas avec elle pour son impressionnante fortune, il en était convaincu. Elle était naturellement revenue parmi les discussions car Abraham souhaitait jouer franc jeu avec son client. Aujourd'hui il était sincèrement intéressé à l'aider, mais au départ il aurait bien laissé crever en prison la moindre personne ayant collaboré de près ou de loin avec les moldus extrémistes. S'il était venu à la base, c'était pour elle. Désormais il préférait se concentrer sur le futur, entendre Bradley se braquer au quart de tour en imaginant qu'il le traitait d'homosexuel lui décrocha un rire... Aaaah les homophobes, charmantes petites créatures qui se ressemblaient toute sur leur façon de réagir sur le sujet. Ils ne savaient pas ce que leur étroitesse d'esprit leur faisait manqué... Mais bon il n'était pas ici pour discuter de ça.

« Absolument pas ! Je suis entrain de te laisser le choix ! Qu'est-ce que tu préfères Bradley, rester ici avec les autres poilus qui n'attendent que ce moment glorieux où tu échappera ton savon ou faire des efforts pour retrouver les douces courbes des femmes qui t'attendent à l'extérieur ? »

Bien plus amusé qu'il ne le laissait paraître, Abraham continua de se montrer honnête envers lui espérant que cela l'aide à lui faire confiance assez pour cesser ne serait-ce qu'une parcelle de cette comédie qu'il adorait faire pour se concentrer sur les véritables moyens d'alléger sa peine et de le faire sortir d'ici le plus rapidement possible. Bradley ne semblait d'ailleurs pas comprendre pourquoi Imane agissait ainsi et à dire vrai, lui-même avait eu du mal à comprendre ses intentions. Ce n'est qu'en la voyant avec Tyler qu'il comprit, mais ça il n'avait pas l'intention de s'étendre sur le sujet.

« C'est vrai... elle le fait pas vraiment pour toi et non, elle attend rien de toi. Ton frère fait tout ce qu'il peut pour te sortir d'ici et elle m'envoie pour l'aider lui atteindre son but. Pour ce qui est de ton corps.. bon sang ce que j'aimerais te voir poser cette question à ton frère. »

Il avait résumé, parce que de toute façon expliquer à quel point Imane était amoureuse de Tyler ne risquait que de lui donner du temps pour réfléchir à des coups foireux lui permettant d'en profiter, ça il en était presque convaincu. Préférant virer le tout à la blague et espérer changer de sujet, Abraham l'avait invité à faire part de cette proposition à Tyler car avouons le, il doutait qu'il trouverait cette option intéressante. Retournant à nouveau la discussion vers ce qui comptait véritablement, il souhaita voir s'il était véritablement prêt à faire les effets nécessaire et même si sa réponse comportait son lot de sarcasme habituelle, au moins cette fois il semblait sincèrement intéressé par la réponse qu'il lui donnerait.

« La pire chose à faire est de jouer la comédie car une accumulation de mensonge ne peut que t'enliser. Il va falloir améliorer la vérité disons... À ce niveau, je te laisse voir avec votre frère en fonction de ce qu'il a fait inscrire à ton dossier et je vais voir pour trouver un avocat compétent qui saura réduire au minimum les preuves acceptables contre toi. Pour ce qui est de ton travaille à faire, ce sera beaucoup plus difficile. Tu vas sans doute pas aimer ce que je vais dire ou trouver ça d'un ridicule grotesque, mais si tu souhaite vraiment sortir d'ici tu vas prendre le temps d'y réfléchir. Ça va prendre du temps et des efforts... Tu vas sans doute détester ça, mais c'est le moyen le plus efficace. »

Laissant Bradley digérer les nombreuses informations qu'il venait de lui dire, Abraham se recula contre sa chaise afin de s'y adosser confortablement. Silencieux pendant quelques secondes, il fixait Bradley, se demandant à quel point il devait être honnête sur tout le travail à faire. Était-il en mesure de comprendre ce que ça impliquait ? Pas entièrement malheureusement... non il allait commencer par lui donner les premières étapes qui seraient la fondation même de tout le reste.

