Dans sa magnifique robe noir qui ondoyait derrière elle, Sofia avançait avec le port altier d'une reine et le pas assuré mais sans précipitation vers sa destinée et celle par ricochet de tous les siens. D'elle se dégageait beaucoup de confiance et un calme absolu alors qu'en réalité, son coeur battait si vite, qu'il en défiait les lois de la nature car elle n'était pas sans ignorer qu'elle n'avait pas le droit à l'erreur. Dans le creux de sa main, elle tenait avec délicatesse l'objet tant convoité, « La » baguette magique. Celle qu'Ernie Beller lui avait confectionné sous la contrainte et la menace. L'homme avait réalisé un excellent ouvrage, la baguette était splendide mais ce n'était pas son seul atout, cette réplique exacte de celle que possédait Régina Andropova, l'épouse de ce maudit roi des vampires allait modifier le cours de l'histoire, leur Histoire. Elle allait enfin mettre fin à cette inacceptable servitude des loup-garou face aux vampires, mettant fin au règne qui n'avait que trop duré de Cécil de Cortmontaigne. Ils se trouvaient désormais à l'aube d'une ère nouvelle, une ère qui allait sonner le glas de ce roi fantoche qu'était Jaroslav et de toute sa cours de vampires, mais pour cela, Cecil allait devoir mourir et ce serait à elle, en qualité de louve Freki qu'il reviendrait de le remplacer.

Sofia eut une pensée teinté de mélancolie à l'encontre de cet homme qui l'avait prit sous son aile et qui lui avait tout appris, pour cet homme qui avait été son mentor. Fort de son enseignement, elle avait fait sa fierté et était devenu l'un de ses bras droits : Sa ténacité, sa fougue, sa hargne, son caractère autoritaire, lui avait plu, mais à force, ce fut ce caractère affirmé qui avait fini par les éloigner.
Cecil était un homme exceptionnel qu'elle était loin de détester et pour lequel elle éprouverait toujours beaucoup d'amour. Il était admirable et bon, elle était la première à le reconnaître mais il n'était pas fait pour diriger c'était un rêveur, un artiste, pas un Marrok. Il aurait du l'écouter lorsqu'il en était encore temps, mais Cécil était buté et pour rien au monde il n'aurait changé de ligne de conduite même s'il savait où ça le ménerait, ils avaient au moins cette détermination en commun… Cécil avait parfaitement conscience qu'une partie des siens commençait à grogner et ne plus supporter cette inertie qui semblait les caractériser par sa seule et unique faute et dans l'ombre Sofia réunissait de plus en plus de partisans

Aujourd'hui, Cécil et elle ne se comprenaient plus, et surtout, elle ne parvenait plus à soutenir cette politique de neutralité qu'il leur imposait à tous. Cecil avait beaucoup trop de secret, même pour elle alors qu'elle était son bras droit et elle avait parfaitement conscience que les desseins de cet homme gouverné par une trop grande passivité ne servirait jamais ses ambitions. Leurs objectifs étaient si diamétralement opposés... Elle voulait la guerre et lui la paix.