« Nous allons devoir les convaincre que tu n'es plus - ou pas tout dépendant le rapport - un danger pour la société. Ça nous allons travailler la dessus dans quelques temps, mais avant tu vas me faire plaisir à réfléchir aux raisons sincères t'ayant poussé à rejoindre les pro-moldus s'il y en a bien sure, à ton véritable avis sur les sorciers. Finalement, tu vas aussi réfléchir à un job que tu pourrais tenir plus longtemps que quelques jours... où du moins à ce que tu aimerais faire que je puisse t'aider à te trouver un job. Commençons par ça et pour le reste, ça ira tout seul. »

The game is on

Un petit sourire narquois se dessina sur ses lèvres alors que le chauve l'invitait à poser cette question directement à son frère. Jamais jusqu'alors, il n'avait vu Ty en compagnie de la moindre salope s'il on exceptait Tallin, et encore on pouvait pas vraiment parler de nana la concernant, aussi l'imaginer avec une bombe comme Khazen c'était presque la blague de l'année. C'était presque aussi irréaliste que de l'imaginer pousser une crise de jalousie, cela étant, c'était sa faute aussi, s'il on veut pas être emmerdé en s'affiche pas avec une bombasse pareil, son frangin allait devoir apprendre à s'endurcir parce que des réflexion salace il allait en entendre. Heureusement pour lui, son frère pouvait le remercier puisqu'il pouvait compter sur lui l'aider à s'entrainer. Comme toujours lorsqu'il commençait un peu à s'amuser, il fallait qu'on lui gâche son plaisir et que la discussion redevienne outrageusement sérieuse, mais pour une fois, il n'était pas contre car après tout c'était de sa liberté qui était en jeu et pour la retrouver, il était prêt à faire tout ce qui était en son pouvoir. Il ne pouvait absolument pas concevoir d'être obligé de rester enfermé ici pour le restant de ses jours, il préférait encore crever.
Plongeant son regard dans le sien, il l'écouta lui donner les recommandations qu'il allait devoir suivre scrupuleusement s'il désirait mettre toutes les chances de son coté. Il était peut-être con, et adorait faire chier son monde en agissant délibérément en sens inverse de celui qu'on attendait de lui, mais cette fois, il était bien décidé à ne pas jouer au con. Opinant légèrement de la tête, il comprit ce que le psychologue attendait de lui, du moins, en avait-il une vague idée.

- Ouais, en gros prétendre que j'les ai rejoint sous la contrainte et que j'suis innocent c'est pas une idée d'genie... ça fonctionnerait vraiment pas ? Osa-t-il malgré tout demander en haussa légèrement les sourcils.

Bradley laissa s'échapper un soupir blasé en entendant Abraham lui conseiller d'en parler directement avec son frère et de voir quelles vérités ils allaient pouvoir enjoliver et de quelle manière. Quelque chose qui n'allait pas être aussi évident que ça compte tenu des visites très espacées que cet enfoiré lui faisait.

- Au final, un tribunal c'est qu'une grosse arnaque, fit-il en lui adressant un sourire goguenard, suffit juste de s'arranger pour bien préparer les questions et les réponses.

Bien que Bradley n'avait jamais eut la moindre illusion à ce sujet, savoir qu'un tribunal et par conséquence la justice de ce pays était si facile à arnaquer l'amusait énormément, du moins jusqu'à ce que Abraham lui rappelle que pour bien préparer ses questions il allait devoir se coltiner un putain de col blanc. A cette seule évocation, le prisonnier leva clairement les yeux vers le plafond avant de laisser tomber sa tête d'un air complétement abattu sur le comptoir en bois . Bon dieu que ça le saoulait de devoir se taper ces connards encravaché avec leur bâton dans le cul fourré bien profondément !

- Pas un trop con, alors. Ceux qui sont venus jusqu'ici sont jamais restés bien longtemps, ricana-t-il.

C'était plus fort que lui, mais jusqu'à présent aucun avocat venu le voir n'avait jamais trouvé grâce à ses yeux. Bradley recevait au moins jusqu'à trois offres par semaine, tout le monde désirait être son avocat mais aucun n'avait les épaules assez solide pour le devenir. Les grands cabinets plein aux as c'était juste pour faire parler d'eux, avoir recours aux ultimes procédures et surtout avoir leur sale bobine au journal télé pour répondre aux questions des journalistes. Ces type le voyait déjà crever laisser couler quelques larmes au moment de son exécution avant de signer un contrat pour les droit d'un livre, un film ou dieu sait quoi d'autres, sur cette pourriture de terroriste. Une fois mort, il représenterait encore un meilleur placement. Non décidément tout ces connards qui le prenait pour un con lui sortait par les yeux et à vrai dire c'était toujours un réel plaisir de tester les limites de tous ces blancs-becs.

- Enfin tant qu'à faire, si elle pouvait avoir de jolies jambes, un beau p'ti cul bien roulé et une belle poitrine ce serait tout bénéf'

C'était plus fort que lui, il ne pouvait pas s'en empêcher, mais bon tant qu'aà faire autant qu'elle soit belle à mater, des ces compétences il s'en foutait un peu à vrai dire, enfin, excepté dans un domaine. Mais le sérieux ne quittant pas Abraham, Bradley cessa bien vite de ricaner pour se concentrer sur son dernier espoir qui avait reprit la parole pour l'avertir qu'il avait un certain travail à lui confier pour leur prochaine entrevue. Un travail qui selon toute attente à la manière dont il y allait et présentait la chose, n'allait pas du tout lui plaire et rien que pour ça, l'ainé des Lennox tirait déjà la gueule

- C'est quoi ? Demanda-t-il avec scepticisme.

Au lieu de lui répondre l'homme recula légèrement sa chaise pour le fixer pendant de longues minutes avant de lui expliquer en quoi consistait ce travail qu'il attendait de lui et effectivement il avait raison, ce qu'il lui demandait était très loin de lui plaire, c'était même tout le contraire. Arrêtant de mâchouiller son chewing-gum, il fixa le psychologue droit dans les yeux. Pour une fois, il n'y avait aucune provocation dans son regard aigu, ni le moindre signe de moquerie, il ne faisait pas ça non plus par défi.

- T'en doutes ? Demanda-t-il finalement alors que le psychologue avait laissé sous-entendre qu'il n'avait peut-être aucune raison valable qui aurait pu le pousser à rejoindre les pro-moldus

Sans attendre véritablement de réponse, il lâcha un soupir tout en regrettant de ne pas avoir de clope sur lui en cet instant. Bordel que tout cela le faisait chier ! Ce que lui demandait de faire Abraham pouvait paraître aisé pour certains mais pas pour lui. S'il y avait bien une chose qu'il détestait par-dessus tout, c'était bien d'avoir à admettre ses faiblesses et de se mettre à nu. Une part de lui savait que c'était la seule chance, aussi minime soit-elle, qu'il avait de pouvoir espérer sortir d'ici et putain de bordel de merde, dieu sait qu'il était prêt à tout pour obtenir sa libération, mais ça ?! Admettre les raisons qui l'avaient poussé à rejoindre les pro-moldus s'était reconnaître beaucoup de choses qu'il n'était pas près à admettre lui-même. Quand à réfléchir à ce qu'il voulait faire en sortant d'ici, c'était complétement débile. Croyait-il vraiment qu'on allait lui laisser le choix ? Il allait devoir se présenter chez des types avec lesquels la prison avait des accords pour être embauché, que ce travail lui plaise ou non, on s'en foutait complétement. Et puis franchement, lui ? Réfléchir à un boulot qu'il aimerait exercer ? Lui qui n'avait jamais levé le petit doigts depuis 40 ans ? Le vieux avait décidément beaucoup d'espoir. Avoir une ambition, s'épanouir dans son travail,... tout ça c'était que de conneries ! Quand il sortirait d'ici, s'il sortirait un jour, il prendrait un job, n'importe lequel, le premier qui serait sur cette foutu liste, histoire qu'on lui foute la paix, et puis comme toujours, cette collaboration cesserait soit parce qu'il ferait en sorte qu'on ne veuille surtout pas le garder, soit parce qu'il se serait cassé avant ! Reprenant son air m'en foutiste, il décida de répondre directement à ses questions, après tout pourquoi attendre ?

- Tu penses vraiment que j'ai b'soin de réfléchir deux heures à tout ça ?

Se penchant légèrement en avant, en direction d'Abraham, il se met à énumérer un par un tous les points à débattre par le psychologue.