La paix avec les vampires, c'était une aberration sans nom !
Comment pouvait-il tolérer les affronts répétitifs que le roi des vampires lui infligeait ? Comment pouvait-il accepter de voir ses tentatives de rapprochement rester sans réponses ? Comment osait-il permettre que les vampires puissent se gausser de lui sans réagir ?! Mais surtout pourquoi s'obstinait-il tant à vouloir se rapprocher de leurs ennemis naturels ? Qu'espérait-il donc ? N'avait-il donc pas eut assez d'affront ?!! Les siens n'avaient-ils donc pas assez souffert de cette chasse aux vampires qu'Andropov autorisait officieusement ?
Les vampires ne cessaient de s'amuser à les traquer pour mieux les tuer avec le bras droit d'Andropov à leur tête Gidéon Curtis ! Ils se jouaient ouvertement d'eux en ridiculisant constamment l'autorité de leur chef de meute. Cecil avait fait un choix, mais un choix de pleutre. La rogne grondait pour bon nombre d’entre eux, qui ne pouvaient plus tolérer cette situation. Cecil n’était plus digne d’être leur Marrok, mais on ne pouvait pas l’évincer comme ça. Aussi, le seul moyen qu'elle avait trouvé était de provoquer enfin cette guerre entre Vampires et Loups-garous et pour se faire, Cécil devait mourir. Absolument tous les loup-garous qu'ils soient pour ou contre la politique de Cécil voudraient venger sa mort. Aussi, si la responsable de cet acte abominable n'était autre que la femme du roi des vampires la guerre serait ouvertement déclaré. C'est pour cela qu'elle avait eut besoin de la réplique exact de la baguette de cette dernière et seul Ernie Beller était capable d'un tel prodige. Bien sur, elle savait que ce n'était pas en lui demandant gentiment que Beller accepterait d'obtempérer et ce n'était pas en s'en prenant à lui qu'elle parviendrait à le faire flancher, elle n'avait pas de temps à perdre à le convaincre de faire ce qu'elle attendait de lui de grès ou de force, c'est pourquoi elle avait directement menacé la vie d'un de ses proches pour le contraindre à lui obéir et cela s'était avéré payant. A l'aide d'un sort très puissant elle avait lié sa vie à celle de la jeune femme. Si elle se blessait, Livie Adams aurait exactement la même blessure. La pleine lune menaçait, Ernie n'avait eut que 3 jours pour réaliser ce bijou s'il ne voulait pas voir mourir celle qu'il considérait comme une fille. La transformation en loup-garou était lente et douloureuse, mais aussi très intense et violente. Aucun être humain, qu'il soit moldus ou sorciers ne pouvait survivre à la douleur qu'elle infligeait. Livie Adams était condamnée à une mort lente et douloureuse alors qu'elle-même serait sous la protection du pouvoir du Loup-garou et de la lune, et ne mourrait pas.

A la base Sofia avait pensé lancer le sort sur le neveu d'Ernie mais le petit imbécile avait était fait prisonnier et de ce fait, elle ne pouvait pas se permettre de se servir de lui comme réceptacle c'était beaucoup trop risqué et dangereux pour elle. Les Inquisiteurs devaient probablement le torturer et il n'était pas question qu'elle endure ses souffrances ni même qu'elle se risque de mourir, car le sort était malheureusement réciproque, c'est pourquoi elle s'était rabattue sur la petite amie de son neveu dont Ernie lui avait parlé ce fameux soir à l'hôtel. Cela aurait peut-être moins d'impact que s'il s'était s'agit de Zachary mais c'était une bonne solution de rechange et au finale cela avait fait ses preuves.

A l'heure qu'il était, Ernie Beller devait avoir tout oublié de ces deux jours passés ensemble grâce à la potion qu'elle l'avait contrainte de boire. Il ne se souviendrait plus d'elle mais elle savait qu'il n'était pas indifférent à son charme c'est ce qui lui avait permis de le piéger si facilement. Lorsque tout cela serait terminé, lorsqu'elle aurait prit le pouvoir et mener les vampires à leur perte, elle retournerait le voir et le séduirait à nouveau ensuite elle le transformerait et en ferait son compagnon. Pour la première fois un homme avait su la séduire par sa gentillesse et sa maladresse, Ernie Beller était un homme peu commun c'est ce qui faisait absolument toute sa valeur et elle voulait leur donner une chance c'est pourquoi elle l'avait laissé en vie, sans oublier que sa mort aurait suscité bien trop de question et il ne fallait pas que l'on puisse remonter jusqu'à elle.

Son visage toujours très expressif s'était attendrit en songeant au fabriquant de baguette qu'elle avait mal-mené sans pitié. Si son visage laissait rarement de doute sur ce qu'elle éprouvait on ne pouvait pas en dire autant de son regard fait de glace. C'était probablement ce qu'il y avait de plus inquiétant chez elle cette armure impénétrable qu'elle avait érigé et qui la préservait de tout.
Sofia chassa Beller de ses pensées, consciente qu'elle venait d'arriver chez Cécil. Il était là, elle pouvait sentir sa présence…

Détruire pour mieux reconstruire, la mort de Cécil ne serait pas veine, elle s'en assurerait.