- Pourquoi j'ai rejoints les pro-moldus ? Parce que j'avais rien d'mieux à faire et que leur discours me parlait. Les sorciers ? Franchement ? J'm'en branle mais faut dire qu'ils ont pas la côte en ce moment avec toutes leurs conneries, surtout les Yaxley. Moi quand j'fais une connerie c'est pas tout un état qui en paye le prix, ça se limite peut-être à une vois deux ou trois personnes grand max, franchement chuis un agneau par rapport à ceux-là. Et enfin pour le boulot, fit-il en prenant un air soudainement très concentré. En fait je sais ce que j'ai toujours voulu faire, mon rêve,... j'lai jamais dit à personne, pas même mon frangin l'sait... Vous pensez vraiment que j'pourrais l'être une fois sorti d'ici ? Parce que vous voyez maintenant j'aurais presque envie d'y croire, avec vous j'ai l'impression que tout est possible, rajouta-t-il dans un sourire enfantin. Voilà en fait.... j'ai toujours rêvé d'être gynécologue et d'm'occuper de toutes ces chattes toute la journée, fit-il dans un grand sourire carnassier avant de partir dans un grand éclat de rire en tapant ses paumes de la main contre le comptoir en bois. Ben quoi ? Tu m'avais pas dis que j'pourrais faire tout ce que j'voudrais ? J'te prends au mot moi

Bradley avait ce petit quelque chose en lui de destructeur commun à tous les Lennox. Ce petit quelque chose qui l'incitait à volontairement faire le vide autour de lui et de ne conserver que les pires rebut de l'humanité dans son entourage, comme si ainsi, ça lui évitait la moindre déception. Il en allait de même lorsqu'il devait faire des choix, entre la solution qui lui serait bénéfique ou celle qui lui serait néfaste, Bradley choisissait forcément le mauvais choix, comme s'il savait d'avance que de toute manière ça ne fonctionnerait pas. Contrairement à Abraham, Tyler ou aux autres, lui il était lucide, quand on était de la merde on le restait toute sa vie. Tyler se plaisait à rêver, tant mieux pour lui qu'il en profite plus dur sera la chute et il pourra compter encore sur lui pour lui foutre en prime un bon coup de pied au cul

- Moi j'veux bien causer avec mon frangin pour régler c'que vous avez dit, mais faut croire qu'il a des choses plus importante à faire vu la fréquence de ses visites, il préfère m'envoyer des tarés faire le sale boulot à sa place, fit-il en tirant une grimace dégoutée. D'ailleurs qu'est-ce qui lui a prit de m'envoyer un trou du cul d'curé ? Il est tombé sur la tête où il trouve qu'il m'a pas assez fait chier en m'envoyant ici ? Vus pouvez m'dire à quoi il joue et m'faites surtout pas croire qu'il a eu l'illumination divine ou j'sais pas quoi comme bondieuserie ou j'le renie direct !

Manquerait plus que ça ! Là Tyler aurait vraiment touché le fond !

fiche codée par Empty Heart

Bradley & Abraham

Abraham ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas déjà choisit l'optique de décrire son patient comme étant un homme ayant rejoint un groupe sous la contrainte. C'était même arrivé plus d'une fois, mais aucun de ces hommes n'était comme Bradley. Il considérait qu'un mensonge aussi immense venant d'un homme clairement impossible à soumettre à moins peut-être d'avoir quelque chose de vraiment destructeur à propos de lui ne passerait jamais. Et puis, il n'avait pas envie de mentir, du moins pas à ce point.

« À moins que vous ayez le nom de l'un des autres supporteurs pouvant être utilisé comme étant à cette origine et la raison exacte pour laquelle vous aviez assez peur de lui pour rejoindre un tel groupe, je ne le recommande effectivement pas. »

Tyler serait sans aucun doute le mieux placer pour aider Bradley à se préparer dans l'angle favoris d'Abraham  et il lui recommande fortement de regarder tout ça avec lui et aussi avec son avocat. Ou avocate s'il parvenait à convaincre Tyler d'y aller avec celle qu'il avait pour sa part en tête. Bradley n'avait pas tort lorsqu'il précisait que le tribunal pouvait être arnaqué car il y avait un moyen de s'en sortir même en étant coupable et ce n'était pas faux. La justice n'était pas sans faille, des criminels était acquittés et des innocents enfermés. C'était la triste vérité, mais heureusement les gens ayant la possibilités de contourner ainsi le système étaient un pourcentage minime. Le commentaire de Bradley à ce sujet le fit d'ailleurs rire. Un rire qui dura quelques secondes avant d'être interrompu par une précision qu'il tenait à lui dire.

« J'ai quelqu'un en tête qui serait le choix parfait pour vous défendre... J'en discuterai avec votre frère. À moins que de faire fuir des avocats vous amuses, je ne veux pas vous priver d'un divertissement pour le temps qu'il reste avant votre procès.»

Si la première demande de Bradley quant à son avocat était plein de sens, son naturel revint rapidement et il lui fit part de quelques précisions qui furent bien loin de le surprendre. Oh oui... elle allait avoir tout ça et Abraham donnerait beaucoup pour être caché quelques part lors de cette première rencontre. Nul doute qu'il ne parviendrait pas à arrêter de rire devant cette confrontation des plus intéressantes. Un amusement qu'il ne laissa aucunement paraître.

« Qui sait... »

Répondit simplement Abraham sans perdre son sérieux avant de continuer vers ce qui allait avoir le plus d'importance. Il avait beaucoup de travail à faire et heureusement, aussi septique soit-il, Bradley était intéressé à savoir lequel. Se positionnant autrement, il lui expliqua enfin ce qui était attendu de lui. Du moins une partie. Abraham lui expliqua le tout et pour la première fois, Bradley lui démontrait une nouvelle parcelle de lui. Une parcelle beaucoup plus sérieuse et comme il ne savait pas pour combien de temps il en aurait, Abraham ne perdait pas de temps pour tout régler avec lui. Lorsqu'il lui demanda s'il doutait qu'il avait de véritables raisons d'avoir rejoint les pro-moldus, Abraham ne répondit rien. Il voulait que Bradley comprenne que ce n'était pas ça l'important, il devait commencer par ne pas en douter lui-même avant de tenter de convaincre hors de tout doute les autres.

« Deux heures ? Non... ça va en prendre plus que ça. »

Peut-être pour lui prouver le contraire, mais Bradley s'ouvrir à lui avec un sincérité qu'il ne lui avait que trop peu souvent vu. Abraham pour une première fois croyait que la réponse qu'il lui donnait était vraie et autant les raisons derrière étaient avouons le pathétiques et tristes, autant elles étaient pleine d'espoir car cet homme n'avait pas une haine envers eux qui serait difficile ou impossible à briser.  Peut-être n'aurait-il vraiment pas besoin de ce temps de réflexion.... une pensée qu'il vient rapidement piétiner et qui lui valu une roulement de yeux complètement découragé. Pourquoi ne pouvait-il pas être sérieux plus longtemps ? Ça l'emmerdait, mais avouons le... si c'était déjà tout gagné il serait presque déçu et triste car il s'amusait vraiment avec ce petit enfoiré... Une pensée qu'il se garderait bien de réveiller à sa petite protégée car s'il était prêt à le faire libérer et qu'il le croyait capable de changer en plus de croire qu'il ne ferait pas de mal à Imane, le côté profiteur et grossier de l'homme lui n'était pas prêt de changer. En plus, il savait qu'Imane avait encore besoin de temps avant d'être capable de le voir car si elle était prête à l'aider, elle n'était pas pour autant prête à lui faire une place dans sa famille à elle et Abraham ignorait si elle le serait un jour. Il tenterait sans doute d'aider lorsque ce jour arriverait... mais il n'était absolument pas proche !

« C'est d'accord ! Je ne retire pas ce que j'ai dis, tu peux être ce que tu veux ! La première étape va être d'obtenir ton diplôme! Tu as celui du lycée j'espère ? Car après ça il te reste pas mal d'année d'université à faire... »

S'il pensait qu'il allait perdre patience et lui dire que c'était impossible, il se trompait, mais Abraham ne s'inquiétait en rien car il savait parfaitement que jamais cet homme ne prendrait les mesures nécessaires pour obtenir un tel diplôme de toute façon, alors ça ne servait à rien de s'inquiéter.

« Je te laisse méditer la question quand tu seras seul... On en discute à ma prochaine visite. »

Encore heureux, il était d'accord avec l'idée de discuter avec son frère ! Bradley semblait par contre se sentir délaissé par celui-ci et Abraham se promit de lui lâcher un petit coup de fil pour en discuter avec le principal intéressé. Il ne comptait pas le forcer à venir ici, le psychologue était parfaitement conscient des raisons pouvant justifier un tel éloignement entre les deux même s'il n'était pas certain de connaître la bonne. Il allait par contre au moins lui fait part de son avancement et des bénéfices qu'une telle visite pourraient avoir. Et en même temps en profiter pour lui parler de cette ridicule idée de lui envoyer l'un de ses bonhomme d'Église ! Quelle connerie...

« Ça... j'en ai pas la moindre idée ! Et au dernières nouvelles il avait par l'air d'être entré dans un couvent on doit pas avoir à s'inquiéter, mais je me renseignerai volontiers ! D'ailleurs c'est quoi cette histoire de curé ? Qu'est-ce l'un des représentant de saint esprit est venu vous dire ? Il avait sa bible ?»

La voix d’Abraham était aussi sarcastique que moqueuse. Sérieusement, il se demandait aussi quelle mouche avait piqué Tyler pour qu'il fasse ça et il espérait sérieusement que Jolene n'était pas devenue encore plus croyante au point de lui avoir mis en tête qu'un curé pouvait véritablement lui apporter quelque chose ! Abraham savait que bien qu'Imane vouait un profond respect à la religion - une respect qu'il ne comprenait pas mais avec lequel il avait depuis longtemps cessé de se battre - sa mère elle y accordait assez d'importance pour aller fréquemment dans des célébrations ridicules à l'Église et prier à sa manière presque toutes les nuits avant de s'endormir. Heureusement, il savait qu'elle n'était pas très portée sur les confessions et autre imbécilités et il espérait que ça n'avait pas changé. Non ça ne pouvait pas être Jolene... mais il avait tout de même besoin de savoir.

The game is on

  Bradley avait relevé la tête en direction d'Abraham en affichant un air à la fois contrarié et surpris. Il ne comprenait pas la raison pour laquelle il voulait demander à son frangin l'autorisation de lui présenter un avocat. C'était nouveau ça ! En quoi ça l'regardait l'autre enculé ? Il était assez grand pour prendre lui-même ses décisions, ils le prenaient tous pour un débile ou quoi ? Penser ainsi l'énervait autant que ça l'contrariait et aussitôt comme à son habitude, l'envie de faire exactement le contraire de ce que l'on avait décidé pour lui motiva sa prise de décisions

- Quoi ? Non, j'l'emmerde, vous lui demandez que dale. C’est moi qui ai besoin d’un avocat pas lui ! C'est pas à mon frangin de choisir un avocat pour moi. C'est pas mon vieux, j'peux faire mon choix moi-même, donc j'le prend... Tant que c'est pas une grosse vache

Non seulement il allait choisir lui-même cet avocat mais en plus cette fois il comptait bien le garder. Ses jours étaient comptés, il en avait parfaitement conscience et il ne pouvait plus s'amuser à jouer au guignol en les renvoyant d'où ils venait, et puis, il faisait suffisamment confiance au chauve pour ne pas lui choisir un putain de requin qui ne voyait en lui que la possibilité de s'acheter une nouvelle baraque dans un putain de coin de paradis qu'il ne connaitrait jamais.

- Par contre, l'avertit-il en le pointant du doigt, vous dites bien à vot'gars que j'veux qu'il signe un papier dans lequel il refusera de s'faire du fric sur mon dos. Pas d'adaptation ciné, pas d'mémoire, rien que dale !

Se faire du fric avec son histoire le dérangeait pas surtout s'il pouvait l'enjoliver et se donner le beau rôle, par contre voir un enfoiré de salaud profiter de son histoire pour se faire de la thunes sur son dos, jamais ! Et encore moins ces gros cabinets d'avocats bourrés de frics. Il était p'être con, il avait p'être pas fait de hautes études, mais il était pas non plus totalement crétin. Combien de fois n'était-il pas tombé sur des info à la télé qui parlait de l'exécution de tel ou tel enculé avec en gros plan l'avocat qui faisait son beau avant de sortir 6 mois plus tard un bouquin sur son client. C'était ça l'Amérique : la terre des opportunistes. Et d'opportuniste, il en était un gros, c'était bien pour ça qu'il comptait veiller au grain. On l'prenait facilement pour un con, mais pas cette fois, on le roulerait pas dans la farine aussi facilement. Plutot satisfait de lui, son humeur joueuse revint rapidement, surtout lorsqu'il entendit Abe lui certifier qu'il n'avait aucune limite et qu'il pourrait exercer n'importe quel boulot du moment qu'il en formulait le souhait. Voilà bien quelque chose à ne pas dire car Bradley était bien décidé à lui prouver la stupidité de sa remarque en prenant le psychologue au mot. Si l'homme roula des yeux en l'entendant formuler son souhait à aucun moment il ne revint cependant sur parole ni ne se rétracta. Bradley n'avait aucune idée de la réaction qu'il aurait et à vrai dire, c'était ça qui lui plaisait car à chaque fois, jusqu'à présent, le chauve était parvenu à le surprendre agréablement. Entrant dans son jeu quand il le fallait, parvenant à le calmer et à le raisonner quand il voyait rouge, et lui accordant même certaines victoire en riant même parfois à ses propres dépens. Une fois de plus sa réaction fut à la hauteur de sa petite provocation, et il devait bien reconnaître que si le chauve avait agi autrement, il en aurait été fort déçu. Bien sûr, le voir renverser la situation à son détriment ne l'amusait pas du tout mais en même temps il ne s'était pas incliné, bien au contraire et surtout il ne l'avait pas pris pour un con en se moquant de lui et en lui balançant que c'était impossible, qu'il en serait incapable. Bien sûr, quand il lui demanda innocemment s'il avait déjà son diplôme de fin d'année du lycée Bradley avait détourné la tête tout en jurant entre ses dents et en haussant les épaules. Lui, avoir le moindre diplôme ? Il s'foutait de sa gueule ? Comme s'il le savait pas. Il avait claqué la porte à l'âge de 17 ans, et en avait profité pour tout balancer avec, le lycée compris, toute manière il avait pas b'soin d'ça pour s'en sortir et pis c'est pas comme s'il y foutait grand-chose. S'faire chier à ouvrir des putains de bouquins inutiles et ennuyant, retenir des tas de trucs compliqués complétement débiles qui n'avait ni queue ni tête, très peu pour lui. Dès qu'il fallait fournir un effort, ou qu'il se retrouvait face à une contrainte, cela avait le don de le décourager avant même de commencer à se mettre à la tâche. Il préférait se laisser porter par la vie, plutôt que de rentrer dans le moule préformaté de la société. Parce que tout le monde avait un diplôme, un job et une famille il aurait dû faire pareil ? Des queues oui, il était un esprit libre et ne faisait que ce que lui avait décidé, toute manière combien de fois lui avait-on répété qu'il était un Lennox et que ça ne donnerait forcément rien de bon ? Qu'il n'arriverait jamais rien ? Alors pourquoi s'en donner la peine si personne ne croyait en vous ? Maintenant qu'il y pensait, le p'tit con devait être le premier et probablement l'unique brebis galeuse de la famille Lennox a ressortir diplômé de quoique ce soit. Ce constat le fit légèrement sourire. Mine de rien, il en avait sous la caboche ce p'tit crétin, et dans l'fond, il était quand même assez fier de lui.
Préférant ne rien rétorquer au sujet de la discrète mise en lumière de ses absences de qualifications et préférant de loin laisser parler pour lui son regard agacé qu'il avait levé dans sa direction, leur discussion bifurqua finalement sur Tyler qui brillait par son absence ainsi que sur l'enculé de curton que ce dernier lui avait foutu dans les pattes.
Bradley était content de voir la réaction d'Abraham à ce sujet. Cela lui faisait plaisir de constater qu'il n'était pas le seul à se demander ce qui avait bien pu passer par la caboche de son frangin pour avoir une idée aussi grotesque. Un curé ! Bordel de merde

- J'sais pas trop. Des tas d'conneries, fit Bradley en haussant les épaules. Que j'allais bruler en enfer, que j'suis seul responsable de ce qui m'arrive, qu’il faisait une enquête sur ma moralité, que j'dois implorer le pardon, c’genre de conneries. Ce type avait grave une case en moins, un vrai taré d’illuminé. C'que j'ai pas aimé par contre c'est qu’il arrêtait pas de me rappeler quelle merde j’étais contrairement à mon frangin, c’est tout juste s’il le traitait pas de saint ! On voit qu’il le connait pas du tout cet enfoiré ! Il arrêtait pas de dire que j'étais jaloux de Tyler et ça c'est faux. J'ai toujours voulu que ce p'tit con s'en sorte et ai une vie meilleure, c’que j’lui pardonne pas c’est de s’être foutu d’ma gueule comme ça !! Putain ce connard m’a foutu en tôle ! Il a rien fait pour m’aider ! En fait, je sais pourquoi, c’est à cause de tous ces reproches qu’il m’a balancé ! Il croyait quoi ? Que c’était facile pour moi aussi ?! Il m’prenait pour Superman ou quoi ?

Oui, dans le fond c’était un peu ce qu’il avait l’impression d’être lorsque son petit frère levait les yeux dans sa direction pour le regarder. Son p’tit frère avait été la seule et unique personne en ce monde à avoir posé sur lui un regard admiratif, à lui faire confiance, à lui donner la sensation d’être utile, mais comme à chaque fois, Tyler aussi avait fini par être déçu et il avait cessé de le prendre pour model. En fait à présent, il était comme tous les autres, il le prenait pour une merde, mais il allait voir que tôt ou tard, lui aussi allait se prendre un retour de bâton, parce qu’il devait pas s’illusionner, lui aussi n’était qu’une merde. Lui le savait, les gens le savait, y avait que Tyler qui s’en rendait pas compte
Enervé et furieux, Bradley avait d’abord haussé le ton. Submergé par ses émotions, il avait laissé parler sa colère, puis il s’était calmé, détestant l’idée de s’ouvrir comme ça devant ce psy de mes deux qui devait essayer d’analyser dieu sait quelle connerie de son subconscient. Lâchant un soupir de contrariété, il détourna la tête avant de reprendre la parole pour parler de ce pingouin de malheur

- C’crétin comprenait rien, il m'a saoulé avec son petit air supérieur de tête à claque alors je lui ai rendu la pareille. J’sais pas s’il avait sa bible mais il prenait des notes, beaucoup de notes un peu comme un psy…. Quoi que vous, vous écrivez rien, se ravisa-t-il. Par contre.... y a un truc qui m'a dit sur Tyler...

« Vous voulez vraiment savoir où je les attache ? De vous à moi, je ne suis pas sûr que la réponse vous plaise tant que ça, mais bon si vous la réclamez... Et bien disons que cela dépend. Votre frère par exemple la première fois qu'il est venu chez moi à passer une bonne partie de la nuit attaché sur un prie dieu. Avec les mains jointes ainsi, serrées sur un chapelet avec l'ordre de ne cesser de prier. Vous ne me croyez pas ? Demandez-lui. Le pauvre ne se rappelle sans doute par tout, car il a passé un long moment inconscient, et puis il faut dire qu'il a perdu tellement de sang cette nuit-là... pas étonnant qu'il ait sentit sa tête lui tourner. »

Ces paroles l’avaient vraiment perturbé et écoeuré au plus haut point rien que d’y penser et de s’imaginer la scène ça lui soulevait le cœur et il avait beau se dire que tout ça c’était des conneries une part de lui ne pouvait pas s’empêcher de croire qu’il y avait un fond de vérité. Croisant le regard d’Abraham et devinant qu’il attendait la suite, Bradley balaya l’air de la main. Non pas question. Il pouvait pas parler de ça ! Il préférait régler cette histoire avec l'autre idiot directement, il verrait tout de suite à sa tronche si c’était des conneries ou pas... enfin pour ça il faudrait que monsieur le flic ait le temps de bouger son cul jusqu'ici

- Laissez tomber, balança-t-il finalement en prenant appui contre le dossier de sa chaise. Bref il m'a vraiment fait chier.

Et le pire c'est que ce crétin l'avait prévenu de son intention de revenir le voir ! Bradley aurait très bien pu bloquer ce visiteur et refuser de le voir mais s'il faisait ça, c'était admettre sa défaite et ça, i en était hors de question. Il eut un silence durant lequel ses doigts pianotèrent la surface lisse qui se trouvait devant lui avant de relever son regard sur le psy

- On a fini ? Demanda-t-il prêt à partir.

Penser à ce foutu prêtre l’avait réellement contrarié et ça, ça l’énervait encore plus à vrai dire. Savoir qu’il était parvenu à le toucher à le perturber l’exaspérait au plus haut point, mais c’était plus fort que lui, ses sous-entendu graveleux le rendaient dingue. Ils en avaient assez subi sans qu’un autre débile ai besoin d’en rajouter une couche.

- Vous êtes sur que Ty va bien ? Demanda-t-il quand même, juste au cas où… juste pour s’en assurer.